1922 - 2006

Premier pionnier-scénariste de la science fiction télévisée anglaise, Nigel Kneale a créé le personnage de Quatermass, véritable icone culturel reconnu partout dans le monde grâce aux adaptations de la Hammer. Il adaptera autant les classiques de George Orwell "1984" ou de H.G. Wells "From the Earth to the Moon", qu'il créera de nouvelles légendes fantastiques avec "Murrain" et "Beasts" ou anticipera la téléréalité avec "The year of the Sex Olympics". Par ordre chronologique.

Mise à jour le 5 juin 2017

The QUATERMASS EXPERIMENT - Rudolf Cartier avec Reginald Tate, Isabel Dean, Duncan Lamont, 1953, TV, 6 épisodes de 30m

L'expérience consistait à envoyer trois hommes en orbite et les faire revenir pour la première fois de l'histoire de l'humanité. Malheureusement, quelquechose est survenu, la fusée est allée beaucoup plus loin que prévu et est miraculeusement revenue... atterrir sur Londres. Étrangement, seul un cosmonaute est à bord, ses deux compères ont disparus !

Il ne reste que les deux premiers épisodes dans les archives de la BBC, mais quels épisodes ! Un thème musical dramatique (extrait de MARS, de Gustav Holst), une reconstitution en studio (les épisodes sont tournés en direct sauf quelques extraits ) du site d'atterrissage impressionnant, qui n'est pas sans rappeler les récentes frappes des V2 allemands. Plus élaboré, forcément, que la version filmée par la Hammer deux ans plus tard, on retient entre autre le naturel des dialogues des personnages secondaires, autant que la force des dialogues plus dramatiques. Le premier épisode se termine avec la découverte que le survivant a ses empreintes digitales sur certains doigts et celle des ses compagnons disparut sur les autres ! Le deuxième épisode conclut avec la découverte d'une substance organique à l'intérieur de la capsule. Quatermass, brillamment interprété par Reginald Tate, est de toute évidence préoccupé par ce qui n'a pas fonctionné avec la fusée autant sinon plus que le sort de ses hommes. Rudolf Cartier offre une réalisation particulièrement dynamique à une époque ou on ne se donnait pas autant de trouble.

Le dvd sorti en Angleterre offre des extras de qualité sur ce premier disque, dont une entrevue fort intéressante avec le scénariste Nigel Kneale. Terminant l'écriture au moment ou l'on tourne les premiers épisodes, il surprend ses patrons avec l'apparition d'un monstre dans le chapitre final. " On a aucun budget, si vous voulez un monstre, vous le faites !" Ce que Kneale et sa femme ont confectionné !

Le succès foudroyant de cette série captivante lui vaudra deux suites et des adaptations au cinéma par la compagnie Hammer, de même que la télésérie Quatermass, en 1979, chant du cygne d'un personnage remarquable. Mario Giguère

1984 aka BBC Sunday Night Theatre: 1984 - Rudolph Cartier avec peter Cushing, Donald Pleasance, André Morrell, Yvonne Mitchell, adapté par Nigel Kneale, 1954, Royaume Uni, 120m, TV

Je n'ai toujours pas lu le classique de George Orwell, écrit en 1948 (d'ou le titre ou l'on inverse simplement les deux derniers chiffres ) sur le totalitarisme. Mais ses enjeux sont très connus, l'oeuvre souvent citée (incroyable quand on pense à l'émission de téléréalité BIG BROTHER) et l'adaptation des années 80 est toujours appréciée. Fort de leur collaboration sur Quatermass et après une adaptation de Wuthering Heights, Nigel Kneale et Rudolph Cartier s'attaquent au chef d'oeuvre d'Orwell.

Peter Cushing joue le rôle de Winston Smith, fonctionnaire dans cette réalité ou Big Brother surveille et contrôle tout. Il se doute de plus en plus que Big Brother n'est pas tout ce qu'il parait être et il écrit en secret son journal intime ou il étale sa rage contre le système. Il tombe amoureux de Julia, sentiment complètement interdit, et vit son idylle dans le secret le plus total, mais Big Brother le rattrape.

Le récit est surprenant, on l'a souvent dit, pour sa vision d'un futur de plus en plus vrai. Les caméras sont partout dans 1984, comme aujourd'hui, et le gouvernement contrôle de plus en plus le moindre geste de nos vies, élève nos enfants et nous conte des mensonges à satiété. Peter Cushing est sublime dans le rôle de Winston, nous faisant vivre ses frustrations, ses rages, sa rébellion. Donald Pleasance est le travailleur moins prudent qui sera le premier "rééduqué". La mise en scène est très impressionniste dans ses éclairages. Cartier, alors producteur et réalisateur, deux tâches désormais toujours séparées, est en parfait contrôle de son sujet, illustrant une paranoïa frénétique. Nigel Kneale offre la meilleure adaptation réputée du roman, et recevra les foudres du public, choqué par le sujet et l'approche crue. Kneale touchera les même cordes sensibles dans THE YEAR OF THE SEX OLYMPICS et dans un projet refusé qui se rapproche énormément du film SUICIDE CLUB. Magnifique. Mario Giguère

The ABOMINABLE SNOWMAN aka Le REDOUTABLE HOMME DES NEIGES - Val Guest avec Peter Cushing, 1957, Angleterre

Dans cette production Hammer Films tournée en noir et blanc, se déroulant sur les hauteurs des montagnes tibétaines et mettant en scène Peter Cushing dans le rôle du Dr. Rollason, une expédition à priori motivée par des intérêts scientifiques se lance sur les traces du mythique yeti - malgré le désaccord du Lama local. Mais si les motivations du bon Rollason correspondent effectivement à une soif de savoir, celles de ses compagnons de cordée s'avèrent en réalité bassement pécuniaires. L'ambiance au sein de la petite équipe se désagrège alors au fil de l'expédition pour devenir explosive lors de leur arrivée sur le territoire de l'Homme des neiges.

Val Guest signe ici un film fantastique à discours humaniste dans lequel les monstres ne sont pas les grands poilus des montagnes mais bel et bien les êtres humains aveuglés par leur cupidité et leur égoïsme. Le yeti ne devient alors qu'un prétexte aux propos d'un scénario à message classique tout en sachant rester accrocheur, et ne bénéficie donc que d'une courte mais mémorable présence à l'écran. Cushing campe un scientifique au sens de l'éthique inversement proportionnel à son dévouement matrimoniale et est comme toujours très convaincant - même dans la peau d'un alpiniste émérite malgré un physique peu athlétique. On retiendra encore les décors des montagnes enneigées reconstituées en studio qui confèrent à l'ensemble un attachant charme rétro. Kerozene

QUATERMASS AND THE PIT - Rudolph Cartier avec André Morell, Cec Linder, 1958, Royaume Uni, 6 épisodes de 30/35m

Quatermass, dont le groupe de recherche est toujours financé par le gouvernement, apprend que l'on veut diriger ses efforts vers la militarisation de l'espace. Furieux, il est appelé par un confrère suite à la découverte d'ossements d'humanoïdes datant de plus de 5 millions d'année. On découvre par la suite ce qui ressemble à une bombe non éclatée mais le mystère est énorme puisqu'elle a aussi cinq millions d'années. La capsule, que l'on arrive à ouvrir, renfermera des insectes à trois pattes dont l'origine serait Mars et des phénomènes paranormaux se multiplient à cet endroit ou les apparitions et poltergeist sont légion depuis des siècles...

Magnifique. le scénariste Nigel Kneale, étonné des émeutes raciales qui se multiplient en Angleterre, imagine une origine extraterrestre à toute cette haine. Dans ces épisodes encore tournées en direct pour la télévision, on multiplie les inserts filmées, bien intégrés. La qualité des acteurs, des décors, du scénario et de la mise en scène crée des moments forts et des montées de tension surprenantes. Soulignons les différents acteurs qui simulent la vision de fantômes ou deviennent simiesques dans leurs langage corporel, d'une efficacité exemplaire. On utilise des documents de fin de guerre pour montrer les résultat catastrophiques des émeutes finales, impressionnant. Kneale continue donc de trouver des explications radicales pour des phénomènes qui tiennent du merveilleux et signe un pamphlet anti-violence original et toujours efficace. André Morell campe un Quatermass fatigué de se battre avec les autorités mais toujours aussi curieux et vivace. On note aussi l'apport de l"équipe de bruiteurs, récemment formée à la BBC qui font un travail remarquable puisque les premières manifestations sont sonores.

Adapté au cinéma par la Hammer quelques années plus tard. Je doit avouer que les "pensées tribales martiennes" tel que captées par un étrange appareil dans la version originale sont plus efficaces car vraiment étonnantes et dérangeantes. J'adore. Mario Giguère

QUATERMAS AND THE PIT aka Les MONSTRES DE L'ESPACE - Roy Ward Baker, 1967, Royaume Uni 

Ce Hammer est le troisième volet de la série des Quatermass. Lors de l'extension d'un tunnel du métro à Londres, on découvre une sorte de vaisseau spatial planqué dans la terre entouré de crânes vaguement humain et occupé par des sauterelles géantes momifiées.

Bien sûr l'affaire intéresse Mister Quatermass qui voit tout de suite là une sombre histoire de martiens venus sur terre faire germer la race humaine il y a 5 millions d'années.

Evidemment, les militaires et le ministre ne l'entendent pas de cette oreille, et la majeure partie du film relatera les déboires entre les uns et les autres, entrecoupé de quelques scènes d'hallucinations de quelques autres qui croient voir des martiens partout.

Je me suis pas mal fais chier là dedans, car il faut reconnaître que le rythme est très lent, les Martiens sont nazes (de grosses sauterelles pourries), quant à la scène où ils arrivent à capter une hallucination sur écran est carrément ridicule, avec des petites sauterelles en plastique agitées dans tous les sens par de gros doigts humains visiblement peu finauds...

bof bof... Franfran

La Hammer Film, on aime ou on déteste, mais cette firme laisse rarement le spectateur indifférent. Tel est le cas de ce 3e volet consacré au personnage de Quatermass, un scientifique toujours plongé dans des aventures à saveur de science-fiction.

Le premier volet était relativement correct pour un film de monstres des années 50. Le second donnait dans le X-Files, mais manquait un peu de rythme. Le 3e, lui, est sans doute le plus faible.

De nos jours, ça donnerait un film réalisé par Roland Emmerich, à grands renforts d'explosions, de figurants et d'action hollywoodienne. Son souci de réaliser des films " bien faits " nuit parfois à la Hammer. Il y manque ce grain de folie, ce délire qui caractérise souvent les chefs-d'œuvres. Tout ici est trop sage, trop dosé, comme un jardin anglais si bien entretenu qu'il en devient ennuyeux. Qui plus est, la présence d'un Cushing ou d'un Christopher Lee aidait parfois à faire passer la pilule, mais ici, aucun ténor ne vient enrichir un casting morne.

L'idée de base ne manquait pourtant pas de piquant : dans un métro de Londres, on découvre un étrange objet aux allures de capsule spatiale. Il s'avère quasi-impossible à ouvrir et on se demande bien ce qu'il contient&ldots;

De là, on aurait pu partir dans un délire métaphysique ou fantastique, mais on se perd sur la piste des Martiens et des origines de l'homme, créatures mutantes, sortes de singes modifiés génétiquement. Raël n'est pas loin... Plusieurs scènes sont à la limite du grotesque, et l'interprétation est souvent déficiente (il faut voir ces seconds rôles peu convaincants simuler la peur pour y croire).

Beaucoup de dialogues, un rythme lent, une durée trop longue, une mise en images statique, une musique pour orchestre sans distinction : voilà déjà un cahier des charges assez lourd. Il faut croire que les meilleurs Hammer Films étaient ceux consacrés aux deux grands mythes du fantastiques : Dracula et Frankenstein. Les autres que j'ai pu voir étaient généralement lamentables (La Momie, The Devil Rides Out, Quatermass...). Howard Vernon

Alors là je vais me permettre de ne pas être d'accord ! Ca fait quelques années que je l'ai vu, mais outre les longueurs notées, toute la série Quatermass est parmi ce qu'il ya de meilleur chez Hammer. Le film, comme dans la plupart des scénarios de Nigel Kneale, évite le sensationnalisme, évoquant toute une histoire non dite fascinante. La musique, parlons-en, j'ai acheté le disque qui propose celle des trois films, est plus une ambiance sonore, façon onde marteno, que mélodie et je la trouve avant-gardiste et fascinante. J'aurais bien aimé que l'on conserve l'acteur des précédentes aventures, mais Kneale le détestait pour mourir, parait-il. Il faut dire que la mini-série produite plus tard pour la télé d'après les aventures finales de Quatermass offrent un personnage beaucoup plus humain et philosophe que celui du premier film, prêt à sacrifier tout être humain sur l'hôtel de la science. Mario Giguère

The YEAR OF THE SEX OLYMPICS - Michael Elliott, avec Leonard Rossiter, Suzanne Neve, Tony Vogel, Brian Cox, scénario Nigel Kneale, Royaume Uni, 1968, 105m, TV

Bienvenue en 2050, un monde ou les émotions ont été bannies, ou la surpopulation est contrôlée par l'abrutissement constant de la population par des télé-réalités ou prédomine la pornographie. La classe dirigeante et les médias se doivent de maintenir le statu quo, mais voilà qu'un employé de la station diffuse illégalement des peintures figuratives de gens en colère, troublant les spectateurs. Comme les cotes d'écoute ont été meilleures que d'habitude, on décide de faire des expérience, et on finit par envoyer sur une île déserte, pendant un an, un couple avec leur enfant et de diffuser leur quotidien 24hr sur 24. Un producteur se porte volontaire avec sa femme et son enfant, des gens qu'il ne côtoie que peu souvent et qu'il désire mieux connaitre . Mais cette ile n'est pas aussi déserte que prévu.

Le scénariste Nigel Kneale a connu un succès populaire et d'estime avec son adaptation pour la télévision du roman de George Orwell, 1984 et la série des Quatermass, reprise par la Hammer. Le voici à son tour en train de prédire la venue de la télé-réalité et de la banalisation de la sexualité, dans un monde surveillé comme dans 1984. Ce monde est étonnant et les différents acteurs se retrouvent à jouer parfois avec un minimum d'émotions, à être troublé par ce qui nous parait normal. On aura droit à un bout d'essai de lancement de tartes à la crème collectif, avec les spectateurs qui redécouvrent le rire. La non relation de cette famille, le producteur plus occupé par sa maîtresse, l'enfant à la santé précaire, presque autiste et sa mère, qui semble la seule qui a envie de vivre une relation plus proche d'une autre époque, sont au centre du scénario. Si la brochette d'acteurs est bonne, l'acteur principal en fait des tonnes, les yeux continuellement exhorbités. Évidemment la dernière partie du film, en mode série survivor, est la plus dramatique et fascinante. Ce téléfilm de la série Theater 625, originalement tourné en couleur, n'existe plus qu'en noir et blanc et c'est bien dommage, les quelques photos de plateau en couleur sont magnifiques. Il va sans dire que le sujet était controversé et une ligue de censeurs, ayant mis la main sur le scénario, ont bien essayé d'en empêcher le tournage. Heureusement pour nous, ils n'ont pas réussit! Mario Giguère

MURRAIN aka AGAINST THE CROWD: MURRAIN - John Cooper avec Una Brandon-Jones, Bernard Lee, 1975, Royaume Uni, 52m, TV 

Un vétérinaire venu revoir une ferme porcine dont les bêtes sont atteintes d'une maladie mystérieuse est confronté aux paysans superstitieux. L'amenant presque de force voir un enfant malade depuis un mois, ils lui font part de leur conviction que l'origine de leurs malheurs vient de la vielle Clemson. La femme, dans une maison isolée et redoutée de tous, sera visitée par le vétérinaire, soulevant la colère au village. Longue discussion avec la vielle. Le doute s'installe dans l'esprit de l'homme...

C'est suite à la diffusion de cet épisode de la série AGAINS THE CROWD que le duo de l'écrivain scénariste Nigel Kneale et du producteur Nick Palmer vont monter le projet de la série BEASTS. On reconnaît au passage Bernard Lee dans le rôle du propriétaire de la ferme, mieux connu pour le rôle de M dans James Bond. Lee, comme tous les acteurs, offrent une prestation remarquable dans ce récit auquel Kneale nous a habitués: la confrontation du rationnel et de l'irrationnel. Chaque spectateur tirera sa propre conclusion, l'histoire pouvant s'interpréter de plus d'une manière. Une belle fable à découvrir. Le terme "Murrain" désignait la cinquième plaie d'Égypte et durant des siècles désignait toute maladie inconnue qui ravageait les troupeaux d'animaux domestiques. Mario Giguère

BEASTS épisode 1 : BABY - John Nelson avec Jane Wymark, Simon MacCorkindale, 1976, Royaume Uni, TV, 52m

Jo est enceinte de six mois et vient d'emménager dans la maison de campagne près du nouveau travail de son mari vétérinaire. Lors de travaux de rénovation de la petite maison, on découvre un grand pot contenant une étrange créature momifiée. Jo la déteste, mais son mari est fasciné et désire en faire l'autopsie avec son partenaire. Seul un des vieux ouvriers a une idée de ce qui se cache derrière cette relique...

Nigel Kneale écrit six téléfilms pour la compagnie ATV sous le thème des BÊTES. Baby rappelle évidemment son classique QUATERMASS AND THE PIT pour le squelette inconnu caché et l'apparition de manifestations de type poltergeist. Énormément d'ambiance et peu de réponses définitives, telle semble la recette, bien exploitée, du scénariste en grande forme. Une forme rapidement aperçue et une hallucination ou vision finale perturbante terminent un scénario ou les personnages sont constamment sous tension. Pratiquement aucune musique, sauf pour le générique, que les sons naturels et surnaturels pour énerver le spectateur. Troublant. Mario Giguère

BEASTS épisode 2: BUDDY BOY - Don Taylor avec Martin Shaw, Pamela Mouseiwitsch, Royaume Uni, 1976, 52m

Le directeur d'un cinéma porno et son acolyte visitent un local décrépit qui a jadis présenté des spectacles de dauphin, pour éventuellement l'acheter et le convertir en commerce adulte. L'ancien proprio est très nerveux, voire malade et presse la vente, délirant sur la vedette Buddy Boy, mort d'une maladie inconnue ou de mauvais traitements. Une jeune femme squatte la bâtisse, Lucy, qui s'occupait des dauphins et qui elle aussi a été touché par l'intelligence de l'animal vedette...

Conte moral étrange s'il en est un, ou histoire de fantôme de dauphin s'il en est, Buddy Boy flotte dans un univers trouble ou la décadence des hommes est en opposition avec la pureté d'une bête et de son amie. Le son est encore important dans la mise en scène pour évoquer le fantastique, mais on peut le regarder comme une fable. Les acteurs sont excellents et touchants. Singulier. Mario Giguère

BEASTS épisode 3 THE DUMMY - Don Leaver avec Bernard Horsfall, Glyn Houston, Michael Sheard, 1976, Royaume Uni, 52m

Plateau de tournage du sixième film de monstres de la série THE DUMMY, ici THE DUMMY'S REVENGE, par un studio inactif depuis deux ans. Heureusement les Japonais en redemandent. Malheur, le monstre craque, l'acteur a reconnu celui qui est parti avec sa femme et son enfant parmi les acteurs qui attendent de jouer leur scène. Effondré, il plonge dans la déprime et l'alcool, arrêtant le tournage. Le producteur, aidé par une journaliste qui lui raconte comment en Afrique on croit que le "masque" est habité par un esprit, convainc Clyde, irremplaçable dans le rôle du la bête, qu'il doit être habité par le monstre et devenir un avec lui. Pari trop réussit, le monstre tue l'acteur avec lequel il tourne sa scène. Tout le monde quitte le studio, en panique !

Le scénariste Nigel Kneale a eu une relation difficile avec les studios Hammer, ne recevant aucun argent des adaptations de ses téléséries. Il écrit donc une satire noire du studio, à peine voilée, ou la seule peur qui arrive sur le plateau est un meurtre réel. Parce que le monstre et la situation est totalement ridicule, sauf cette mort évidemment. L'humour pince sans rire typiquement anglais est ici décapant, les acteurs jouant avec un plaisir consensuel des personnages imbus de leur propres personnes, incapables de voir le vrai drame qui se prépare. Sauf cette journaliste de passage sur le plateau, une écrivaine justement, la seule personne sensée et crédible tout le long. Adorable. Mario Giguère

BEASTS épisode 4: SPECIAL OFFER - Richard Brahmall avec Paulien Quirke, Geoffrey Bateman, Royaume Uni, 1976, 52m

Noreen est une jeune fille qui travaille dans un petit supermarché. Elle fait de l'embonpoint, porte des lunettes, a des problèmes d'acné et a une timidité maladive. Son superviseur ne voudrait rien de mieux que la foutre à la porte, mais il pense à son avancement et son image. Alors que Noreen se sent de plus en plus mal, une créature que seule elle voit commence à foutre le bordel dans l'épicerie. Les autres employés et les clients ont rapidement peur et le gérant fait appel au propriétaire, incapable de comprendre ce qui se passe. Le patron, après quelques questions, explique au gérant qu'il s'agit de toute évidence d'un phénomène poltergeist, provoqué par Noreen, amoureuse de son tortionnaire. Ce qui n'arrange rien.

Pour qui a lu le roman de Stephen King, Carrie, on reconnaît facilement ce qui se passe et on se rappelle des descriptions par l'écrivain d'une Carrie plus proche de cette Noreen que de Sissy Spacek. Avec un minimum d'effets spéciaux et de bons interprètes, une dose d'humour non négligeable et une fin peu reluisante, on assiste à une belle démonstration des phénomènes poltergeist tel qu'ils ont été étudiés et recensés. Plus dramatique et triste que spectaculaire, mais efficace pour les moyens disponibles. Mario Giguère

BEASTS épisode 5: WHAT BIG EYES - Donald McWhinnie avec Patrick Magee, Florance Raymount, Michael Kitchen, 1976, Royaume Uni, 52m

Tout débute presque innocemment avec un inspecteur de la protection des animaux qui veut voir les livres d'un importateur qu'il trouve louche. Cherchant à le coincer, il remarque des loups gris d'Europe de l'Est qui ont été placés en quarantaine dans un petit pet shop. La propriétaire dit ne rien savoir dans un premier temps, puis présente son père à l'inspecteur. Raymount (Patrick Magee) est lui aussi avare de détails mais il finira par se confier au jeune inspecteur. Oui, il fait venir des loups gris pour ses expériences sur l'A.D.N., persuadé que la mémoire de la race se retrouve dans chaque cellule et que la lycanthropie a non seulement existé, mais peut se vivre à nouveau. D'ailleurs Raymount se prépare à l'ultime injection qui lui permettra de se transformer devant ses collègues scientifiques qui le ridiculisent depuis des années.

Excellent épisode qui part de rien pour déboucher sur un drame qui frôle le fantastique. Il s'agit d'un numéro d'acteur exceptionnel pour Patrick Magee, tout comme Madge Ryan dans le rôle de sa fille dans la cinquantaine et depuis toujours soumise à son père. Michel Kitchen joue l'inspecteur et la voix de la raison, la voix de l'écrivain serait-on tenté de dire. L'évocation des vivisections n'est pas sans rappeler H.G. Wells, auquel le scénariste Nigel Kneale est souvent comparé. Une réussite remarquable. Mario Giguère

BEASTS épisode 6: DURING BARTY'S PARTY - Don Leaver avec Elizabeth Sellars, Anthony Bate, 1976, Royaume Uni, 52m 

Une femme d'un certain âge sur le bord de la crise de nerfs est persuadée qu'il y a un rat dans sa maison de campagne. Son mari, rationnel et semble-t-il habitué aux réactions de sa femme proche de la dépression nerveuse et portée sur la bouteille, ne s'en fait pas outre mesure. Mais voilà qu'ils semble y avoir plusieurs vermines et à la radio on parle d'une invasion massive de rats futés qui rodent dans le coin. Effectivement la maison semble remplie de rongeurs qui n'ont plus peur de l'homme...

Nigel Kneale voulait écrire sa version des OISEAUX d'Hitchcock. Sans ne jamais voir un seul rat, avec seulement deux acteurs et des voix à la radio, au téléphone ou encore les voisins qui arrivent et les espoirs qui naissent, mais avec une trame sonore bien travaillée. Intéressant de voir que le mari, lorsqu'il réalise dans quel pétrin il est, s'effondre littéralement et doit suivre les instructions de sa femme. Épisode le plus réputé, avec raison, de la mini série, il est un bel exemple de ce qu'un bon scénario bien réalisé par une équipe de talent peut faire avec un budget somme toute minime. Tout le contraire d'un Bruno Mattei et de ses rats mutant ! À découvrir. Mario Giguère

QUATERMASS - Piers Haggard avec John Mills, Simon MacCorkindale, Barbara Kellerman, 1979, Royaume Uni, TV, 240m 

Fin du 20ème siècle: l'anarchie et la violence règnent sur la planète. Le professeur Quatermass se rend aux studios de télévison anglais pour une présentation de la rencontre des modules spatiaux américains et russes. Les deux vaisseaux implosent. Quatermass, qui donnait l'impression d'avoir annoncé la catastrophe, s'enfuit avec Joe Kapp, qui a un observatoire dans la campagne anglaise. Débute alors une riche histoire ou l'on va essayer de comprendre la menace, car les anciens sites de pierres monolithiques sont le lieu de disparitions massives de jeunes qui croient partir vers une planète meilleure.

Nigel Kneale écrit la dernière aventure du professeur Quatermass pour la télévision (il en fera une version romancée excellente). Ils sont rares les vraies présentations dramatiques de science fiction pure. Car Quatermass ne cesse de lancer des hypothèses, jusqu'à un final ou le mystère cosmique est effleuré mais non détaillé. Entre les bandes anarchistes et les "planet people", c'est à l'âge d'or qu'il devra se fier car tous les cerveaux des jeunes terriens sont affectés par le phénomène. Effets spéciaux simples mais efficaces, acteurs d'une efficacité remarquable, réalisation dans le ton. On pense aux bandes de Mad Max Road Warrior par moments, on est sidéré par la scène du stade Wembley et un final inévitable. Magnifique. Mario Giguère

QUATERMASS - Nigel Kneale, 1979, Arrow Books, 271 pages

Pendant que les Russes et les Américains ont des ratés dans la course de l'espace, l'anarchie s'installe sur la terre. Les bande rivales s'emparent des quartiers pendant que des regroupements de Planet people convergent vers les cercles de dolmens. Le professeur Quatermass, jadis un pionnier de l'exploration de l'espace, recherche sa petite fille, qui aurait rejoint les pèlerins. C'est devant le cercle de Ringstone qu'il sera témoin d'un évènement paranormal qui menace la civilisation.

Je répète et signe mon admiration pour l'écriture de Nigel Kneale, écrivain et scénariste de la série Quatermass, entre autre. Des récits à la logique implacable, avec des personnages prenants et tragiques. Ce roman, qui sera adapté pour la télévision, est le testament de Quatermass, dépassé par la vie, mais appelé par le gouvernement pour comprendre la calamité qui s'abat sur la planète. De ses pertes de mémoires, à ses poursuites dans les villes livrées aux anarchistes, Quatermass s'efforce de comprendre le mystère, tout en recherchant en vain sa petite fille. Une galerie de personnages secondaires bien présentés, les vieux réfugiés dans les abris, les hippies comme les voyous attirés par les cercles de pierre, tout concourt vers une fatalité annoncée. Sublime. Mario Giguère

KINVIG - Les Chatfield avec Tony Haygarth, Patsy Rowlands, Prunella Gee, Colin Jeavons, 1981, Royaume Uni, 7 épisodes format 60m, série créée et scénarios de Nigel Kneale

Des Kinvig travaille dans sa boutique de réparation d'appareils électriques. C'est vite dit, la plupart du temps il dort ou rêve sur le sujet qui l'intéresse, les extraterrestres. Un jour, il reçoit dans sa boutique Miss Griffith, cette nuit là, il voit un vaisseau spatial, entre et voit Miss Griffith et ses compagnons, qui viennent de Mercure. Elle a besoin de son aide. Il se réveille et se confie è son meilleur ami, Jim. Quand il revoit Miss Griffin, elle ne montre aucun signe qu'elle se rappelle de sa vraie identité. Il la reverra, elle lui expliquera tout, mais on se demande toujours si Des a tout simplement une imagination débordante.

Nigel Kneale, scénariste connu pour son personnage du professeur Quatermass, se lance dans la comédie d'une drôle de manière. On sait qu'il n'appréciait pas tellement les fans qui croient aux soucoupes volantes et autres phénomènes paranormaux. Même s'il a gagné sa vie avec la science fiction, c'est sur un ton sérieux et loin du sensationnalisme qu'il a mené sa carrière. Sa comédie de situation respecte els règles du genre, mais l'humour est mordant et la satire souvent méchante. N'empêche qu'il connait son sujet, y allant de contact avec les plantes, la fabrique d'humanoïdes et l'infiltration de la société par els aliens d'outre espace. Au centre de ce délire, la sensuelle Prunella Gee joue Miss Griffin. Elle s'est retrouvée en Bond Girl dans Never say Never, c'est dire qu'elle a de quoi plaire. Ses costumes rétro futuriste en Mercurienne sont de plus en plus petits et on se demande ce qu'elle aurait porté dans une éventuelle suite! L'humour pince sans rire de Kneale n'a pas satisfait en assez grand nombre et le tout s'arrête bien vite, mais j'ai bien apprécié. Mario Giguère

the WOMAN IN BLACK - Herbert Wise, 1989, Angleterre, téléfilm, scénario Nigel Kneale 

Une surprise de Mouni qui me dit juste: ferme toutes les lumières et prépare-toi. Première excellente surprise, un scénario de Nigel Kneale, le magnifique scénariste des trois Quatermass et de L'Abominable Snowman, secundo, une excellente production britannique. L'histoire: un solliciteur doit inventorier la maison d'une vielle recluse décédée, mais personne ne veut l'accompagner vers cette maison retirée et qui est cette dame en noir que personne ne voit sauf lui ? Pour ce qui est du reste , on n'en diras pas trop, mais la caméra, sobre, a de drôle de mouvements quand des  apparitions arrivent. Un scénario parfait avec d'excellents acteurs pour le meilleur film de fantôme que j'aie vu. Rien de moins. Excellent !!! Mario Giguère

Un homme reçoit comme mission de vendre une maison se trouvant dans un village anglais situé près de la mer. Là, il sera accueilli par les charmants habitants, fera la connaissance d'un riche sympathique et se rendra aux funérailles de la morte propriétaire de la maison en question. C'est là que les choses se compliquent, notre pote se mettra à avoir des visions: une femme vêtue de noir uniquement se promène dans le cimetière et il commence à la voir un peu partout. La nuit dans la maison lugubre va être longue.

Ce film fait pour la télévision est surprenant par sa qualité, il s'en tire relativement bien avec le petit budget et est, heureusement, soutenu par une prestation solide des acteurs principaux. Les scènes effrayantes sont axés sur la même idée que le récent THE OTHERS, on montre le moins possible, on laisse recourt à l'imagination et ainsi, les apparitions des spectres seront beaucoup plus efficaces. Et croyez-moi, ça marche ! Oncle Freak

J'ai 30 ans. 

Ça ne veut pas nécessairement dire que je suis bon pour le rebut, mais ça signifie que j'ai un certain vécu derrière moi, et, qu'en tant que " cinéphile ", j'ai vu beaucoup de films. L'un des problèmes qui s'ensuit, c'est qu'on peut devenir blasé, avoir l'impression d'avoir tout vu et que plus aucun film " d'épouvante " ne peut nous effrayer. Cela prend donc une oeuvre sacrément efficace pour y parvenir.

Or (grâce à Mouni, de qui j'en tiens une copie) WOMAN IN BLACK s'est révélé très efficace à cet égard. Avant de le mettre dans mon vidéo, je me disais :

- Bon, un téléfilm de 1989, anglais en plus (l'un des pays les plus censurés du monde). J'espère au moins que ça va bouger un peu.

Les premières minutes sont classiques, mais élégantes : un jeune homme travaillant dans une firme d'avocats doit se rendre en train dans la demeure d'une femme décédée et passer la semaine dans son petit village, afin de mettre un peu d'ordre dans ses affaires. Presque seul, il assiste à ses funérailles et remarque, dans l'église, et ensuite dans le cimetière, une étrange femme en noir qui le regarde.

N'en disons pas plus, car il ne faudrait pas révéler de punch à ceux qui n'ont pas vu ce film que je n'hésite pas à qualifier de chef-d'oeuvre du fantastique d'épouvante. Le tout est si habilement amené que l'on est tout à coup aspiré en plein cauchemar et que le dernier tiers du film est très très angoissant.

Si ce film sortait en salles de nos jours, je vous garantis qu'il ferait sensation et on entendrait parler. Beaucoup plus que d'un titre comme RING, par exemple...

C'est donc à voir pour l'atmosphère glauque et étouffante, pour le résultat très efficace que parvient à produire le réalisateur Herbert Wise à partir d'un budget très modeste, et pour une scène de terreur inoubliable (ceux qui l'ont vu savent de quoi je parle). Howard Vernon

  The QUATERMASS EXPERIMENT - Sam Miller avec Jason Flemyng, Adrian Dunbar, Mark Gatiss, David Tennant, 2005, Royaume Uni, 97m

Les téléfilms en direct sont rares, alors que pour des raisons technique, ils étaient la norme au début de la télévision. C'est pour célébrer un anniversaire que l'on a mis en branle ce remake, mise à jour, de la série originale qui avait tant effrayée le public anglais en 1953. Belle brochette d'acteurs avec en vedette Jason Flemyng dans la peau de Bernard Quatermass, que l'on retrouvera plus tard dans la série Primeval, ou David Tennant, qui apprit sur ce plateau qu'il avait obtenu le rôle de Doctor Who. Changement d'époque, on ne terminera pas dans une église et on ne verra pas non plus la présence extraterrestre monstrueuse de la série télé originale. La transformation du cosmonaute sera aussi plus sobre. Si l'original, dont seulement deux épisodes sur quatre existent encore, était meilleur, plus ancré dans son époque, cette adaptation vaut le détour.

Dans le making of, on apprend les angoisses des acteurs qui ont rarement l'occasion de jouer en direct et se remémorent les moments les plus anxiolytiques, comme une perte de mémoire courte mais traumatisante, que je n'ai pas repérée en regardant la prestation. Le direct est rare de nos jours, du moins pour les dramatiques, et ça semble dommage à la vue de cet exercice bien réussit. Mario Giguère

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