COLLECTOR LUC MERENDA CHEZ MONSTER BIS
MONSTER BIS sort un numéro collector consacré à Luc Merenda qui se livre longuement dans un entretien exclusif...                 lire

mise à jour le 15 juin 2016

1 A B C D E F G H I J L M N O P Q R S T U V W Y Z

MAIGRET TEND UN PIÈGE aka Maigret Sets a Trap aka Il Commisario Maigret 0 Jean Delannoy avec Jean Gabin, Annie Girardot, Jean Desailly, Olivier Hussenot, Lucienne Bogaert, Gérard Séty, Lino Ventura, Alfred Adam, Jeanne Boitel, Nadine Basile, Paulette Dubost, 1958, France/Italie, 114m

Le quartier de la place des Vosges à Paris est en proie à la terreur: un mystérieux tueur en série tue à coups de couteaux des femmes seules en pleine nuit. Ayant reçu des lettres anonymes de l'assassin pour le provoquer, le commissaire Maigret, chargé de l'enquête, décide de lui tendre un piège. Il fait arrêter un faux coupable consentant à jouer le jeu, ce qui devrait forcer le vrai tueur à agir. Plusieurs femmes auxiliaires de police circulent dans le quartier la nuit suivante pour appâter d'ailleurs le meurtrier. L'une d'elles est attaquée par celui-ci, mais elle se défend et donne l'alerte. L'assassin semble bien connaître le quartier car il échappe aux policiers le poursuivant. Toutefois, sur le lieu de la reconstitution du précédent crime, l'inspecteur Lagrume prend en filature une jeune bourgeoise, Yvonne Maurin, dont l'attitude paraissait suspecte. Maigret est mis au courant et lui rend visite chez elle où il rencontre son mari, Marcel Maurin, architecte-décorateur. Maigret apprend que non seulement Yvonne a commencé à tromper son mari la nuit du premier meurtre, mais aussi que la mère de Marcel habite le pâté de maison où l'assassin a réussi à échapper aux forces policières. Sûr de connaître l'identité du tueur en série, Maigret fait venir Marcel Maurin au commissariat et le confronte pour lui faire avouer ses crimes, mais un autre meurtre est commis au même moment. Maigret se serait-il trompé?

Ce film policier tiré d'un roman de Georges Simenon, figure parmi les premiers à raconter les exploits d'un tueur en série en France. Il faut souligner aussi que les scènes de meurtres sont filmées pareillement à celles figurant dans les futurs giallos italiens, et il y a donc fort à parier que ce polar figure parmi les inspirations des grands maîtres transalpins du genre. Ces scènes ne sont pas les seuls points communs avec le giallo, car l'enquête menée par Maigret, incarné avec conviction par Jean Gabin, se base sur des données psychologiques plutôt que sur des indices purement traditionnels. Pour toutes ces raisons, ce film mérite largement d'être vu. Il faut mentionner l'apport de Michel Audiard aux dialogues, où il démontre son talent à l'intérieur d'un sujet sérieux plutôt que dans le pastiche. Le métrage atteint son point culminant dans la dernière demi-heure, qui retient particulièrement notre attention alors que Maigret cherche à obtenir les aveux de son suspect no. 1, merveilleusement incarné par Jean Desailly, en plus de confronter son épouse et sa mère. Le quartier de la plage des Vosges est aussi bien rendu géographiquement sur la pellicule, que ce soit en studio où en extérieurs. Un suspense policier de grand crû donc, que je vous recommande fortement, même s'il ne soutient pas la comparaison avec le grand classique M LE MAUDIT. Annie Girardot, alors jeune, nous montre déjà son talent et soulignons la présence de Lino Ventura dans un petit rôle. Mathieu Lemée

La MAIN DU DIABLE - Maurice Tourneur, 1943 

Vieux film fantastique français tourné sous l'occupation par Maurice Tourneur, dont le fils, Jacques Tourneur, fit les délices de la RKO avec Cat People/la Feline quelques années plus tard.

Un jeune peintre sans talent se fait refourguer un soir par un cuistot italien un talisman constitué d'une main qui, une fois en sa possession, donne à sa propre main des talents extraordinaires. Notre jeune peintre un peu emmeché lui achète pour un sou. Et voila que tout lui sourit : gloire, meuf, pèze, etc.

Mais voila que le diable personnalisé par un petit homme habillé tout en noir vient le voir et lui indique qu'en contre-partie, il aura son âme quand il sera mort. Le jeune peintre décide de lui rendre le talisman mais le diable refuse, sauf contre tout son argent. Il n'arrive pas à réunit tout l'argent et même perd tout au casino car au bout d'un certain temps, la main se dérègle. Il en vient à rencontrer dans une scène assez hallucinante des anciens possesseurs de cette main qui ont tous fini dans le caniveau après avoir tout eu. Il apprendra que cette main vient d'un moine à qui le diable à voler la main. Il va donc falloir rendre au cadavre du moine la main, ce qu'il fera mais au péril de sa vie.

Film bien dans le ton des productions d'alors, avec le jeu et les voix des acteurs de l'époque. Mais très bon film avec des effets spéciaux à l'ancienne (comme la main qui bouge dans toute seule dans sa boîte). Une rareté dans les productions d'alors, car je ne pense pas que les nazis aimaient trop le fantastique.

A conseiller, surtout pour la scène où les anciens possesseurs de la main se retrouvent ! Effix

MAIS NE NOUS DELIVREZ PAS DU MAL aka DON'T DELIVER US FROM EVIL - Joël Séria, 1971, France  

Anne est fille de châtelain, elle est une brune adolescente au regard malin. Lore est sa meilleure amie, elle est blonde, ses yeux bleus la font passer pour un ange et elle semble transpirer l'innocence. Toutes les deux sont en internat, dans un institut religieux, et ensemble, elles ont décidé de ne vouer leur vie qu'au Mal, au service de Satan. Ce qui au départ n'apparaît être qu'un jeu cruel - comme faire accuser leurs petites camarades de classe de délits qu'elles n'ont pas commis ou à s'adonner à des lectures de récits polissons - glisse doucement mais définitivement vers sadisme et la perversité. Le couple fusionnel s'amuse alors à semer le trouble, en particulier chez les personnes les plus vulnérables, à commencer par des paysans simples d'esprits. Elles provoquent sexuellement un gardien de vaches puceau et vont jusqu'à tuer les oiseaux de compagnie d'un pauvre jardinier muet, par exemple...

Joël Séria porte un regard sombre et désabusé sur la jeunesse, au point d'en devenir dérangeant. Ses deux héroïnes, abominables pestes s'adonnant à des rituels païens ou jouant de leurs charmes de manière pernicieuse, rendent en effet le visionnement quelque peu inconfortable. Le réalisateur va même jusqu'à suggérer que les germes du Mal sont présents en chaque enfant si on en croit ce plan montrant une rangée de marmots ricanant en pleine messe dominicale et tirant la langue de manière insolente en direction du curé aux propos régressifs. Mais si le Mal est présent chez les enfants, il l'est aussi chez les hommes et femmes d'église. Et c'est particulièrement sur ce point que Joël Séria fit s'exciter les censeurs de l'époque. Anne et Lore épient deux bonnes sœurs s'adonnant aux joies du saphisme avant qu'Anne aille les dénoncer auprès du Père Supérieur dont le regard s'illumine aussitôt d'une étincelle lubrique. L'utilisation de symboles religieux par Séria semble être motivée par une sincère volonté de titiller le bigot là ou ça le dérange, plus particulièrement lors de la scène de la messe satanique où les filles, après s'être échanger une goutte de leur sang, avalent une Ostie pour le coup souillée. Et il ne fait aucun doute que l'effet recherché a été atteint.
Mais ces actions, ces provocations, aussi cruelles et perverses soient elles, ne sont finalement pas gratuites. Séria ne balance pas niaisement quelques plans blasphématoires juste histoire de faire chier les curés de bénitiers, mais il pose une vraie question de fond peut-être moins originale plus de 35 ans après la sortie du film mais pourtant toujours d'actualité: et si l'éducation religieuse et le conservatisme primaire étaient en partie à la base des maux de l'humanité ? Car quelles sont les motivations d'Anne et Lore, si ce n'est le désire propre à tout adolescent d'aller à l'encontre de l'autorité parentale et scolaire ? Et que plus forte est la répression, plus violente est la réaction ? Lorsqu'Anne, sans sa complice, étouffe de ses mains nues un oiseau sans défense, son excitation fait soudainement place à la peur, au remord et à la tristesse. En larme, elle part prier dans une chapelle. L'espace d'un instant, la façade de la brune s'effondre pour faire place à une humanité débordante, dévoilant ainsi sa vraie nature en transformant ce lieu de culte abrutissant en un apaisant lieu de recueillement. La religion ne devrait-elle pas être pratiquée de la manière la plus simple et neutre qui soit, sans bourrage de crâne ni règlements rébarbatifs, mais en étant simplement basé sur le bon sens de chacun ?

Quoi qu'il en soit la réalité reprend vite le dessus. Le film se termine de la manière la plus dramatique qui soit, final choc et perturbant, ultime doigt d'honneur de deux adolescentes qu'un système éducationnel aura poussé dans ses derniers retranchements à tous les représentants de l'autorité, qu'elle soit religieuse, parentale ou étatique. La baffe est douloureuse et il n'est pas difficile de comprendre les raisons pour lesquelles la censure s'acharna contre cette perle vénéneuse en son temps. Kerozene


Sylvia Solar

la MAISON DES FILLES PERDUES aka The HOUSE OF THE LOST DOLLS - Pierre Chevalier (Eurocine), 1974, France/Italie

This is an ultra sleazy Eurocine composite of footage from Pierre Chevalier's LA MAISON DES FILLES PERDUES, Gian Paolo Callegari's 1967 Eurospy AGENTE SIGMA 3: MISSIONE GOLDWATHER and other linking footage, all credited to "Peter Knight" one of Chevalier's Eurocine fronts.

A not unamusing mess which begins as Yvette escapes from a white slave Hell and stops in the jungle to make it with her rescuer. Shots of knees intercut with the tops of trees! You have to see it to believe it. They stop by a local police station and explain to the Inspector how she was abducted in Paris by Rasky (Oliver Mathot) and his gang, a bunch of goon rapists led by the ever horny Claude Boisson aka Yul Sanders.

Cut to footage of Jack Taylor as Agent Sigma 3 from the Italian spy flick supposedly investigating the slave ring, but the footage never cuts together so we get more footage from LA MAISON... of Sandra Julien as a female Interpol Agent supposedly working with Taylor in parallel footage. Julien is entrancing and has to submit to being sexually abused by Mathot and Boisson while keeping her cool. She stomps Boisson as Sigma raids a ship in the footage from AGENTE SIGMA....

Confusing? You bet! Footage from this also crops in another Eurocine composite Jose Jara's L'OASIS DES FILLES PERDUES (1981), which includes yet more alternate footage including scenes from Jess Franco's TWO FEMALE SPIES IN FLOWERED PANTIES (1978).

One of the more amusing aspects of HOUSE... is that Spanish genre regular Sylvia Solar appears in separate footage from both AGENTE SIGMA and LA MAISON... looking significantly different in terms of dress and hairstyle yet is supposed to be the same character. Thank you, Eurocine!

Music by Daniel White with some uncredited Bruno Nicolai cues in the mix. 

The 1974 date is for LA MAISON..., the English language version of this composite was probably put together at a later date. Robert Monell

MAITRESSE - Barbet Schroeder avec Bulle Ogier, Gérard Depardieu, André Rouyer, Holger Lowenadler, 1975, France

Autant l'annoncer, je n'ai jamais été emballé par le ciné-provoc de Barbet Schroeder, sûrement plein de mérites ne serait-ce que pour avoir obtenu Pink Floyd en 1969 sur son premier film " More ", ou encore transposé un bouquin du regretté Charles Bukowski avec " Barfly ". Enfin bon, on ne se refait pas, l'apparition dans le rayon de la mignonne Bulle Ogier dans sa panoplie de latex a suffi à me foudroyer d'amnésie au point de m'attarder quatre-vingt dix minutes.

A l'occasion d'un piteux cambriolage, un provincial vaguement voyou débarque dans une sorte d'antre SM. Surpris par la " maîtresse " des lieux, et aussi par son doberman, il est visiblement subjugué. En la draguant, il finit par comprendre qu'elle vit du commerce de son expertise en domination SM.

A partir de cette histoire, deux ressorts s'activent, dzoing dzoing. 

Le premier est une description quasi-documentaire des mours SM, qui ne produit pas un impact terrible. Les démonstrations successives, sur un ton clinique et dans une ambiance visuellement fade, ne bouleverseraient même plus les lycéens actuels que l'industrie du porno s'est chargée d'instruire plus efficacement dans l'intervalle. Du coup le dévoilement des pratiques, plombé par cette gravité négligente du joyeux spectateur, ne distrait guère ou alors en devient maladroitement bidonnant. Quand même, ça ne devait pas être facile pour les acteurs de contenir des mines sérieuses, par chance les cagoules en cuir aident bien. D'ailleurs celui à qui Schroeder a uniquement demandé de se mettre à quatre pattes pour que Bulle Ogier le chevauche pendant que Depardieu lui pisse à la tronche a pas dû piocher là son grand rôle, malgré ces deux partenaires prestigieux. L'aspect théorisant du film, sensible dans maintes séquences, est encore alourdi de quelques rares dialogues explicatifs, et évoque par exemple la démarche de réflexion militante de Catherine Breillat sur la sexualité, en moins subtil mais en moins prétentieux aussi. Bref, dans ce contexte, en gros plan Depardieu chauffe jusqu'au sang des fesses féminines anonymes à coups de ceinture et Bulle Ogier cloue un zob sur une chaise à coups de marteau, les Français démontrent qu'ils n'ont pas besoin de l'actor's studio pour être crédibles dans des performances requérant des gestes techniques.

Le second ressort fonctionne mieux : la relation qui se tisse entre les deux personnalités va même jusqu'à susciter un peu d'émotion, et heureusement que la progression du récit est soutenue par le charisme évident des acteurs. D'un côté, Depardieu tout frais donne des claques, pète des carreaux, roule à cyclomoteur, dévore du steak saignant et se frotte comme un chien sur le jeu de quilles à ce milieu du SM, qui se réclame d'une brutalité bien plus raffinée. Sa sauvagerie est moins intellectualisée que dans certains films (où ça en devient pénible : buffet froid, tenue de soirée, etc.). De l'autre côté, Bulle Ogier joue à la blonde fragile convertible en bricoleuse glaciale.

Que moucharder de plus ? La scène réussie d'une visite aux abattoirs au petit jour m'a marqué. Et puis j'allais oublier, le doberman, au comportement en définitive assez rantanplan, s'appelle " Texas ".

En conclusion : carrément moins émoustillant qu'escompté, mais pas dénué d'un p'tit charme inattendu, donc un divertissement à partager en famille (quand les mômes sont couchés) pour vérifier que pépé dans son fauteuil qui n'a plus que le chat pour venir jouer sur ses genoux capte encore ce qui sort du poste. Bigeyes

MALEFIQUE - Eric Valette - 2003 

On s'était dit avec des potes, celui-là il ne va pas rester longtemps au ciné : du bis, du gore, du glauque, du qui tâche et français en plus, pas ce qui intéresse les grandes chaînes de distribution...

Quelle ne fut pas notre satisfaction devant ce huis clos parfaitement orchestré par une mise en scène précise et efficace.

Ici, quatre taulards bien distincts (un travelo balaise en faux seins, un PDG fraudeur, un demeuré infanticide et un philosophe assassin) trouvent dans un recoin de leur cellule un livre ésotérique bourré de formules magiques.

Ils comprennent peu à peu que le livre pourrait les aider à s'évader, comme l'aurait fait l'ancien possesseur, mais les armes du livre sont redoutables et peuvent se retourner contre eux si mal utilisées.

C'est vraiment un bon film sans temps mort, vraiment glauque et assez tordu pour sortir de l'ordinaire des productions du genre... A noter aussi quelques scènes-chocs qui soutiennent la tension, et donnent de la poigne au mystère ambiant.

On pourrait juste reprocher à la fin d'être un peu moralisatrice, mais bon, ne chipotons pas, la France est un peu le vilain petit canard de l'horreur! Franfran

Avec un budget minime mais un scénario en béton et des effets spéciaux bien utilisés et efficaces, Vallette nous offre un récit et des ambiances sulfureuses qui ne sont pas sans rappeler le premier HELLRAISER. Les personnages sont vraiment intéressants et pas banals pour cinq sous. Comme dans bien des histoires de sorcellerie, il faut se méfier de ce que l'on désire. Bien mené, bien réalisé, il faut savoir manier la caméra dans ce huis clos réduit, Malefique livre la marchandise et réussit à étonner, ce qui n'est pas une mince affaire. Chapeau Mario Giguère

MAMA LOVA - Thomas Szczepanski avec Zuriel de Peslouan, Elsa Galles, Jean-Claude Dreyfus, France, 2009

Luca va fêter son anniversaire loin de son internat, allant rejoindre sa mère. Il n'endure pas longtemps son conjoint actuel et part sur la route ou il rencontre Lili. Pendant que lui veut retrouver son père, elle retourne chez ses parents car sa mère est malade. Relations troubles et enfances malheureuses, rejetons de familles dysfonctionnelles dans un road trip en 2CV.

Film fort différent des dvd du catalogue Artus. En voyant le court-métrage de Szczepanski inclus, INTIME, ou la bande annonce de son prochain film THE HUNT, on saisit mieux l'intérêt pour ce film simple et beau, mais éloigné des genres visités habituellement. INTIME suinte une violence que l'on imagine intense et THE HUNT est un authentique survival. Dans MAMA LOVA, beaucoup de silences et de non dit pour ce que l'on devine de sentiments difficiles, de haine, de reproches entre Lucas et sa mère. Relation également trouble et malsaine entrevue entre Lili et son père. Rien n'éclate ou presque, comme souvent dans le long fleuve tranquille des gens tranquilles qui espèrent mieux. Belle photographie et lents mouvements de caméra avec des acteurs surprenants. Chronique douce amère qui tourne autour d'un coquillage. Fort différent mais fort intéressant. Mario Giguère

MANIAC - Franck Khalfoun, 2012, France/États Unis 

Projet intrigant que ce remake légitimement craint (comme 90% des remakes après tout), mais la proposition a au moins le mérite d'intriguer. Alexandre Aja et son coscénariste Grégory Levasseur retrouvent le réalisateur Franck Khalfoun après le film "P2" (2007) pour une relecture des obsessions du psychopathe Frank Zito en vue - presque intégralement - suggestive. Et pour ce faire, notre tueur scalpeur est interprété par nul autre qu'Elijah Wood, autrement dit un jeunot mignon et bankable en lieu et place du gras, buriné et fantastique Joe Spinell. Gonflé de se payer une telle star pour ne la faire apparaître que sporadiquement à l'écran via quelques réflexions et risquer de perdre les fans de l'acteur, pour de l'autre côté prendre le risque de se fâcher avec les défenseurs du film de William Lustig. Et pourtant, Wood passe plutôt bien le passage de la peau du hobbit à celle du fétichiste des cheveux ensanglantés, pas trop de problème à ce niveau. En revanche, la narration suggestive - bien qu'aussi osée qu'intéressante - ne présente finalement pas le sentiment d'immersion espéré. Du moins pas tout de suite. L'exercice est inévitablement risqué et certainement difficile à concrétiser, et c'est à ce niveau que l'alchimie n'opère que vers le dernier quart d'heure, où le procédé semble moins artificiel. Mais le plus dur à avaler est certainement l'image digitale. Si les "nouveaux" spectateurs de Frank Zito se ficheront sans doute de l'esthétique lissée du remake, il faut avouer que l'image 16mm et toute granuleuse qui refoule des relents très 42e rue du film de Lustig manque cruellement à celui de Khalfoun. Cependant il faut être honnête, le gros grain 16 est relégué au passé (ou presque - merci Jason Eisener !), et il est préférable que les réalisateurs de films de genre s'approprient le format HD sans regarder en arrière en évitant de coller des filtres "old school" à tout va. Le choix d'Aja et Khalfoun n'est donc certainement pas à blâmer, il est simplement d'actualité, ce qui est finalement la raison d'être d'un remake. "Maniac" version 2012 est un film généreux, cruel et sanglant (très sanglant même) qui va inévitablement faire grincer les dents des plus conservateurs, mais qui a le mérite de ne pas chercher non plus la facilité. Kerozene

MARTYRS - Pascal Laugier, 2008, France/Canada 

Après un premier film bancal et casse-pied mais joliment filmé (SAINT ANGE), l'ancien journaliste pour Starfix Pascal Laugier opte pour une orientation radicalement différente avec MARTYRS, un film volontairement dérangeant que les journalistes les moins consciencieux ne manqueront pas de caser dans le même panier que les tortures flicks en vogue comme la série des SAW ou celle des HOSTEL. Grossière erreur, car bien que MARTYRS offre des scènes de tortures et de sévices méchamment gratinées, le film de Laugier se distingue par une finalité bien éloignée des films précités qui ne sont " que " des films de pur divertissement, qu'on les apprécie ou non. Contrairement à eux, MARTYRS n'est pas une débauche gratuite de violence brute. La violence brute est bien là, mais elle sert les propos du film. Sans doute était-il possible d'aborder le même sujet et même d'avoir un impact tout aussi percutant sans pour autant plonger dans une représentation aussi graphique de la souffrance mais Laugier a fait son choix et il l'assume à cent pour cent et si ça ne plaît pas à certain, il s'en cogne. Après tout il ne s'adresse pas à n'importe quel public non plus.

Alors, le film est-il une réussite ? En gros oui, parce que le résultat est pour le moins marquant et on se surprend à tourner et retourner le film dans notre tête plusieurs jours encore après le visionnement en pensant finalement plus à son dénouement, à sa raison d'être, qu'à ses scènes trash, dont une ou deux s'avèrent pourtant particulièrement éprouvantes. Mais il y a un mais, et sans vouloir entrer dans les détails de l'histoire (mieux vaut ne rien connaître de cette dernière pour laisser un maximum de chance au film de fonctionner), Laugier peine à générer le doute dans l'esprit du spectateur lors d'une première partie qui semble ne fonctionner qu'autour de ce sentiment. Par conséquent, il est difficile dans un premier temps de se laisser plonger dans le récit, ce qui nuit passablement à son appréciation, et cerner les raisons pour lesquelles tout ne fonctionne pas est loin d'être simple; sans doute peut-on attribuer cela à une mise en scène souffrant d'erreurs de jeunesse ou une direction d'acteurs pas toujours maîtrisée - j'en sais rien en fait - mais malgré ses indéniables défauts, MARTYRS s'imprime dans l'esprit et il n'est pas prêt d'en partir ; parce que c'est un film gonflé, avec une grosse paire de couilles, qui aborde un sujet - des sujets mêmes - délicats de manière frontale et que, encore une fois, il s'assume complètement. Un visionnement qui s'impose. Kerozene

Une jeune fille, Lucie, qui a été kidnappée et a subit des sévices corporels, s'enfuit. Recueillie par les services sociaux, elle ne s'ouvre qu'à Anna. Quinze ans plus tard, une petite famille tranquille en bannie. On sonne à la porte, c'est Lucie qui vient trucider ses tortionnaires qu'elle a reconnue. Elle appelle Anna. Le film ne fait que débuter...

Déçu de l'accueil populaire et critique de son premier film, Pascal Laugier se radicalise et fait souffrir ses personnages et le spectateur, les prenant par la main et ne les lâchant plus. Difficile d'en dire plus sans dévoiler le coeur du film, fort efficace. mais on peut dire qu'après coup, les parallèles avec Saint Ange sont là. Unité de lieu, secret caché depuis des années, pièces cachées et cruauté des adultes. Difficile à regarder, j'étais cependant soulagé que l'on ne tombe pas dans les agressions sexuelles, ce qui, là aussi, se révèle justifié. D'ailleurs s'il est évident qu'Anna s'est éprise de Lucie, le chaste baiser qu'elle dépose sur ses lèvres lui vaut une fin de non recevoir équivoque. Aussi puissant qu'est le film, il y eu pour moi quelques effets de distanciation. L'ouverture du scénario sur quelque chose de plus vaste et la présence de comédien québécois connus, qui, tout québécois que je suis, malgré leur parler français international, détonne un peu. Mais on ne saurait en tenir rigueur, car nous somme en présence d'un film fort, qui transcende le cinéma d'horreur, fait fi des torture porn actuels qui ne jouent que sur l'effet choc primaire pour aborder les questions essentielles et fondatrices du cinéma fantastique.

En filigrane, on ne peut que s'attrister de la perte de Benoit Lestang, spécialiste des effets spéciaux qui a fait ici un travail remarquable, décédé peu avant la sorien du film.

Le cinéma de genre de France ajoute une belle perle à son collier. Mario Giguère

à MA SŒUR ! de CATHERINE BREILLAT, FRANCE, 2000, 93m

En vacances avec leurs parents, Elena (15 ans et d’allure féline) et Anaïs (13 ans et obèse) sont à l’heure de la découverte de leur sexualité et veulent absolument perdre leur pucelage qui constitue pour elles un énorme fardeau. Alors qu’Elena découvre l’amour avec un bel italien, Anaïs assiste en spectatrice à ses ébats et désire perdre son pucelage avec un type qu’elle n’aime pas pour éviter de souffrir.

Après le succès de ROMANCE et de la restauration de son premier film UNE JEUNE FILLE DOUCE, voici le nouveau film de CATHERINE BREILLAT. La cinéaste qui à l’habitude d'intellectualiser la sexualité féminine et qui aime secouée les spectateurs par des scènes chocs, fait vraiment fort ici. Alors que ROMANCE avait une mise en scène stylisée et froide qui allait très bien avec le film, À MA SŒUR est tout le contraire. La mise en image est très minimalise et se concentre sur les émotions et sur les difficultés que vivent les 2 sœurs (excellente Anaïs Reboux dans le rôle de la jeune fille obèse). Le film, je l’adore beaucoup et est très anti-conformiste. Puis, je ne ferais certainement pas comme l’imbécile de critique Michel Marsolais qui a dévoilé la fin du film en fin de semaine dans un journal merdique. Mais je peux seulement vous dire, qu’elle plaira beaucoup aux membres ici et qu’elle est complètement inattendue. À MA SŒUR est à voir pour tous ceux qui veulent voir un film tendre et surprenant. Le film ne plaira évidemment pas à tous, mais vous n’oublierez jamais cette fin ! Black Knight

MASSACRES aka CRAZY KILLER - Jean-Claude Roy, 1990, France   

Dans les bas-fonds du Z cocorico se lamente ce malheureux petit film tout fauché dans lequel Charley Boorman, fils de John vu dans plein de films de papa, mais aussi Pierre Clémenti à la traine depuis ses collaboration avec Buñuel ou Pasolini, cabotinent comme de beaux diables dans les tripots de Séoul. Charley y tient le rôle de Roney, une petite frappe à l'arrogance putassière qui se met en tête de faire fortune en produisant des snuff movies dans lesquels sont massacrées les danseuses d'un peep-show rempli de filles françaises ou francophones (sacré coup de bol). La police locale fait appel à l'agent d'Interpol Verdier (Clémenti, qui a un petit air de Jean-Louis Costes) sous prétexte que la première victime est française justement.

Difficile de rester sérieux devant un film comme "Massacres" et ses allures de téléfilm douteux porté par des dialogues du niveau de l'école maternelle. Les acteurs en roue libre évoluent péniblement dans des décors miteux, la palme allant sans hésiter à Pierre Clémenti dans le rôle d'un flic complètement hystérique, hurlant et à jurant à tue-tête sur ses homologues coréens dès qu'il le peut. Imaginez Jean-Pierre Bacri qui fait une surdose de méta-amphétamines, et ça vous donnera une vague idée du niveau de la chose! Sans doute victime d'une déformation professionnelle, Jean-Claude Roy a la mauvaise idée de filmer son thriller comme un vieux porno pantouflard. Et s'il y a bien quelques plans nichons et une ridicule scène de sadomasochisme où une fille en lingerie se fait fouetter par un coréen timide et rondouillard, le non-dynamisme de la mise en scène ne permet pas franchement de se délecter de ce que l'on peut sans hésitation appeler un non-spectacle... Mais cela n'est rien en comparaison des fameux massacres perpétrés par les sous-fifres de Boorman Jr. Trois malheureuses petites scènes de "snuff" même pas précédées du viol de rigueur. La première fille se fait percer le ventre par un coup de bâton, la seconde est électrocutée dans un bassin et la troisième, pour laquelle le psychopathe fait enfin preuve d'un peu plus d'imagination, est torturée à l'acide. Les effets sanglants extrêmement sommaires sont signés par un très jeune Benoît Lestang, encore tout frais de l'expérience du tournage de "La revanche des mortes-vivantes" de Pierre B. Reinhard, ce dernier officiant ici comme monteur. Kerozene

Les MAUVAIS JOUEURS aka GAMBLERS - Frédéric Balekdjian avec Pascal Elbé, Simon Abkarian, Isaac Sharry, Linh Dan Pham, Teng Fei Xiang, France, 2005, 1h25

"Paris, le quartier du Sentier. Noël approche et la vie de Vahé Krikorian part à vau-l'eau. La boutique de son père, avec qui il travaille, va bientôt fermer. Trop de dettes et d'impayés. Lu Ann, la femme qu'il aime, le quitte et il sent bien que les arnaques au bonneteau qu'il pratique avec Sahak et son frère Toros ne vont pas le mener loin. Yuen, le frère de Lu Ann, arrivé clandestinement en France, refuse de travailler pour le réseau qui l'a fait passer, sans se rendre compte du danger qui le guette. Se prenant d'affection pour lui, Vahé décide de l'aider. Peu à peu un lien d'amitié se tisse entre eux, qui met à l'épreuve la loyauté de Vahé envers ses vieux amis et l'amène à agir contre sa bande..." (allocine.fr)

Présenté par certains comme un MEAN STREETS des années 2000, ce polar français sorti en catimini parvient contre toute attente à ne pas se trouver écrasé par cette flatteuse comparaison. Si les péripéties sont prévisibles, le jeune réalisateur a eu la bonne idée de centrer tout son film autour du personnage de Vahé (l'excellent Pascal Elbé), de ses émois et de sa remise en cause. Le film évite donc ainsi de partir dans tous les sens et de se perdre en sous-intrigues. LES MAUVAIS JOUEURS s'articule entièrement autour de cette contradiction, entre les liens amicaux quasi-mafieux qui unissent ces jeunes magouilleurs d'origine arménienne et la nécessaire quête de repères moraux chez Vahé, le plus sensible des trois.

Si Elbé fait superbement corps avec son personnage, n'en oublions pas le reste du casting : Simon Abkarian (vu dans CASINO ROYALE) incarne la dureté avec un aplomb impressionnant, Isaac Sharry fait un pleutre convaincant, mais aucun des deux ne sombre dans la caricature. A bien des moments, on se croirait au contraire devant un documentaire. Les conditions de travail inhumaines des ouvriers du textile et le quadrillage du territoire par les "passeurs" chinois sont ainsi montrés sans détour. Alors, bien sûr, tout n'est pas parfait : l'histoire d'amour de Vahé intéresse moins que sa relation avec le jeune clandestin chinois et le faible nombre de décors utilisés donne parfois une légère impression de redondance. Impression heureusement vite chassée par une dernière scène de poursuite, haletante, dans les couloirs du métro parisien. Un très beau film ! Stelvio

LE MATAF - Serge Leroy avec Michel Constantin, Georges Géret, Pierre Santini, Adolfo Celi, Cathy Rosier, Annie Cordy, France (coproduction italienne), 1973, 1h35

Trois gangsters, Bernard Solville, dit "Le Mataf" (Michel Constantin), Basilio (Georges Géret) et Franck (Pierre Santini) s'apprêtent, à la Gare du Nord, à voler une valise contenant des diamants à destination d'Amsterdam, quand une jeune fille est précipitée d'une fenêtre et s'écrase sur la verrière de la gare. Les deux hommes responsables de l'assassinat réussissent à prendre des photos compromettantes du Mataf et de sa bande et les font chanter en les obligeant à effectuer un vol de microfilms. Ils reçoivent, comme avance de l'avocat Desbordes (Adolfo Celi), maître-chanteur et commanditaire du vol, une valise contenant 100 millions de francs en billets...

Ancien reporter télé (il couvrit l'assassinat de Kennedy pour l'ORTF !), grand fan de cinéma policier américain, Serge Leroy réalisait avec LE MATAF son premier long métrage de genre. Ce coup d'essai s'avère être un quasi-coup de maître ! Délaissant l'aspect bavard et gouailleur (influence mal digérée de Michel Audiard ?) de beaucoup de polars français de la même époque, Serge Leroy resserre sa narration autour de quelques personnages troussés sans manichéisme (artisans du casse contre mafia en col blanc et hommes de main sadiques). Extrêmement précise, bien soulignée par une excellente partition de Stelvio Cipriani (merci la coproduction italienne), la mise en scène se concentre sur l'action, en construisant d'haletantes scènes à l'efficacité digne de Don Siegel ou William Friedkin. La longue séquence du vol des microfilms ou la poursuite finale dans les rues de Nantes sont à ce titre particulièrement réussies.

Les interprètes masculins sont tous remarquables. On ne peut en dire autant du casting féminin. Si Annie Cordy se montre crédible dans son rôle d'épouse de malfrat, Cathy Rosier, beauté antillaise paradoxalement très froide (également vue dans LE SAMOURAI de Melville), affiche toutes les limites de son jeu d'actrice dès qu'elle ouvre le bec. Une scène sentimentale ridicule manque un moment de déclencher un bâillement. A cette petite réserve près, on ne peut que chaudement recommander ce MATAF, au même titre que les autres films 70's de Serge Leroy (1937-1993), parti trop tôt, et dont LA TRAQUE (1975) restera l'incontestable chef d'œuvre. Stelvio

MESRINE, L'INSTINCT DE MORT aka Mesrine: Killer Instinct - Jean-François Richet avec Vincent Cassel, Gérard Depardieu, Gilles Lellouche, Cécile de France, Michel Duchaussoy, Myriam Boyer, Roy Dupuis, Florence Thomassin, Elene Anaya, 2008,  France (coproduction Italie, Canada), 1h55

Région parisienne, 1959 : de retour de la guerre d'Algérie, Jacques Mesrine rompt avec sa famille. Le jeune homme renoue avec quelques amis, dont le fidèle Paul (excellent Gilles Lellouche) et commence une existence de voyou. Vols, saucissonnages d'appartements, braquages de banques : le truand, qui s'est marié avec une Espagnole (Elena Anaya), " monte en gamme " peu à peu, sous la coupe de Guido (Gérard Depardieu, dans son meilleur rôle depuis très longtemps), un homme qui compte dans le Milieu. Au début de l'année 1968, il quitte la France pour le Canada avec Jeanne Schneider (Cécile de France, méconnaissable et bluffante), maîtresse rencontrée après son divorce. Le couple se met au service du milliardaire Deslauriers. Après avoir échoué à le kidnapper, Mesrine bascule dans la grande criminalité. D'évasions en cavales, il sèmera la violence dans la " belle Province ", avec son complice Jean-Paul Mercier, avec lequel il s'échappera de la prison haute sécurité de Saint-Vincent-de-Paul. Début 1973, il décide de rentrer en France...

Dire que ce diptyque était attendu avec impatience par les amateurs d'Eurocrime et de poliziotteschi relèverait du plus doux des euphémismes. Autant le dire d'entrée : la première partie ne déçoit pas notre attente. Près de trente ans après être tombé sous les balles de la police, Jacques Mesrine revit littéralement devant la caméra de Jean-François Richet et sous les traits du comédien Vincent Cassel. Si l'on se trouve d'emblée absorbé et captivé par cette épopée criminelle, c'est avant tout grâce à lui. La gestuelle du jeune gangster, son parler de titi parisien endurci par la sale guerre, son panache confinant à la violence sadique : rien ne manque dans la composition de Vincent Cassel. On est loin, très loin des bouffonneries tarantinesques du DERNIER GANG d'Ariel Zeïtoun, dans lequel les braqueurs des années 80 s'expriment avec des mots du 21ème siècle...

Le script, cosigné Richet et Abdel Raouf Dafri, a l'intelligence de ne pas se perdre en hypothèses psychologiques a posteriori. La scène durant laquelle Mesrine brise les ponts avec sa famille est brève et intense. " Les couilles ont sauté une génération dans cette famille ", hurle le bandit à son père (Michel Duchaussoy), dont on comprend qu'il versa dans la collaboration pendant l'occupation. Loin pourtant d'exalter le romantisme du hors-la-loi, ce premier épisode nous offre une alternance de séquences nerveuses et brutales et de moments de calme, dans lesquels se révèle la personnalité, plus complexe qu'il n'y paraît du gangster.

La violence augmente au fur et à mesure que le personnage gagne en consistance et nargue l'ordre établi. Elle éclate à la figure du spectateur, dans des scènes d'action filmées avec une impressionnante maîtrise, pour culminer lors de la partie canadienne du film. Située au début des années 70, celle-ci n'a absolument pas à pâlir de la comparaison avec les thrillers d'action de l'époque. Inspiré comme jamais, Richet envoie la sauce de manière dévastatrice lorsqu'il reconstitue l'évasion de Mesrine et Mercier (interprété par Roy Dupuis, une agréable découverte) de la prison de Saint-Vincent-de-Paul. Une fois dans la nature, les deux truands reviennent sur place armés jusqu'aux dents pour délivrer leurs ex-codétenus. Le gunfight qui en découle donne lieu à cinq bonnes minutes de défourraillage absolument dantesques, dignes de Kirk Wong ou Enzo G. Castellari. Jubilatoire, à l'image de cette première partie ! Stelvio

Après avoir participé en 1959 à la guerre d'Algérie où il était assigné aux "corvées de bois", Jacques Mesrine revient en France. Bien que son père lui ait trouvé un travail, Mesrine préfère se livrer à des petits casses, avec son ami Paul, pour le compte de Guido, un homme très influent dans le Milieu. Il épouse Sofia, une Espagnole avec qui il a trois enfants. Lorsque Mesrine est arrêté une première fois, Sofia le persuade momentanément d'abandonner sa vie de voyou. À sa sortie de prison, il se trouve un boulot chez un architecte-décorateur. Ayant cependant perdu son emploi pour des motifs économiques, Mesrine replonge dans le crime avec Paul et Guido, ce qui fait que Sofia le quitte. Avec la complicité de sa nouvelle maîtresse Jeanne Schneider, Mesrine ne tarde pas à se bâtir une réputation de redoutable braqueur, au point où le couple, activement recherché, doit quitter la France. Arrivés au Québec, Mesrine et Jeanne obtiennent un emploi chez un milliardaire, Deslauriers, qu'ils kidnappent lorsque celui-ci veut les licencier. L'opération échoue, et le couple en fuite est arrêté aux États-Unis. Extradé et emprisonné au Québec, Mesrine trouve quand même le moyen, en compagnie de son complice et ami québécois Jean-Paul Mercier, de s'évader du pénitencier de St-Vincent-de-Paul, dont personne ne s'était évadé jusque là. Par sens de l'honneur, Mesrine et Mercier décident de revenir attaquer le pénitencier pour faire évader tous les prisonniers, non sans avoir auparavant braqué quelques banques. Leur exploit finit par attirer l'attention des médias sur les mauvais traitements faits aux détenus de St-Vincent-de-Paul.

Après plus d'un an d'attente, suite à un accord imbécile de diffusion entre le distributeur québécois et une compagnie américaine, le fameux diptyque sur la vie du gangster Jacques Mesrine sort enfin sur les écrans de la "Belle Province". Inutile de dire que cette attente en valait la peine, et que le public, venu en grand nombre voir les deux films en avant-première et en exclusivité au festival FANTASIA, n'a pas été déçu. Pour cette première partie, qui couvre les débuts de Mesrine en France jusqu'à son passage marquant au Québec, le réalisateur Jean-François Richet et son scénariste Abdel Raouf Dafri annoncent la couleur d'entrée de jeu avec un texte en début de projection; pas question d'idéaliser un personnage devenu légendaire, même si la fiction, de toute évidence, se mêle à la réalité dans le récit. Grâce à une suite de scènes brèves, bien que parfois épisodiques, qui souligne avec intelligence l'évolution de Mesrine dans le monde du crime et la violence brutale qui l'accompagne, Richet trace un portrait objectif du gangster en évitant de juger ses actes, tout en lui donnant progressivement une richesse humaine crédible sur le plan psychologique. Pour y arriver, Richet opte pour une mise en scène souple qui ne laisse place à aucune chute de rythme, même dans les moments d'action. Quelques touches d'humour jubilatoires viennent également rehausser un ensemble qui refuse de sombrer dans la lourdeur du mélodrame façon biographie hollywoodienne. Richet sait également faire un usage pertinent des techniques cinématographiques inventées ou employées durant la décennie couverte dans l'intrigue. À titre d'exemple, on peut mentionner l'emploi de l'écran partagé, inventé à Montréal en 1967, soit quelques mois avant l'arrivée de Mesrine. Et puisqu'il est question des années 60, la reconstitution de cette période, tant dans les costumes que les accessoires, est convaincante et minutieuse. Sous les traits de Mesrine, Vincent Cassel s'impose avec une composition magistrale très fouillée et étudiée du légendaire bandit, tandis que le reste de la distribution, triée sur le volet, ne demeure pas en reste en jouant au même diapason que la vedette. Mathieu Lemée

MESRINE - L'ENNEMI PUBLIC N°1 - Jean-François Richet avec Vincent Cassel, Ludivine Sagnier, Mathieu Amalric, Olivier Gourmet, Samuel Le Bihan, Gérard Lanvin, Anne Consigny, Georges Wilson, 2008,  France (coproduction Italie-Canada), 2h12

1973 : de retour en France, Jacques Mesrine recommence ses braquages et ne tarde pas à être arrêté. Alors qu'il doit comparaître pour une petite affaire de chèques sans provisions, il s'évade du tribunal de Compiègne en prenant en otage le président du tribunal, grâce à une arme dissimulée dans les toilettes par un complice, Michel Ardouin, dit le Porte-Avion (Samuel Le Bihan). Sa cavale prend fin quelques mois plus tard, quand il est arrêté pour la première fois par le commissaire Broussard (Olivier Gourmet), non sans lui avoir offert le champagne... Mesrine est incarcéré à la prison de la Santé, en plein Paris. Il y rencontre François Besse et finit, comme il l'avait juré, par s'en échapper en mai 1978. Définitivement consacré " ennemi public n°1 ", il sème le désordre et multiplie les braquages spectaculaires. Plusieurs fois à deux doigts de l'arrêter, la police a raison de lui le 2 novembre 1979 à l'issue de ce qui apparaît de plus en plus comme une exécution délibérée...

Si le premier épisode du diptyque mettait en lumière une époque et des faits peu connus de la vie de Jacques Mesrine, le second s'attarde au contraire sur ses dernières années, qui élevèrent le gangster au rang de célébrité. A cette époque, l' " ennemi public n°1 " nargue l'ordre établi, devient un personnage important du débat public en France et multiplie les actions d'éclat, en prison comme en dehors. C'est également durant cette décennie que Mesrine consacre définitivement sa réputation et son surnom d' " homme aux mille visages ". Les traits vieillis, la ligne épaissie, le truand se glisse dans la peau de nombreux personnages fictifs, joue à merveille des déguisements et des usurpations d'identité.

Un caméléon du banditisme en somme, auquel Vincent Cassel donne une nouvelle vie avec une aisance presque troublante. L'acteur, qui a pris une dizaine de kilos pour le rôle dans une posture à la De Niro, tend parfois vers le cabotinage. Heureusement, Jean-François Richet veille à ce que ces dérapages restent ponctuels. La part belle faite aux scènes d'action l'y aide grandement. Servies par une reconstitution fastueuse et sans erreur, les séquences de traque de Mesrine et de son compagnon de cavale François Besse (Mathieu Amalric, crédible) exploitent à merveille les décors campagnards.

Soulignons également la remarquable composition de Ludivine Sagnier, qui donne beaucoup d'épaisseur au personnage, assez superficiel au départ, de Sylvia Jeanjacquot, la dernière compagne de Mesrine. Complètement à côté de la plaque en revanche, Gérard Lanvin ne convainc pas en Charlie Bauer, le complice gauchiste de Mesrine. Trop âgé pour le rôle, accentuant excessivement un accent méridional de pacotille, l'acteur plombe en partie la fin du film. La scène finale rattrape heureusement le coup in extremis." Les deux films ne sont pas pro-Mesrine ou anti-flics, explique Richet. C'est une certaine vision de cette époque à travers son personnage... Ce n'est pas d'où l'on vient qui est important, c'est où l'on va. " Dont acte : pour Mesrine, l'issue fatale est connue d'avance, mais n'empêche pas un cinéaste talentueux de nous offrir deux films gorgés de suspense et de moments mémorables. Un must ! Stelvio

En 1973, le criminel Jacques Mesrine revient en France où, avec la complicité de Michel Ardouin, surnommé "Le Porte-Avion", il se livre à une série de braquages qui font de lui l'un des hommes les plus recherchés par les forces de l'ordre. Devant comparaître en cour pour un délit mineur, Mesrine s'évade en prenant le juge en otage. Le commissaire Robert Broussard parvient finalement à l'arrêter dans son appartement, mais au cours du procès qui s'ensuit, Mesrine accuse la justice et ses représentants d'être corrompus en plein tribunal. Condamné à 20 ans d'emprisonnement, Mesrine est enfermé à Paris à la Santé, une prison à haute-sécurité réputée inviolable. Cela n'empêche pas Mesrine de s'en évader en 1977 avec un dénommé François Besse, qui devient alors son nouveau complice. En 1978, les deux hommes parviennent à cambrioler le casino de Deauville, après s'être déguisés en inspecteurs de police pour tromper le directeur. Traqués sans relâche durant leur fuite par les policiers et la gendarmerie, Mesrine et Besse parviennent à franchir les barrages en prenant en otage une famille de fermiers. Après de tels exploits, Mesrine devient "L'Ennemi Public No. 1" en France, et celui-ci doit multiplier les déguisements pour ne pas être reconnu. Il donne quand même quelques interviews à des journalistes, et ses déclarations, notamment à propos de l'abolition des QHS (Quartiers Haute-Sécurité) dans les prisons, jettent de l'huile sur le feu. En même temps que sa notoriété grandit, Mesrine fait la connaissance de Sylvia Jeanjacquot, qui devient sa nouvelle maîtresse, et de Charlie Bauer, un révolutionnaire d'extrême-gauche opposé lui aussi aux QHS. Après quelques kidnappings qui continuent d'accroître sa légende, Mesrine est finalement abattu à Paris le 2 novembre 1979 par la police, au cours d'une embuscade ayant plus les allures d'une exécution planifiée que d'un acte de légitime défense.

Au même titre que le premier épisode du diptyque sur la vie de Jacques Mesrine: "L'INSTINCT DE MORT", les auteurs ont élaboré la structure du récit de "L'ENNEMI PUBLIC NO. 1" en évoquant certains des principaux évènements de la vie du célèbre gangster, entre son retour en France en 1973 et sa mort en 1979, avec une vision généralement objective des faits, mais qui épouse de façon plus spectaculaire, voire christique, le rythme de vie trépidant du protagoniste. Comme les exploits de Mesrine durant les années 70 ont contribué à accroître sa légende et à entretenir une image de sa personnalité beaucoup plus tumultueuse et flamboyante qu'à ses débuts, cette approche souligne, davantage encore que dans le premier opus, les aspects contradictoires de ses actes, sans chercher pour autant à les juger, ni à en expliquer ou éclaircir les motivations profondes, tant sur le plan psychologique que politique. Dans le même temps, la mise en scène de Richet abandonne les clins d'oeil aux innovations techniques des années 60 utilisées dans "L'INSTINCT DE MORT". En lieu et place, le réalisateur opte pour une approche à la fois classique et viscérale, qui rappelle aux cinéphiles le style brut employé dans les thrillers policiers et les films de gangsters conçus dans les années 70, en particulier les "poliziotteschis" italiens. La conception technique des scènes d'action en est d'ailleurs un exemple convaincant, ne serait-ce que par son montage vigoureux qui se refuse à adopter la facture trop syncopée des films de genre actuels. Pour le reste, on retrouve le même soin apporté à la reconstitution d'époque, une trame musicale de circonstance et un casting prestigieux, où presque tous les acteurs choisis ont une ressemblance frappante avec les personnages réels qu'ils incarnent. à l'exception de Gérard Lanvin, qui fait tâche d'huile en Charlie Bauer. Pour compléter l'impeccabilité de ce tableau d'ensemble, la vedette Vincent Cassel réussit une prestation exemplaire, tant sur le plan de la transformation physique que de la fugacité de son jeu, en plus de s'en donner à coeur joie dans quelques réparties cinglantes. Mathieu Lemée

La MEUTE aka The Pack - Franck Richard avec Yolande Moreau, Émilie Dequenne, Benjamin Biolay, Philippe Nahon, 2009, France/Belgique, 85m

Charlotte, une fille qui n'a pas l'air reposante, roule dans sa bagnole sur une route de campagne. Comme elle semble suivie par des motards qui n'ont pas l'air d'être des anges, elle prend un autostoppeur, Max. Ils s'arrêtent dans un restaurant routier minable nommé La Spack, du nom de sa propriétaire. Les motards débarquent, Max va aux toilettes, les motards s'énervent et la Spack calme le jeu en les menaçant de leur faire sauter les couilles. Sympathique. Max ne ressort jamais des toilettes. Charlotte reviens de nuit et entre par effraction (ne fais pas cela, cher lecteur) et se retrouve piégée, se réveille dans une cage parmi d'autres, prête à servir de sacrifice...

Voilà qui était un exercice crade à souhait, un hommage aux films de genre, qui va basculer en deuxième partie dans le fantastique avec l'arrivée de la Meute. Des créatures sorties du sol dont l'origine est tout ce qu'il y a de surnaturel. On a beaucoup reproché au film d'avoir changé de registre, mais je n'y ai pas vu de problème et le scénario assume jusqu'au bout son parti-pris résolument pas gentil. La Meute est donc un long cauchemar peuplé d'humains et de créatures qui ne sont jamais reposants, avec des scènes de torture et de gore intenses. Tout le casting est intense, d'Émilie Dequenne dont j'aurais bien aimé connaître un peu le passé en passant par Yolande Moreau, La Spack, qu'on n'aimerait pas croiser la nuit. Mario Giguère

MIEUX VAUT ÊTRE RICHE ET BIEN PORTANT QUE FAUCHÉ ET MAL FOUTU - Max Pecas, 1980, France

Un Pecas au casting carrément international : Claus Obalski (Allemagne), Victoria Abril (Espagne), Ingeborg Steinbach (Suède), Alexandra Delli Colli (Italie), etc... Le héros étant par contre l'inextinguible Sylvain Green bien de cheu nous, appelé aussi "le Belmondo du pauvre".

A noter un scénario du truculent "Claude Mulot" qui y va de son private joke en appelant le notaire "Lansac"... il en sort plus le mulot avec ce Lansac!

Dans cette, euh... "chose", deux héritiers apprennent qu'ils sont frères auprès du notaire le jour de la mort de leur père (tiens tiens, les inconnus peuvent remercier), ils doivent par contre retrouver leur soeur en Espagne pour pouvoir espérer toucher le pactole.

Un Pécas ultra-classique qui ne dénote pas dans sa filmo, et contient tous les atouts qui ont fait son (in)succès : blagues potaches sans rythme, filles à poil, soleil de plomb, etc...

Ca se laisse quand même voir par qui sait apprécier le 10ème degré, même si l'acteur allemand est minablissime à balancer ses répliques "apprises par coeur en français". On se réconfortera avec les belles cuisses de Victoria Abril débutante et jeunette en short archi-court. Franfran

MISTER FREEDOM - William Klein, 1968, France   

1968: ses révoltes étudiantes, ses grèves, ses soulèvements ouvriers, ses pavés, ses slogans et son idéologie anti-impérialiste ! Toute une époque qui vu inévitablement poindre quelques pelloches surfant sur ce mouvement. Et quoi de mieux pour chatouiller le capitalisme triomphant que de s'en prendre à ses symboles les plus évidents ? Ils sont ici personnifiés au travers de Mr. Freedom : super héros au look de footballeur yankee, beau gosse orgueilleux, raciste, frimeur et arrogant obéissant aux ordres de son supérieur le Dr. Freedom (Donald Pleasance). Celui-ci lui confie la mission de sauver la France de la menace communiste sans cesse grandissante et responsable de la disparition de l'alter-ego frenchie de Mr. Freedom, à savoir le valeureux Capitaine Formidable. Certainement un coup bas de Moujik Man en personne (Philippe Noiret), le super agent russe que l'on soupçonne s'être lié à l'infâme Red Chinaman. Mr. Freedom débarque alors sur le sol français histoire de procéder au grand nettoyage à grand renfort de propagande capitaliste soi-disant libertaire.
On sent dans MR. FREEDOM un farouche besoin de gueuler un grand coup contre tout ce que les jeunes d'alors détestaient chez les américains et ce qu'ils représentaient: la société de consommation (l'ambassade des États-Unis abrite un supermarché rempli de majorettes décérébrées), la superficialité, la volonté d'imposer leur conception discutable de la démocratie, l'intolérance envers tout individu ne suivant pas le même mode de penser, l'obstination à "nettoyer le monde" (référence faite à la guerre du Vietnam)... Bref, le portrait dressé est extrêmement caricaturale et manque singulièrement de recul, mais il a le mérite d'être clair - ce qui n'est pas forcément le cas pour le reste du métrage. Il est particulièrement intéressant de noter que le scénariste-réalisateur n'est pas un vilain français désireux d'ouvrir sa gueule puisque Klain est un américain arrivé à Paris en 1947 en tant que GI, ce qui fait relativiser un minimum sur le sentiment d'anti-américanisme primaire qui émane du film. Néanmoins, quarante ans plus tard, on ne peut s'empêcher de trouver tout cela très naïf et forcément très cocasse, mais c'est intéressant car révélateur des revendications utopistes d'alors, de la volonté d'aboutir à un système équitable, de balancer un grand coup de pied dans la fourmilière et de parvenir à une véritable société juste et libertaire en même temps. L'Histoire a évidemment montré que les choses ne sont pas si simples et que rien n'est ni tout noir, ni tout blanc...

Il y aurait beaucoup à débattre sur les propos du film, mais ce débat a déjà eut lieu bien des fois depuis quatre décennies et puis on n'est pas là pour ça. En revanche, on peut souligner la douce folie qui en émane, une sorte de joyeux bordel kitsch et déglingué partagé entre chansons de propagande capitaliste devant un parterre de militants anti-communistes et les délires mégalos d'un Mr. Freedom aussi aveugle que destructeur. On peut aussi s'interroger sur des éléments aussi incongrus que l'apparition de stigmates sur les mains et le ventre de Mr. Freedom ou l'arrivée de Jésus en personne aux côtés de Red Chinaman et Moujik Man - des éléments christiques dont le sens m'échappe complètement. Signalons, outre la présence de Donald Pleasance et de Philippe Noiret déjà précités, celle de Serge Gainsbourg en pianiste rieur et de Rufus avec des cheveux ! Pour faire court : c'est un peu n'importe quoi, définitivement désuet, mais c'est quand même poilant à regarder. Kerozene

Le MOINE - ADO KYROU, 1972, France/Allemagne de l'est/Italie

Je ne vais pas m'attarder sur le sujet, parce qu'il n'y a carrément rien de bien rigolo à dire à propos de ce film. Il est très bien. Le scénario est signé Bunuel et Carrière, c'est un bon début, la mise en scène est parfaitement maîtrisée et se permet parfois des plans symboliques qui donnent envie d'une deuxième vision, moins impliquée dans l'histoire, à des fins d'analyse (ce qui arrive rarement quand on regarde du Al Adamson, il faut le dire.), et l'interprétation, Franco Nero (dans le rôle titre) et Nicol Williamson (en aristocrate pervers) en tête, est de premier plan. (Bon, Nathalie Delon est superbe mais pas très très bonne actrice, quand même. Cela dit, elle campe une Mathilde tout à fait diabolique et réjouissante.)

Le scénario simplifie un brin la trame du roman, en gommant notamment tout l'aspect sentimentalo-cucul (oui, je sais, c'est un chef d'oeuvre, mais ça n'empêche pas qu'il y ait un aspect sentimentalo-cucul, inhérent ou presque à l'époque de son écriture), pour mettre l'aspect sur la chute du Père Ambrosio, qui devient fornicateur et meurtrier après avoir été, en chaire, le chantre de la chasteté. Même s'ils sont vraiment pourris, comme il sied à des démons, Delon et Williamson sont au bout du compte plus sympas que cet abruti pérorant qu'il est impossible de plaindre quand il se retrouve devant le tribunal de l'inquisition. Les inquisiteurs, au passage, ont tous une tête de mort sur leur chasuble : sacré Bunuel ! A part peut-être Franco, il n'y a que lui pour bouffer du curé, comme ça. Et le pire, c'est la fin : juste avant d'être soumis à la question extraordinaire, après qu'on lui a bien expliqué le fonctionnement des brodequins, Ambrosio craque et vend son âme au diable en échange de sa liberté, de la puissance et de la gloire. On s'attend évidemment à ce qu'il se fasse avoir, c'est ce qui se passe, en général. Eh bien pas du tout ! L'action se transporte illico à l'époque moderne, devant la basilique St. Pierre, et ce type en blanc, au balcon, que les gens acclament, devinez qui c'est ? Il a dû être content, le pape de l'époque, s'il a vu le film, tiens. Ça devait être Paul VI. J'espère qu'il avait le sens de l'humour.

Bref, encore plus noir et anticlérical que le bouquin, LE MOINE est un petit chef-d'oeuvre, voilà. Vivement conseillé si vous arrivez à mettre la main dessus. Michel Pagel

La MÔME VERT-DE GRIS - Bernard Borderie, 1953

Eddie Constantine essaie de faire son cool ; Dominique Wilms fume des cigarettes et fait son agace; Howard Vernon balance des répliques genre : « Ta gueule, rapace, ou j'te cloue l'bec ; j'en ai maté d'autres, des mariolles dans ton genre ; tu vas casquer, duschnock ; avec mézigue, les caves en bavent et les durs endurent ».

Et la musique ? Bof... Du jazz d'ascenseur 50s pseudo exotique genre Les Baxter du pauvre (ça se passe à Tanger, faque, faut faire dépaysement un peu).

Mention spéciale au logo du Canal D dans le coin à droite : très beau à regarder. Carnosaur

MON CURÉ CHEZ LES NUDISTES - Robert Thomas, 1982, France, 1h30

Un curé... chez les nudistes. Voilà une idée chouette et qui promet, non ? Non ? Eh ben... définitivement non.

Un curé bon vivant est parvenu à faire de la messe, dans son village, un endroit où tout le monde veut être vu, rire et respirer la bonté chrétienne. Sa messe est tellement populaire qu'il y a cinq représentations par dimanche ! Il imite les animaux de l'arche de Noé, fait le pitre, et ses fidèles, facilement amusés, se marrent à n'en plus pouvoir. L'archevêque entend parler de sa popularité, et décide de s'en servir et de l'envoyer évangéliser les membres d'un club de nudistes, dont la devise est : "Pas de téléphone, pas de télévision, pas de politique et pas de religion !"

Notre curé, tout honoré qu'on lui confie une mission, part dans sa voiture qui tombe en pièce vers un destin incertain sans se douter de ce qui l'attend, ramassant en chemin des auto-stoppeuses droguées et une oie tout à fait mignonne nommée Georgette.

Robert Thomas est responsable de quelques oeuvres "glorieuses", dont LES BRÉSILIENNES DU BOIS DE BOULOGNE, visionnement épique s'il en est, et la suite de l'oeuvre dont on parle aujourd'hui, MON CURÉ CHEZ LES THAÏLANDAISES. Il est aussi l'auteur d'une pièce de théâtre nommée 8 FEMMES, adaptée au cinéma par François Ozon... Ça ne sera une surprise pour personne de savoir que son "cinéma" est théâtral, burlesque et gestuel, bénéficiant d'une mise en scène statique et figée.

Le récit de MON CURÉ CHEZ LES NUDISTES est centré autour d'un conflit éventuel entre la religiosité d'un prêtre et la morale douteuse d'un groupe de nudistes, conflit qui ne se développe jamais, ce qui rend le visionnement du film légèrement pénible. On ne comprend pas non plus pourquoi un archevêque perd son temps à vouloir évangéliser un aussi petit groupe d'individus, mais si on cherchait une quelconque motivation intellectuelle ou la véracité absolue dans une comédie aussi vide de sens que celle-ci, il faudrait aussi songer à se pendre au clocher.

Il y a bien quelques jolies filles ça et là, et des rebondissements approximatifs qui tiennent le spectateur éveillé, mais le plus affligeant de toute l'entreprise est sans doute l'état, à l'écran, de notre pote Paul Préboist. Il a terminé sa carrière dans les Lelouch début '90, et on a peine à le croire car il semble à peine tenir debout. Il est subséquemment apparu dans LES PLANQUÉS DU RÉGIMENT de Caputo, L'ÉMIR PRÉFÈRE LES BLONDES de Payet, ce qui dénote un certain attachement aux pornographes recyclés. Sa performance est ici plus que grotesque, tout pantelant qu'il est, à moitié sénile, allant de scène en scène la bouche ouverte et les yeux bouffis.

Les convictions sociales de Robert Thomas sont apparentes dans quelques scènes, où apparaît le serveur noir, Banania (soupirs). Il est bien sûr là pour courir en pagne et répondre aux ordres du propriétaire du club, qui fait preuve d'une rare condescendance à son égard, comme en témoignent des répliques telles que : "Va bronzer, mon coco !" ou encore cette perle, lors d'un bal costumé :

"-Et toi, t'es pas déguisé ? 

-Mais si ! 

-En quoi ? 

-Mais en nègre !" 

C'est lourd, à la fin. En plus de Banania, on a droit à la fille du proprio qui a les seins en banane, et à tous les mecs qui se dissimulent la bite attentivement (poil de pubis féminin acceptés, mais une bite, ouh la la quelle vilainie !).

Bref, de la véritable comédie française comme on l'aime (pas) : raciste, bête et vulgaire. Ça n'est pas désagréable à regarder, mais on ne peut s'empêcher de trouver cela fort douteux, et de déplorer le fait que les films avec les titres les plus rigolos sont souvent les plus ignoblement décevants.

La jaquette est tellement incroyable que je me dois de vous la retranscrire : 

MESSAGE IMPORTANT 

Vous en avez assez de la mauvaise température, de rester à la maison, de tourner en rond... 

Nous avons trouvé la solution à tous vos problèmes. 

MON CURÉ CHEZ LES NUDISTES. 

Vous aurez l'impression d'être en vacances, au soleil, au bord de la mer en plus de rire follement en suivant les péripéties d'un curé parti évangéliser les membres d'un club de nudistes malgré tout ce que cette situation a de bizarre...

Une véritable cure pour toute personne âgée de quatorze ans et plus. 

Qui n'en a pas besoin en ce moment ? Orloff

MON IDOLE aka Whatever You Say - Guillaume Canet, France, 2002, 1h50.

Le court nommé Bastien (Guillaume Canet), animateur de foule pour une émission de variétés présentée à la télé française, a l'ambition dans le sang mais justement, elle y reste. Il se laisse marcher sur les pieds par son animateur, mais idolâtre le grand patron de sa boîte de production, Broustal (étonnant François Berléand), et développe dans l'ombre des concepts d'émissions qu'il compte lui présenter. Le jour où Broustal, son idole, l'invite dans sa maison de campagne tout le week-end pour travailler sur un concept, il y voit donc le signe d'un certain avancement dans sa carrière.

Canet voit sans doute dans ce film un signe certain que sa carrière avance. Lui qui jouait le nerveux au grand coeur dans JE RÈGLE MON PAS SUR LE PAS DE MON PÈRE aux côtés du magistral et récemment décédé Jean Yanne. Lui qui jouait l'absence de réaction dans THE BEACH, lui qui jouait le paumé sympathique mais nerveux dans LES MORSURES DE L'AUBE... Il ne le lâche pas, son personnage, pour sa première réalisation. Il s'y enfonce et le nuance, ça oui, mais il y reste. On obtient donc une histoire improbable et brouillonne, qui se "garroche" dans tous les sens dans sa première partie, pour se lancer en fin de parcours dans le thriller grinçant. C'est réussi ? En partie. François Berléand est magistral en requin de la finance, cynique et gueulard, un Serrault sans le grincement de voix. Il porte le film sur ses épaules à lui seul ! Canet, l'idiot de service, crédule et épaté, est son pantin. Ça vaut aussi le coup pour la "femme" de Berléand, Diane Kruger (la soeur de Freddy ?), une allemande à la plastique parfaite. La musique est signée Sinclair (qui chante en anglais !) et ne couvre pas nécessairement bien les images projetées. On a de plus droit à une introduction et une finale animée qui surprennent quelque peu, et pas forcément agréablement. Constat : la demi-déception, mais puisqu'on ne s'attend à rien et que c'est gratuit, on ferme sa gueule. Orloff

Les MORSURES DE L'AUBE - Antoine de Caunes d'après le roman de Tonino Benacquista avec Guillaume Canet, Asia Argento, Gérard Lanvin, 2001, France

Antoine vit la nuit, de bar en réception ou il se faufile sans invitation. Lorsqu'il entre dans une soirée uniquement parce qu'il mentionne, au hasard, qu'il est un ami de Jordan, un nom qu'il a entendu plus tôt, sa vie bascule. On lui offre un milliard de francs pour le retrouver, ce que notre énergumène ne refuse pas. Il rencontre d'abord sa soeur, Violaine (Asia Argento) une étrange femme qui lui laisse de drôles de souvenirs. Son copain Étienne l'aide, mais lui aussi se retrouve rapidement dans le pétrin, car on ne suit pas la trace de Jordan, ni de sa soeur, sans en subir les conséquences. Quand la fille des son ex est menacée, Antoine plonge plus profondément dans le monde de la nuit pour trouver cet homme à la réputation sulfureuse...

Il est d'abord difficile d'embarquer dans l'histoire car Antoine est un personnage qui n'est vraiment pas sympathique, on arrivera pas à se préoccuper vraiment de son triste sort. Premier problème. Asia Argento campe à merveille son rôle, spécialement dans une scène de séduction tirée tout droit de Dracula. Évidemment on flaire ce que les personnages se refusent à croire, l'élément surnaturel. Cependant, la chute, abrupte et pratiquement illogique, ne récompense pas le cinéphile, qui s'est envoyé le film, certes beau, mais plutôt vide de substance. Dommage. Mario Giguère

MORT UN DIMANCHE DE PLUIE aka DEATH ON A RAINY SUNDAY - Joël Santoni, 1986, France/Suisse

Dans une Suisse pluvieuse, l'architecte Daniel Briand (Jean-Pierre Bacri) et sa famille sont harcelés par un homme (Jean-Pierre Bisson) devenu manchot et boiteux à cause d'entrepreneurs peu scrupuleux. Lui et sa femme (Dominique Lavanant) intègrent la vie de la famille Briand dans un esprit de vengeance. Lui devient leur jardinier, elle leur baby-sitter. Ainsi commence une douloureuse descente aux enfers pour les Briand.

Le film de Santoni a quelque chose d'éminemment pervers. En particulier parce que le personnage de Dominique Lavanant, bien loin de l'esprit des Bronzés, s'en prend de manière déplorable à la petite fille Briand, blonde gamine psychologiquement torturée par cette garce psychotique qui ne cesse de l'humilier et de la droguer. Ce personnage en devient tellement détestable que l'envie de la saisir pour la cogner devient le sentiment dominant lors du visionnement du film. Sentiment frustrant donc, surtout lorsque la fille s'avère bien incapable de dire a ses parents de quoi cette folle est capable. Mais les parents ne sont pas parents pour rien, et rapidement le doute s'installe. La torture psychologique fait alors place à la perversion, puis à la violence corporelle, pour terminer par le meurtre.

Ce thriller esthétiquement soigné s'avère plus irritant que réellement stressant. Les situations énervent tant on voudrait voir les protagonistes agir différemment. Si c'est là le désir du réalisateur, il a amplement réussi son pari. Mais au final, alors que le dénouement sanglant et brutal tant attendu arrive, on sort du film un rien énervé, avec l'envie contradictoire de se retrouver face à pareille confrontation pour prouver que les choses n'ont pas à se passer de cette manière. Kerozene

  MUTANTS - David Morlet avec Hélène de Fougerolles, Francis Renaud, Dida Diafat, France, 95m 

Une épidémie a rapidement laissé la majorité de la population en proie à une rage qui les pousse à vouloir attaquer et dévorer leur prochain. On va suivre un couple qui essaie de trouver un endroit retiré ou essayer de survivre. Ils finissent par se retrouver seuls dans un bâtiment abandonné, lui a été mordu, elle est immunisée et reste à ses côtés en espérant le sauver de la transformation. Malheureusement, après avoir envoyé tout azimuts un message de détresse, un couple arrive pour les embêter et une horde de mutants les suit.

Ce qui semblait devenir un film plus tranquille sur ce couple, qui rappelle celui de La Mouche de Cronenberg ou celui de Zombie Honeymoon, va se transformer en survival féroce avec l'invasion des mutants/infectés/zombies, L'unité de lieu étant souvent de mise dans une production au budget serré, cet immense édifice est passablement intéressant et à la fois d'une froideur clinique qui sert bien le récit. Les acteurs sont également très bons, j'ai bien aimé le mélange de force et de fragilité que dégage Hélène de Fougerolles, tout comme les effets spéciaux, les maquillages étant suffisamment différents des zombies habituels. Ca reste très classique dans ce genre très codifié, mais c'est bien fait et je n'aurais pas détesté connaître la suite. Mario Giguère

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LUC MERENDA

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