mise à jour le 3 mars 2024

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JOHN CARPENTER: Fear Is Just the Beginning... The Man and His Movies - Garry S. Grant avec John Carpenter, Jamie Lee Curtis, Peter Fonda, Kurt Russell, Adrienne Barbeau - 2004, États Unis, 60m, Documentaire

Documentaire sur la carrière de John Carpenter, bourrée d'entrevues avec acteurs et réalisateurs, qui se concentre sur ses premières oeuvres. On retrouve également Stacy Keach, Alice Cooper, Nick Castle, George Romero, Debra Hill, Greg Nicotero et Alan Howarth. De la surprise du succès de Halloween, sa rencontre avec Adrienne Barbeau, ses débuts avec Dan O'Bannon et les multiples films qui ont réjouit une foule d'amateurs, on souligne les difficultés avec les critiques et les spectateurs de The Thing, remake, hommage déjanté au réalisateur fétiche de Carpenter: Howard Hawks. Le fan aguerri aura moins de surprises que celui qui l'a découvert ces dernières années, mais le survol vaut le détour pour tout amateur de l'homme qui nous a procuré tant de classiques et de frissons.

Le dvd d'IMAGE ENTERTAINMENT n'offre pas de suppléments, mais il est maintenant très abordable et on le trouve au complet sur YouTube. Mario Giguère

JONESTOWN: THE LIFE AND DEATH OF PEOPLES TEMPLE - Stanley Nelson, 2006, États Unis

Documentaire sur ce qui est sans doute la pire page de l'histoire des sectes à travers le monde, celle de Jim Jones et son Temple du Peuple qui se termina par le suicide collectif de plus de 900 personnes en Guyane en 1978.
On y apprend que Jim Jones commence sa vie en 1931 dans une petite ville de l'Indiana, durant la grande dépression. C'est un gamin réservé et un peu tordu que certains témoins ont vu torturer des animaux... Jim se rend rapidement compte de son pouvoir charismatique et de l'influence qu'il a sur les autres. Il devient révérend et développe un certain sens de l'altruisme qui le rend populaire auprès des minorités raciales. Après avoir "rencontré Dieu dans le train" (?), le monsieur fonde sa propre église qui devient en 1955 "le Temple du Peuple". Dégoûté par la discrimination, son "église" s'ouvre à toutes les ethnicités, ce qui pour l'époque est proprement révolutionnaire. Blancs, noirs, asiatiques, tout le monde se retrouve pour communier dans la joie. Jim Jones et sa femme sont d'ailleurs le premier couple américain blanc à avoir adopter un enfant noir! A priori, cet homme est d'une bonté sans faille et ses actions sont des plus louables. Avec son look de rock-star du prêche et ses ray-ban sur le nez, il sermonne à travers le pays et parvient à rameuter des fidèles de tous les états. Il réalise des miracles devant le yeux naïfs (une dame paralysée se lève et se tape un sprint, une aveugle jette ses lunettes et voit,...) et exploite la crédulité des gens qui remplissent généreusement les caisses du Temple tout en étant forcé à bosser pour la communauté nuit et jour - mais celle-ci offre un système sociale exemplaire répondant aux besoins de tous. Les gens ne dormant que deux ou trois heures par jour se trouvent si fatigués qu'ils n'ont plus aucun pouvoir de discernement et par conséquent, acceptent leur autarcie sans réfléchir aux propos de plus en plus délirants de leur gourou.

C'est là que les témoignages commencent à devenir troublants. Jones a des problèmes de boisson et de drogue, ce qui le rend passablement paranoïaque. Il a aussi une tendance homosexuelle que certains fidèles masculins ont visiblement senti passer. Il tient des propos de plus en plus blasphématoires, jette une Bible devant tout le monde et constate: "est-ce que je me retrouve foudroyé?". Sa provocation et son charisme le place aux yeux de certains comme un demi-Dieu et il le sait. Jones commence même à se faire un nom auprès des personnes haut placées de la sphère politique et devient donc quelqu'un de redoutablement influent.

C'est quand des membres des familles de certains fidèles commencent à manifester leur mécontentement que Jones rapatrie tout le monde à Jonestown, une ville qu'il a faite construire au beau milieu de la jungle guyanaise. Au départ, tout le monde semble y vivre dans une communion parfaite. C'est le paradis sur Terre. A la différence que des haut-parleurs diffusent des discours de Jones en permanence et que personne n'est autorisé à sortir. Plus le temps passe, plus les propos du gourou se font incohérents. La drogue rongeant peu à peu son cerveau en a fait un être névrosé, méfiant et cruel.
Les témoignages de certains survivants qui ont perdu plusieurs membres de leur famille dans le drame qui suivit, ainsi que des témoignages du fils adoptif de Jones, semblent au départ admiratifs. Mais il est évident que l'expérience vécue il y a bientôt 30 ans pèse encore terriblement sur leurs épaules et plus le documentaire progresse, plus le malaise se fait sentir. Et si tout ceci est très intéressant, voire fascinant, le clou du film se situe lors du dernier quart d'heure. Des images rarement voire jamais montrées auparavant nous sont révélées. Il s'agit de ce qu'a filmé un journaliste parti à Jonestown la veille du drame. Il accompagnait un sénateur qui désirait avoir le coeur net quant à la situation dans laquelle vivaient les citoyens américains du Temple du Peuple, la réputation de celui-ci étant de plus en plus scabreuse. Sur ces images, on peut voir l'accueil chaleureux des habitants de Jonestown suivit d'une fête joviale à laquelle tout le monde prend part, on voit une petite ville autogérée peuplée de familles nombreuses et des enfants courir en riant. Le lendemain, le sénateur manifeste une certaine satisfaction jusqu'au moment où il reçoit discrètement un billet sur lequel est écrit "Nous sommes prisonniers, sortez nous de là". Puis un deuxième.... Puis un troisième.... Il en fait part à Jones qui prétend que les gens mentent. Pour prouver sa bonne foi, il propose au sénateur de partir avec ceux qui le désirent. Une petite poignée décide de retourner au pays sous le regard sévère d'un gourou visiblement touché là où ça fait le plus mal. La caméra du journaliste tourne, nous pouvons voire leur arrivée à l'aérodrome. Leur véhicule s'arrête prêt de l'avion. La petite équipe s'apprête à monter à bord et c'est alors qu'arrive un camion duquel surgissent des hommes armés qui font feu. Le sénateur est mortellement touché, le cameraman aussi. Sa caméra tombe et continue à filmer la scènes, certes floues, mais effroyables. Pendant ce temps, Jones parvient à convaincre ses fidèles de se tuer au cyanure. Les parents empoisonnent leurs enfants avant de se donner la mort, les réticents sont exécutés d'une balle dans la tête.... Quant au corps de Jones, il est retrouvé lui aussi une balle dans la tête, Jones ayant préféré une mort instantanée plutôt que de connaître les brèves douleurs dues au poison. Horrible. Des photos d'enfants en bas âge nous sont dévoilées, d'autres rappelant les amoncellements de corps de la deuxième guerre mondiale sont également montrées, et on réalise alors l'ampleur du drame, un gâchis humain édifiant, une abomination révoltante.

La macabre histoire de Jim Jones a déjà été adaptée au cinéma ou pour la télévision. On se souvient surtout du scabreux et opportuniste GUYANA: LA SECTE DE L'ENFER dans lequel un certain révérend James Johnston menait ses fidèles à la mort. J'ignorais alors à quel point les événements retranscrit dans cette pelloche douteuse étaient finalement proches de la réalité - ce qui n'empêcha pas Cardonna Jr. d'en rajouter une couche quant au tempérament psychotique du monsieur. Toujours est-il que JONESTOWN est un document marquant qui devrait presque être diffusé dans les écoles, cela freinerait sans aucun doute les adhésions toujours plus nombreuses aux sectes à travers le monde. Kerozene

JOUISSEZ SANS ENTRAVES - Yvonne Debeaumarché, 2008, France 

Derrière ce titre reprenant un fameux slogan bien connu des habitants de la capitale française de 1968, se cache un documentaire un peu trop court (45min) sur l'un des plus beaux témoins de l'impact de la libération sexuelle sur le cinéma. C'est à Amsterdam, en 1970, qu'une poignée de doux-dingues libertaires et libertins ont décidé de monter le premier festival de films cochons de l'histoire du cinéma : le Wet Dream Film Festival. Un événement que l'on découvre aux travers d'entrevues avec les fondateurs de l'événement - dont Jim Haynes, personnage emblématique de la contre-culture européenne et fondateur du magazine " Suck ", premier zine de cul digne de ce nom - ainsi qu'avec des spectateurs et/ou membres du jury parmi lesquels nous trouvons le caricaturiste de Charlie Hebdo Siné, la prêtresse sado-masochiste Catherine Robbe-Grillet (à l'origine de roman " L'Image " adapté par Radley Metzger en 1975), le journaliste Philippe Sitbon, l'écrivain Georges Marbeck et quelques autres. Pour tous, ce festival fut un événement capital : on y visionnait des films incroyablement osés pour l'époque, on y fumait tout ce qui pouvait se fumer, l'ambiance était inévitablement moite et chaude, voire même torride, et générait un enivrant parfum de révolution culturelle. Sur les écrans déferlaient des pelloches aussi diverses au niveau de leur forme qu'au niveau des orientations sexuelles représentées : des pellicules érotiques hétéros, des bisseries polissonnes sadiennes comme le JUSTINE DE SADE de Claude Pierson, le fameux et jusqu'alors interdit court-métrage surréaliste homo UN CHANT D'AMOUR réalisé en 1950 par le poète Jean Genet, une version animée, burlesque et pornographique de Blanche-Neige et même un documentaire zoophile réalisé par un cinéaste japonais et qui sut émouvoir le jury à tel point qui lui décerna le prix du Phallus d'Or !

Le festival fut un succès mais ne connut que deux éditions (l'arrêt fut lié aux débordements pédophiles intolérables et malheureux de la publication " Suck "). La deuxième, en 1971 donc, se termina par une monstrueuse orgie qui dura toute une nuit sur un bateau. Une orgie qui fut le point d'orgue d'un événement culturel hors norme mais qui fut aussi révélatrice d'une certaine réalité : l'amour libre, c'était peut-être merveilleux pour certains, mais pour d'autres c'est un calvaire, et voir leur partenaire ou conjoint s'éclater avec des inconnus fut dans certains cas extrêmement dur à encaisser... Étrangement, c'est de cette partouze finale dont on parle le plus dans ce documentaire certes intéressant, mais qu'on aurait voulu plus porté sur l'impact direct réussi ou non du festival sur le monde du cinéma et surtout sur sa programmation et les réactions qu'elle suscita. Si certains des témoins interrogés parlent en fonction des questions de la réalisatrice, d'autres semblent plus motivés à mettre en avant leur vie guidée par une philosophie épicurienne jusqu'auboutiste, tandis que d'autres expriment les travers de cette fête finale... Mais on ne saura finalement pas grand-chose sur la programmation du festival elle-même, sauf que le film de Pierson n'a été apprécié que par son érotisme débordant et certainement pas pour ses qualités cinématographiques soi-disant inexistantes, et que le film zoophile plongea tout ce petit monde dans un état de béatitude émerveillée pour le moins inattendu. Kerozene

KING OF KONG: A FISTFUL OF QUARTERS - Seth Gordon, 2007, États Unis, 79m

Explorons ensemble le monde du jeu vidéo mais plus précisément celui des jeux d'arcade. Billy Mitchell est depuis plus de vingt ans le champion incontesté de Donkey Kong, au point où qu'il en vient à se prendre pour un quasi-Dieu intouchable, devenant une vedette internationale à l'égo aussi gros que son charisme. Mais un jour, un inconnu envoi une cassette où il bat à plate couture le record de Billy Mitchell. Cet homme, c'est Steve Wiebe, père de famille et professeur de chimie, un total "average joe" qui n'a jamais vu la chance lui sourire. L'organisation responsable de comptabiliser les records envoient des ''inspecteurs'' chez Steve (Un de ses inspecteur est Billy Mitchell lui-même), et après être entré sans permission dans sa demeure et après avoir fouillé l'arcade de Steve sous tous les angles, on annule la prestation de Steve Wiebe, la machine n'étant ''supposément'' pas dans les règles. Steve est abattu par la nouvelle mais décide de prendre sa fierté en main et d'aller dans une compétition avec public pour montrer ce qu'il vaut et c'est le début d'une grande aventure...

L'histoire de Steve Wiebe est incroyable et méritait sans aucun doute son documentaire. L'exploration de cet univers plein de personnages assez pathétiques est passionnante et fait rire autant qu'elle fait pleurer. Le traitement est selon les bases du récit américain, un héros rabattu qui remonte la pente et affronte son adversaire (pas gentil) à la fin. Un choix judicieux, car c'est rigolo de voir tous les codes que nous connaissons mais installés dans un environnement que je vais qualifier de marginal (je vais être gentil), avec ses trahisons, ses amours et ses déceptions. Autant Steve Wiebe est d'une simplicité et d'une bonté attachante, autant Billy Mitchell est montré comme le pire des cons et comme un hypocrite épouvantablement détestable. Le moment le plus mémorable du film est quand Steve bat le record de Billy devant public et qu'un des ''disciples'' de Billy va avertir tout le monde autour pour le ''killer screen'' dans le seul but d'ajouter de la pression sur Steve et le faire flancher. Incroyable de voir le sérieux de la chose et les répercussions que causent la quête pour ce record. Définitivement à voir, KING OF KONG trace un portrait remplit de jugements mais en même temps, indéniablement intéressant sur un univers qui nous échappe. Abba

LET ME DIE A WOMAN aka MAN TO WOMAN - Doris Wishman, 1978, États Unis 

Quand la mère Wishman, reine de la sexploitation débordante, se penche sur le phénomène des transsexuels cela donne LET ME DIE A WOMAN, un documentaire sans concession louchant gravement du côté du mondo crapuleux. Ainsi nous présente-t-elle une série de transsexuels, pour la plupart des hommes devenus femmes, se confiant à sa caméra en faisant part de leurs désirs et de leurs craintes que ce soit avant ou après l'opération. Le Dr. Wollman, un type tellement bardé de diplôme qu'on est en droit de se demander s'il est bien réel, nous fournit les explications psychologiques du phénomène en lisant maladroitement son texte sur des cartons avant de passer à la problématique physique en nous entraînant directement au coeur d'une opération chirurgicale une fois passées les questions hormonales. Scène de voyeurisme relativement éprouvante, nous assistons à l'ablation d'un pénis à coups de bistouris et sa transformation peu délicate en vagin. Pas franchement réjouissant. Le moment est venu de passer aux confessions de ces nouvelles femmes et de leur premier rapport sexuel souvent douloureux, le tout illustré par des mises en scène dans lesquelles les transsexuels se retrouvent au lit avec des acteurs de X comme Harry Reems et Vanessa Del Rio.

LET ME DIE A WOMAN est probablement le premier documentaire consacré aux transsexuels et sans aucun doute le plus cru graphiquement parlant. Comme à son habitude Doris Wishman signe ici un film au montage par moment maladroit et aux propos prétextes à quelques scènes perturbantes sans jamais se soucier de la qualité du "jeu" de ses protagonistes, ce qui donne par moment un aspect involontairement comique à certaines scènes abordées sur un ton des plus sérieux. A voir pour qui n'a pas froid aux yeux. Kerozene

The LEGEND OF BIGFOOT - Ivan Marx, 1976, États Unis

Ce pseudo documentaire relate le voyage d'Ivan Marx, trappeur d'animaux dangereux qui s'intéresse au Bigfoot et remonte sa piste jusqu'en Alaska. On a l'occasion de voir plein de belles images de son périple, mais bien peu de preuves de l'existence d'un sasquatch ! On finira bien par voir de très loin ce qui ressemble à un très mauvais costume de fourrure et apprendre que le bigfoot est une créature gentille et même végétarienne. Si j'étais un bigfoot, j'attaquerais le réalisateur en justice pour me faire passer pour un mollasson qui ramène ses morts sur 500 kilomètres, tel un saumon ! Une longue séquence sur un écureuil frappé par une voiture en achèvera plus d'un ! Une curiosité pour amateur de bigfoot uniquement.

La famille de Ray Wallace, décédé en novembre 2002, a avoué qu'il était le personnificateur de la créature dans ce film. Mario Giguère

LOST SOUL : THE DOOM JOURNEY OF RICHARD STANLEY'S ISLAND OF DR. MOREAU - David Gregory, États Unis, 97m 

Le film présente les coulisses, les mauvaises décisions, le désintérêt généralisé, l'enfer météorologique et l'horrible production derrière le remake de L'ÎLE DU DOCTEUR MOREAU.

J'adore les documentaires qui retracent les productions de film et je peux vous dire que ce celui-là est 100 fois plus intéressant que le film dont il est question. J'ai rarement eu des histoires de tournage aussi délicieuses! Le film est séparé en deux parties, la première où on présente le réalisateur originel du projet, ses visions, son vécu et pourquoi au final, il a été tassé complètement du projet après quelques jours de tournage. Ensuite, s'en suit une ribambelles de mésaventures avec le nouveau réalisateur, les acteurs, les extras, la météo et tout le bataclan... C'est littéralement hilarant. Le film va dans toutes les directions, des directions pas toujours intéressantes, mais au final, c'est franchement du bonbon. Je demeure très indécis sur le sort du réalisateur d'origine, injustement évincé du film oui... Mais qui avait l'air d'un bien étrange personnage pas du tout facile à travailler avec. Quand au reste, John Frankenheimer, Marlon Brando, Van Kilmer méritent à eux seuls le film pour les meilleurs crises de diva que j'ai pus voir. Brando et Kilmer avaient placés leur loge une en face de l'autre et au moment de tourner, aucun ne voulait sortir tant que l'autre n'avait pas quitter en premier! Des heures de plaisir pour l'équipe de tournage! À voir absolument. Abba


Louis De Funès

LOUIS DE FUNÈS: LA COMÉDIE HUMAINE - Philippe Azoulay. Narration: Jean-Pierre Marielle. Intervenants: Sabine Azéma, Colette Brosset, Danielle Darrieux, Denys De La Patellière, Christian Fechner, Michel Galabru, Daniel Gélin, Claude Gensac, Annie Girardot, Michel Modo, Édouard Molinaro, Gérard Oury, Claude Rich, 2002, France, 83m

La vie et la carrière de l'un des plus grands comiques du cinéma français grâce à des images de films, des archives télévisuelles, des témoignages de ses proches et de ses partenaires de jeu qui nous aident à découvrir les bases de l'humour et du talent de Louis de Funès, né d'une famille espagnole, longtemps pianiste de jazz dans les cabarets, de nombreux petits rôles au cinéma avant d'enfin d'obtenir le statut de star tardivement pour ne plus lâcher le public jusqu'à sa mort.

Produit et conçu par le créateur en France de l'émission "Les Feux de la Rampe", équivalent de "Inside The Actor's Studio", ce documentaire retrace avec vigueur et justesse la biographie de Louis de Funès. Il s'agit d'un mélange pertinent de portions d'entrevues avec des artisans du cinéma qui l'ont fréquenté et d'archives diverses nous montrant autant Louis de Funès qui se livre à la caméra que des segments tirés des tournages de ses films ou de ses pièces de théâtre qui contribue avec synthèse et clarté à mieux découvrir non seulement quel type d'homme était de Funès, mais aussi son côté méticuleux dans son travail comique et les sources d'inspiration qui l'ont habité (ex. les colères de sa mère espagnole, la musicalité de son talent venant de son passé de pianiste). Le tout n'est pas entièrement chronologique mais grâce au fait que les segments de films servent à appuyer de façon convaincante chaque point de vue et chaque trait de caractère, le spectateur ne s'y perd pas et il appréciera avec le sourire ce petit documentaire au montage bien coordonné malgré une réalisation académique. À découvrir! Mathieu Lemée

LUGOSI: HOLLYWOOD'S DRACULA - Gary Don Rhodes avec Robert Clarke, Louise Currie, Dwight David Frye, Loretta King, Bela Lugosi Jr., Hope Lugosi, 1997, États Unis, 55m

Offert dans le coffret BELA LUGOSI IMMORTE sorti chez Artus, ce documentaire retrace la vie et l'oeuvre de Bela Lugosi. Il a le grand mérite de s'attarder sur sa période européenne ou, on l'oublie souvent, il était un acteur shakespearien très respecté. C'est la guerre qui l'amène aux États Unis ou il continue de jouer au théâtre, notamment dans la pièce adaptée du livre de Bram Stoker: Dracula. Le succès de l'adaptation cinématographique sera à la fois un triomphe et une malédiction pour l'acteur, qui se fera tout de même enterrer avec sa célèbre cape de vampire. Les studios américains l'auront estampillé vedette de film d'horreur et son accent à couper au couteau et de futurs problèmes de santé le tiendront loin d'une carrière plus diversifiée, comme il en avait au temps du cinéma muet en Europe. De nombreux témoignages d'acteurs et gens de cinéma l'ayant côtoyé viennent étayer le propos, richement illustré d'extraits de films e de courtes entrevues. Ce sont ces témoignages de gens assez âgés et témoins d'une autre époque qui donne au documentaire son autre importance, celle des derniers témoins d'une .époque révolue. A découvrir pour mieux apprécier un acteur trop souvent jugé par les cinéphiles uniquement pour ses prestations dans des séries B. Mario Giguère

MARIO BAVA MAESTRO OF THE MACABRE 

Excellent documentaire sur le réalisateur Mario Bava, avec plein d’entretiens avec, entre autres, Joe Dante, John Carpenter, Alfredo Leone, le compositeur Rusticelli, Carlo Rambaldi, le biographe Tim Lucas, Tim Burton, son fils et son petit fils et j'en passe. Plein d’extraits, de confidences, d'analyses sur les films, l'influence de Bava et sa personnalité. Y a que le prix qui est trop élevé pour une heure sans extras, mais sinon, c'est à voir ! Mario Giguère

MONDO BALORDO - Roberto Bianchi Montero, 1964, Italie 

Voici un autre de ces documentaires qui fait le tour du monde pour nous intriguer et nous choquer au passage. Le film datant de 1964, il s'avère peu choquant mais représentatif d'une époque qui parait bien lointaine. Karloff, dans la version américaine, nous amène donc surtout en Europe, spécialement en Italie, voir les homosexuels masculins et féminins, le mur de Berlin, les marchés clandestins ou les indigènes qui préparent la soupe à la tortue, tel ces films cannibales, mais en version moins barbare. Tout cela demeure une curiosité agréable avec les remarques et la voix fabuleuse de Boris Karloff. Mario Giguère

MONDO BIZARRO - Lee Frost, 1966, États Unis 

Ce documentaire est parsemé de passages qui semblent montés de toutes pièces. On débute avec des caméras cachées dans une salle d'essayage de lingerie, pour aller voir des tribus indigènes dépecer un éléphant, mais le clou du film est une séance de marché aux puces d"esclaves. On est supposément au Liban, mais probablement pas loin de Los Angeles car tous ces libanais sont d'une blancheur louche avec de simples foulards attachés autour de la tête, d'un ridicule hilarant avec des esclaves, hommes et femmes, gardées nues dans des grandes malles. On s'attend à tout moment à ce qu'un des participants pouffe de rire et on imagine bien mal que, même en 1966, un spectateur quelconque soit tombé dans le panneau. Complètement innoffensif et ridicule. Mario Giguère

MONDO TOPLESS aka Mondo Girl aka Mondo Top, 1966

Tout le monde le sait, Russ Meyer aime les femmes avec de gros seins. Il aime les montrer sous tous les angles et surtout nous partager cet amour des poitrines plantureuses dans ses films. MONDO TOPLESS ne fait pas exception. C'est un genre de documentaire-hommage sur ses "découvertes de discothèques" (comme le dit si bien le narrateur, Russ lui-même): les actrices qui ont embelli ses films. On les voit danser, topless bien sûr, se frimousser, etc, pendant que des extraits audios viennent nous informer de la relation qu'elles entretiennent avec leur poitrine, ce qu'elles pensent de l'exhibitionnisme, comment elles ont commencées leur carrière de topless, etc.

La marque de Russ Meyer est partout. Du montage rapide à la musique rock’n’roll, des gros plans de poitrines mirobolantes aux commentaires subtils du narrateur, les fans de Meyer ne peuvent que ce réjouir. Plus qu'un simple documentaire, ce film est un témoignage d'une époque maintenant terminé et peut-être l'oeuvre la plus personnelle de Meyer. Puisque pendant environ 1 heure tout ce qu'il nous montre, sans histoires et scènes d'actions, est l'étalage de son obsession: les gros nichons. Malgré qu'il s'étire un peu en longueur, je donne un A+

phrase culte: "This delicious figure is the envy of women, And the delight of men." "Hang on men, here comes bouncy Babette Bardot . French and swedish, 50-50 where it counts.  Beat us baby ! Mathieu Prudent

MONSTER BASH ORIGINS - Brian Keegan, 2009, États Unis, 106m

Il y eu d'abord un magazine puis une convention annuelle intitulée Monster Bash pour les amateurs de monstres classiques, du cinéma muet aux années 50. Le documentaire retrace donc les origines de cette fin de semaine estivale qui accueille amateurs, vendeurs, spécialiste et acteurs de l'époque. On se concentre curieusement sur les organisateurs et les amateurs, laissant peu de place aux invités aperçus rapidement. La bonne humeur et la bonhommie semble de mise dans cette célébration des monstres de notre enfance. Le tout ne dure qu'un peu plus de 40 minutes, le reste du dvd étant remplit de deux blocs de bandes annonces. Le bloc classique regroupe principalement les films de la Universal et si l'amateur peu aguerri fera des découvertes, l'habitué que je suis n'a vu que deux trailers de films qu'il ne connait pas. Plus court mais plus étrange est le bloc de "coming attractions" mettant en vedette des bandes annonces pour des films produits majoritairement aux Philippines et mettant souvent en vedette John Ashley.

Le dvd fait partie de la collection Alpha New Cinema qui présente des films et documentaires non édités précédemment, à prix modique. Mario Giguère

MONSTER MADNESS: MUTANTS, SPACE INVADERS AND DRIVE-INS - Jeff Herberger avec Aaron Christensen, Dwight Kemper, Roger Corman, Robert Wise, Samuel Arkoff, Robert Clarke, Gary J. Shevla, 2014, États Unis, 90m, documentaire

Jeff Herberger a réalisé une série de documentaires sur le cinéma de genre, surtout en horreur, fantastique et science fiction. Avec Susan A. Svehla comme scénariste et Gary J. Shevla parmi les interviewés, Herberger profite de leur vaste collection d'entrevues réalisées lors de leur convention annuelle Fanex. Le narrateur nous amène donc faire le tour de l'âge d'or des années 50-60, des films de monstres, des classiques de science fiction aux films de teenagers sur les plages, le tout agrémenté de bandes annonces. De la version originale de The Thing en passant par Th Creature from the Black Lagoon, sur l'arrivée des Ciné-Parcs et la production de films ciblant carrément les adolescents américains avec succès.

Si l'amateur aguerri apprendra peu de choses nouvelles, le cinéphile curieux qui ne s'est pas plongé dans ce monde fera des découvertes essentielles et l'un comme l'autre aura plaisir à découvrir des extraits de classiques qu'il aura envie de voir ou revoir.  Mario Giguère

  MONSTER MANIA - Kevin Burns avec Jack Palance, Cassandra Peterson, 1997, États Unis, 62m, téléfilm

Produit pour la télévision, Monster Mania retrace l'évolution de l'horreur au cinéma pendant près de cent ans. Jack Palance dans l'original et Elvira dans la version dvd présentent des extraits de films et surtout beaucoup de bandes annonces originales. Du premier Frankenstein muet tourné en 1910 aux slashers des années 80-90 en passant par les classiques de la Universal et ceux de la compagnie Hammer. Un tour d'horizon qui relate aussi les hauts et les bas de la popularité des monstres, l'arrivée de la télévision ou des magazines populaires comme Famous Monsters of Filmland. Le succès fut assez remarquable pour que deux suites sortent, en 1999 Attack of the 50 Foot Monster Mania et en l'an 2000 Bride of Monster Mania qui se concentre sur les femmes dans le cinéma d'horreur. Présenté originalement sur AMC American Movie Classics et Fox. Mario Giguère

The NOMI SONG - Andrew Horn, 2004, Allemagne   

" He came from outer space to save the human race ". Non, il ne s'agit pas d'un extra-terrestre, d'un robot, ni même de Superman, mais tout simplement de Klaus Nomi, un petit bonhomme bizarroïde à la voix haut perchée débarqué tout droit d'Immenstadt, en Allemagne. THE NOMI SONG est son histoire, un récit qui commence comme un conte moderne et se termine de manière tragique. Inutile d'être familier à la musique ou aux vocalises particulières de Nomi pour plonger dans ce documentaire, pas nécessaire non plus d'apprécier son style (ce qui n'est d'ailleurs pas mon cas). Pour peu que l'on soit intéressé par la contre-culture en général et par la scène alternative new-yorkaise de l'époque new wave en particulier, le visionnement se pose comme une source d'informations relativement précieuse et parvient à retranscrire l'effervescence créatrice qui existait à cette époque.

Klaus Nomi était un homme à l'allure frêle, elfique même, qui a rêvé toute sa vie de pouvoir un jour chanter sur les planches des plus grands opéras. Doté d'une voix de castra complètement ébouriffante, c'est à partir de 1977 à New York que notre homme a commencé à se faire connaître. Un club populaire auprès de la scène marginale offrait une scène libre. N'importe quel pékin pouvait venir y faire le zouave pour présenter un spectacle. Ceux-ci étaient rarement sérieux, s'y produisaient comiques potaches et zikos amateurs profitant de l'aubaine pour se donner en spectacle. Et un soir, devant un par terre comme d'habitude hilare composé d'artistes, de punks, de jeunes fauchés et d'anarchistes en tout genre, l'inconnu et longiligne Klaus Nomi apparu vêtu d'une tenue improbable en adoptant une gestuelle située quelque part entre la mécanique d'un robot et les mouvements du mime Marceau, puis fit surgir de sa cavité buccale une voix qui fit se taire toute l'audience en un très bref instant. En quelques secondes, cet être étrange qui semblait véritablement venir d'une autre planète avait subjugué tous les représentants de l'audience. Le mec qui était devant eux n'était plus un rigolo de passage venu déconner pour amuser la galerie, loin de là : il s'agissait d'un artiste, d'une personne habitée par son art. C'est là que débuta le phénomène Nomi. L'événement est accompagné d'images d'archives et est décrit avec suffisamment de précision et pour qu'on en vienne à imaginer le frisson général qui devait parcourir la salle. Et c'est avec plus ou moins la même sensibilité que le reste d'une aventure musicale un rien chaotique nous est contée.

Adoptant une structure classique qui devient malheureusement un peu lassante tant on reste constamment dans la même tonalité, le film s'attarde logiquement sur les moments clés de Nomi et de son groupe, rapidement formé suite à l'événement précité. Ils connurent rapidement un certain succès mais restèrent cantonnés dans les circuits parallèles alors que notre chanteur aspirait à quelque chose de plus grandiose. Certains ce seraient contenté de ce succès qui dépassait d'ailleurs de loin l'enceinte de la ville, mais pas Klaus Nomi. Conscient de son talent et sans doute un peu orgueilleux, il voulait être en haut des charts. C'est alors que David Bowie repéra ce drôle de chanteur et l'embaucha pour un live sur le plateau du Saturday Night Live. C'est là que Nomi trouva l'inspiration pour son désormais mythique costume triangulaire, élément devenu emblématique du chanteur androgyne et qui accompagnait avec justesse le décor de science-fiction kitsch dressé sur leurs scènes de concert. Malheureusement, Bowie continua son chemin sans plus prêter attention à Klaus et la gloire espérée suite à cet événement ne fut pas au rendez-vous. Même s'il devint une figure emblématique de la scène new wave, il était loin de la reconnaissance nationale. L'accueil du public dans de plus petites villes était en ce sens révélateur : sifflements, incompréhension générale, humiliation... Il fallait se rendre à l'évidence, la musique de Nomi était trop inhabituelle, trop anti-conformiste pour atteindre une popularité à très grande échelle. Ce qui paraît comme une évidence aujourd'hui ne l'était peut-être pas tant que ça à l'époque.

En parallèle de l'histoire du groupe, richement illustrée de concerts filmés et de témoignages en tous genre de la part de ses musiciens ou de personnes plus ou moins proches, le film fait également ressortir des éléments plus intimes d'un personnage réservé et passablement triste, voire désespéré. Si le fait qu'il n'ait jamais pu réaliser son plus grand rêve d'artiste lui pesait quelque peu sur le cœur, il semble que son plus lourd fardeau était sa profonde solitude. Un sentiment qui allait jusqu'à l'handicaper sérieusement dans ses relations humaines. Déprimé, le petit homosexuel ne trouva pas de réconfort auprès d'un partenaire et ne partagea pour ainsi dire jamais sa vie avec qui que ce soit. Sa vie sexuelle se résumait à des coups anonymes dans des bouges obscurs dont la fréquence visait à faire oublier sa situation. Les témoignages recueillis à ce sujet laissent imaginer la détresse d'un homme déprimé que le destin allait bientôt faucher prématurément. C'est en 1983, six ans après ses premiers pas sur la scène new-yorkaise, que Nomi mourut du Sida et fut ainsi l'un des premiers artistes à périr de cette maladie qui était encore méconnue. Fin tragique d'un artiste insatisfait par une carrière pourtant loin d'être honteuse, la vie de Klaus Nomi était finalement bien pathétique.

Site officiel: http://www.thenomisong.com/ Kerozene

NOT YOUR TYPICAL BIGFOOT MOVIE - Jay Delaney, 2008, États Unis, 62m

Bien averti par le titre, on a droit ici à un documentaire qui porte essentiellement sur le quotidien de deux chercheurs de bigfoot. Friand de leur recherches, de leurs heures de vidéo qu'ils regardent pour trouver après coup les images qu'ils devinent être des bigfoot cachés, ils rêvent d'être reconnus à leur juste valeur. À tout le moins ils aimeraient qu'on leur reconnaissent une légitimité, ou qu'on leur accorde des fonds pour parcourir la forêt. Petit à petit on se prend presque d'affection pour deux hommes que la vie n'a pas vraiment choyés, qui dégagent une infinie tristesse teintée d'amertume. Le clou du film reste le passage à la radio complètement raté en apparence, qui débouche sur la visite d'un "expert en bigfoot" et de sa troupe. La gloire ne sera pas au rendez-vous, encore une fois et on laisse les deux copains avec ce qui leur reste: l'amour de leur famille, leur camaraderie et leur soif de découvrir la bête au fond des bois. Mario Giguère

notyourtypicalbigfootmovie.com

PUNK: ATTITUDE - Don Letts, 2005, Angleterre/États Unis   

La grande idée de ce documentaire, c'est d'expliquer de manière (paradoxalement ?) structurée au travers de dates clés, d'entretiens et d'exemples pertinents ce qu'est le mouvement punk. Ca peut paraître simple comme ça, mais en réalité ce n'est pas si évident, surtout aujourd'hui, puisque que le terme " punk " a été largement galvaudés et repris d'une part par des groupes poseurs à destination des pisseuses bourgeoises et d'autre part par la presse et l'industrie du disque qui en ont largement détourné le sens premier. Et pour partir du bon pied, il suffit de s'arrêter sur le titre du film lui-même : avant d'être un style musical, le mouvement punk est en effet caractérisé par une attitude, un état d'esprit. Et celui-ci, c'est de se tourner face aux corporations, aux multinationales de toutes natures, à l'establishment, et de leur dresser un énorme majeur en pleine gueule en leur criant " je fais ce que j'ai envie de faire et je t'emmerde ! ". Et le film n'hésite pas à citer un gars comme Jerry Lee Lewis comme un précurseur, ou tout du moins comme influence du fait de son attitude scénique provocatrice, ou même Elvis en personne dont le déhanchement outrait les plus de vingt-cinq ans. Absurde ? Pas tant que ça, car il ne s'agissait finalement que de prémices par lesquels il fallut passer pour, petit à petit, parvenir à Iggy Pop dont le jeu de scène tournait carrément à l'obscénité. Puis vint le Velvet Underground qui explosait l'idéal hippie à grand renfort de paroles dépressives et délaissait le LSD au profit de l'héroïne. Un groupe qu'on aurait du mal à catégoriser comme punk d'un point de vue strictement musical, mais qui en incarnait à lui seul l'essence. Après cette brève introduction, on rentre dans le vif du sujet, et là où le documentaire fait montre d'une certaine pertinence, c'est qu'il s'adresse aussi bien aux " anciens " qui ont côtoyé la scène (dont fait d'ailleurs partie le réalisateur du film, DJ londonien à l'époque de l'explosion de la scène punk anglaise), qu'aux amateurs de musique pour qui le film retrace une période clé de l'histoire de la musique moderne, aux néophytes (qui continuent en général de croire que la scène punk est née à Londres) à condition qu'ils ne regardent pas le film en espérant y découvrir la musique elle-même, et aux nostalgiques (qui retrouveront les murs du CBGB et quelques images d'époques montrant les Ramones lors de leurs premières scènes, les Sex Pistols jurant sur un plateau télé, les New York Dolls étalant leur excentricité ou même Suicide qui révolutionnaient absolument toute la donne musicale à eux seuls).

Niveau témoignages, le film propose des entrevues de quelques incontournables, comme Henry Rollins, figure majeure du mouvement qui se prononce en tant qu'érudit mais qui sait aussi se montrer critique par rapport à la relative fermeture d'esprit que le publique " punk " a commencé à adopter dans les années 1980 ; Jello Biaffra, qui s'exprime mieux que personne en ce qui concerne l'implication politique et idéologique du mouvement ; Thurston Moore en tant que musicien inspiré - entre autre - par tout le courant punk ; James Chance, figure emblématique du mouvement no wave que même les punks ne comprenaient pas ; ainsi que des membres des Sex Pistols, des Clash, de New York Dolls, d'Agnostic Front, de Bad Brains, des Ramones, de Siouxsie and the Banshees, etc... , et une quantité d'anecdotes incroyables sur des groupes ou des événements inattendus comme Ian McKaye et l'irruption de l'idéologie straight edge (" la contre culture de la contre culture " comme ils le qualifient) ou les Bad Brains en tant que premier groupe de punk/hardcore noir, jusqu'à Nirvana qui souhaitait plus que tout conserver cette idéologie mais qui ne put faire front face à la machine à fric que représentaient MTV et l'industrie du disque, machine qui poussa finalement Kurt Cobain à mettre fin à ses jours puisqu'il était devenu ce qu'il détestait le plus. La mort de Cobain, selon l'auteur du film et de quelques intervenants, correspond plus ou moins à la fin de la musique punk, mais pas de son idéologie, car des Biaffra ou des McKay continuent de bidouiller dans leurs coins en appliquant des méthodes DIY et en envoyant chier les majors...

L'essentiel du message est donc parfaitement clair et Don Letts enrichit encore son film de quelques éléments pas si anodins que ça, en abordant notamment le sujet de la mode vestimentaire " punk " qui commença par accident lorsque Richard Hell, sur la photo de son premier album, apparaissait avec des fringues rapiécés à l'aide d'épingles. Trouvant cela tellement cool, les anglais ont commencé à déchirer leurs frusques pour ensuite les rafistoler de la sorte, alors que pour Hell, la raison était simplement économique. De là, la scène londonienne devint un vrai freakshow paradoxalement très tendance, et même si ni les Sex Pistols, ni les Clash ne portaient de crêtes sur le crâne, d'agrafes dans la gueule ou de fringues immédiatement identifiables, une grande partie de leur public devint un regroupement de curiosités pour première page de tabloïdes. Délibérément, Don Letts laisse aussi de côté les groupes de punk radicaux, comme The Exploited qui délaissait l'idéologie politique pour un comportement simplement vulgaire, ou GG Allin - pour des raisons sans doute évidentes - mais aussi la grande partie de la scène des années 1980. PUNK : ATTITUDE se concentre donc sur ce que son auteur considère comme la seule véritable scène punk anglo-saxonne qui ait existé (les autres pays, comme la France, ne sont pas cités). Personnellement je n'abonde pas totalement dans son sens, lui adopte le point de vue de quelqu'un qui vécut cette période, qui en était même un acteur reconnu et il semble qu'il lui manque un peu de recul par rapport à ce qui s'est déroulé par la suite (ça nous pend probablement tous au nez, mais n'est-ce pas un peu contradictoire lorsqu'on en vient au punk ?) mais le but du film n'est évidemment pas là, on l'aura bien compris. Kerozene

La RAGE DU DÉMON aka Fury of the Demon - Fabien Delage avec Alexandre Aja, Dave Alexander, Jean-Jacques Bernard, Christophe Gans, Christophe Lemaire, Pauline Méliès, Jean-Pierre Putters, Philippe Rouyer, 2016, France, 60m

Le film français le plus rare et controversé de l'histoire du cinéma des premiers temps : un court-métrage fascinant, perdu et dangereux qui provoquerait de violentes réactions chez ceux qui le visionnent. Qualifié d'ésotérique, le film aurait été réalisé par Georges Méliès en 1897. Le film est aujourd'hui perdu, il n'existe aucune copie.

Une enquête captivante qui nous emmène sur les traces d'émeutes violentes ayant eu lieu tout au long des XIXème et XXème siècles, provoquées par un film rare, fascinant et dangereux : La Rage Du Démon, attribué au cinéaste Georges Méliès.  A travers des entretiens avec des journalistes, cinéastes, historiens, experts et psychologues, ce nouveau long métrage documentaire lève le voile sur le film le plus inquiétant de l'histoire du cinéma.

L'art du documenteur a cela de captivant qu'il réussit à petite ou grande échelle, à persuader ou semer le doute sur sa véracité chez les spectateurs anodins. Averti à l'avance, on pourra soit déprécier ou apprécier d'autant plus la magie du cinéma, celle de nous embarquer dans des histoire somme toutes toujours fictives. C'est avec un plaisir évident et devant une production de qualité que l'on aborde La Rage du Démon. Rappelant certains pseudo documentaires sur le paranormal et l'ufologie, on aborde les faits proposés avec une multitude de témoignages, ma foi, fort bien amenés. D'accorder la paternité du court-métrage dans un premier temps à Georges Méliès permet d'apporter une dose importante de vraies informations, nécessaires à ce genre de propos, tel un politicien qui tentera de nous faire croire à l'impossible en mélangeant faits et mensonges. D'autre part, il existe des films qui ont provoqué des formes d'hystérie et des spectateurs qui sont malheureusement décédés dans des salles offrant du cinéma fantastique.  C'est rare et c'était surtout à une époque d'avant la vhs et le dvd qui permettent aujourd'hui de vérifier la véracité des allégations, qui enlèvent de facto une partie de la magie du cinéma. Que l'on pense aux improbables versions longues alléguées de The Exorcist ou à la fin imaginée par les spectateur du film Rosemary's Baby. SI pour The Exorcist, il s'avère que l'hystérie a été vécue uniquement au début des représentations à New York, nombreux ont été ceux qui juraient avoir vu la version de quatre heures ou le bébé de Rosemary. Ici on parle essentiellement de trois représentations de La Rage du Démon, une fois par siècle, et toujours la copie disparait de manière mystérieuse et inexpliquée. SItuer la dernière représentation en 2012 force un peu le scepticisme du spectateur, certain qu'il aurait dût en entendre parler. Mais si...

Le seul petit bémol, et je ne saurais dire s'il est voulu, comme un clin d'oeil au cinéphile, est l'origine du court métrage qui devrait sa paternité à un élève de Méliès, adepte de spiritisme. En effet, plusieurs documents photographiques d'époque semblent visiblement trafiqués, ayant recours à un contemporain, inséré dans des photos d'un autre siècle. Mais c'est suffisamment bien fait pour berner qui veut bien y croire ou voir ce qu'il veut bien voir. Alors je pense aussi à toutes ces émissions télé sur les chasseurs de fantômes ou passionnés d'ufologie, qui vont traquer des témoignages qui seront surtout véridiques aux yeux des croyants.

Évidemment, j'ai pensé à quelques occasions à Cigarette Burns, un excellent épisode de la série Masters of Horror réalisé par John Carpenter, ou il est question d'un film maudit, présenté une fois en Europe, qui a créé l'hystérie collective et qu'un collectionneur recherche.

Par la multiplicité de ses témoignages, la qualité de ces interventions, de sa réalisation et par le choix judicieux de ne pas montrer ni images ni découverte du court-métrage, La Rage du Démon réussit son tour de magie et nous fait rêver. Avouons-le, une partie du plaisir de l'amateur de cinéma fantastique n'est-elle pas d'espérer trouver enfin le film de trouille par excellence, celui dont on ne se remet jamais ? Mario Giguère


Mad Dog Vachon

Les SALTIMBANQUES DU RING - documentaire, 2006, Québec 3 épisodes de 60m

En trois petites heures, les Saltimbanques du Ring fait le tour de l'histoire de la lutte au Québec. Trois époques, trois titres: 

"L'autre idole du peuple" fait la belle part à Yvon Robert, plus populaire que le légendaire Maurice Richard à cette époque. Années fastes ou le forum de Montréal était la mecque de la lutte, ou tous les grands y sont passés et ou Yvon Robert était l'idole incontestée des Canadien Français. On replace aussi le phénomène dans le temps, les années 30-40, années fastes d'après guerre ou Montréal était une capitale du plaisir, les moeurs étant très différentes et plus permissives.

"Le Français Débarque" se concentre sur Edouard Carpentier, en réalité Polonais, qui va amener un style plus acrobatique. Lutteur dit "scientifique", il devient la nouvelle idole du peuple et fait tomber les préjugés envers les Français chez le peuple Canadien Français. Il raconte sa "découverte" d'André dit le "Géant Ferré".

"Le Bodyguard du Premier Ministre" se concentre sur la carrière de Johnny Rougeau, un temps garde du corps de René Lévesque, de l'arrivée de la révolution tranquille et de la notion de peuple Québécois et accessoirement sur la fin des belles heures de la lutte au Québec, passée sous le rouleau compresseur de l'organisation de la WWF de Vince McMahon.

On y verra aussi abondamment Mad Dog Vachon, sympathique vilain qui raconte comment il s'est bâti une réputation et a mérité son nom, à une époque ou l'on croyait sans douter à ces athlètes du matelas. À tel point que l'anecdote sur Bob "Legs " Langevin est pénible: un spectateur furieux le frappe avec un câble dans les parties génitales. Résultat 48 points de suture dans les parties et la fin de sa vie sexuelle active, à 19 ans ! Moins difficile, mais tout aussi frappant, Édouard Carpentier nous montre ses chevilles, déformées par toutes ses pirouettes sur un matelas beaucoup plus dur à l'époque.

Agrémenté de commentaires de journalistes, anthropologue ou vedettes de l'époque (Alys Robi, Michèle Richard), je ne déplore que la redite dans les extraits d'époque qui se répètent souvent lorsque l'on regarde les épisodes en rafale. Sinon ça bouge rapidement, c'est fascinant et instructif, bien monté et souvent drôle. On termine donc sur une citation de Mad Dog Vachon, et je cite:

"Comme disait Victor Hugo: L'avenir appartient à ceux qui luttent !" Mario Giguère

SCHLOCK! The Secret History of American Movies - Ray Greene avec Roger Corman, David F. Friedman, Maila Nurmi, Doris Wishman, 2001, États Unis, 89m, Documentaire

Un documentaire sur le cinéma d'exploitation américain avec une multitude de témoignages des principaux participants de l'époque. On débute en situant l'origine de cette vague dans les années d'après guerre et du baby boom. Curieux, car on finira par remonter aux années trente, véritable berceau du cinéma d'exploitation produit par des producteurs et des réalisateurs indépendants hors des circuits hollywoodiens. D'ou la question posée à Doris Wishman, rare femme réalisatrice de l'époque: mais qu'est-ce qu'un film d'exploitation ?  On ne s'attend pas è sa réponse.

J'ai regardé beaucoup de documentaires centrés sur un ou plusieurs intervenants des années 50-60 et je n'ai donc pas fait de grandes découvertes. L'intervalle des films surnommé nudies, essentiellement des films presque documentaires sur les camps de nudistes, avant l'arrivée du sexe après la révolution sexuelle, a plus piqué mon intérêt. On souligne le travail de Friedman et Herschell G. Lewis et ses films gores. On change de tabou avec les roughies, ou la violence est abondante, souvent des hommes contre des femmes, ce qui est déplaisant. On aborde trop rapidement le cinéma de Russ Meyer ou c'était  plus souvent les femmes qui se montraient fortes et agressives, en tout cas autant que ces messieurs, avec un humour décomplexé. On va terminer avec l'appropriation culturelle par les grands studios des sujets abordés par le cinéma d'exploitation, voué à disparaître. Un documentaire bourré d'entrevues qui devrait plaire aux curieux et aux plus jeunes cinéphiles. Mario Giguère

SKIN: A History of Nudity in the Movies - Danny Wolf avec entre autres, en images d'archives ou en entrevue Warren Beatty, Martine Beswick, Linda Blair, Peter Bogdanovich, Sybil Danning, Joe Dante, 2020, États Unis, 130m, Documentaire

Documentaire sur la nudité au cinéma des films muets jusqu'en 2020. Inévitablement il y est question de censure, du code Hays, des moeurs qui changent progressivement, de la déferlante de la pornographie jusqu'à l'arrivée de la vague Me Too. Avec une foule de témoignages d'actrices, d'acteurs et de spécialistes de la question.

Alors oui, c'est un peu long, mais on couvre rien de moins que 100 ans de cinéma. J'ai particulièrement apprécié les explications sur le code Hays. On diverge beaucoup avec le livre d'Eric Schaefer: A History of Exploitation films . On embarque dans la censure strictement de la nudité, féminine mais aussi masculine. Pendant plus de trente ans, ce code sert à autodiscipliner l'industrie. Du moins les majors, car les indépendants poussent toujours plus loin. Jusqu'à Russ Meyer et la libération sexuelle débutant durant les années 60. On arrêtera de charcuter les films et les cotes d'âge, ou il est permit de rentrer dans les salles obscures, s'installe un peu partout. Car, aussi bien au Canada qu'aux États Unis, le clergé perd graduellement le contrôle moral sur le cinéma et la population en général. Les films pour adultes, spécialement en provenance d'Europe, ou la nudité est plus acceptée depuis longtemps, vont alors faire des entrées fracassante. Jusqu'à la période Me Too qui va changer la donne pour un nombre incalculable d'hommes qui ont abusé de leurs actrices, devant et derrière les caméras.

Le tout est raconté régulièrement par des réalisateurs et des actrices, principalement, dont les témoignages sont précieux. De ceux et celles qui ont brisé les tabous à ceux qui n'ont jamais vraiment arrêté de titiller leur public. Un documentaire nécessaire pour mieux connaître le cinéma, ses limites imposées artificiellement et anticiper les menaces de plus en plus actuelles de la censure tout azimuts. Mario Giguère 

STARWOIDS - Dennis Przywara avec Daniel Alter, Phil Brown, Cecil Castellucci, 2001, États Unis, 80m

J'écris ces lignes pendant la folie suite à la sortie du septième épisode de la saga Star Wars. Une époque ou on peut réserver son siège à l'avance sur internet, ce qui a profité énormément à Walt Disney, nouveau propriétaire de la franchise. C'est donc très curieux de regarder ce documentaire sur des fans qui ont fait la ligne durant 42 jours et nuits pour pouvoir être les premiers à voir l'épisode 1 en 1999. En vedette, le premier de cette ligne imaginaire, tout de même relayé les soirs et nuits grâce à tout un système complexe de points à obtenir pour conserver sa place. Sans surprise, ils seront plusieurs à devoir trouver un remplaçant lorsqu'ils seront inévitablement malades, étant régulièrement sous la pluie. On suit deux files d'attente devant deux cinémas prestigieux, observés de plus en plus par les médias, particulièrement par la télévision. Au travers, des extraits d'une comédie musicale qui recrée l'épisode 4, avec les moyens du bord, l'incroyable installation qui a permis à tout un chacun de suivre l'aventure en direct sur internet. les inévitables conflits entre fans, les frictions avec la police et une fan qui a maquillée sa voiture en TIE fighter. On rencontre aussi le projectionniste et le gérant du Chinese Theatre. On assiste à l'arrivée triomphale des bobines, la sortie après la première et on revoit une partie de ces personnes un an plus tard. Un entretien avec Kevin Smith, le réalisateur, confirme que mes impressions de fanatisme débridé sont partagées. Vingt minutes d'extras un peu futiles complètent l'offre du dvd de Film Threat.

Ça laisse perplexe, mais tout ce monde semblait bien heureux de l'aventure, y comprit un clochard qui a eu droit à plus d'attention que d'habitude. Mario Giguère

The STRANGE WORLD OF JOSE MOJICA MARINS aka Maldito - O Estranho Mundo de José Mojica Marins - André Barcinski / Ivan Finotti, 2001, Brésil

Ce documentaire, est vraiment sympathique. Il s'attarde donc, vous l'aurez compris, à la carrière de ce cinéaste brésilien dément, responsable de déviances sur celluloïds gravos.

On y apprend pleins d'anecdotes croustillantes, notamment à propos de films comme THIS NIGHT I WILL POSSESS YOUR CORPSE, AWAKENING OF THE BEAST et d'autres films aux titres tout aussi exotiques. Parmi les anecdotes, on nous parle des démêlés qui Marins connut avec la censure brésilienne, les scènes durant lesquelles de jeunes femmes subissaient l'assaut d'araignées et de serpents - le seul moyen que Marins trouva pour leur faire faire ces scènes fut de saouler les filles. Les images des films de Marins sont violentes, gores et complètement folles, ça donne vraiment envie de découvrir son oeuvre, du moins jusqu'aux films qu'il réalisa dans les 80's où il entama une carrière dans le porno. Il y entra en faisant scandale en tournant une scène de zoophilie, il admet d'ailleurs que le chien fut le meilleur acteur avec qui il tourna et qu'il était doté du plus fantastique appétit sexuel existant. Le chien fut empoisonné par son propriétaire, ce dernier croyant que sa femme couchait avec.

Ce documentaire a reçu le prix du jury à Sundance, ce qui est plutôt surprenant, et je vais bientôt me lancer dans l'achat des DVD de COFFIN JOE, parce que ça a l'air vraiment plaisant... Kerozene

SUEDE: ENFER ET PARADIS aka SWEDEN: HEAVEN AND HELL aka Svezia, inferno e paradiso - Luigi Scattini, 1968, Italie

Alors que le monde occidentale s'émancipe en fumant de l'herbe et en bouffant du LSD à poil dans les champs de fleur, l'Italie des culs-bénis s'applique à une certaine politique de prévention, maladroite certes, mais croustillante.... du moins avec le recul des décennies. C'est du moins ce qu'il en ressort à la vision de ce mondo visant à dénoncer les dérives sociales et libertaires de la lointaine et libertine Suède. On y décrit le quotidien morose des suédois, mais surtout des suédoise, "le filles les plus libres du monde mais aussi les plus malheureuses", confrontées à une politique qui a pris soin de renier les principes de base du catholicisme en instaurant par exemple, des cours d'éducation sexuelle à l'école. Une approche pédagogique de la sexualité, voila le point de départ de la misère culturelle et sociale de tout un peuple "sans patrie" (!?), conduisant à une négligence des notions de puretés, puisque ces pauvres suédois se voient privés de leur virginité le jour où le cours en question passent à la leçon de pratique. Une étape abominable où les partenaires s'échangent, les fluides se mélangent, et les sentiments n'ont aucun droit. Le résultat: un pays où les maris sont négligés, où les ainés sont abandonnés et où n'existe au final plus aucune valeur morale. Le portrait que dresse ici le film de Luigi Scattini fait donc passer le pays de Bergman pour un gouffre de froideur dépressive et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y va pas avec des pincettes. Fascinant, carrément ridicule et réellement délectable! Kerozene

SUPERHEROES - Michael Barnett, 2011, États Unis, 90m

Drôle de créature que ce documentaire sur des civils américains qui décident de devenir de vrais superhéros dans leur communauté. Ils sont presque tous présenté comme des losers sympathiques, des inadaptés sociaux qui, au final, aident les plus démunis de la société sans discrimination, ce qui est noble. C'est dire que ca tire dans plusieurs directions, mais l'idée de base n'aboutie pas vraiment, en fait il y a presque erreur sur la marchandise. Sans pouvoirs spéciaux, mal appuyés par la police, ils ne font finalement pas grand chose. Faut dire que les réalisateurs multiplient le nombre effarant de superhéros nouveau genre, avec des surnoms souvent ridicules malgré le discours très sérieux et parfois pathétique des prétendus héros. Alors, oui, c'est souvent très drôle, mais on m'avait soufflé à l'oreille que c'était un faux documentaire, ce que je n'ai pas eu de difficulté à croire, les "amateurs" étant bien trop à l'aise devant la caméra. J'espère que les spectateurs savaient ou se rendaient compte que c'était de la rigolade, mais le réalisateur-scénariste joue bien ses cartes et brouille tout. Sans les costumes, on les appelait les "Chevaliers de Colomb" par ici et ils faisaient des paniers de Noel pour les démunis. Les transitions format bande dessinée sont bien faites.

Ou bien je me trompe et c'est réel et irréaliste, si vous me suivez. Mais c'est à voir. Mario Giguère

THIS FILM IS NOT YET RATED - Kirby Dick, 2006, Royaume Uni/États Unis, 97m   

Aux États-unis et ailleurs sûrement, les identités des responsables de la classification cinématographique sont gardées top-secrètes. Un réalisateur décide d'engager un détective et l'accompagne à la découverte de ces personnalités aux pouvoirs décisifs sur l'avenir d'un film et d'une culture.

Magnifique documentaire traité avec humour et bien rythmé avec plein d'extraits de films qui furent censurés, d'entretiens avec des réalisateurs et d'auteurs du cinéma indépendant. Pourquoi les films aux scènes violentes passent plus facilement que celles contenant du sexe même soft ? Ceux-ci une fois censurés ne bénéficient pas de diffusion pour des raisons souvent nébuleuses. Des réponses arrivent graduellement avec la connaissance de ces juges et de leurs valeurs. Intéressant. Deadmonton

Kirby Dick va essayer de lever le voile sur le mystère entourant le MPAA qui donne le classement des films américains. Une foule de réalisateurs sont à la merci de la cote NC-17 ( No Children under 17 équivalent du classement 18 ans et plus), ce qui les empêchent de faire de la publicité pour leurs films et sans connaître les raisons exactes de la différence entre ce NC-17 et le rated R, qui permet aux enfant de voir les films, accompagnées d'un adulte. Ce qui frustre également c'est la culture du secret qui entoure les membres du bureau, dont l'identité est tenue secrète. Dick, parallèlement à ses conversations, toujours intéressantes, avec une foule de réalisateurs, engage des détectives privés qui ont pour mission de dévoiler l'identité des employés qui décident du destin de tant de films. Une opération somme toute impeccable qui va amener à dévoiler la liste complète des évaluateurs de la MPAA. Là n'était pas véritablement l'enjeu le plus intéressant, les quelques discussions avec de rares ex-employés qui acceptent de parler, les témoignages incroyables de réalisateurs et les conclusions qu'on peut en tirer sont plus intéressantes.

On sait bien qu'au cinéma Américain la violence est plus acceptable que le sexe. Mais ce qui est acceptable ou non, sexuellement, pose plus de problèmes, de par la non définition des actes et des termes permis. Il n'y a pas de lignes de conduites, de règlements définit, de mots d'ordre pour comprendre pourquoi un film subit son classement. Un comble. Que l'orgasme féminin dérange systématiquement devient rapidement évident. Aucune rationalisation ne sera offerte, on ne peut parler à personne, officiellement. Le clou du film est tout bonnement la soumission du documentaire à la régie, qui voit ses membres traquées et dévoilés. On imagine la tête dans les bureaux ! Une vision essentielle pour tenter de comprendre un sujet contreversé. Mario Giguère

TITICUT FOLIES - Frederick Wiseman, 1967, États Unis, 84m 

Laissez vous entretenir d'un petit documentaire bien étrange qui jette au visage des bien-pensants une réalité que tous préfèrent ignorer... La vie entre quatre murs des " criminally insane ", ces fous meurtriers, violeurs, et pas tout à fait savoureux. En peu de mots de ce film maudit qu'est " Titicut Follies ". Allez, approchez du foyer... La lumière danse incertaine comme votre vision de la réalité. Je commence.

La séquence d'intro, qui donne son nom et le ton du film, est Lynchéenne, si vous me pardonnez quelques instants ce néologisme tout frais forgé. Un groupe de patients, tous vêtus de blanc et arborant le nœud papillon, chantent en cœur un bout de comédie musicale. Avec un degré de succès comparable à n'importe quel spectacle d'école primaire. Leurs regards sont absents ou d'une intensité atypique, leurs visages burinés ou sans expression, le faciès normal ou carrément révélateur d'une condition médicale... Ce sont tous des " invités " du système pénal du Massachussetts, des prisonniers condamnés pour crimes violents et, quelquefois, de nature sexuelle. Et ce documentaire est témoin de leurs comportements, de leurs paroles, de la dérape des gardes qui exercent un pouvoir froid et cruel sur eux. Cette exhibition, plus qu'un divertissement, est nommée " Titicut Follies ". Les uns après les autres, les patients défilent... Un garde les présente devant une foule bigarre composée de malades.

Outre une scène d'arrivée des nouveaux prisonniers et d'interrogatoire par un psychologue fouillant les détails sordides issus de la bouche d'un pédophile, la pellicule s'arrête sur une foule de scènes kafakaesques filmées avec une direction photo implacable.

Une séquence documente le rasage d'un patient par les gardes. Ceux-ci lui demandent sans cesse si sa cellule est propre, vraiment propre, sans relâche, sans presque de pause. Cut. Dans la scène suivante, le patient hurlant - et complètement nu - disparaît en courant, engouffré dans un couloir, la bouche ensanglantée.

Autre moment. Un autre patient est maintenu en place par quelques gardes. Il ne veut plus vivre, plus manger. L'un des geôliers lui a introduit un tube par le nez. Un autre y pompe de la nourriture avec force. La séquence est en chassé-croisé, entrecoupée par une autre scène, de la morgue cette fois, où le corps du même homme est préparé pour son ultime destination, le four.

Vous en voulez encore? Un homme est devant un comité de libération conditionnelle. Il plaide qu'il n'est pas fou, que le temps passé en prison est fatal à sa santé mentale. Loin de l'aider à guérir, son séjour est dommageable. Que les médicaments qu'on lui fait gober au quotidien le font sombrer davantage dans son monde intérieur. Il est nerveux, intense, logique. Ce à quoi les membres du comité lui répondent glacialement que son argumentaire est faussé. S'ensuit une explication purement médicale et incompréhensible pour le prisonnier dans laquelle le comité commente son état mental et les raisons de son incarcération. La recommandation finale du comité? Il faut augmenter la dose de tranquillisants de ce prisonnier afin de corriger son comportement.

On citera également l'entassement de prisonnier dans des cellules non-éclairées, l'hygiène déficiente... Vous voyez le topo.

"Titicutt Follies" est un film dur. Le cinéaste Frederick Wiseman n'y excuse pas le comportement des prisonniers. La complaisance est exclue du regard de la caméra. Cependant, la main de fer des gardes est montrée comme excessive, cruelle, inhumaine. Cette vision a tant dérangé les autorités carcérales du Massachusetts que le film a été interdit aux États-Unis entre 1968 et 1991. Il s'agit du seul cas connu d'interdiction en sol américain pour des raisons autres que l'obscénité, l'immoralité, ou la sécurité nationale.

Le témoignage de " Titicutt Follies " a cependant été reconnu à l'étranger par l'attribution d'un Mannheim Film Ducat par le Mannheim-Heidelberg International Filmfestival (1967) et l'attribution du Meilleur film sur la condition humaine lors du Festival Dei Popoli, Florence, Italie (1967).

À voir.Le Comte O © http://bakethoria.com  

TRANSFIGURED NIGHTS - David Blyh, 2007, Nouvelle Zélande, 48m

Ah, le plaisir d'aller à FanTasia... et d'attendre en ligne à l'infini, comme cela me manquait, hum... Au moins cette fois-ci, j'ai eu le plaisir de voir la top-modèle fétiche locale Bianca Beauchamp passer à 10 pieds de moi car elle et son mari introduisait les deux documentaires du réalisateur néo-zélandais David Blyth prévus pour cette projection. Ce dernier était également là, avec une compagne qui donnait l'allure d'un travesti " silhouette carrée " (ou " butch ", si vous préférez). Blyth semble un bien sympathique personnage et s'est fait un plaisir de répondre à quelques questions, pendant que le projectionniste avait toutes les misères du monde à démarrer le visionnement (au point où même l'affable Mitch Davis commençait à avoir son voyage!).

Premier des documentaires en question, TRANSFIGURED NIGHTS, propose des témoignages de personnages qui s'adonnent à des " performances " fétiches sur webcam. Toujours masqués, ils nous confient à quel point ces spectacles leur donne un effet libérateur. On se couvre de plusieurs couches de latex, on se vêt comme une petite fille manga en s'adonnant à d'intenses auto-strangulations, on se travesti, on se r'habille comme une musulmane masquée... tout y est. Un peu répétitif, mais une intéressante porte ouverte sur un phénomène du web dont personne ne s'était encore vraiment attardé. Un petit 48 minutes quand même assez creepy. Blundering Man

http://davidblyth.com/

TREKKIES - Roger Nygard, 1997, États Unis  

Depuis le temps que j'en entendais parler... Il est bon le documentaire sur les fans de l'émission Star Trek, pardon, toutes les séries Star Trek. Des plans conventionnels ou la caméra se promène sur les livres et bebelles de conventions à James Doohan qui pleure en nous racontant comment il a sauvé une jeune femme du suicide, on passe par tout. Du bureau de dentiste décoré en base spatiale avec le médecin et tout le personnel en costume de Star Trek. Le top, c'est bien la fille qui a participé au procès des Clinton pour scandale immobilier dans son costume de commandant, costume et titre de commandant qu'elle porte fièrement pour aller travailler à chaque jour... Drôle mais pathétique. La pro-militaire qui s'est rendu compte que les babioles de Star Trek et les couteaux de collection vendent plus que les armes... Les Klingons s'amusent et  pour une fois, les acteurs semblent tous apprécier leur passage dans les congrès, à part Brent Spiner qui joue William Shatner à la Saturday Night Live. Produit et avec Denis Crosby, le ton est plaisant, mais pas complaisant. Évidemment, les amateurs de Doctor Who paraissent beaucoup mieux, mais c'est une autre histoire. Mario Giguère

UFO'S ARE HERE!, The Deyo Diaries, Vol. 1 - Guy Baskin, 1977, Australie, 88m

Documentaire réalisé en 1977, l'année ou est sorti sur les écrans RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE de Steven Spielberg. Ressorti dans le cadre d'un série de Stan Deyo, présentateur et participant sur le documentaire On a droit à une forme d'enquête, une série d'entrevues avec des personnalités importantes dans le milieu comme le Dr. Alan Hynek, Jacques Vallée, Ken Arnold, Betty Hill, Ray Palmer et Steven Spielberg. On en profite, de manière assez curieusement commerciale, pour présenter deux extraits assez longs de STAR WARS et une bande annonce de JAWS ! On étale donc les théories d'usage, culminant avec Deyo, qui prétend avoir travaillé vingt ans plus tôt sur le moteur anti gravité alimenté à distance par des relais d'électricité. Naturellement il insiste pour nous expliquer que ses recherches ont été arrêtées, qu'on lui a suggéré fortement de s'exiler en Australie, ce qu'il a fait, et que tous les gouvernements ont freiné le développement de cette technologie, officiellement, pour ne pas voir s'effondrer l'économie basée sur le pétrole. Gaspation. Le regretté Hynek est plus crédible, ayant travaillé des années sur le projet Blue Book qui étudiait tous les signalements en sol américain pour le compte du gouvernement. Ray Palmer. Éditeur d'Amazing Stories, relate l'aventure de Richard Shaver qui prétendait que ces objets non identifiées provenaient du centre de la terre. Bref, un condensé des théories et recherches de l'époque dans un emballage sensationnaliste, qui a beaucoup vieillit et qui ne saurait convaincre les sceptiques. Mario Giguère

The UNIVERSE OF MOJICA MARINS aka O UNIVERSO DE MOJICA MARINS - Ivan Cardoso, 1978, Brésil

Court documentaire de 26 minutes mettant en avant le réalisateur spectrale José Mojica Marins, plus connu sous le nom de Zé Do Caxaõ ou plus simplement, Coffin Joe. Marins se présente comme un homme simple, avouant sans détour son illettrisme, illettrisme qui le poussa justement à communiquer via des images fortes. Quelques extraits de ses films illustrent alors ses propos, malheureusement sans préciser les titres, afin de donner raison à cet artiste hors norme dont la philosophie ne fut jamais comprise par tous. On sent d'ailleurs une sorte d'amertume de sa part de n'avoir jamais pu convaincre les hautes sphères de la culture brésilienne mais en même temps, il assume pleinement son statut d'auteur populaire culte, celui que les plus démunis aiment défendre, une sorte de Don Quichotte du cinéma qui aura séduit les foules de son pays, et contradictoirement charmé les professionnels et critiques étrangers. Court et pas toujours bien construit, on préférera logiquement le documentaire COFFIN JOE: THE STRANGE WORLD OF JOSE MOJICA MARINS. Kerozene

URGH! A MUSIC WAR - Derek Burbidge, 1981, Angleterre

URGH! est l'un de ces documentaires musicaux mythiques de la fin des années 1970 - début 80, comme l'est par exemple le fabuleux DECLINE OF WESTERN CIVILISATION. Mais URGH possède une aura particulière. D'abord parce que le film a bercé toute une génération de zikos nostalgiques, qu'il est aujourd'hui devenu quasiment introuvable et parce que finalement, il ne prétend rien puisqu'il ne fait qu'aligner des extraits de concerts de groupes et chanteurs triés sur le volet. Le principe est simple: un artiste, une chanson (avec deux exceptions). On assiste alors à 34 artistes (26 dans le montage exploité en salle) pour 36 morceaux joués en live entre L.A., Londres ou encore Fréjus en France - le tout étalé sur une durée de 124 minutes. Pour le spectateur n'ayant pas grandi à cette période, le côté nostalgique de la chose n'a bien évidemment pas lieu d'être. Mais URGH! consiste en un précieux document qui permet de découvrir ceux qui étaient alors considérés comme la crème d'un mouvement émergeant, entre punk, new wave et électro, mais surtout de profiter de quelques performances réellement hallucinantes qui font rapidement oublier celles nettement plus communes dont l'intérêt est tout relatif.

Parmi ces performances mémorables, on retient notamment celle de Gary Numan, sorte de chanteur mégalo arpentant une scène décorée de structures lumineuses énormes au volant d'une drôle de voiture électrique. On y voit également le robotique Klaus Nomi et sa dégaine de d'androïde homosexuel. Les Dead Kennedys en plein "California über alles" menés par un Jello Biafra déchaîné. The Cramps dans un des moments les plus trash du film où le chanteur est à deux doigts d'engloutir son micro comme s'il s'agissait d'un simple spaghetti. Skafish et son chanteur physiquement étrange et gesticulant malsainement pendant une chanson blasphématoire. Oingo Boingo et sa musique déglinguée, Devo, Gangs of Four, Surf Punks... et UB40 et The Police pour les plus connus - The Police ayant le privilège d'avoir pas moins de trois morceaux dans le film. Normal, c'est le groupe qui vendait le plus. L'ensemble manque parfois de folie - on aurait aimé voir plus de spectateurs faire du stage diving, s'adonner à des pogos psychotiques ou dresser des doigts d'honneur à la caméra en lui crachant dessus (le public des Surf Punk lève au moins le doigt), mais on ne va pas se plaindre non plus. URGH! est donc un témoignage intéressant et permet de se rendre compte de la diversité de la scène alternative d'alors, et surtout que les déguisements étaient très prisés par les musiciens (Devo, Surf Punk, Invisible Sex, Kaus Nomi, ...).

Pour plus de détails et pour savoir comment se procurer le film: www.urgh-dvd.com Kerozene


Bela Lugosi dans le rôle du Christ

Le VAMPIRE DECHU - Florin Lepan, 2007, France/Autriche/Roumanie

Un documentaire sur Bela Lugosi, ça vous branche? Ca tombe bien puisqu'en voila un. Sauf que si vous espérez un regard mordant sur sa carrière d'acteur et un passage en revue de ses plus mémorables cabotinages à l'écran, mieux vaut passer votre chemin. Le film s'intéresse plus aux origines de l'artiste et aux influences des mœurs de sa Transylvanie natale sur son travail - et en particulier son interprétation de Dracula - que sur ses rôles post-vampire. On y apprend l'existence de coutumes propres à sa région consistant à exhumer les cadavres et à leur arracher le cœur, ceci afin de conjurer le mauvais sort. Les derniers cas recensé d'un tel acte ne remonte d'ailleurs qu'aux années 1990 alors qu'ils sont bien évidemment interdits depuis quelques décennies. L'auteur du documentaire s'interroge donc sur l'importance de ce background étrange : est-ce là l'origine de l'aura mystérieuse de Bela Lugosi, de son aptitude secrète (pourquoi a-t-il pris un pseudonyme ?), de ses mensonges (fils de boulanger, Lugosi s'est inventé un passé d'aristocrate), de son charme vénéneux (son statu de sex-symbol surpassa celui de Clark Gable) ? Les réponses sont frustrantes puisqu'aucune n'est donnée mais elles s'avèrent légitimes car Lugosi est devenu de manière quasi instantanée l'incarnation même de Dracula, celle inscrite dans l'inconscient collectif. Bien entendu, sa carrière d'acteur est résumée dans les grandes lignes : star du théâtre sur la scène de Bucarest où il tenu une quantité de rôles impressionnante (dont celui du Christ !), Lugosi était aussi un haut fonctionnaire des affaires culturelles de Roumanie, pays au régime alors communiste - ce passé lui a d'ailleurs valut de finir sur la liste noire d'Hollywood pendant la " chasse à la sorcière " des années 1950. Après la chute du gouvernement, il a fuit le pays avant d'arpenter les scènes de Broadway où il devint célèbre en incarnant le conte vampire sur les planches. Puis il fait des pieds et des mains pour obtenir le rôle-titre de l'adaptation cinématographique de l'Universal - chose qui fut possible suite au décès de Lon Chaney originellement envisagé. La suite est connue : prisonnier du rôle, l'image de Lugosi est exploitée jusqu'à la corde et plonge peu à peu dans les abîmes du Z, son aura et sa popularité sont rapidement ombragées par le succès de Boris Karloff, son train de vie (divorces à répétition, dépendance à la morphine) le ruine avant une traversée du désert dans les années 1950 où il ne peut que se donner en spectacle dans des revues au rabais dans lesquelles il se moque du fameux vampire... Arrive enfin Ed Wood qui tente de remettre l'acteur à flot avec le non-succès que l'on sait.

Ce film court, 52 minutes, fait donc aussi ressurgir le fait que le rôle de Dracula fut aussi bien la clé du succès pour Lugosi, mais aussi son ticket pour l'Enfer. Difficile de dire si la faute en incombe aux studios uniquement tant il semble que l'acteur ait profité de manière abusive de son image de prince des ténèbres, comme en témoigne une interview de 1932 lors de laquelle il joue sur sa personnalité ambiguë, prouvant ainsi qu'il était véritablement habité par son personnage, qu'il était même littéralement vampirisé ! Son fils, Bela Lugosi Jr., témoigne, principalement de l'image de son père qu'il ne connut que très peu puisque Junior vint au monde alors que Lugosi avait déjà soixante années bien sonnées, mais aussi Boris Karloff - admiratif de son collègue, et le réalisateur hongrois István Szabó (SUNSHINE). L'ensemble est certes intéressant mais il est vrai qu'on aurait préféré un travail plus poussé au niveau de la riche filmographie de l'acteur. Mais ce n'est évidemment pas le sujet, ce dernier étant bel et bien celui d'une star respectée dont la personnalité fut trop rapidement éclipsée par un seul et unique rôle. Les revers du rêve hollywoodien, en quelque sorte. Kerozene

VIDEO NASTIES: Moral Panic, Censorship & Videotape - Jake West avec Ruggero Deodato, Neil Marshall, Christopher Smith, James Ferman, Mary Whitehouse, Patricia MacCormack, 2010, Royaume Uni, 72m, durée totale coffret 13hr

Jake West, RAZOR BLADE SMILE, EVIL ALIENS, PUMPKINHEAD: ASHES TO ASHES, nous offre un essentiel, le guide des Video Nasties, ce curieux phénomène qui a frappé longtemps l'Angleterre. L'historique est à la fois instructif, bien documenté et plein d'images d'archives ainsi que d'entrevues d'époque et d'aujourd'hui. C'est une véritable reconstitution de ce qui a amené les divers procès et la fameuse liste qui varia avec le temps et dont on présente les 72 titres infâmes. C'est aussi une magnifique illustration de poussée de bonne pensée qui s'exprime par la répression artistique dont nous sommes régulièrement à la merci. Si, il y a deux cent ans, Alexandre Dumas racontait comment la suite de son feuilleton sur la révolution française, ANGE PITOU, faillit ne pas sortir car les âmes bien pensantes de l'époque accusaient les romans populaires de corrompre la société, comme de tout temps l'art a été accusé de tous les torts en même temps qu'il peut élever l'âme. Pensons aussi aux multiples procès qu'ont eu à subir divers groupes de musique accusés d'avoir poussé au meurtre ou au suicide. C'est donc une autre époque ou l'arrivée de la vidéo permettait à toute une bande de petits éditeurs, bien avant l'emprise des géants de l'industrie, de nous ressortir les classique du film d'horreur, les plus gores et les plus terrifiants, du moins selon les campagnes de publicité. C'est bien du coté des publicités et pochettes sensationnalistes qu'il faut voir dans un premier temps une responsabilité pour le début de cette hérésie. Ajoutez la curieuse idée que les clubs vidéo pouvaient louer sans restriction d'âge les films de tout acabit, à l'exception des films dits pour adultes, cachés dans une pièce à part ou séparés par un simple rideau. C'est dire, et les témoignages de réalisateurs, critiques et écrivains sont nombreux, comment les jeunes adolescents se faisaient des partys ou ils regardaient les films les plus extrêmes, qui l'étaient parfois, qui souvent ne méritaient pas leur réputation, mais c'est une autre histoire. Le tout se retrouvant devant un député qui décide de sauver le pays de l'anarchie et la jeunesse d'une déchéance et d'une chute dans la folie meurtrière en interdisant les pires films !

Il faut entendre les explications d'époque des Mary Whitehouse, chasseuse de sorcière bien connue des amateurs de Doctor Who qu'elle a abondamment critiqué, et des députés du parlement impliqués dans l'affaire. Il s'avère, comme de raison, qu'ils n'ont souvent pas vu les films en question ou qu'ils n'en verront au mieux que des montages d'extraits dégoutants. Il faut entendre la déconstruction des études dites scientifiques qui prouvaient, comme d'autres avant ou après, comment la vision de ces pellicules allait s'incruster dans la rétine et le cerveau de pauvres chérubins qui allaient devenir une génération perdue de sadiques cannibales. Il faut par la suite regarder par exemple, Patricia MacCormack, conter, les yeux brillants, le party ou avec ses copines de 12 ans, elle voyait pour la première fois EVIL DEAD ! C'est bien là la plus belle illustration de la faute originale, celle d'imaginer que ces contes allaient produire autre chose que des adultes productifs et tout à fait normaux, si on excepte leur goût du macabre, qui semble bien salutaire.

Le magnifique documentaire est accompagné de deux dvds contenant des heures pendant lesquelles on présente d'abord les films bannis durant des années, présentés par des critiques connus, des réalisateurs, des experts en la matière et de fins connaisseurs, chacun son film, suivit de sa bande annonce. Si j'ai vu la plupart de ces films maudits, plusieurs m'étaient inconnus et si certains méritent le détour, d'autres sont tout à fait oubliables, des dires même de ces défendeurs du fantastique. Suit la deuxième galette qui présente les films qui n'auront été bannis que quelques mois, échouant à être condamnés par des jurys. Il y a aussi des titres incroyables, dont on se demande comment ils ont pu atterrir sur cette liste, comme ce film de Paul Naschy: THE WEREWOLF AND THE YETI qui ne laissera des cauchemars qu'aux plus petits enfants ou ce TERREUR CANNIBALE, piètre pantalonnade qui ne mérite pas l'attention qu'on lui apporte.

Pour les plus jeunes qui n'ont pas connu la fabuleuse épopée de la cassette vidéo, on nous montre de quoi avait l'air les copies de plusieurs générations ou perdant leur "tracking", un passage hilarant. Pratiquement tous ces films sont maintenant disponibles et montrent bien que la folie passagère s'est emparée non pas des amateurs de l'époque, mais bien de leurs députés et représentants de l'ordre et de la justice, clowns tragi-comiques. Une pièce maîtresse pour tout amateur de cinéma, de censure et tout étudiant des comportements extrêmes et des complots de parlementaires qui aiment partir en guerre sans raison ! Mario Giguère

VIVE LA FRANCE - Michel Audiard, 1974, France, 85m 

Le scénariste-dialoguiste et réalisateur Michel Audiard nous raconte l'histoire de la France. Après un survol rapide sur l'évolution du territoire français depuis le Moyen-Âge jusqu'à la Révolution de 1789, le film s'attarde un peu sur les périodes historiques importantes du XIXième siècle: le Premier empire, la Restauration, le Second Empire, 1870 etc. Par la suite, le documentaire se concentre essentiellement sur l'histoire de la France au XXième siècle avec des évènements majeurs comme: le Front populaire, les deux guerres mondiales, l'Occupation de 1940, la Résistance, la Libération, la guerre d'Algérie, la décolonisation de l'Afrique, le conflit en Indochine, l'élection du général Charles de Gaulle à la présidence française, les émeutes de mai 1968, le progrès économique du pays, en plus de traiter du sport en général, de la vie sexuelle des français etc. Le tout se conclue avec une vision de l'avenir du pays. Toute cette histoire de France nous est rappelé grâce à des images d'archives et des prises de vues d'actualités, alimentés par le commentaire de l'auteur lui-même.

Après deux ans de travail acharné, Michel Audiard a enfin pu achever son documentaire sur l'histoire de la France en rassemblant de peine et de misère plusieurs images d'archives et d'actualités, qu'il a réuni pour en faire un film de montage caractérisé par un ton sarcastique et persifleur bien dans son style. Le film se veut donc une sorte de pamphlet audiovisuel hilarant où Audiard règle ses comptes avec ses compatriotes dans une rétrospective pleine d'amertume et de dérision (qu'Audiard a baptisé: "Une archéologie de la connerie") soulignant l'arrogance, l'humeur et les faiblesses des Francais. Pour ce faire, l'auteur fait des rapprochements astucieux et humoristiques entre les différents évènements historiques, même si parfois une certaine facilité ressort dans le propos, qui s'avère de temps en temps un peu chargé. La cible préférée d'Audiard est sans nul doute Charles De Gaulle dont les images et les commentaires n'hésitent jamais à le tourner en ridicule. L'opinion de l'auteur est donc on ne peut plus clair, car il s'affiche ouvertement antimilitariste, antiparlementariste et contre l'idée que les Francais puissent jouer les gendarmes de l'Europe quand il n'en ont pas les moyens ni l'intelligence. La verve gouailleuse et l'esprit frondeur célèbre d'Audiard trouvent donc une matière autre que la fiction cinématographique pour s'exprimer efficacement. En gros, une sorte de bêtisier national condensé très rigolo, surtout pour ceux qui connaissent l'histoire du pays, mais que je recommande à tout le monde si vous avez envie de vous bidonner tout en vous cultivant. Mathieu Lemée

Le VRAI VISAGE DE LA LUTTE aka Beyond the Mat -  Barry W. Blaustein, 1999, Étast Unis

Des lutteurs qui citent Shakespeare, qui sont boursiers de l'O.N.U., qui ont des familles et qui se blessent avec plaisir. On suit particulièrement Terry Funk, Mick Foley et Jake "the Snake" Roberts, mais on se promène aussi dans les coulisses des petites écoles, de la ECW et des galas de la wwf.

Moi j'aime bien suivre la Lutte, celle de la wwf particulièrement. Alors le documentaire jette un regard différent sur le monde des lutteurs, sur la déchéance de The Snake aux enfants de Foley qui sont en pleurs pendant un combat ou leur père reçoit des coups de chaise à répétition de la part du Rock. Un autre monde. Viva El Santo ! Hurray for Foley ! Mario Giguère

WADD: The Life and Times of John C. Holmes - Wesley Emerson/Alan Smithee, 1998, États Unis 

Il s'agit d'un documentaire sur l'acteur de films pornographiques John C. Holmes, une véritable légende du cinéma X, mort du sida au courant des années 80. Ce documentaire tâche de brosser un portrait nuancé du personnage, qui corresponde à ce qu'il était véritablement. Pour ce faire, le réalisateur (qui se cache sous le pseudonyme d'Alan Smithee) a rencontré de nombreux collaborateurs et proches de Holmes pour les interroger.

Le résultat est intéressant, montrant à quel point chaque personne avait une vision parcellaire et/ou un contact différent avec Holmes. Si certains points font consensus (Holmes était un menteur récidiviste), d'autres ne font pas l'unanimité. Malgré tout, l'image qui est donnée de John Holmes est loin d'être positive : atteint du sida, l'acteur s'envole néanmoins en Italie pour tourner plusieurs films X ! Il se sait " barré " aux États-Unis, alors il souhaite se faire de l'argent rapide ailleurs avant que l'information quant à son état de santé se répande un peu partout. Interrogée à ce sujet, la hardeuse italienne Cicciolina n'a même pas l'air d'en vouloir à Holmes ! Sans doute aurait-elle été d'un autre avis si elle avait contracté le virus ! Ron Jeremy, pour sa part, juge une telle conduite inacceptable.

Des interviews avec la première épouse de John Holmes révèlent la relation invraisemblable qu'elle avait avec l'acteur : véritable figure maternelle, elle lavait ses vêtements, lui préparait des repas, mais n'avait aucun rapport sexuel avec lui ! Elle a même accueilli l'une de ses maîtresses, âgée de quinze ans, " Dawn ", à qui Holmes a fait la vie dure (l'entraînant dans la prostitution, dans les drogues dures, la frappant, etc.)

Le manager de Holmes n'est pas non plus avare de détails, racontant comment Holmes, qui était au départ contre l'alcool et la drogue, finit par devenir au fil des années complètement dépendant à la cocaïne. C'est en fait à une longue descente en Enfer que le film nous convie... La vie de John Holmes inspira d'ailleurs P. T. Anderson pour son BOOGIE NIGHTS. Ce dernier film est librement inspiré de la vie de Holmes, bien sûr, mais de nombreux aspects s'y rattachent. Anderson est lui aussi interviewé dans le cadre de WADD.

Voilà donc un documentaire qui n'est jamais ennuyant et qui révèle un parcours très étonnant. On aurait pu redouter une certaine censure qui aurait tenté de donner une image dorée du milieu de la pornographie américaine. Il n'en est rien, et il convient de saluer cette volonté d'objectivité.

Le film existe en deux versions : un montage " soft " et une version X (distribuée par VCA), qui comprend de nombreux extraits de films de John Holmes. Puisque l'acteur a bâti sa réputation sur les dimensions respectables de son " outil de travail ", un tel choix semble plus approprié que le montage " soft "... Howard Vernon

WESLEY WILLIS: THE DADDY OF ROCK'IN ROLL - Daniel Bitton avec Wesley Willis, Vaginal Croutons et plusieurs chums. 2001, Canada, 59m

Ce documentaire trace le quotidien du chanteur et artiste Wesley Willis. Plusieurs membres de ce forum, amateurs de curiosité et de psychotronie doivent connaître le personnage. Sinon, en voici une brève description: Il est black, obèse (320 lbs), souffre de schizophrénie (il entend les voix de trois démons qu'il nomme: Nervewrecker, Heartbreaker et Meansucker) et il est l'objet d'un culte (comme Normand L'amour) pour ses chansons rigolotes de bestialités et d'inepties vulgaires!

Ce documentaire au budget de 17000$, nous envoie dans le quotidien de l'artiste: Visite chez ses amis, promenades en autobus, visites de magasins de disques, session d'enregistrement dans un studio, etc. Le ton donné rend le personnage très sympathique, mais malheureusement le documentaire souffre de graves problèmes: montage inepte et bâclé, photographie nulle, etc. Mais curieusement ça colle très bien à l'univers chaotique de Wesley Willis. Si vous êtes fan de Wesley Willis ou de personnages psychotroniques, vous devriez trouver le documentaire amusant.

En attendant, je vous conseille d'aller au moins sur Kazaa et de downloader quelques uns de ses "succès" comme: Get On The Bus, I'm Doing It Well On The Side Of The Rea, Pop That Pussy, Casper The Homosexual Friendly Ghost, I Can't Drive, He's Doing Time In Jail, Jesus Is The Answer, I'm Sorry That I Got Fat, Suck a Cheetas dick, Retard Rap.

C'est complètement hilarant ! Black Knight

The WILD WILD WORLD OF JAYNE MANSFIELD - Charles W. Broun, Joel Holt, Arthur Knight avec Jayne Mansfield, 1968, États Unis/France, 99m

Ce documentaire nous amène avec Jayne Mansfield durant son périple autour du monde. On va d'abord à Rome où Jayne partage avec nous sa passion pour les athlète musclés pour ensuite visiter des nudistes et se joindre à eux. Elle va ensuite à Paris pour se faire faire une beauté et allé se secouer dans un club de danse. Aux États Unis, elle va visiter un groupe de musique pop qui a la particularité de jouer sans le haut!

Documentaire très spécial quine risque pas de vous faire apprendre absolument rien sur madame Mansfield qui à l'époque était en fin de carrière mais trouvait encore le moyen d'attirer les foules. Le film prend son intérêt dans son côté un peu malsain étant donné que Jayne était déjà morte durant la confection de ce film et que les réalisateurs ont simplement trouvé des morceaux de films à coller ensemble pour faire des réaction shot avec quelques éléments en prime de sexploitation. Pour rendre la chose encore plus étrange, une narratrice vient tenter d'imiter l'actrice et sort des âneries complètement débiles, ça devient ici limite insultant. Le comble arrive dans le dernier dix minutes où on veut recréer la mort de la vedette. Vision subjective à bord d'une voiture, image qui se secoue et devient flou. Traitement épouvantable et amateur qui vient clouer le dernier clou de ce Mondo très ennuyant et pas du tout excitant. Pas trop recommandable. Abba

The WILD WORLD OF TED V. MIKELS - Kevin Sean Michaels avec Ted V. Mikels, Sean Morelli, Alexia Anastasio, Tura Satana, Shanti, Francine York, 2008, États Unis, 122m

Je l'avoue d'emblée, je n'ai toujours pas vu, au moment de regarder ce documentaire, un seul film de Ted V.Mikels. J'en ai entendu parler et sa réputation est celle d'un cinéaste indépendant aux films fauchés sans grand mérite. Ceci étant dit, voici une autre galette très intéressante pour qui s'intéresse au cinéma indépendant américain dont on parle qu'il a influencé rien de moins que la création de la télésérie Charlie's Angels ou une partie de Kill Bill. La narration de John Waters ne se prends pas trop au sérieux, tout comme le réalisateur, abondamment rencontré et généreux dans les bonus. C'est plus un bricoleur de films, sans réelles prétentions, qui n'a pas hésité à monter des campagnes de publicités extravagantes, à la William Castle. On pourra regretter que l'on aborde pas vraiment les raisons qui l'ont poussé à tout vendre, quitter ce qu'il appelait son château, pour continuer à tourner, en vidéo, car il est toujours actif au moment d'écrire ces lignes.

On a droit à plein de collaborateurs et actrices qui ont travaillé avec lui comme la jadis sulfureuse Tura Satana, pour laquelle il a écrit expressément Astro Zombies. Francine York, encore coquette, se rappelle les beaux jours du tournage de Doll Squad. D'ailleurs l'homme ne se fait pas prier pour nous parle de son "château" dans lequel il abritait jusqu'à une douzaine de jeunes femmes, du code qu'elles devaient suivre et de l'apprentissage du métier qu'il leur inculquait. On pousse l'audace jusqu'à nous montrer comment Mikels arrive à tourner une scène avec la technique du "montage dans la caméra" avec des arrêts incessants pour changer d'angle. Le résultat est on ne peut plus rigolo et loin de l'époque ou il avait tout le matériel pour travailler chez lui en 35mm, son et image, banque d'effets sonores en main. C'est un des derniers de l'époque toujours vivant et actif et si le label Alpha New Cinema a édité le dvd, c'est probablement entre autre pour assurer plus de visibilité à leurs sortie du catalogue et des nouveautés de l'homme jovial. Car Ted V. Mikels n'a aucune rancoeur ou regret en regardant en arrière sa carrière atypique pour Hollywood, mais semblable à tant de noms plus méconnus de l'époque. C'est donc un pan d'histoire du cinéma d'exploitation auquel nous invite ce documentaire fort intéressant. Reste à voir si je vais enfin me risquer à regarder ses films, mais ça, c'est une autre histoire... Mario Giguère

YAKUZA EIGA - Yves Montmayeur, 2008, France, documentaire produit par Arte France et Camera Lucida, 60m

En japonais, un seul caractère distingue le yakuza (bandit) du yakusa (acteur) : d'emblée, Yves Montmayeur situe l'enjeu de son documentaire. Jusqu'à quel point le genre du film de yakuzas, si fécond dans le Japon du miracle économique et en pleine résurgence depuis la fin du siècle dernier, représente-t-il fidèlement l'univers de ce banditisme mafieux si typiquement japonais ? Pour Hitoshi Ozawa, acteur vétéran du genre, la question s'est posée avec une acuité bien plus vive encore. "A peu de choses près, j'aurais pu faire gangster. J'ai toujours interprété des chefs de clans à l'ancienne, explique le vieux comédien. Un jour, l'un d'eux m'a écrit pour me demander de continuer à faire des films fidèles à l'esprit yakuza."

Une fascination partagée par le grand Sonny Chiba, qui avoue adorer "l'esprit" des yakuzas. "Ce sont les héritiers de l'esprit samouraï", affirme la star charismatique. X, chef de clan, nuance cette vision un rien chevaleresque. Pour cet authentique bandit, dont Montmayeur préserve soigneusement l'anonymat, il existe une différence fondamentale entre les yakuzas, qui peuvent se racheter en se coupant le petit doigt, et les samouraï, qui n'avaient pas cette issue et devaient se faire hara-kiri.

Rythmé par de jolis plans d'un Japon nocturne et quasi-melvillien, le documentaire va ensuite explorer les différentes périodes du cinéma yakuza. La figure tutélaire de Kinji Fukasaku, se trouve mise en évidence. Son sens du cadre est salué à juste titre. Responsable du maître-étalon du genre, avec GUERRE DES GANGS A OKINAWA, le futur auteur de BATTLE ROYALE enregistrera avec amertume le devenir "racaille" des bandits nippons, via le désespéré et violentissime COMBAT SANS CODE D'HONNEUR, dont le titre à lui-seul est tout un programme. Le génie de Fukasaku consiste à mettre en scène des personnages qui rentrent dans le milieu yakuza, et à nous faire partager cette période initiatique. Est également mise en évidence l'importance des yakuzas dans le contrôle du marché noir, donnée essentielle de l'après-guerre au Japon...

L'émergence du film de yakuzas dans le Japon du miracle économique est indissociable de la montée en puissance des studios Toei. A leur âge d'or, au tournant des décennies 60 et 70, ils usineront une centaine de films par an, tous genres confondus. Produits par des gens très proches du milieu (le documentaire reste un minimum évasif mais l'idée est là), les polars de yakuza fonctionnent grâce à leur réalisme. L'exemple des scènes de tripot, avec de vrais figurants yakuzas, jouant selon les vraies règles, est l'un des plus parlants qui soient.

Encore faut-il opérer quelques distinctions à l'intérieur même du genre. Ainsi, les studios de Kyoto produisent des films à l'ancienne, marqués par un esprit chevaleresque. Pour Goro Kusakabe, le nabab de la Toei, c'est la clé du succès, que le documentaire date de 1964. Dans la cité impériale, le studio de la Toei comprend un dojo dédié aux scènes de sabre. La star principale est alors Ken Takakura. Son rival le plus sérieux se nomme Koji Tsuruta. Le film le plus abouti de ce comédien au jeu raffiné est HIBOTAN BAKUTO : ISSHUKU IPPAN, de Norifumi Suzuki, qui passera plus tard à la postérité, notamment pour le chef d'œuvre, LE COUVENT DE LA BÊTE SACRÉE.

D'autres films, plus audacieux et auteurisants, sont parallèlement produits à Tokyo. Les réalisateurs les plus en vue son Sadao Kamane et Sadao Nakajima, présentant les yakuzas comme des joueurs (au sens de l'anglais, gambler) à la base. Le scénariste Femio Konami rappelle que la mode du genre a été lancée dans la capitale par le producteur Koji Shundo. Ce dernier avait pour habitude d'inviter de vrais Yakuza à manger et à boire. Bien reçus, les mafieux répondaient alors volontiers aux questions. Grand cinéphile, le businessman avait aussi un pied dans le milieu. Ces deux conditions ont été les raisons de son succès. Le producteur initiait les spectateurs aux règles des yakuzas, à travers une vedette à l'étonnante destinée : Noboru Ando, qui dissout son clan de Shibuya (quartier de Tokyo) pour devenir acteur (!). QUARTIER VIOLENT (1974), de Sadao Nakajima symbolise ce cinéma plus sombre et réaliste que les œuvres produites à Kyoto.

Le genre va doucement décliner à partir de la fin des années 70, jusqu'à ce que l'on croira être son enterrement : l'agression du cinéaste Juzo Itami, en 1992. Agressé dans son bureau par trois yakuzas, l'auteur de MINBO en réchappera mais en gardera un visage tailladé, barré par une immense cicatrice. Dans ce film, le cinéaste se livre à une attaque en règle contre l'image de Robin des Bois et de défenseurs des pauvres parfois attribuée aux yakuzas. Tourné dans le contexte des lois antigangs de 1992, l'œuvre fait l'objet de rumeurs selon lesquelles le gouvernement nippon l'aurait financé. Éprouvé par la violence des controverses et des attaques, le cinéaste se suicidera en 1997. Une mort sur laquelle le mystère plane toujours...

Le documentaire se conclut comme il avait commencé. Par le témoignage de Takashi Miike, qui fait partie des cinéastes qui entretiennent encore la flamme du genre. Non sans constater que les Yakuza ont changé, devenant de vrais businessmen... "Finis les yakuzas colériques mais attachants de mon enfance, regrette Miike. Aujourd'hui, ils appartiennent au domaine de la fantaisie. Personnellement, je trouve cela très triste." Riche de nombreux témoignages, YAKUZA EIGA livre de nombreuses pistes de réflexion stimulantes et fourmille d'anecdotes savoureuses. Passionnant d'un bout à l'autre, le documentaire d'Yves Montmayeur fera date. Stelvio

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