Tsui Hark, réalisateur, producteur et comédien, a été partie prenante du renouveau du film de Hong Kong, a essayé l'aventure américaine et est revenu à ses racines. On inclut donc des productions sous sa paternité et les films ou il a joué.

Mise à jour le 14 janvier 2014

BLACK MASK aka Hak Hap - Daniel Lee, 1996

On dirait que tout ce que touche Tsui Hark se transforme par magie en ridicule.  Ce petit film amusant mais sans plus ne fait pas exception.  Avec Jet Li, Lau Ching-Wan et Yuen Woo-Ping aux chorégraphies, cela promettait drôlement. Daniel Lee a cependant l'affront de transformer Lau Ching-Wan en brute épaisse et Jet Li en modèle de sobriété, et il insère sans que l'on comprenne ses motivations des scènes qui se veulent comiques mais qui frôlent le pathétique. Un bon divertissement pour l'action et les scènes de combats mais l'enrobage est plutôt terne.  Dommage. Orloff

Il ne faut pas bouder son plaisir, et si possible voir la version originale, sans musique rap, vive Jet Li ! Mario Giguère

BLACK MASK 2: City of Masks aka aka Hak hap 2 -Tsui Hark, 2002, Hong Kong, 121m

Black Mask, génétiquement modifié pour ne ressentir aucune douleur et devenir tueur à gage, est toujours en fuite et cherche un scientifique qui pourra l'aider à regagner son humanité. Mais voilà qu'un promoteur de lutte s'est associé à un savant fou qui transforme ses lutteurs tranquillement en mutant, combinant leur ADN avec celle d'animaux ou de plantes. Lorsque Black Mask se retrouve entre les deux groupes, il devra combattre pour sauver sa vie et celle des habitants de B City, menacés d'une bombe qui modifiera les gènes de toute la population...

Tout un cocktail à gros budget, aux influences multiples que ce film de Tsui Hark. On pense tout de suite aux Mutants de X Men, mais aussi à MUTRONIC aka GUYVER d'il y a quelques années. Parmi les lutteurs, notons Rob Van Dam, célèbre lutteur de la WWE qui ne démontre pas un grand talent de comédien. Par contre, Traci Lord est parfois époustouflante dans le rôle de Caméléon, dans des cascades réglées par nul autre que Yuen Wo Ping. Jobin Bell incarne le méchant Moloch et il ressemble à s'y méprendre à Brion James ! Andy On reprend le rôle titre tenu par Jet Li dans le premier opus, un athlète efficace dont le jeu d'acteur est approximatif. Comme dans bien des Tsui Hark, on se promène de séquences d'action à couper le souffle à des pitreries puériles, ici, la scientifique qui devient catatonique lorsqu'elle touche un homme ! Avec un kid en prime, on passe du meilleur au pire, mais le film, sans temps mort, m'a réjoui plus souvent qu'autrement. Mario Giguère

Mais qu'a-t-il bien pu se passer dans la tête de Tsui Hark! Fini le Black Mask héroïque et charismatique du premier opus, fini également les prouesses visuelles et les ambiances sombres. En échange, voici un prototype de film mongoloïde pour décalqués du bulbe en manque d'images laides. L'histoire totalement incompréhensible présente un Black Mask de pacotille se fritant la gueule avec une bande de catcheurs mutants au QI équivalent à celui d'une huître. Ajoutez à ça un montage épileptique non-sensique qui défie toutes les règles narratives, une salve d'effets-spécieux d'une laideur rarement égalée et une mise en scène tristement bâclée. Où est donc passée la maestria du réalisateur de TIME AND TIDE ? Attention, visionner BLACK MASK 2 peut nuire à votre santé mentale ! Kerozene

The BLADE aka Dao - Tsui Hark avec Xin Xin Xiong, Moses Chan, Man Cheuk Chiu, 1995, Hong Kong, 101m

Une jeune femme est la narratrice et pendant qu'elle commence à nous parler de sa vie, on nous montre un chien qui est pris au piège, du genre métallique qui se referme tel une mâchoire sur le membre. Dans ce monde cruel, on aborde cette femme qui vit dans une fabrique de sabre, seule fille du maître, secrètement amoureuse de deux hommes, Ding On et Iron Head, qu'elle verrait bien se battre en duel pour elle. Mais les deux hommes vont assister au village à la mise à mort d'un moine qui a osé affronter une bande de bandits qui rôdent dans les parages. Outrés, Iron Head entraîne Ding On dans une expédition pour venger la mort du moine, mais au final, Ding On y perd un bras dans ces fameux pièges. Recueilli par un jeune orphelin, il nourrit sa vengeance et apprendra à maîtriser le Kung Fu et le sabre avec un seul bras.

Tsui Hark reprend le célèbre personnage du combattant à un bras avec un brio et un nihilisme effarant. Les hommes sont cruels, les femmes aussi, la vie est une suite d'épreuves dont on sort meurtri, mais ou la justice peut triompher, avec un gout amer dans la bouche. Les combats sont absolument spectaculaires et impressionnants et le montage est efficace, un défaut qui revient trop souvent dans les productions de Tsui Hark. Man Cheuk Chiu, que j'avais découvert dans ONCE UPON A TIME IN CHINA 4 ou il remplaçait Jet Li dans le rôle titre, est renversant et d'une rapidité à couper le souffle. Les combats finals sont à la fois jouissifs tout en laissant un sentiment d'inévitabilité, de destinée d'une tristesse profonde qui laissera toutefois poindre une certaine paix ultérieure un peu manichéenne. On imagine en effet que l'assouvissement ultime de la vengeance laisse le coeur noircit plus que l'âme purifiée. J'ai pensé à quelques reprises à BULLET IN THE HEAD, un des films les plus nihilistes que j'ai vus, ou plutôt ou la fatalité est implacable et sans lendemain. D'ailleurs le destin de la narratrice, qui participe malgré elle à la cruauté de ce monde, ne l'aura pas facile.

Un film furieux que j'ai hâte de revoir. Mario Giguère

Au Moyen-Âge, en Chine...En apprenant les circonstances tragiques de la mort de son père, Ding On (Chiu Man-Cheuk), un jeune forgeron, décide de retrouver l'assassin de celui-ci. Mais attaqué par une horde de bandits, il perd un bras...

Tsui Hark est le fondateur et le fer de lance du mouvement cinématographique hong-kongais né dans les années 80... Toutefois, si ce mouvement est né avec LE SYNDICAT DU CRIME de John Woo, souvent considéré comme le pilier du mouvement, il est très souvent oublié que 6 ans avant cela, Tsui Hark posait toutes les bases de ce dernier avec L'ENFER DES ARMES, c'est-à-dire retourner littéralement le système du cinéma hong-kongais pour ensuite le révolutionner... L'ENFER DES ARMES fut un premier pas, par la suite Tsui Hark ne cessa pas de lancer des modes en produisant bon nombre de films (tels que la trilogie SWORDSMAN ou HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS, ou encore tout simplement la trilogie du SYNDICAT DU CRIME) mais surtout réalisera bon nombre d'oeuvres de genres divers, l'occasion pour Hark de détourner les codes des genres qu'il exploite avec des oeuvres comme par exemple PEKING OPERA BLUES, THE LOVERS, ou bien THE BLADE. Et c'est de THE BLADE dont il est question aujourd'hui, chef d'oeuvre du Wu Xia Pian (film de chevalerie chinois) qui prend les codes du genre pour littéralement les retourner et livrer un ovni cinématographique, qui, aussi culte soit-il, n'a malheureusement pas tout le respect qu'il mérite.

D'un autre côté, rien de bien étonnant, Tsui Hark livrant avec THE BLADE l'oeuvre la plus extrême de sa carrière. En effet, si pendant ses 30 années d'activité, il n'a eu de cesse de rechercher le chaos au cinéma, c'est avec THE BLADE que c'est le plus frappant. Avec ce film, les intentions de Tsui Hark sont très claires : plonger le spectateur dans un chaos visuel et sonore vertigineux, et cela se ressent à l'écran par un montage véritablement furieux ou tout s'enchaine avec une frénésie qui envoie sans aucune pitié tout ce qui s'est fait en la matière 6 pieds sous terre! Ne nous voilons pas la face, THE BLADE c'est du jamais vu, un film ou les choses s'enchainent avec une telle vigueur, une telle force et un tel chaos ambiant qu'il est quasi impossible d'en décrocher... Toutefois, encore faut-il accrocher aux délires visuels d'un Tsui Hark en colère, se servant de sa caméra comme catharsis et balançant toute la noirceur de son oeuvre à la gueule d'un spectateur on ne peut plus démuni. Je le répète, THE BLADE est l'oeuvre la plus extrême et la moins équilibrée de son réalisateur, pour cette raison, beaucoup resteront sur le carreau et ne parviendront jamais à rentrer dans le film... Les pauvres, tant THE BLADE est une oeuvre unique en son genre qui envoie chier sans aucune concession tous les codes du genre qu'il exploite pour devenir quelque chose de véritablement exceptionnel. Vision sans concession et noire du mythe du sabreur manchot, exploré dans les mythiques UN SEUL BRAS LES TUA TOUS et LA RAGE DU TIGRE (pour ne citer qu'eux), THE BLADE est également l'occasion de plus pour son réalisateur d'explorer la facette de l'homme (et je veux bien dire l'homme, pas l'être humain) la plus noire et la plus désespérée. Nihiliste, THE BLADE l'est assurément et sert, comme d'habitude, d'intermédiaire entre ce fou furieux de Hark et un spectateur qui ne sait pas encore quel constat obscur il va se prendre dans les dents. C'est bien simple, Tsui Hark livre une vision tellement réaliste d'une époque souvent romancée qu'elle en devient presque excessive de noirceur!

En conséquence, il n'y a rien de plus efficace pour montrer le chaos et l'horreur du contexte du film que les choix de mise en scène de Tsui Hark... Discutables sans doute pour ceux qui n'adhèrent pas aux délires visuels du monsieur mais on ne peut plus efficaces pour ceux qui réussissent à rentrer dans son trip. THE BLADE, à bien des égards, pourrait sembler bordélique, pourtant, il est clair, du moins lorsqu'on regarde le film avec ses yeux, que le chaos que Tsui Hark met en scène est paradoxalement on ne peut plus réfléchi... Le montage frénétique est d'une organisation rigoureuse et minutieuse, d'ou la réussite indéniable de l'entreprise : à des plans superbes s'allie un montage on ne peut plus fou, donnant lieu à une orgie visuelle certes parfois perdant un peu trop le spectateur mais le plongeant dans une immersion à toute épreuve... A cela se rajoute un travail sonore absolument assourdissant, l'élément supplémentaire montrant clairement la visée de Tsui Hark : attaquer les sens de la manière la plus viscérale envisageable. Le tout fonctionne à merveille, confronté à ce chaos des plus extrêmes, le spectateur ne sait vraiment plus ou se mettre! Dans cette situation, le spectateur ne peut qu'être ébahi face à des bastons incroyablement chorégraphiées, dans lesquelles se mélangent prouesses martiales sidérantes et violence percutante, à ce titre, le combat final est très certainement la meilleure scène de baston jamais réalisée, un véritable monument de barbarie jamais égalé!

Dans tout ce bordel, Tsui Hark ne peut s'empêcher de jouer avec les codes de son histoire... Ainsi du personnage chevaleresque qu'était le sabreur manchot dans LA RAGE DU TIGRE, on passe à Ding On, sabreur impitoyable en quête de vengeance... Ce qui n'est pas un hasard puisque le tout s'inscrit directement dans une optique on ne peut plus "Harkienne". En effet, si ses films sont souvent considérés comme des "films d'hommes" (tout comme son pote John Woo), ce sont les femmes qui sont au centre de ces derniers et THE BLADE ne fait pas exception... Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les 2 premières minutes du film, ou dès le départ la narration est donnée par une femme, personnage pivotal du récit, pivotal dans le sens ou THE BLADE est tout autant un film de sabre que c'est une histoire d'amour, on ne peut plus nihiliste certes (comme c'est souvent le cas avec Tsui Hark) mais une histoire d'amour quand même, montrant une fois de plus la propension qu'a Tsui Hark à manipuler sans aucune limite la codification des genres... Ce qui n'a pas de limites non plus chez Tsui Hark, c'est son ambition. En effet, s'il est bien connu pour son génie il l'est également pour son ambition presque mégalomaniaque, ce qui a donné lieu, par exemple, à des coupes de 2 heures sur son génial SEVEN SWORDS et donc a des défauts narratifs évidents... Fort heureusement, pas de ça ici, la narration est claire comme de l'eau et véritablement ingénieuse, en conséquence, THE BLADE est une oeuvre d'une fluidité incroyable mais qui s'avère être en plus brillamment écrite... THE BLADE avance d'idée scénaristique brillante en idée scénaristique encore plus brillante, doublés d'idées visuelles époustouflantes (la scène ou Ding On s'entraîne... Quel pied!) renforcé par le talent technique sidérant d'un Tsui Hark au sommet de sa forme.

Vous l'aurez compris, THE BLADE est une oeuvre exceptionnelle, qui, par sa forme on ne peut plus extrême, ne plaira certes pas à tout le monde mais demeure une expérience qui vaut le coup d'être tenté! THE BLADE est sans doute le Wu Xia Pian ultime, le chef d'oeuvre de tout un pan du cinéma asiatique... Une oeuvre nihiliste et noire mais aussi un plaisir sensoriel incroyable et sans aucun égal. THE BLADE est une oeuvre d'une très grande importance, et d'une très grande influence sur le cinéma dans sa globalité, par ailleurs, au cas où mon conseil ne serait pas suffisant, Quentin Tarantino ne cesse de faire l'éloge du film et va même jusqu'a dire de Tsui Hark que c'est le meilleur metteur en scène de tous les temps... Et vous vous doutez bien que je suis d'accord. Zering

BUTTERFLY MURDERS aka Die bian - Tsui Hark avec Siu-Ming Lau, Michelle Mee, Shu Tong Wong, 1979, Hong Kong, 88m 

Un écrivain qui s'évertue à coucher sur papier l'histoire de la Chine et des luttes de clans martiaux est impliqué dans une histoire de meurtres commis par des papillons. Aidé de Green Breeze, il est appelé, avec d'autres clans à résoudre le mystère des ces bêtes en apparence inoffensives. Arrivé au château d'ou provient l'invitation, l'endroit semble vide, mais les survivants sont dans les sous-sol, à l'abri. Autres meurtres, personnages doubles, labyrinthes sans fin, meurtrier tout de noir vêtu et ganté de cuir, on regarde un giallo dans un wu xia pan !

Oui, le titre, les animaux, le tueur, les ressorts de l'enquête, jusqu'aux surprises finales et l'identité du meurtrier, tout indique que Tsui Hark, dont c'est le premier long métrage, semble bien avoir voulu recréer, redynamiser le film d'époque en lui collant une trame du film italien en vogue à l'époque. Plus surprenante est la musique, hors-mis les génériques, tout semble tout droit sorti d'un giallo orchestré par un Bruno Nicolai ou consort, mais non, on doit la musique à Frankie et Piu Chan (Bio Zombie). En 1983, Hark révolutionnera les effets spéciaux à Hong Kong avec ZU WARRIORS OF THE MAGIC MOUNTAIN dont le montage effréné est beaucoup plus difficile à décoder. Voir pour la première fois ce Butterfly Murders confirme que Hark était capable de monter un film plus efficace, à la photographie soignée. Les référence au cinéma transalpin ne sont que plus singulière et appréciées. Un film à découvrir. Mario Giguère

Une nuée de papillons meurtriers envahit un château féodal.

A la fois dans l'histoire du cinéma hong-kongais et dans la filmographie du très grand Tsui Hark, THE BUTTERFLY MURDERS s'impose comme une date très importante. Premier film de son réalisateur, qui depuis s'est avéré être un véritable maître avec des oeuvres magnifiques comme THE BLADE, PEKING OPERA BLUES ou DANS LA NUIT DES TEMPS, THE BUTTERFLY MURDERS marque un tournant dans l'histoire du cinéma HK dans la mesure ou il s'agit très certainement du premier de la nouvelle vague hong-kongaise, composée de réalisateurs comme Patrick Tam, Ann Hui, et bien sur Tsui Hark. THE BUTTERFLY MURDERS est un film véritablement intéressant, d'autant plus intéressant aujourd'hui qu'il témoigne de l'évolution formelle des oeuvres du cinéaste le plus important de l'histoire de Hong Kong, mais en plus, s'avère être une alternative hardcore au dernier film en date du monsieur... DETECTIVE DEE. Alternative hardcore que l'on doit d'ailleurs entièrement à l'éditeur HK VIDEO, qui à réuni dans un superbe coffret ce film et deux raretés, HISTOIRES DE CANNIBALES et L'ENFER DES ARMES, quasiment introuvables en dehors de la France... Je doute que les gens dont il est question puissent me lire, mais un merci est la moindre des choses, d'autant plus que leurs éditions sont d'une grande qualité.

Dès les premières images, THE BUTTERFLY MURDERS s'annonce comme un pur film de jeune énervé. En effet, Tsui Hark, en 1979, n'a que 28 ans. Il ne sait pas comment il va faire son film, ni même ce qu'on attend de lui. THE BUTTERFLY MURDERS est le résultat étonnant de ces frustrations. Tsui Hark fait dès son premier film preuve d'une inventivité que l'on retrouvera par la suite dans toutes ses oeuvres... Plaçant pour commencer son oeuvre dès le départ dans un univers visuel violent et craspec (par ailleurs renforcé involontairement par la mauvaise qualité de la copie originale... D'aussi bonne qualités soient les éditions d'HK VIDEO, on ne peut pas tout restaurer.) et dans un contexte novateur dans la mesure ou il comporte autant d'éléments historiques avérés que d'éléments relevant limite de la science-fiction. Tsui Hark le dit lui-même, ne sachant pas quoi faire, il s'est laissé aller sur ce film, le résultat est un mélange des genres extravaguant mais cohérent et solide, une relecture radicale du Wu Xia Pian classique ou se mélangent combats de sabre, enquête policière, et scènes d'horreur renvoyant inévitablement aux OISEAUX d'Alfred Hitchcock. Toutefois, Tsui Hark ne se base pas sur le suspense pour faire fonctionner, bien que ce soit très certainement ce qui est attendu de lui, mais signe en réalité une fable subversive ultra-violente dont l'univers visuel particulier à vite fini de faire de THE BUTTERFLY MURDERS un ovni des plus fous. Sans aucune retenue, Tsui Hark balance tout ce qu'il a avec panache dans la gueule du spectateur, que ce soit sa hargne ou ses frustrations ou bien son amour évident du cinéma.

En effet, il faudrait être le roi des bigleus ou le dernier des cons pour ne pas se rendre compte très vite que THE BUTTERFLY MURDERS est avant tout une véritable déclaration d'amour au cinéma, rendant hommage à moult classiques, à commencer par LES OISEAUX, et détournant sans aucun complexe le Wu Xia Pian dans le seul but de le révolutionner et donc, par conséquent, de le renouveler, Hark fout tout ce qu'il a revendre dans cet ovni surréaliste... Il en va de même pour sa colère, par conséquent, THE BUTTERFLY MURDERS s'avère être une oeuvre méchamment subversive dans laquelle tout le monde se prend sa petite baffe. Dénonçant l'hypocrisie et, bien évidemment, la violence de l'être humain, il n'y va pas de main montre pour montrer son propos simple mais virulent. Ultra-violent, THE BUTTERFLY MURDERS l'est assurément, ici pas de bouffons qui se tapent à coups de feuilles mortes et d'écharpes mais de la violence qui claque et pète a la gueule d'un spectateur démuni... A ce titre, si le film fut très bien reçu par la critique hong-kongaise de l'époque, il en demeura un bide commercial, et pour cause! On connait sans doute tous la sensibilité exacerbée du peuple hong-kongais, rien de bien étonnant du coup, à la vision de ce BUTTERFLY MURDERS, à ce qu'il se soit méchamment mangé... Car cette oeuvre n'est ni plus ni moins le premier pas vers la révolution si longtemps voulue par Tsui Hark, jusqu'a ce qu'il finisse par retourner sur sa gueule toute l'industrie du cinéma hong-kongais, notamment avec l'aide de son vieux pote John Woo, et ce n'était qu'un début. HISTOIRES DE CANNIBALES et L'ENFER DES ARMES, les deux oeuvres suivantes du monsieur, vont encore plus loin que THE BUTTERFLY MURDERS, qui n'y va déjà pas avec le dos de la cuillère!

Vous l'aurez compris, THE BUTTERFLY MURDERS est un film subversif et hardcore, mais ce n'est pas la sa seule qualité. Et oui, car avant tout, ce qui est magnifique avec Hark, c'est sa capacité à réinventer perpétuellement le cinéma tout en fournissant des oeuvres particulièrement divertissantes. Cette première oeuvre ne fait pas exception. Si THE BUTTERFLY MURDERS reste une oeuvre étrange et singulière, elle demeure très accessible et surtout très agréable à regarder... On s'en prend plein la gueule pendant 1 heure et demie. Que ce soit au travers de bastons majestueusement chorégraphiées et reposant sur des artifices classes et novateurs, ou d'une enquête policière magnifiquement écrite et narrée, THE BUTTERFLY MURDERS ne cesse de surprendre et de divertir le spectateur. On ne s'y ennuyé jamais une seule seconde, il y a toujours quelque chose pour capter l'attention. L'histoire, construite en "tiroirs" multiplie les enjeux et les mystères, et si le tout peut parfois s'avérer assez confus, en soit peu importe, THE BUTTERFLY MURDERS reste très compréhensible. Pourtant, l'enquête policière du film est assez étrange, et complexe, et n'est pas sans rappeler, comme je le disais, la dernière oeuvre de Tsui Hark, DETECTIVE DEE. Les deux films sont d'ailleurs assez comparables, leurs histoires ont pas mal de points communs, mais surtout, ils partagent le même mélange des genres complètement loufoque... Dee est ici remplacé par Fong Hong-Ye, personnage aux motivations floues mais au large intellect dont il est toujours agréable de suivre les raisonnements et les déductions. Par ailleurs, concernant les personnages, si les interprétations des divers acteurs du film sont honnêtes, elles sont toutefois loin d'être transcendantes, mais les personnages demeurent crédibles et vivants, merci a un scénario bien conçu et très bien écrit qui n'échappe malheureusement pas, par courts instants, aux écueils de longueurs, dont on se serait sans doute bien passés...

Dans tout cela, la mise en scène de Tsui Hark est aussi magistrale que d'ordinaire. Celle-ci se distingue et ce malgré tous les défauts d'images clairement visibles sur la copie et le manque de moyens évidents... Si la narration du film est innovante, ce n'est rien en regard de son visuel, Hark enchaîne les trouvailles qui dégomment et signe des plans absolument sublimes (comme le plan final, sans doute l'un des plus beaux qu'il m'ait été donné de voir). Mais son génie éclate avant tout dans des scènes de baston renversantes, magnifiquement chorégraphiées par ailleurs, dans lesquelles Hark s'amuse, comme à son habitude, à semer le chaos à l'écran. Le résultat : THE BUTTERFLY MURDERS est un film plus ou moins bordélique mais ou tout est lisible et les scènes d'action se suivent sans aucune difficulté. Le film avance d'idées loufoques en idées encore plus loufoques, comme c'est bien souvent le cas chez Tsui Hark, jusqu'au final, qui vous trouera assurément le cul par son nihilisme et les idées visuelles délirantes qui y sont développées...

Dans la catégorie "premiers films de réalisateurs renommés", THE BUTTERFLY MURDERS place la barre très haut. On y ressent déjà la patte de Tsui Hark, qui expérimente, détourne, cherche et le plus souvent trouve des idées complètement délirantes et magnifiques... Le tout a vieilli, bien sur, notamment au niveau de l'image mais cela n'entache jamais le génie visuel du maître, de paire avec un scénario solide... THE BUTTERFLY MURDERS est un film suffisamment novateur et important pour qu'on s'y attarde, d'autant plus que Hark y développe un propos subversif intéressant... Hark prendra d'ailleurs le bide commercial du film comme un échec personnel et ira encore plus loin dans la provocation et la subversion avec les très controversés HISTOIRES DE CANNIBALES et L'ENFER DES ARMES... Mais ceux-là, on y reviendra plus tard. En l'état, THE BUTTERFLY MURDERS reste un excellent film, loin d'être dépourvu de défauts certes, mais pourvu de suffisamment de qualités pour qu'on jette un coup d'oeil attentif. A voir! Zering

DANGEROUS ENCOUNTERS OF THE FIRST KIND aka Di yi lei xing wei xian aka L'Enfer des Armes - Tsui Hark, 1980

Ce film, aussi connu sous le titre de DON'T PLAY WITH FIRE ou plus communément L'ENFER DES ARMES, a été réalisé par notre vietnamien préféré, Tsui Hark, responsable entre autres du délirant KNOCK OFF avec Jean-Claude Van Damme, le mercenaire voyageur dans le temps, belge de surcroît. Hark fait ici preuve d'une grande maîtrise du nihilisme, situant l'action dans un Hong Kong infesté de voyous et d'américains violents. Ça commence sur les chapeaux de roue avec l'insertion d'une aiguille à coudre derrière la tête d'une souris, suivi d'un sauvage assassinat dans une école d'escrime, et ça se termine avec une fusillade particulièrement sanglante dans un cimetière ensoleillé. Le tout réalisé avec une certaine maîtrise que l'agressant pan & scan ne nous laisse pas apprécier à sa juste valeur. Les personnages sont amusants, on n'y trouve honnêtement aucune longueur, et je dois avouer que j'ai apprécié. Chop chop Tsui Hark. Orloff

DETECTIVE DEE AND THE MYSTERY OF THE PHANTOM FLAME aka Di Renjie- Tsui Hark avec Andy Lau, Carina Lau, Bingbing Li, Chao Deng, 2010, Hong Kong/Chine, 122m

En l'an 690, à quelques jours de l'inauguration officielle de la première impératrice de Chine, des officiels chargés de la construction d'une statue de bouddha géante meurent par combustion spontanée. L'impératrice Wu, soupçonnant que l'on complote contre elle, fait appel au seul homme qu'elle croit capable de mener à bien l'enquête, un homme qu'elle a condamné à l'exile il y a huit ans, le détective Dee. Jouissant de pleins pouvoirs, mais ayant la garde personnelle de Wu et ses détectives habituels aux talons, Dee fait face à un mystère aux apparences surnaturelles. L'enquête sera difficile et les dangers nombreux.

Satisfaction véritable devant un Tsui Hark en forme à la tête d'un excellent scénario qui mélange des personnages historiques dans une histoire abracadabrante. La direction artistique et les combats préparés par Sammo Hung sont électrisants et le mélange de prouesses martiales, de cascades avec cables et d'effets digitaux est réussit. On est médusé par les créatures fantastiques, proche du bestiaire de Miyazaki, qui s'avèrent autre. Le rythme est rapide, mais on ne s'y perd point et le montage, parfois trop frénétique chez Hark, est efficace. Les acteurs sont solides et on embarque à fond. Un excellent divertissement à découvrir. Mario Giguère

L'ENFER DES ARMES (directors cut) - Tsui Hark avec des coups, une souris percée qui cherche sa queue, un chat sans parachute, un parapluie, des pétards, un autocar, des (vraies ou fausses ?) photos de presse, de l'orange mécanique, un inspecteur Harry local, un cimetière, quelques cousins de Chuck Norris, une foire-exposition de charcuterie, Hong Kong, 1980

Pour l'enfer des armes, mon réflexe a été de mater le director's cut, avant d'enchaîner les bonus qui démontrent que Hark tient décidément à sa moustache YMCA. Où il est aussi expliqué que le film, même après avoir été retourné à la va-vite sur un gros tiers, reste également admirable - d'ailleurs avec un certain succès bizness - une fois dégagé de son propos sans pitié qui sur le fond posait problème : c'est-à-dire le message directement anarchiste-nihiliste, crédibilisé, esthétiquement valorisé, mais... trop en phase avec l'actualité de jeunes terroristes de Hong Kong en 1980.
(Ai-je tort de faire l'impasse sur le deuxième ?)
Un gros tiers de ce que j'ai aperçu est donc visuellement de qualité VHS, suite à un rafistolage à partir d'une récupe in extremis, et la bande-son me semble aussi avoir été calquée à l'arrache : Zombi de Goblins, Shine on you crazy diamond (?) de Pink Floyd et... Oxygène 4 de Jean-Michel Jarre (... aka Maurice Jarre junior ce qui peut-être explique).
Tout en étant débarrassé de l'humour outrancier de ses dégénérés-freaks de sa précédente Histoire de cannibales (1979), il reste dans la veine no limit et bien rythmée. Surtout, pour un film ping pong, on échappe au kung-fu des petits rats de l'opéra, au quota excessif de cirque Pinder, et d'ailleurs j'ai étonnamment enduré sereinement les habituelles épilepsies des acteurs, ici refreinées.
On sent aussi l'énervement de Tsui Hark, un intelligent qui démolit méthodiquement ses joujoux avec classe : la jeunesse, les vieux, les pauvres, la police, les colons, la truanderie, les filles, etc.

Bref, un fourre-tout moderne et urbain qui mitraille en continu, entre une galerie de tous-tordus même maman, et peu importe les outils : vlin vlan ça fracasse. Bigeyes

L'ÈRE DES VAMPIRES DE TSUI HARK aka Tsui Hark's Vampire Hunters aka The Era of Vampire - Wellson Chin, 2002, Hong Kong

Chine, 19ème siècle, lorsque des zombies boivent du sang, ils deviennent des vampires. Un Moine Taoïste et ses quatre disciples, qui répondent aux noms de Pluie, Éclair, Tonnerre et Vent, sont à la recherche du roi des vampires. On rencontre au passage une famille riche qui embaume ses morts et les conservent sous cire, possible future armée de zombies.

Sur un canevas simple se profile un bon moment de frousse et de plaisir typique des productions de Tsui Hark. Fourmillant d'effets spéciaux latex et digitaux, ces vampires ont des pouvoirs et une agilité remarquable. Oubliez les vampires occidentaux verbomoteurs, on ne parle pas, on se bat, et quels combats, de la voltige fort réussie. Le vampire ne se penche pas sur les cous, il "aspire" le sang de ses victimes à distance ! Les quatre disciples zigotos feront autant les pitres que des prouesses remarquables dans un film au rythme rapide ou l'on ne s'ennuie guère. Mario Giguère

GREEN SNAKE - Tsui Hark avec Joey Wond, Maggie Cheung, Chiu Man-Cheuk, Wu Xing-Guo, 1993, Hong Kong, 98m

Le moine Fahai parcours la région à la recherche de démons qui prennent apparence humaine, comme ce faux sage qui est en fait une araignée. Il condamne l'animal à passer le reste de ses jours sous une pagode, mais va se repentir, reconnaissant la légitimité des bonnes intentions de la créature. Il rencontre par la suite deux serpents qui ont prit apparence humaine et leur fera grâce dans un premier temps. Green (Maggie Cheung), qui a à peine 500 ans et White (Joey Wong), qui a 1000 ans et qui courtisent les hommes dans le but de vivre une vie d'humain en toute simplicité. White jette son dévolu sur un apprenti moine qui tombe éperdument amoureux de la très belle femme, mais sa soeur a toujours de la difficulté à demeurer sous sa forme humaine et encore plus à comprendre les sentiments nobles. Lorsque Fahai les retrouvera sur sa route, il les prendra en chasse, avec des conséquences terribles.

Je vais probablement manquer de mots pour vous expliquer à quel point ce film m'a envouté dès ses premières minutes. Il faut dire que la musique est enivrante et les femmes d'une beauté hypnotisante. Joey Wong nous avait déjà charmé dans "Une histoire de fantômes chinois" et une très jeune Maggie Cheung interprète à merveille la jeune qui a encore et toujours des mouvements sinueux et qui se retrouve mi-femme, mi-serpent. Le pauvre homme qui a marié White est constamment tiraillé entre l'amour de sa bien aimée et les avances incessantes que lui fait sa belle soeur, qu'il a bien des difficultés à repousser. Ajoutez qu'il a une sainte peur des serpents et on voit poindre les problèmes à l'horizon. La mise en scène de Tsui Hark est toute aussi séduisante, sa caméra sinueuse et ses effets, qui restent simples, sont efficaces. La musique participe au tout, on a envie de se laisser entraîner dans la dance qui ouvre le film et les chansons nous restent dans la tête bien longtemps après le visionnement. De plus, il y a derrière ce conte une très belle leçon sur le respect de la vie et la beauté des sentiments humains. L'affrontement entre la religion et ses dogmes en opposition avec la nature et les pulsions animales culminent dans un final à la fois spectaculaire et touchant.

Le dvd de la compagnie Tai Seng n'offre pas un très bon transfert, ce qui est fort dommage, mais ca n'empêche pas de savourer ce bijou de Tsui Hark. Mario Giguère

HISTOIRES DE CANNIBALES aka WE'RE GOING TO EAT YOU - Tsui Hark avec Norman Chu, Eddy Ko et Melvin Wong, 1980, Hong Kong, 92m

Si THE BUTTERFLY MURDERS, le tout premier long-métrage de Tsui Hark, fut un grand succès critique, il en demeura un échec commercial retentissant. Cet échec parait évident à la vision du film en question, ce dernier étant une oeuvre radicale, violente et subversive, détournant sans gêne les codes du Wu Xia Pian pour mieux les renouveler... Hark poussera ce concept encore plus loin avec HISTOIRES DE CANNIBALES, dont le tître original, WE'RE GOING TO EAT YOU, annonce dès le départ la couleur. HISTOIRES DE CANNIBALES est une oeuvre profondément subversive et provocatrice, complètement irrévérencieuse vis-à-vis des codes narratifs des genres que Tsui Hark y exploite (et tant mieux) et, une fois de plus, un échec commercial mais aussi critique retentissant... Oeuvre jugée scandaleuse et de très mauvais goût en son temps, HISTOIRES DE CANNIBALES est pourtant à bien des égards un authentique chef d'oeuvre qui a fini de tailler a Tsui Hark sa place au panthéon, dont c'est pourtant seulement le deuxième film.

Des deuxièmes films aussi couillus, on aimerait sans doute en voir plus souvent! Dénonçant sans détour et sans pitié la société consumériste hong-kongaise au travers de personnages cannibales affamés de chair fraiche (et tous aussi cons les uns que les autres), le propos de Tsui Hark a vite fait de dépasser les frontières de Hong Kong et tape la ou ça fait mal. Rien de bien étonnant dans le fait qu'HISTOIRES DE CANNIBALES ait causé scandale à son époque, Tsui Hark gerbant littéralement dans la gueule de la société qui l'entoure leur propre nature. La métaphore est simple et il faudrait être complètement débile pour ne pas la voir, mais elle a le mérite d'être suffisamment claire pour déranger, Hark montrant, au travers de ces cannibales, une société qui s'entre-déchire et dont les habitants semblent tous prêts à se bouffer entre eux, impossible de ne pas voir dans ce village d'idiots une représentation, peu subtile certes mais efficace, de notre société. HISTOIRES DE CANNIBALES à 30 ans, mais c'est un film qui est d'autant plus intéressant aujourd'hui que son propos est extrêmement actuel en plus d'être profondément véridique. Hark, non content d'être un cinéaste visionnaire dans sa mise en scène l'est également dans son propos politique, RESPECT. Cependant, contrairement aux apparences, HISTOIRES DE CANNIBALES ne puise pas tant sa force dans son propos subversif mais davantage dans sa facette de pur divertissement.

Divertissant, HISTOIRES DE CANNIBALES l'est tout autant qu'il est subversif. Oeuvre survoltée et profondément référentielle, Tsui Hark s'éclate à défragmenter les codes de sa banale histoire de cannibales pour y introduire des éléments de films d'arts martiaux et de comédie. Basant son film sur un nombre réduit de personnages loufoques (et tous complètement à côté de la plaque la plupart du temps), Hark peut se permettre tout et n'importe quoi, notamment un mélange des genres des plus fous, provoquant un effet de surprise permanent. On ne sait jamais quel tour de force narratif Hark va encore nous sortir pour rendre son film encore plus délirant qu'il ne l'est déjà, mais avant tout, HISTOIRES DE CANNIBALES, tout comme THE BUTTERFLY MURDERS, est un manifeste évident de la cinéphilie de Tsui Hark. Il n'y a qu'a voir pour s'en convaincre cette scène de baston finale dantesque ou vient se glisser la musique à la base du thème principal de la mythique série des IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, musique qui illustrait le plus souvent des films mettant en scène Huang Fei-Hung, petit chouchou du cinéma hong-kongais avec lequel Hark à grandi... Une fois de plus, ce dernier enchaine les hommages et impossible de ne pas voir dans cette volonté de détruire les codes pour les révolutionner un amour du cinéma incroyable, un amour qui n'a d'égal que la rage du monsieur. En effet, Tsui Hark signe avec HISTOIRES DE CANNIBALES une deuxième oeuvre enragée ou tout le monde se prend sa baffe dans la gueule : politiciens véreux, villageois affamés... Tous dans le film sont aussi cons et mauvais les uns que les autres, et Hark déverse une fois de plus tout ce qu'il a à revendre sur ce morceau de pellicule bien schtarb, et ce jusqu'au plan final, pris comme une insulte de plus a l'époque mais qui en réalité témoigne surtout de toute l'énergie, l'amour et la rage que Hark y a investi.

Dans cette mesure, HISTOIRES DE CANNIBALES est une oeuvre viscérale ou les choses ne semblent jamais s'arrêter. Hark livre une fois de plus une "intrigue à tiroirs", dans la mesure ou chaque péripétie ouvre le chemin à une autre, toutes par ailleurs plus délirantes que les autres et s'enchainant avec un rythme survolté. Dans ce rythme se mêlent de (très) nombreuses scènes de bastons superbement chorégraphiées par un Corey Yuen en folie. Très gores et très funs, ces bastons sont une fois de plus la preuve du génie et de l'inventivité de Tsui Hark, qui fait ici preuve d'une maitrise formelle qui n'a d'égale que la folie de l'entreprise, le maître sème le chaos dans chaque scène de combat sans pour autant que le tout soit désagréable à suivre, au contraire, HISTOIRES DE CANNIBALES absorbe dès les premières minutes son spectateur dans la folie, l'absurdité et le comique profondément slapstick de la moindre de ses scènes de baston... Au milieu de tout ce bordel, Hark et Szeto ne font pas l'erreur, pourtant récurrente dans le genre, d'oublier leurs personnages. Bien conscient qu'ils sont les piliers du film, ces deux fous donnent a ces derniers des personnalités excentriques mais passionnantes et surtout très amusantes, et glissent dans leur récit des personnages secondaires à mourir de rire (L'énorme, à tous les sens du terme, Vietnam Rose...), ayant tous quelque chose à apporter au film et l'amenant petit à petit vers un final REN-VER-SANT ou tous les enjeux du film se regroupent et donnent lieu a une des scènes de baston les plus dingues et spectaculaires vues sur un écran.

HISTOIRES DE CANNIBALES bénéficie bien évidemment de la mise en scène magistrale de Tsui Hark, très inspirée, c'est une évidence, mais qui s'avère plus sobre (enfin, dans une certaine mesure) que d'ordinaire. Cela n'empêche pas à la mise en scène d'HISTOIRES DE CANNIBALES de lui donner une énergie et une pêche incroyable, et une fluidité tout simplement exceptionnelle. Qui plus est, HISTOIRES DE CANNIBALES comporte, comme n'importe quel film de Tsui Hark qui se respecte (autrement dit, tous.) des idées visuelles absolument incroyables, en témoigne ce plan final, bien connu, du coeur qui bat donné à la caméra. Génial, et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, Hark se livrant à des délires visuels gores, assez rares en regard de la réputation du film, mais tous très classes et très drôles... Hark parvient à trouver l'équilibre délicat entre bon et mauvais goût et ne tombe jamais dans le ridicule involontaire, un exploit prodigieux en regard du genre exploité par HISTOIRES DE CANNIBALES et de la façon dont il l'aborde!

Jugé horrible et irregardable par la critique hong-kongaise en 1980, HISTOIRES DE CANNIBALES est pourtant à bien des égards un très grand film, une oeuvre divertissante et comique mais qui présente un propos subversif clair, concis, mais efficace et dérangeant. Dans cette mesure, il serait bien dommage de passer à côté de ce chef d'oeuvre intergalactique, brillant et savant mélange de film d'horreur, de kung-fu et de comédie... Contre toute attente, et bien qu'HISTOIRES DE CANNIBALES soit un divertissement de très grande qualité, il se mangera méchamment la gueule dans les salles, tout comme THE BUTTERFLY MURDERS, et n'y restera que quelques jours. Échec commercial auréolé d'un échec critique, HISTOIRES DE CANNIBALES marquera un tournant pour Tsui Hark, qui se lancera alors dans un projet encore plus radical : L'ENFER DES ARMES. Échec ou pas, en soit peu importe, passer à côté d'HISTOIRES DE CANNIBALES c'est passer à côté d'un grand film. Un indispensable donc. Zering

  Ou l'on suit les mésaventures de l'agent 999 qui arrive sur une petite île à la poursuite d'un voleur surnommé Rolex. Le hic, et ni l'agent, ni Rolex ne s'en rendent compte rapidement, c'est que les habitants de l'île ont prit l'habitude de trouver leur viande en faisant cuire leur visiteurs. Les cannibales, qui portent des masques de démon pour chasser leurs proies, sont les villageois à l'allure banale, ou presque, à première vue. Il faut se méfier, entre autre de cette très grande femme qui est un travesti en manque d'amour, porteuse de syphilis, par exemple...

Quelle surprise que ce titre inconnu qui s'avère une comédie d'horreur, de cannibales pas très sérieux tourné par un jeune Tsui Hark. Étonnement d'entendre le thème musical de Suspiria, Witch, revenir fréquemment, parce que semble-t-il que Hark n'avait pas de budget pour la trame sonore, belle excuse. On est en pleine bouffonnerie, franche pantalonnade pas désagréable du tout, énergétique, pleine de kung fu et d'action comme Hark en est friand, et nous aussi. Tourné en pleine gloire du sous-genre affamé, qu'on pense à Cannibal Apocalypse, Eaten Alive, Anthropophagus ou Cannibal Holocaust, tous tournés la même année, et le contraste est étonnant. Le mélange des genres étant plus courant à Hong Kong qu'ailleurs, on est tout de même rapidement conquis par cette farce joyeuse ou on a de la difficulté à imaginer que nos vedettes pourraient réellement finir dans la marmite. On n'est pas loin de chanter le succès de Sacha Distel, Monsieur Cannibale, en terminant cette découverte rigolote. Mario Giguère

La LEGENDE DE ZU aka THE LEGEND OF ZU aka ZU WARRIORS - Tsui Hark, 2001, Hong Kong 

Dans un univers fantasmagorique, un démon souterrain s'apprête à détruire le monde équilibré de Zu. S'en suit une bataille entre magiciens centenaires, démons millénaires et être humains frêles et fragiles. Comme à son habitude, Hark livre un film chaotique qui n'offre guère de ligne conductrice à son récit et préfère livrer une accumulation de scènes hautes en couleur, pleines de kung fu sautillant, de sorciers volants, d'armes magiques, de sabres flamboyants, de décors colorés et d'explosions par dizaines. A tel point que LA LEGENDE DE ZU semble être le fruit d'un caprice de gamin en mal de jouet bruyant (et pourtant) qui a voulu coller dans son métrage tout ce qui lui passait par la tête. L'avantage, c'est que le spectateur en prend plein les mirettes du début à la fin, les images défilent à un rythme stroboscopique, les combats s'enchaînent rapidement dans une certaine confusion et les protagonistes se croisent et changent de corps ou d'apparences ce qui n'aide en rien à la compréhension de l'ensemble. Mais il y a un gros désavantage. Si le premier ZU était un désire de Hark d'exploiter à fond le créneau effets spéciaux, il en va bien évidemment de même pour cette séquelle, à la différence qu'il s'agit ici d'effets numériques pour la grande majorité. Résultat, le charme et la poésie du premier opus se voient balayer d'un grand coup de calculs binaires pour laisser la place à une froideur baveuse qui parvient même à perdre en crédibilité par rapport à son modèle. La raison est probablement due à un trop plein de travail, étant donné que pas un seul plan ne s'est pas vu retravaillé à la palette graphique. Du coup, les finitions ne sont pas soignées et certains éléments sont carrément hideux à l'écran, comme le démon de sang ou les épées magiques qui sont maladroitement incrustés à l'image et par conséquent nuisent fatalement au film. On en vient même à se rappeler le douloureux STORMRIDERS. Au final, LA LEGENDE DE ZU tient plus de la boursouflure toute moche et fatigante qu'au déluge de féerie visuelle recherché malgré quelques bonnes idées disséminées ici et là. Kerozene

The LOVERS - Tsui Hark avec Charlie Yeung et Nicky Wu, 1995,  Hong Kong, 107m

Si Tsui Hark a signé plusieurs chefs d'oeuvres reconnus dans le cinéma d'action, ses films plus cools, comme ce THE LOVERS, sont par contre très peu connus. C'est bien dommage, car si ça ne plaira pas à tout le monde (comme n'importe quel film de Tsui Hark ceci dit), c'est un film de très grande qualité, voire même, je me risque à le dire, une petite perle véritablement oubliée. Pour preuve, le film n'est disponible en DVD nulle part, si ce n'est en France et dans quelques autres pays... Pourtant, THE LOVERS se range à mon sens sans grand mal parmi les plus grands films de Tsui Hark. Certes c'est une oeuvre bien moins folle et bien moins vertigineuse du point de vue de la mise en scène que des films tels que TIME AND TIDE et THE BLADE, THE LOVERS en demeure une réussite artistique mais est surtout un film très touchant... Pourtant, moi et les histoires d'amour au cinéma, en général, c'est jamais bon, ici j'ai été emballé par cet objet cinématographique insolite dans lequel se côtoient sans soucis (au contraire) des scènes comiques très funs et d'autres bien plus sérieuses, réalistes et dures, renvoyant directement au nihilisme de la filmographie de Tsui Hark, dont le génie ici est davantage la manière dont il joue avec les codes des genres que sa mise en scène de fou furieux, et rassurez-vous elle est présente ici aussi, comme le montre ce final dantesque, presque apocalyptique et particulièrement touchant ou tout le potentiel portnawakesque de Hark explose en 10 minutes, précédées d'1h30 de construction exceptionnelles pour une fois pas entachées par l'ambition infinie du réalisateur... THE LOVERS est donc un film exceptionnel, que certains détesteront et d'autres adoreront : moi vous savez ou je me range... Et je vous invite à découvrir cette perle, franchement, ça vaut le coup de tenter l'expérience. Zering

MAD MISSION 3 aka MAD MISSION 3: OUR MAN FROM BOND STREET aka ACES GO PLACES III - Tsui Hark, 1984, Hong Kong   

Sam (Sam Hui) est un voleur talentueux et imaginatif. Mais il est aussi bouffon et maladroit et a le don pour s'attirer les ennuis. Le film commence d'ailleurs sur la Tour Eiffel, où Sam tente tant bien que mal de fuir une bande d'agresseurs patibulaires (dont Richard Kiel). Après avoir sauté de l'édifice, un parachute à la main, il plonge dans la Seine avant de se faire happer par un sous-marin en forme de requin à la mâchoire mécanique. A bord, il fait la connaissance de James Bond (Neil Connery, le frère de l'autre) qui lui présente la Reine d'Angleterre en personne (Huguette Funfrock, qui tenait le même rôle dans BON BAISER DE HONG-KONG aux côtés des Charlots). Au nom de la couronne, ils chargent le bon Sam de mettre ses talents aux services de la Grande-Bretagne et de mettre la main sur une pierre précieuse contenue dans un coffre d'une banque de Hong-Kong...

Voila la trame de base du troisième volet des aventures rocambolesques du cambrioleur au grand cœur King Kong - pour l'occasion rebaptisé Sam (ou même Sam Hong Kong selon imdb). Et comme il est désormais de coutume, l'action la plus loufoque est fusionnée avec un humour lourdingue en partie alimenté avec les éléments parodiques tirés de la saga James Bond et l'apparition opportuniste de Peter Graves pour un rôle évidemment autoparodique. La grosse différence d'avec les précédents volets est peut-être l'impasse faite sur les cascades motorisées. Mais on se rattrape par une multitude de moyens de locomotion aussi improbables que le sous-marin requin, les jet-packs, le modules volants se transformant en sous-marin, et tout en se déplaçant sur terre, dans les airs ou en mère, Sam doit faire face à une horde de bad-guys dont certains semblent sortir tout droit d'un ersatz ritale de MAD MAX! Le tout sous la houlette de Tsui Hark pourrait faire rêver, mais le résultat n'est pas tout à fait à la hauteur. MAD MISSION 3 tourne en rond et fini par lasser malgré son évidente volonté d'en faire trop. La faute en incombe probablement aux différends qui émanèrent de la relation entre le réalisateur fou et ses producteurs et qui débouchèrent sur la désertion du réalisateur de THE BLADE avant la fin du tournage. Dommage. Kerozene

PEKING OPERA BLUES - Tsui Hark avec Brigitte Lin, Cherie Chung, Sally Yeh, Mark Cheng, Kwok Keung Cheung et Kenneth Tsang, 1986, Hong Kong, 105m

En 1913, la fille d'un seigneur de guerre (Brigitte Lin) rejoint un mouvement de libération clandestin et rencontre une chanteuse cupide (Cherie Chung).

On assimile bien souvent Tsui Hark a des oeuvres violentes et nihilistes comme THE BLADE ou L'ENFER DES ARMES. Toutefois, c'est un cinéaste a la carrière bien plus variée qu'elle n'y parait puisqu'au milieu de ces oeuvres violentes se tiennent d'autres, en contraste total avec ces dernières. C'est notamment le cas de PEKING OPERA BLUES, film on ne peut plus déconcertant, même dans la carrière d'un cinéaste comme Tsui Hark, puisque ce dernier s'amuse (et prend son pied, à la vision du film cela en devient évident) à mélanger les genres sans aucun complexe ou retenue... PEKING OPERA BLUES est une comédie mélangeant élément du film d'espionnage, d'arts martiaux, mais aussi d'importants hommages à tout un pan de la culture populaire chinoise, à commencer par l'opéra de Pékin, comme son titre l'indique... Mais la ou PEKING OPERA BLUES s'avère être une oeuvre véritablement exceptionnelle, c'est que tout ce pot pourri narratif fonctionne à merveille et ce, en permanence, mais en plus, Tsui Hark fait preuve d'une inventivité sans égal en détournant sans aucune limite les règles inhérentes a son genre et son sujet.

En effet, si PEKING OPERA BLUES est une oeuvre profondément comique, c'est indéniable, c'est également une oeuvre qui s'avère surprenante dans la mesure ou en réalité elle ne tranche pas radicalement avec les films antérieurs de Tsui Hark... En effet, elle demeure une oeuvre ultra-violente qui ne lésine pas sur l'hémoglobine, ou ça se bastonne sans arrêt et sans aucune pitié (à ce titre, les chorégraphies de Ching Siu-Tung sont aussi fluides qu'elles sont brutales) mais qui ne manque pas de moments hilarants et de situations cocasses... Jouant avec sa narration dans le seul but de créer les situations les plus drôles possibles, Hark n'oublie cependant pas de rester fidèle à la grande force de son film : la façon dont il mélange des genres qui pourraient sembler radicalement opposés... Ainsi, dans la logique interne a PEKING OPERA BLUES, il n'est guère surprenant de trouver une scène profondément dramatique au milieu d'une autre profondément comique. Tsui Hark l'a compris, le seul moyen de faire marcher tout cela, c'est en dressant de manière précise le portrait de plusieurs personnages, tous aussi loufoques qu'ils sont différents, afin de jouer par la suite avec leurs personnalités et états d'âmes. De cette façon, Hark peut se permettre très facilement de jouer avec des registres très différents, chaque personnage ayant des enjeux dramatiques (ou comiques, c'est selon) qui lui sont propres. Les personnages sont indéniablement la grande qualité de ce PEKING OPERA BLUES, et tous ont droit a leur heure de gloire, aucun n'étant laissé en retrait, ce qui au vu du nombre de personnages dans le film, est un véritable exploit.

L'exploit narratif se poursuit lorsqu'une première partie hilarante laisse place à une deuxième partie qui recentre de manière explicite les enjeux les plus dramatiques du film... Ainsi la cocasse histoire d'espionnage de la première partie laisse place a une deuxième partie bien plus violente et tendue, ou la vengeance tient une place évidente. Qui plus est, dans tout ce mélange de genre, Hark détourne avec brio tous les codes inhérents a l'opéra de Pékin, -suffisamment explicités dans le film pour être compris par un public occidental-, au travers d'un tour de force narratif dont je tairai les détails, bien trop ingénieux et drôles pour que je les dévoile ici sans aucune finesse... La narration, c'est sans doute une des plus grandes qualités de PEKING OPERA BLUES, le screenplay de Raymond To multipliant les personnages et les enjeux pour mieux les faire converger vers un point précis. Le film, brillamment construit en crescendo, fait preuve d'un rythme non-stop absolument incroyable. De temps morts, PEKING OPERA BLUES est absolument exempt, tout s'enchaine avec une fluidité qui inspire et à laquelle la mise en scène fait énormément honneur. En effet, à la vision du film, il est évident que peu de metteurs en scène auraient pu réaliser PEKING OPERA BLUES, Tsui Hark s'avère être un choix on ne peut plus judicieux dans la mesure ou sa gestion de l'espace et du temps hors du commun lui permettent de donner vie a des moments de bravoure cinématographique relevant purement et simplement du jamais vu, c'est notamment le cas de la deuxième scène "d'opéra" ou les enjeux se multiplient en même temps que les genres présents dans la même scène... Le tout s'avère tellement fou mais aussi tellement maîtrisé que cela inspire forcément le respect. Tsui Hark perd littéralement le spectateur dans tout ce florilège de genres et de situations dingues mais ce dernier ne perd jamais ses marques. Une fois de plus, le chaos propre a Tsui Hark s'avère tout aussi renversant et fou qu'il est organisé et minutieusement pensé (je vais devoir arrêter de chroniquer des Tsui Hark, j'ai vraiment l'impression de radoter.).

Dans tout ça, on retrouve un trio d'actrices tout bonnement exceptionnel, donnant vie a des personnages pas nécessairement faciles à interpréter de façon toujours différentes et inventives, le trio Lin - Yeh - Chung participe activement à la réussite qu'est PEKING OPERA BLUES, donnant une intensité dramatique ou comique, encore une fois c'est selon, aux scènes qu'elles animent. Toutefois, la palme revient très clairement à Kenneth Tsang, excellent acteur bien trop souvent relégué a l'arrière plan, qui ici livre le portrait magnifique d'un personnage bourru et touchant, le bonhomme vole la vedette a chaque apparition et fait preuve d'un charisme pour le moins insolite. Tsang trouve ici l'un de ses meilleurs rôles, voire, tout simplement, son meilleur... A tout ce beau monde se rajoutent des seconds couteaux tous aussi talentueux les uns que les autres qui donnent vie a l'univers déjanté de ce PEKING OPERA BLUES pour le moins exceptionnel.

Vous l'aurez compris, PEKING OPERA BLUES est un grand film... Mais, car il y a un mais, c'est un grand film qui demeure difficilement trouvable. Il n'y a pas d'édition disponible en France et le film n'existe sans doute qu'en VO sous-titrée anglais, disponible sur le Blu-Ray chinois (qu'il est possible "d'acquérir" sur le net.). Mais ce PEKING OPERA BLUES vaut la peine et l'effort. En effet, il s'agit d'une des meilleures oeuvres de Tsui Hark, tour à tour drôle, émouvant, ahurissant, violent... Une alchimie des genres et des registres absolument incroyable, qui, si vous avez la chance, vous laissera a coup sur un souvenir indélébile et vous marquera a vie la rétine. Un chef d'oeuvre, tout simplement. Zering

PIEGE A HONG-KONG aka KNOCK OFF aka COUP DUR (titre Québécois) - Tsui Hark, 1998, Hong Kong/États Unis
   
Après un plutôt mauvais DOUBLE TEAM, Tsui Hark réembauche Van Damme histoire de se passer les nerfs et le colle dans la peau de Marcus Ray, beauf frimeur bossant à Hong Kong dans le prêt-à-porter. Marcus Ray a beau être un peu simple, il se la pète en Porsche cabrio, il chante comme une casserole bulgare sur de la pop locale, il matte les petits culs des filles tel le gros lourd de base et tout ceci en compagnie de son ami et associé Tommy Hendricks dont le QI ne semble pas compenser celui de son poto. Mais nos deux compères se retrouvent dans la mouise jusqu'au cou lorsqu'ils découvrent qu'ils ont eut à faire un peu malgré eux à des faussaires amateurs de terrorisme international. Tsui Hark ne perd pas de temps et après avoir pris trois minutes douze pour faire les présentations, il plonge nos protagonistes benêts dans une avalanche d'action qui ne prendra fin qu'avec le générique de clôture. Au programme: course de pousse-pousse suicidaire avec descentes d'escaliers et slalom entre voitures lancées à toute allure, baston homérique à un contre cent avec chaîne enroulée autour de l'avant-bras, femme fatale allumeuse et manieuse de menottes en acier qui font gling gling, explosions d'un monument local, course poursuite sur le toit d'un fourgon rempli d'explosif avec fuite en cerf-volant improvisée (en tandem avec Michael Wong en flic local) et final haletant sur un porte container flottant où les containers menacent d'éclater tout le monde comme des crêpes suzettes en glissant telles les pièces d'un tetris gargantuesque, et j'en passe...

Tout cela est essoufflant et infiniment divertissant, et ce malgré les nombreuses bourdes dues à un montage parfois épileptique (et donc propre à Tsui Hark), à des cadrages approximatifs et à des effets spéciaux souvent très très laids. On sent le film torché à la va-vite, sorte de préliminaire pour Tsui Hark avant d'attaquer son futur chef d'oeuvre: TIME AND TIDE. Cela se ressent particulièrement lors de la scène finale où Van Damme et les méchants sautillent comme des puces afin d'éviter les containers blagueurs, comme s'il s'agissait d'un échauffement pour la scène de la descente en rappel d'immeubles dans TIME AND TIDE. PIEGE A HONG-KONG est peut-être un peu con, mais qu'est-ce qu'il défoule! Kerozene

ROBOFORCE aka I LOVE MARIA - David Chung, 1988, Hong Kong 

Suite à la claque ROBOCOP, Hong Kong produit son film de robot bourrin, avec tout ce qui fait la particularité du cinéma local: gunfight tonitruants, action ultra rapide, honneur à tous prix, cascades douloureuses et figurants virevoltants dans les airs (le tout orchestré par Ching Siu-tung), mais aussi un humour parfois lourdingue frôlant presque les pâquerettes. Mais on a vu pire et ROBOFORCE n'en demeure pas moins une bonne série B bien destroy.

Ici, le gang des "Sauveurs du monde" cambriole des banques par l'intermédiaire de Pioneer 1, un robot style Transformer qui balance bastos, roquettes et divers autres gadgets complètement fous. Résultat: gros dégâts, beaucoup de bruits et une police dans les choux. Comme si cela ne leurs suffisait pas, les Sauveurs du monde concoctent un robot humanoïde à l'image de la maîtresse de leur chef: Maria. Mais suite à une rencontre inopportune entre la Maria-robotisée, un savant naïf et l'ancien amant alcoolique de Maria-l'humaine (incarné par Tsui Hark), rien ne va plus se dérouler comme les méchants l'avaient prévu.

Cet hommage évident à METROPOLIS inspiré du chef-d'oeuvre de Paul Verhoeven déménage grâce à ses robots hyper violents capables de voler dans les airs, propulser leurs poings et détruire des murs d'une simple pression de leur petit doigt. Ajoutez à cela un design impeccable, en particulier pour Pioneer 1 et ses abondants fumigènes lui donnant un air de raffinerie ambulante, et vous avez carrément l'un des meilleurs films de robots. Kerozene

SEVEN SWORDS aka Chat gim - Tsui Hark avec Donnie Yen, Leon Lai, Charlei Yeung, 2005,  Hong Kong

Chine, 17ème siècle. L'empereur émet un décret qui interdit la pratique des arts martiaux. Une véritable armée de mercenaires sous le commandement du général Fire-Wind décapite des villages entiers pour récolter la récompense promise pour chaque tête, n'hésitant pas à inclure femmes et enfants. Fu, ancien tortionnaire repenti décidera de protéger le village qui l'a accueilli en appelant les sept lames mythiques, maniées par 5 maîtres en armes et deux des villageois.

Film à grand déploiement pour un Tsui Hark qui a retrouvé une grande partie de sa poésie guerrière. Avec des costumes et décors aux tons presque monochromes et des combats épiques qui font appel aux artifices du genre, Seven Swords livre la marchandise. Entre les morceaux de bravoure, il y a peut-être trop de mélodrames sous forme d'amours naissants à mon goût et la sous-intrigue du traître s'étire trop longtemps, mais on retient les formidables combats, particulièrement Donnie Yen et Leon Lai dans un étroit couloir de pierre. Une version Tsui Hark des sept mercenaires qu'il fait bon voir. Mario Giguère

SWORDSMAN 2 aka Xiao ao jiang hu zhi dong fang bu bai - Siu-Tung Ching avec Jet Li, Brigitte Lin, Michelle Reis, 1991, Hong Kong, 110m

Difficile à résumer, mais grosso modo, Li et ses compagnons se dirigent joyeusement vers le sanctuaire ou ils délaisseront leurs armes pour trouver l'harmonie. Comme de raison, ils seront mêlés à une guerre de clans et lutteront contre l'invincible Asia, la superbe Brigitte Lin, un chef qui devient progressivement une femme, pour augmenter ses pouvoirs magiques.

Produit par Tsui Hark, au rythme effréné et à l'action omniprésente, le film est un feu roulant de cascades, d'explosions, de sortilèges plus extravagants les uns que les autres. Jet Li y est époustouflant, la réalisation vive et la caméra bouge et suis les ballets aériens. Tour simplement superbe ! Mario Giguère

Tous ceux que le cinéma de Hong kong rebute, que les joutes aériennes flamboyantes toutes plus spectaculaires et inventives les unes que les autres dérangent, ceux qui n'ont pas aimé le mythique "A Chinese Ghost Story", alors passez votre chemin... Swordsman 2 n'est assurément pas pour vous.

Pour les autres, sachez qu'après avoir affronté le maître de leur école à la fin du premier opus, Ling , Kiddo et les autres disciples de Blue Mountain décident de se retirer du monde des arts martiaux pour vivre en reclus, chacun de leur côté. Seulement, ils se retrouvent au milieu d'un conflit opposant la princesse Ying et les autres membres du clan des Highlanders (des chinois de mèche avec les japonais) à une faction dissidente menée par l'oncle de Ying, Asia l'Invincible. ....

Certes, il se ressemble tous ces Chinois, alors les personnages...  on a souvent du mal à s'y retrouver ! mais alors, quelle beauté. La violence côtoie la subtilité, l'immense talent martial de Jet Li peut s'exprimer librement au cours des multiples affrontements du film, principalement câblés mais qui font tout de même régulièrement appel à de magnifiques techniques au sol. Ching Siu-Tung filme ces joutes (souvent nocturnes et bleutées) avec aisance et efficacité, alternant comme à son habitude plans d'ensemble et détails de combat d'approche. On est pas loin de retrouver ici l'essence des plus beaux films du genre. Jouissif ! Marc Evil

TIME AND TIDE aka Contre Courant- Tsui Hark avec Nicholas Tse, Wu Bai, Candy Lo, Cathy Tsui et Anthony Wong. Chine,  2000, 113m

Tyler (Nicholas Tse) est barman dans un bar, il y rencontre une undercover cop. Après une nuit de saoulerie, il se réveille à coté d’elle. Folle de rage, elle quitte l’appartement, elle est lesbienne ! Pour se ramasser le plus d’argent possible pour aller vivre au Brésil, Tyler trouve du travail dans l’organisation d’Uncle Ji (Anthony Wong) qui offre des services de bodyguard. Près de 9 mois plus tard, Tyler retrouve la policière qui est maintenant très enceinte de lui. Malgré qu’elle refuse qu’il lui vienne en aide, Tyler lui glisse des sommes d’argents en dessous de sa porte. Pendant ce temps au Bril, Jack (un mercenaire qui veut se ranger et qui sera bientôt père) se voit confier la mission de voler une somme d’argent qui appartient à un baron de la drogue que la troupe d’uncle Ji doit protéger. Les destins de Tyler et de Jack se rencontreront ...

Après quelques films américains mineurs (KNOCK OFF et DOUBLE TEAM), Tsui Hark fait un retour en force à Hongkong avec un film beaucoup plus ambitieux. Son TIME AND TIDE est un film de Yakusa très stylisé qui combine un peu le style de Wong Kar-Wai et le sien. Il est difficile de renouveler un genre comme celui-là qui a été fait et refait, mais Tsui Hark y réussi parfaitement grâce à une mise en scène complètement éclatée (les plans ne durent que 2 secondes en moyenne !) et avec un scénario beaucoup plus adulte. Les scènes d’actions sont longues et l’une d’entre elles rappelle le jeu vidéo RAINBOW SIX, les amateurs apprécieront beaucoup. La scène la plus démente la dedans est celle où une femme qui accouche, pointe d’un revolver l’entrée d’une porte (entre 2 poussées) parce qu’elle est poursuivit par un gars qui veut la tuer ! TIME AND TIDE est un film d’une très grande maîtrise que je ne peux que vous recommander. Black Knight

Tsui Hark est un paradoxe. En effet, son plus grand défaut est son ambition sans limite. Il conçoit ses films pour faire 3 heures (2h30 dans le cas de ce TIME AND TIDE) et finit par les couper d'1h30 au montage... Pourtant, c'est en même temps une de ses plus grandes qualités. En effet, Tsui Hark parvient à faire de ses déboires de véritables exploits cinématographiques, organisant le bordel que sont le moindre de ses films pour quand même parvenir à faire une tuerie : la narration est souvent bancale certes, voire brouillon, mais celle-ci, couplée à une mise en scène complètement dingue, donne lieu a un chaos cinématographique incroyable que seul Hark est capable de fournir. TIME AND TIDE ne fait pas exception à la règle : l'histoire est solide et le sujet très intéressant, mais il semble manquer des éléments et d'autres semblent difficilement compréhensibles... Pas grave, ce n'est qu'un défaut moindre à ce qui est probablement l'un des plus beaux objets cinématographiques que le cinéma chinois nous ait livré ces dix dernières années, et puis comme je le disais cela participe directement a instaurer le chaos qui obsède Tsui Hark dans la moindre de ses oeuvres et qu'il met en place au travers d'une mise en scène qui relève a chaque instant du jamais vu... Maniériste au possible, Tsui Hark en fait des tonnes mais fait preuve d'une inventivité rarement égalée donnant a son film une fluidité et une grâce que la narration bancale ne vient jamais entacher. Les gunfights, modérés en gunshots, sont parmi les plus brillants jamais réalisés, or, ils occupent toute la deuxième partie, composés de gunfights tout aussi complexes qu'ils sont jouissifs, s'étendant sur plusieurs lieux et plusieurs personnages en même temps et perdent le spectateur dans des fusillades nerveuses, frénétiques et chaotiques qui ne semblent jamais s'arrêter : tant mieux, d'autant plus que Tsui Hark mélangent en un seul film un bon paquet de choses : du drame comique qui occupe la première partie du film, on passe de fusillades incroyables ponctués de moments de suspense a toute épreuve, dans lesquels Hark ne perd jamais de vue ses personnages et leurs relations. Tous sont d'ailleurs très bien interprétés, et Anthony Wong vole la vedette à chaque apparition. En somme, TIME AND TIDE me parait clairement mériter sa place parmi les chefs d'oeuvres du maître, et si le tout est clairement moins fou que ses oeuvres de sa première période hong-kongaise... Qu'est-ce qu'on en a foutre? On n'aura pas des films comme TIME AND TIDE tous les jours. Zering

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