LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES

NUMÉRO 6

EUROCINE - NAZISPLOITATION


ELSA FRAULEIN SS aka Fraulein Kitty - Patrice Rhomm, avec Malisa Longo, Patrizia Gori, Olivier Mathot, Pamela Stanford, Claudine Beccarie, 1976, France, 80m

Daniel Lesoeur nous introduit rapidement le film. À une époque où le genre de nazisploitation est en vogue, les distributeurs réclament des films à Eurociné. Ajoutons que le regretté Marius Lesoeur, ayant fait partie de la résistance, étant médaillé par surcroît, est très intéressé à faire revivre sur pellicule cette époque pas si lointaine. Pour amortir les frais de location de train, d'armement et de costumes, on tourne deux films, similaires, l'autre titre étant TRAIN SPÉCIAL POUR HITLER. Si les histoires sont élaborées en groupe, chaque scénariste brode et apporte sa touche personnelle, ce qui donne deux films très différents. Christophe Bier, dans un entretien de 45 minutes, nous explique pour sa part outre la genèse du film, les origines du genre, qu'il remonte à la littérature de gare française d'après guerre, exemples en main. La démonstration est fascinante, les découvertes nombreuses.

1943. Un officier est remercié pour la bonne idée qu'il a eu, mais qui doit absolument demeurer secrète, ce qui vaut sa mort immédiate. Le ton est donné. On nolise un train spécial où de jeune femmes ont pour mission de détendre les officiers en leur faisant goûter aux plaisir de la luxure. Le libertinage n'est pas innocent, en fait, sous le commandement d'Elsa (fabuleuse Malisa Longo), on fait de l'écoute et on recherche les officiers qui ont perdus la foi dans le régime nazi, les exécutant sur le champ. L'ancien amant d'Elsa, le Major Frantz Holbach, monte à bord du train et Elsa se rend compte qu'il est de plus en plus critique du régime d'Hitler. Pire, l'officier s'amourache d'une des filles, Liselotte (Patrizia Gori), une jolie jeune rousse qui est en fait une espionne de la résistance. Elle lui confie un message pour une vielle dame qui chapeaute une cellule de résistants et tout se complique.

On note aussi Pamela Stanford qui pousse la chansonnette sur le piano où Daniel White en personne pousse la note. Mention pour le passage de Nadine Pascal, habituée de Jean Rollin avec sa jumelle. Patrice Rhomm est surtout connu à l'époque pour ses écrits et il signera aussi le scénario de NATHALIE DANS L'ENFER NAZI ainsi que LA NUIT DES PÉTRIFIÉES. C'est donc dire que le scénario est plus conséquent et que contrairement au TRAIN SPÉCIAL POUR HITLER, on met moins l'accent sur les orgies et plus sur le drame que vivent les officiers qui veulent dénoncer et renverser l'entreprise démente d'Adolph Hitler. L'emploi d'extraits de documentaires d'époque est de bon ton et efficace. La Luxure est donc plus rare, mais la séduisante Malisa Longo qui se fait lécher les cuissardes par Olivier Mathot laisse supposer bien des coquineries dans ce train. Patrizia Gori, changeant de coiffure, a l'air beaucoup plus jeune que dans NATHALIE DANS L'ENFER NAZI, pourtant tourné un an plus tard. Quelques scènes presque muettes ou l'on voit un autre train en route probable vers Auschwitz continuent de donner le ton résolument autre et plus sérieux à ce film pourtant très connoté. On remarque aussi que les prise de vues du train sont plus imaginatives, loin des plans latéraux de mise chez Alain Payet. Bref on regrette un peu que Rhomm n'ai pas eu une carrière plus prolifique au cinéma. Merci à Artus Films pur les bonus très instructifs. On en redemande.


www.artusfilms.com/elsa-fraulein-ss

 

TRAIN SPÉCIAL POUR HITLER - Alain Payet avec Monica Swinn, Claudine Beccarie, Sandra Mozarowski, Christine Aurel, 1976, France/Espagne, 106m

1941. Pour remonter le moral des troupes Allemandes, on confie à Ingrid Schüler (Monica Swinn) la tâche de diriger un train spécial remplit de jeunes dames pour les distraire. De volontaires, on passera aux prisonnières qui doivent assouvir les bas instincts des officiers. Lorsque sur des ordres discutables des soldais ivres embarquent à bord, les filles paniquent en criant à qui mieux mieux. Bond en 1944 vers la fin de la guerre alors que les résistants montent dans le train. Ils ne sont pas mieux que les porcs germanique et humilient et violent les filles avec un entrain douteux. Heureusement les américains ne sont pas loin, mais vont-ils eux aussi assouvir leurs bas instincts ? Combien de filles vont survivre au train spécial ? La sadique Schüler va-t-elle payer le prix ultime pour ses crimes ?

On vous conseille de regarder les suppléments avant le film pour mieux l'appréhender. Daniel Lesoeur explique brièvement comment les distributeurs demandent à Eurociné de leur fournir de la nazisploitation, très en vogue du côté de l'Italie. À l'origine un projet qui tiens sur quelques pages devant être réalisé par Jess Franco, qui quitte la production trois jours avant le premier jour de tournage. Alain Payet embarque rapidement et Jean-Pierre Bouyxou, dans un entretien de près de trente minutes des plus intéressants, explique qu'il écrit les dialogues au fur et à mesure. Dialogues qui seront perdus et parce qu'on tourne comme les Italiens, c'est à dire sans prise de son, et que ces dialogues seront perdus, on brodera aussi pour le doublage en studio !

Le film qui devait faire son effet à l'époque, est un peu plus sage que les excès italiens de l'époque, mais réserve son lot de scènes de nudité et d'actes humiliants. Monica Swinn fait le poids comme petite dictatrice sadique qui règne sur son territoire avec une main de fer. Tous les hommes ont l'air de bêtes de sexe, quelques rares officiers tenant à ce que l'on traite bien "les filles". Ce n'est pas la première fois que je remarque sur la trame sonore la boucle de son de foule en fête, avec une voix féminine qui crie toujours "ex.. traaaaa", ça devient fou et surréaliste après la cinquantième fois !

C'est pour les bonus qu'on doit voir le film. Outre Daniel Lesoeur et Jean-Pierre Bouyxou, on a aussi droit à Michel Charrel, acteur de soutien plein d'anecdotes sur les acteurs et réalisateurs vedettes qu'il a côtoyés durant sa carrière. Tout cela est carrément fascinant. Ajoutez bandes-annonces, galerie de photos, filmographies et fiche technique. C'est un morceau du patrimoine bis européen qu'on nous offre sur un plateau d'argent.


www.artusfilms.com/train-special-pour-hitler

 

HELGA LA LOUVE DE STILLBERG - Alain Payet avec Malisa Longo, Patrizia Gori, Richard Allan, Dominique Aveline, Alban Ceray, 1977, France, 93m

Dans une dictature imaginaire d'Amérique du Sud, l'arrogante Helga (Malisa Longo) va se retrouver en charge du château de Stillberg et de ses prisonnières. Arrive Lisbeth, la fille du résistant au régime le plus connu. Helga, frustrée sexuellement, ne manque pas d'observer les femmes violées par le fermier du coin qui en prend une à chaque jour, en échange de bouteilles de vin pour leur gardiens. Lorsque Lisbeth s'enfuit, la révolution commence.

Daniel Lesoeur présente le film comme un exercice plus léger, il faut entendre la musique du générique toute joyeuse, dans un contexte qui rappelle les nazisploitation sans techniquement en être. Malisa Longo est superbe dans le rôle d'Helga et n'est pas avare de ses charmes. Alain Payet étant plus prolifique dans le film pornographique, il donne ici des rôles à des comédiens que l'on voit plus souvent nus ailleurs, comme Richard Lemieuvre, Dominique Aveline ou Alban Ceray qui s'en tirent bien. Patrizia Gori est convaincante et dramatique en résistante.

L'entretien majeur en supplément est cette fois-ci livré par Christophe Bier, véritable encyclopédie vivante du bis et du z qui s'attarde beaucoup sur tous les intervenants, dont Alain Payet, ses pseudonymes et tous les "hardeurs" qu'il fait travailler ici. On aimerait que ça s'étire tellement l'homme est fascinant. Le film est pas mal non plus et le château de Stillberg reviendra dans le contexte nazi dans NATHALIE RESCAPÉE DE L'ENFER.


www.artusfilms.com/helga-la-louve-de-stilberg

 

NATHALIE DANS L'ENFER NAZI aka Nathalie rescapée de l'enfer - Alain Payet avec Patrizia Gori, Jack Taylor, Jacqueline NATHALIE Laurent, Pamela Stanford, Claudine Beccarie, France, 1977, 109m

Deuxième guerre mondiale. Nathalie (Patrizia Gori) est médecin de campagne. Lors d'une de ses tournées elle est appelée à soigner un officier allemand, le lieutenant Muller (Jack Taylor). Parce qu'un général est mort suite à l'attaque de la résistance, les habitants du coin sont amenées dans des camps nazis, les femmes au sinistre château de Stillberg. Nathalie est protégée par Muller qui lui épargne les sévices de d'Helga Hortz (Jacqueline Laurent), patronne de l'endroit, une sadique qui veut avoir Muller dans son lit, mais contrairement à bien des prisonnières plus ou moins consentantes, il se refuse à madame. Entre deux séances de torture, Helga parvient à assouvir sa vengeance et Nathalie se retrouve dans les bas-fonds du château, enchaînée nue sur un énorme pieux (bonjour Freud) et flagellée. Ce qu'Helga ne sait pas c'est que Nathalie est espionne en mission et elle doit retrouver une certaine Ingrid, qu'elle doit libérer ou tuer car elle sait trop de renseignements sensibles pour la résistance.

Réalisé par Alain Payet, il est curieux de voir Stillberg voyager dans le temps et l'espace pour les besoins d'un autre tournage double. Ici le mélange de nazisploitation, sado-masochisme, fétichisme, drame romantique et espionnage est réussit. Il profite sûrement du scénario équilibré de Patrice Rhomm (La Nuit des Pétrifiés) couplé avec le futur réalisateur de productions pour adultes. La vision de Helga en latex qui flagelle la pauvre Nathalie est un classique instantané. Patrizia Gori y est pour beaucoup dans le succès du film, bonne actrice dramatique, belle et éperdument amoureuse de son officier, un amour interdit comme il en arrivait souvent, le coeur a ses raisons. On ne doute pas que tout cela va plutôt mal finir, la firme Eurociné n'hésitant pas à faire pleurer les madeleines avec des chutes d'une tristesse profonde.

C'est Christophe Lemaire qui s'occupe de l'entretien, outre l'introduction de Daniel Lesoeur, allongé sur son divan et éclairé par une grosse lampe, étonnant. Il s'attarde surtout sur la carrière de Payet, période porno et termine par une surprenante invitation à la chanteuse Mylène Farmer. Bonjour les fantasmes !


www.artusfilms.com/nathalie-dans-l-enfer-nazi

 

Les GARDIENNES DU PÉNITENCIER - Alain Deruelle avec Pamela Stanford, Roger Darton, Lina Romay, Nadine Pascal, 1979, France, 83m

Alors là, il faut se fier au long entretien avec Alain Petit, qui ne tranche pas la question, Est-ce que d'une part, Jess Franco n'a pas livré le film à Eurociné comme Daniel Lesoeur l'affirme ou est-ce qu'Eurociné a délibérément remonté un film qu'elle jugeait inmontrable, ou préférait changer pour ramasser un peu plus d'argent ? Le film original est donc BARBED WIRE DOLLS aka Frauengefängnis -1975, sorti tel quel par Erwin C Dietrich, principal producteur. Alain Deruelle a donc le mandat de tourner de nouvelles scènes pour changer l'identité du film, ou le compléter, avec un résultat final plutôt désolant.

Il est donc question d'un ancien officier nazi qui est devenu responsable d'une prison pour femmes et du contrât donné à des mercenaire pour exécuter le personnage. Dans cette prison tenue par une Monica Swinn encore une fois en grande forme, monocle à l'oeil, Lina Romay arrive, toute innocente, comme la plupart des prisonnières, évidemment. Nadine Pascal et Pamela Stanford, dans des raccords maladroits sont dans la portion française, commentant ce qui se passe dans la prison, se flattant la barbichette. Lina Romay veut s'enfuir, ce qui est compréhensible, et va tenter l'opération, assez maladroitement.

Bref, on est devant une excuse de film qui ne tient pas la route. La genèse est d'autant plus intéressante qu'elles est plus captivante que le produit final. Ceci dit il y a une certaine fascination à voir les efforts, un peu vains, pour reconstruire de toute pièces, on débute d'ailleurs par un extrait de TRAIN SPÉCIAL POUR HITLER, un nouveau film. Si le résultat final n'est nullement édifiant, on apprécie d'autant plus le travail d'Artus Films et l'entretien d'une trentaine de minutes avec Alain Petit, spécialiste de Jess Franco.


www.artusfilms.com/les-gardiennes-du-penitencier

 

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WIP - FEMMES EN PRISON

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