1925 - 1984

Source d'inspiration de plusieurs cinéastes, le regretté Sam Peckinpah avec ses ralentis et son montage a amené, entre autre, sur les grands écrans, une violence comme on ne l'avait jamais vue auparavant.

mise à jour le 13 mai 2013

BRING ME THE HEAD OF ALFREDO GARCIA aka Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia - Sam Peckinpah avec Warren Oates, Isela Vega, Emilio Fernandez, Gig Young, Robert Webber, Helmut Dantine, Kris Kristofferson, 1974, États Unis/Mexique, 112m

Un riche propriétaire terrien du Mexique apprend qu'un dénommé Alfredo Garcia a mis enceinte sa fille Teresa et il est prêt à donner un million de dollars à qui lui rapportera sa tête. Tous les chasseurs de primes et gangsters se mettent en chasse. Ayant eu vent de l'affaire par deux bandits américains qui ont montré la photo de Garcia un peu partout, un minable pianiste de bar, Bennie, se montre intéressé à les aider pour 10 000 dollars. Sachant par sa fiancée Elita qu'Alfredo Garcia est déjà mort et enterré, Bennie part avec elle récupérer sa tête dans la tombe du cimetière où il repose. Tous les deux croient que ce sera une promenade d'agrément et que la récompense leur permettra de sortir un peu de la misère pour leur mariage mais il n'en est rien. À peine Bennie a-t-il déterré la tombe et ouvert le cercueil qu'il est assommé et lorsqu'il se réveille, la tête d'Alfredo Garcia a disparu et Elita est morte. Fou de rage, Bennie retrouve ses agresseurs qu'il tue sans pitié et récupère la tête. Il élimine ensuite les gangsters qui l'ont engagé et qui voulaient le descendre au lieu de le payer puis se rend directement au domaine du ranchero pour lui remettre la tête de Garcia. Mais au lieu de prendre l'argent, il abat le riche Mexicain et quelques gardes en souvenir d'Elita et tente une sortie désespérée du domaine où la mort semble être la seule issue.

Après avoir souffert de l'establishment hollywoodien qui avait coupé des scènes dans son dernier film "PAT GARRETT & BILLY THE KID", Sam Peckinpah est parti se ressourcer au Mexique pour son film suivant. Le pessimisme et la désillusion alimentent cette oeuvre peu banale qui raconte l'histoire d'un minable perdant digne des bouquins de Faulkner ou de Hemingway. Peckinpah profite de l'occasion pour nous livrer une réflexion personnelle sur la condition humaine où la violence paroxystique est omniprésente et où la destinée de son héros est bien sûr inévitable. Malgré le cadre contemporain et le réalisme de la campagne mexicaine, Peckinpah a su donner une dimension baroque, voire surréaliste à cette descente aux enfers où les instincts se déchaînent furieusement (ex. Bennie qui parle tout seul à la tête coupée), même si le prétexte de base de l'intrigue apparait plutôt mince. Le spectateur se retrouve donc à la fois devant le dégoût que la violence sauvage procure en même temps qu'un sentiment profond de plaisir instinctif contradictoire envers cette même violence. On a fortement l'impression qu'une démence progressive habite le film au fur et à mesure de l'évolution du récit (il paraîtrait même que Peckinpah et Oates ont consommé pas mal de drogues comme la mescaline pendant le tournage). Sur le plan technique, on retrouve à nouveau les ralentis et les effets de montage qui font la signature de Peckinpah lors des scènes d'action et une remarquable utilisation d'extérieurs mexicains peu connus du public. La musique de Jerry Fielding est excellente et les interprètes sont diablement convaincants, en particulier Warren Oates dans le rôle de Bennie. Un chef-d'oeuvre qui ne laissera personne indifférent et qui gagne d'ailleurs de plus en plus d'admirateurs année après année malgré l'échec commercial que le film a connu lors de sa sortie. Mathieu Lemée

Lorsqu'un riche propriétaire foncier (Emilio Fernandez) promet un million de dollars à quiconque lui ramènera la tête de l'homme qui a mis enceinte sa fille, deux hommes avide d'argent (Robert Webber et Gig Young.) recrutent Bennie (Warren Oates), un barman pour faire leur sale boulot.

Film extrême, mais de la part de Sam Peckinpah, est-ce réellement surprenant? Pas tellement dans le sens ou la bonhomme, toute sa carrière, à passé son temps à faire chier Hollywood par la violence et la subversion qui s'opère dans ses films. En 1974, Peckinpah à déjà causé scandale avec LA HORDE SAUVAGE, CHIENS DE PAILLE a été interdit au Royaume-Uni, son PAT GARRETT ET BILLY LE KID a été massacré par la production et UN NOMMÉ CABLE HOGUE s'est mangé un bide commercial sans précédent. En 1974, toutefois, Peckinpah sort APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA, et rien qu'a la lecture de ce titre provocateur, vous vous doutez que son film à fait du bruit... Échec commercial à l'époque, le film à aujourd'hui trouvé son public, chose tout à fait compréhensible dans la mesure ou APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA est un des meilleurs films de son auteur... Un film de qualité qui mérite bien quelques explications!

Peckinpah est certainement l'un des plus grands réalisateurs de western américain, c'est indéniable. Mais ses westerns ont la particularité de déconstruire le genre plutôt que de l'exploiter, chose que les italiens ont fait avant tout le monde et que Peckinpah faisait avec brio que ce soit dans LA HORDE SAUVAGE ou THE GETAWAY, western urbain sous forme de polar.... Il en va de même pour APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA, road movie crépusculaire ou les chevaux et les revolvers sont remplacés par des voitures, des motos et des mitraillettes qui s'apparente davantage à un western surréaliste lorgnant vers le film de fantômes qu'a un film d'action, contrairement à ce que beaucoup pourraient dire. En effet, si l'action d'APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA se déroule bien à l'époque ou le film a été créé, ce n'est que pour mieux "déconstruire le western", thématique que l'on retrouve dans la moindre des oeuvres de Peckinpah (voir pour s'en convaincre UN NOMMÉ CABLE HOGUE, une comédie romantique dans le Far West et CHIENS DE PAILLE, A.K.A RIO BRAVO dans les Cornouailles), ici poussée à l'extrême tant le film ne ressemble à rien qui n'ait déjà été fait avant...Ceci se manifeste à l'écran par l'usage de figures symboliques tout droit tirées du western spaghetti : personnage principal taciturne, quête difficile de la richesse matérielle, mais également par l'utilisation du Mexique comme décor principal, le tout agrémenté des thématiques propres à Peckinpah, telles que la relation amoureuse mouvementée entre Bennie et Elita, personnage qui constitue le point central du film... Mais également par une représentation de l'homme méchamment péjorative et la place centrale qu'occupe l'enfance dans le film. A cela, Peckinpah rajoute une dimension fantastique surprenante à son oeuvre, la tête d'Alfredo Garcia devenant au fur et à mesure que le film avance un personnage important du récit bien qu'elle ne soit jamais montrée... Cette même tête qui, au fur et à mesure qu'elle prend de l'importance, fait sombrer le personnage principal dans une descente vers la folie qui n'est pas sans rappeler APOCALYPSE NOW (bien que la comparaison soit tirée par les cheveux je vous l'accorde) mais surtout à SIN CITY dans la manière dont elle est explicitée.

Vous l'aurez compris, APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA ne ressemble à rien que vous n'ayez déjà vu avant. En cela, il s'agit très certainement du film le plus jusqu'au boutiste de Sam Peckinpah et il n'est donc pas étonnant qu'il puisse ne pas plaire à tout le monde, d'autant plus que son rythme n'est pas des plus accessibles. En effet, le film est assez lent, Peckinpah prenant son temps pour installer les bases de son histoire et toutes les thématiques qu'il va aborder, mais ce rythme particulier est nécessaire pour marquer la descente aux enfers dont Bennie et Elita sont les victimes. L'intensité croissante de chacune des scènes de violence du film, l'étrangeté de la moindre des rencontres du couple Oates-Vega, la gratuité du moindre instant de violence, cette même violence rendue encore plus étrange par le stylisme dont Peckinpah fait preuve dans ces moments-la... Tout cela est nécessaire pour faire d'APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA une expérience particulièrement glauque et malsaine (qui semble être au passage une des grandes sources d'inspiration de Martin Scorsese pour TAXI DRIVER aux côtés de CHIENS DE PAILLE.). APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA est une oeuvre qui s'analyse en détail, sur laquelle il y aurait de nombreuses choses à dire tant c'est un film à la complexité rare dans ses nombreuses thématiques sous-jacentes, donc on va non plus y passer des heures, ce qu'il est important de savoir c'est que tout en abordant les thématiques qui l'intéresse, Peckinpah procède tranquillement mais surement à l'installation d'une tension dramatique sidérante en multipliant les enjeux de son scénario assez conceptuel bien que linéaire, tension qui explose lors d'un final absolument bouleversant qui risque de vous trouer le cul violemment.

Toute cette complexité dans les thématiques et l'originalité de l'histoire ne seraient toutefois rien sans la maitrise formelle de Sam Peckinpah sur le plan technique, scénaristique et au niveau de la direction d'acteurs. Avec APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA, Peckinpah prend un certain temps pour développer ses personnages et ses enjeux et livre une relation amoureuse intéréssante entre les personnages de Warren Oates et d'Isela Vega dans le sens ou un rapprochement entre les deux personnages s'opère en même temps qu'une dualité s'installe, ainsi si l'une est une femme un peu volage, l'autre délaisse cette dernière d'une certaine façon malgré le sentiment fort qui les rattache, mais c'est Alfredo Garcia qui scinde réellement les deux personnages, scission qui pourtant ne les sépare pas... Bref, leur rapport est unique et passionnant mais est également illustré par des dialogues d'une grande subtilité animés et sublimement interprétés par un Warren Oates au sommet de son art, livrant une prestation absolument incroyable. Bien évidemment, les autres ne sont pas en reste, notamment Isela Vega qui n'a pas à rougir en comparaison avec Oates puisque sa prestation est très bonne... Et on retrouve toute une clique de seconds couteaux, notamment Kris Kristofferson qui entre PAT GARRETT ET BILLY THE KID et APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA a refait pousser son ignoble barbe mais aussi Emilio Fernandez dont le charisme crève l'écran à chacune de ses apparitions et Richard Bright apparait même l'espace d'un plan dans une mini-apparition qui fait plaisir!!

Peckinpah de son côté fait preuve une fois de plus de talents de technicien indéniables, son film étant sobrement mais magistralement photographié et éclairé, mais surtout superbement filmé. Peckinpah capture ses acteurs et tire de leurs performances ce qu'il y a de mieux a en tirer, met en scène ses gunfights de la manière la plus magnifique possible tout en stylisant au maximum le moindre instant de violence par le biais de ralentis et de giclées de sang méchamment graphiques. Une fois de plus, le maître fait preuve d'une maitrise technique sidérante et si ça reste tout de même plus sobre que LA HORDE SAUVAGE, le maniérisme de Peckinpah donne à son film une intensité incroyable, intensité qui trouve son sommet lors de gunfights magnifiquement orchestrés et dont le seul défaut serait le bruit un peu vieillot des coups de feu... A la maitrise technique de Peckinpah se rajoute en plus une bande-son magnifique par Jerry Fielding!

Que dire de plus? Rien. Je ne vois rien de plus à dire qui n'aurait pas déjà été dit sur APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA... C'est un film unique, qui ne plaira pas à tout le monde certes mais dont la qualité est indéniable. Un chef d'oeuvre en somme, une tuerie absolue et un des meilleurs crus de Sam Peckinpah, une baffe intergalactique dont vous allez avoir beaucoup de mal à vous remettre et dont le final nihiliste et sombre finira de vous achever... Un indispensable en somme, un film que je vous recommande particulièrement pour son ambiance bizarre et son jusqu'au boutisme. Zering

CROSS OF IRON aka Croix de Fer Sam Peckinpah avec James Coburn, Maximilian Schell, James Mason, David Warner, Klaus Löwitsch, Vadim Glowna, Roger Fritz, Dieter Schidor, Fred Stillkraut, Senta Berger, 1977, Grande-Bretagne/Allemagne/Yougoslavie, 133m

1943: sur le front russe en Crimée. Les armées allemandes battent en retraite devant les soldats soviétiques et ne se font plus d'illusions sur l'issue de la guerre. Le sergent Steiner et son peloton continuent toutefois de se battre pour survivre en attendant de pouvoir rentrer en Allemagne. Arrive alors le capitaine Stransky, qui a demandé à se faire muter sur le front russe dans le but d'obtenir la Croix de fer, la plus haute distinction et décoration militaire du Reich pour bravoure au combat. Steiner a déjà obtenu cette croix depuis longtemps et comme en plus Stransky n'aime pas l'attitude de celui-ci, une antipathie profonde et dangereuse se développe entre les deux hommes. Lors d'une contre-attaque allemande, Steiner est blessé et transporté à l'hôpital pour six mois. Lorsqu'il revient à son poste, Steiner refuse de signer un témoignage permettant à Stransky d'obtenir la fameuse Croix de fer car Stransky a menti dans son rapport afin de pouvoir l'obtenir. Furieux envers Steiner, Stransky se venge en omettant volontairement de lui transmettre un ordre de repli lors d'une attaque des Soviets. Steiner et son peloton réussissent toutefois à se faufiler difficilement à travers les lignes ennemies pour rejoindre leur camp. Ayant appris leur probable retour, Stransky profite de la confusion pour ordonner que l'on ouvre le feu sur eux. Steiner échappe au massacre et il force Stransky, dans un éclat de rire cynique, à venir avec lui attaquer l'armée soviétique au lieu de battre en retraite pour "lui montrer comment se gagne une Croix de fer".

Sous l'égide d'un producteur allemand spécialisé dans le cinéma pornographique et d'un groupe de producteurs britanniques, Sam Peckinpah a réalisé un chef-d'oeuvre du film de guerre. En tant qu'artiste du cinéma se spécialisant notamment sur l'exploration de la violence, Peckinpah se devait logiquement de réaliser un film de ce genre très populaire. Il a toutefois eu l'idée géniale d'en contourner plusieurs codes et clichés pour offrir un portrait férocement cynique et antimilitariste de la guerre. C'est ainsi que l'auteur a évacué l'héroïsme guerrier, la reconstitution historique des évènements et le manichéisme habituel opposant les soldats alliés face à ceux de l'Axe au profit d'un conflit humain entre deux protagonistes allemands (une première dans le genre!) face un univers qui s'écroule ou se décompose physiquement et moralement devant eux. Les scènes de batailles (truffées d'effets de style que l'on retrouve généralement dans les autres films de Peckinpah) sont donc paroxystiques et secouent vraiment le spectateur par leur extrême violence, plus encore que la séquence d'introduction de "SAVING PRIVATE RYAN" de Spielberg tournée pourtant 20 ans plus tard. L'intrigue est magnifiquement écrite car elle cultive l'ambiguïté et la complexité avec maestria dans sa façon d'explorer les relations entre les deux principaux personnages (Stransky et Steiner of course!) pour s'autoriser des développements surprenants et originaux dans le récit qui le font sombrer dans un pessimisme et une ironie totalement absolus généralement chers à Peckinpah. Par ailleurs, la mise en scène, en plus d'être personnel, s'avère techniquement efficace car on n'a jamais l'impression que le budget du film est très ordinaire en le regardant. À la fois rigoureux et impertinent, maîtrisé et libérateur, tragique et mordant, "CROSS OF IRON" est du grand cinéma comme on n'en fait plus. Un vrai joyau du septième art où tous les acteurs sont formidables. Voici pour conclure la citation de Bertold Brecht employée par Peckinpah vers la fin du film qui en résume très bien l'esprit:

"Ne vous réjouissez pas de la défaite du monstre car, à travers le monde qui l'installa, puis l'arrêta, la putain qui l'a engendré est toujours en chaleur." Mathieu Lemée

Film choc. De tous les films que Peckinpah, de toutes les oeuvres ou il manipule une violence tout aussi morale qu'elle est visuelle, CROSS OF IRON est sans doute la plus viscérale avec STRAW DOGS, autre oeuvre choc qui a, rappelons-le, causé scandale à l'époque de sa sortie, tout comme LA HORDE SAUVAGE et APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA, d'ailleurs... Sam Peckinpah est un réalisateur controversé, qui a ses admirateurs et ses détracteurs, et pour cause, il s'aventure toujours dans des sujets extrêmement délicats et de ce point de vue CROSS OF IRON est sans doute le plus extrême, Peckinpah y délivrant une description du front russe pendant la Seconde guerre mondiale du point de vue des nazis. De ce coup de provocation bien senti, Peckinpah construit une histoire a la charge subversive évidente et colle de vilains coups de savates dans toutes les conventions cinématographiques et morales établies... Mais CROSS OF IRON demeure avant tout une oeuvre profonde et intelligente, au propos réfléchi d'une noirceur et d'un nihilisme rarement égalée, a part peut-être dans le magistral REQUIEM POUR UN MASSACRE d'Elem Klimov, qui renvoie d'ailleurs a plusieurs reprises à CROSS OF IRON, en témoigne la séquence finale qui n'est pas sans rappeler le générique d'introduction de ce cru de Peckinpah...

CROSS OF IRON est une oeuvre à l'influence indéniable sur le cinéma, tout comme la plupart des autres oeuvres de Peckinpah, ceci dit, qui a peut-être signé avec celui-ci son chef d'oeuvre absolu. Faisant preuve d'une maîtrise technique sidérante, Bloody Sam joue habilement avec son montage et crée avec brio le chaos sur le champ de bataille, dont la représentation est d'ailleurs impressionnante, CROSS OF IRON n'ayant pas pris une ride, et les scènes d'action, très nombreuses, ont quand à elles gardé une hargne et une violence magistrales au fil des années. L'oeuvre de Peckinpah plonge son spectateur dans les mêmes horreurs psychologiques et morales que ses personnages. L'identification a ces soldats allemands est donc immédiate, Peckinpah montrant très clairement ce que beaucoup semblent refuser de comprendre, c'est-a-dire que tous les soldats allemands n'étaient pas des nazis génocidaires, un constat simple mais qu'il est politiquement correct de ne pas comprendre... Mais vous savez que le politiquement correct, on s'en fout, et Peckinpah lui s'en soucie encore moins, pour preuve, il fait tout pour rendre ces personnages attachants et il le fait bien, le spectateur suit avec attention leur descente aux enfers jusqu'a un final dont la puissance dramatique risque de vous laisser sur le cul... Ces personnages sont d'ailleurs pour Peckinpah l'occasion de détourner une fois de plus les codes du genre qu'il exploite en présentant davantage son personnage principal comme un personnage de western que comme un soldat en guerre... Taciturne, ne se pliant pas à l'ordre établi et survivant dans un environnement perpétuellement hostile, Steiner est un personnage intéressant par sa dimension anachronique (que l'on retrouve dans tous les films contemporains de Peckinpah.) mais surtout par les différents aspects de sa personnalité.

En effet, c'est un personnage violemment insubordonné, s'opposant perpétuellement aux officiers qui le dirige, d'une manière qui n'est d'ailleurs pas sans évoquer les conflits de Peckinpah avec ses producteurs. De cette insubordination découle toute la noirceur du récit, le personnage de Steiner met en évidence l'horreur des hommes qui nous dirigent, ici de vils officiers envoyant des hommes à la mort à l'abri dans leurs bunkers. La nature de l'homme est un sujet que Peckinpah a souvent abordé au fil de sa carrière, notamment dans CHIENS DE PAILLE ou David Sumner se montrait capable des pires horreurs par jalousie et fierté masculine, dans CROSS OF IRON, Peckinpah dresse un très vilain portrait des hommes en charge, quand à eux, capables des pires atrocités par simple avidité matérielle... Notre société, Peckinpah l'avait comprise en détail, et il le prouve une fois de plus avec cette oeuvre actuelle, voire universelle par le contexte qui y est abordé. En effet, la Seconde guerre mondiale n'est pas un hasard, il est toujours plus facile de traiter d'un sujet aussi vaste lorsqu'on prend un exemple aussi global que la seule guerre à avoir touché le monde entier. Tout le monde devrait donc se sentir concerné par cette oeuvre sans concession, car finalement, Stransky, le bad mother fucker de l'histoire n'est rien de plus que le reflet parfait des hommes qui nous dirigent, et l'introduction d'images d'archives montrant les méthodes de contrôle d'Hitler vient clairement l'amertume du propos. Alors certes, Peckinpah ne fait pas avec ce film dans la plus grande subtilité, mais n'est-ce pas la le but? Il me semble que l'objectif avec CROSS OF IRON n'est pas de faire passer maintes réflexions mais davantage d'envoyer à grands coups de tatanes un constat simple, catégorique et brutal mais d'une importance capitale, pour nous et les générations futures... Ce n'est pas un hasard, une fois de plus, si, sans trop en dire, Peckinpah, d'une manière symbolique, exécute le peu d'espoir et le peu d'humanité qui reste à l'humanité au bout de dix minutes...

Dans toute cette noirceur, CROSS OF IRON se distingue par ses qualités formelles, à commencer par la mise en scène magistrale de Sam Peckinpah bien évidemment, mais également par la qualité de son scénario et de son script, superbement écrit, ainsi que la qualité de son interprétation. James Coburn est tout simplement brillant dans le rôle de Rolf Steiner, un rôle qui lui sied parfaitement et qu'il interprète avec charisme et subtilité. Le reste du casting n'a pas à rougir en comparaison avec sa prestation impériale : Maximillian Schell est excellent en bad mother fucker, livrant une prestation complexe pour un personnage qui l'est tout autant et chaque scène de conflit avec James Coburn est un régal... On compte également toute une liste de seconds couteaux tous aussi talentueux que les autres. Une distribution de qualité, et dirigée avec talent par Peckinpah, dont la mise en scène est brillamment soutenue par la superbe bande-son d'Ernest Gold.

Vous l'aurez compris, CROSS OF IRON, par sa violence et sa noirceur, n'est pas un film à mettre entre toutes les mains, toutefois, il en demeure un chef d'oeuvre absolu, qui, s'il ne plaira pas à tout le monde, mérite d'être vu... C'est l'aboutissement de toute l'oeuvre d'un maître, de toutes ses obsessions et de toutes ses thématiques favorites. C'est également l'aboutissement d'un propos enragé et d'une vision noire de l'humanité qui a mis des années et un paquet de films à se développer... Certainement l'oeuvre la plus viscérale de son réalisateur, pourtant connu pour la viscéralité de ses oeuvres, c'est un film majeur et qui, par son absence de concession, ses qualités techniques et formelles évidentes, et sa subversion, se range à mon sens parmi les meilleurs films jamais réalisés, rien que ça... CROSS OF IRON est un chef d'oeuvre, tout simplement. Putain, ça m'a donné envie de le revoir tout ça! Zering

  The KILLER ELITE aka TUEUR D'ELITE - Sam Peckinpah, 1975, États Unis 

Barbouze pour une société secrète sous-traitant pour la CIA, Mike Locken (James Caan) est trahis par son plus proche collègue, George Hansen (Robert Duvall). Rectifié par ce dernier d'un bastos dans le coude et dans le genou, Locken doit se remettre sur pied afin de découvrir pourquoi il a été entubé de la sorte...

Après l'échec public du trop libre, trop poisseux et trop sublime "Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia", il faut un succès à Sam Peckinpah pour se remettre en selle. Ce sera l'adaptation par Marc Norman et Stirling Silliphant d'un roman d'espionnage de Robert Rostand.

Pur film de commande, "Tueur d'élite" reste une œuvre mineure, dans laquelle l'auteur de "La horde sauvage" ne semble pas vraiment croire à ce qu'il raconte, mettant une sorte de distance entre lui et son sujet. Avec beaucoup d'humour (pas toujours très pertinent d'ailleurs), il s'amuse à castrer son héros macho (James Caan, à l'aise dans ses baskets, même quand il vient de se faire enfler par son pote) pour en faire une sorte de samouraï boiteux, finissant par se retourner contre son boss.

En toile de fond, Peckinpah dresse le portrait d'une Amérique motivée par l'appât du gain et dirigée dans l'ombre par des costards-cravates fourbes, manipulateurs et cyniques (Arthur Hill et Gig Young sont d'une duplicité exquise). Désenchantés, les ex-agents du gouvernement ont, quant à eux, perdu la foi envers leur patrie et ne savent plus pourquoi (et pour qui) ils se battent.

Pour le reste, l'intrigue de "The killer elite" tient plutôt bien la route (malgré quelques longueurs) et bénéficie d'extérieurs élevant l'ensemble vers le haut (San Francisco et ses alentours) et d'un casting de trogne comme les affectionne Bloody Sam (mention spéciale à Bo Hopkins, génial en baroudeur psychotique).

En revanche, niveau action, les fans d'arts martiaux ont de quoi faire la gueule, tant les chorégraphies sont molles et peu crédibles (le guet-apens de l'aéroport est franchement bordélique). Le film fait davantage illusion quand il sort les pétoires et que la peckinpah's touch peut enfin déchaîner les enfers (dommage toutefois que les ressources spectaculaires du climax soient sous-exploitées).

Cela dit, le récent dvd collector édité par Wild Side permet de laisser une seconde chance à cet opus tantôt paresseux, tantôt efficace, qui jouit pour l'occasion d'une copie resplendissante et d'une version director's cut plus longue de quelques minutes (mais rien de substantiel).

Ah, j'oubliais : au début du film, les Russ Meyer's addicts reconnaitront sûrement la magnifique Uschi Digard dans un rôle furtif, celui de la nana que pelote ce veinard de Robert Duvall lors d'une petite sauterie. Dirtydwige

Un NOMMÉ CABLE HOGUE - Sam Peckinpah avec Jason Robards, Stella Stevens, David Warner, L.Q. Jones et Strother Martin, 1970, États Unis, 121m

Cable Hogue se fait trahir par Taggart et Bowen, qui le laissent seul et sans eau dans le désert. Il parvient toutefois à en trouver au milieu du désert et fait fortune.

Ballad of Cable Hogue fait un petit peu intrus sur la filmographie du grand Sam Peckinpah. Non pas parce que c'est un film d'une qualité inférieure mais parce qu'il tranche radicalement avec la violence excessive des autres films du monsieur puisque Cable Hogue se base plus sur un aspect comique... Je dois dire que j'étais sceptique au départ mais bon faut se rappeler que derrière la caméra c'est Sam Peckinpah et que même quand il fait des comédies le monsieur il fait des films purement subversifs. Vous rêviez de voir David Warner en prêtre maniaque dont le passe-temps principal est de violer impunément les jeunes femmes en deuil? Alors Cable Hogue est fait pour vous, le film abordant et s'attardant plus que d'accoutumée sur deux thèmes qui semblent chers à Sam Peckinpah (de ce que j'ai vu de sa filmographie), il se permet donc d'afficher sa vision assez particulière de la femme et de coller quelques taquets à l'église de la manière la plus subversive possible, de plus Peckinpah dresse le portrait de deux personnages attachants, Cable Hogue joué par le génial et regretté Jason Robards (il fait mourir de rire ce mec la dans ce film.) et la prostituée qui lui sert de dulcinée, il dresse également le portrait de Joshua, le prêtre fou dont j'ai déjà parlé interprété par David Warner (qui à joué le pédophile Henry Niles dans Chiens de paille pour ceux qui ne le resituent pas!), il prend deux heures pour le faire et si malheureusement on trouve quelques baisses de rythme dans le film le final émouvant compense largement, et puis comme d'habitude en termes de mise en scène Peckinpah pète à mille coudées au dessus de tout le monde et signe des scènes absolument géniales, comme la scène d'introduction ou encore la scène ou Robards balance des serpents du L.Q. Jones et Strother Martin... Qui à dit jouissif?

En somme, si Peckinpah à (clairement) réalisé de meilleurs films, Un nommé Cable Hogue demeure un western de qualité, servi par une mise en scène qui claque, génialement subversif, un film à voir donc. Zering

STRAW DOGS aka CHIENS DE PAILLE - Sam Peckinpah avec Dustin Hoffman, Susan George, Del Henney, Peter Vaughan, 1971, États Unis

Un mathématicien américain timide et réservé (Dustin Hoffman) déménage en Angleterre, dans la bicoque rurale de sa femme (Susan George), afin d'avoir la paix pour travailler sur ses théories en astrophysique. Toutefois, sa femme immature et les rustres du coin semblent s'être concertés pour l'empêcher d'avoir la paix, et les événements dégénèrent assez rapidement; il se retrouve bientôt à faire un siège dans sa maison, alors que dehors, les brutes menacent d'entrer pour récupérer un présumé pédophile (David Warner).

Je ne m'étendrai pas sur ce "classique" que tout le monde connaît sans doute déjà. La lente escalade vers une violence surprenante est ici habilement menée par un Peckinpah en santé, et la forme dramatique de son thriller ne l'empêche pas de parvenir à insérer ici et là quelques ralentis de bon aloi, ralentis pour lesquels il est d'ailleurs célèbre, ayant entre autres inspiré en Italie, dans les années '70, Enzo Girolami Castellari, et plus près de notre époque John Woo.

Le dénouement est la force du film, certes, et la lente progression y menant peut paraître longuette pour certains. Il y a toutefois assez d'éléments distrayants dans la trame, et Susan George n'est pas désagréable à regarder malgré l'infantilisme presque mongolien dont fait preuve son personnage. En tant que blonde de service, elle est apparue en cours de carrière dans pas mal de trucs horrifiants, dont DIE, SCREAMING MARIANNE en '71, a fait face à un requin enragé dans TINTORERA en '77 et à un black mamba tout aussi enragé dans VENOM en '82, aux côtés d'un Oliver Reed en sueur et d'un Klaus Kinski en chaleur. Hoffman, lui, garde l'air toujours aussi égaré que dans THE GRADUATE, malgré un regard de chien fidèle qui ne peut qu'attirer la sympathie du public s'identifiant aux déboires sanglants du bon docteur. Ce qui est déjà pas mal pour un seul film. Orloff

David Sumner (Dustin Hoffman) et sa femme Amy (Susan George) quittent New York pour vivre en Angleterre. Ils font alors face à une hostilité inattendue de la part des habitants locaux.

Les chiens de paille est un film de fou. Longtemps censuré dans certaines contrées du monde en raison d'une ultra-violence époustouflante, -marque de fabrique de Sam Peckinpah-, et d'une scène de viol difficilement soutenable... Surtout pour ça en fait, je ne pense pas être le seul à avoir remarqué que bon nombre des films qui provoquent scandale contiennent des scènes de viol : Orange mécanique, I???V??SIBL?, Day of The Woman... Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres et Chiens de paille n'est qu'un exemple de plus pour appuyer ma pensée, et qu'est-ce que c'est ma pensée? Que la majorité des gens sont des abrutis qui s'excitent, crient au scandale dès qu'ils voient une bite sur leur écran et qui portent des jugements hâtifs sans porter la moindre réflexion a ce qu'ils viennent de voir... Certains sont même allés jusqu'a considérer Chiens de paille comme un film fasciste... Ce qu'il ne faut pas entendre, partant du principe que le film est plus une réflexion sur l'homme, ses aspects sauvages et la dislocation de la famille, mais j'y reviendrai plus tard promis! Bon nombre de choses sont à dire sur ce qui est à mes yeux le meilleur des 3 films de Peckinpah que j'ai pu voir, les deux autres étant La horde sauvage et Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia et je peux vous dire que 3 films suffisent largement pour se rendre compte du talent du bonhomme et de la qualité globale de sa filmographie, mais je m'égare!

Ainsi lorsque le maitre du ralenti et des scènes d'action cracra Sam Peckinpah s'attaque à un Rio Bravo-like, ce n'est que pour plus ou moins abandonner le côté slow-motion de son oeuvre et s'attarder sur une violence rarement vue au cinéma : que ce soit cette scène de viol, ou tout le final dans la maison assiégée des Sumners, Chiens de paille est un monument de violence, percutante, un film qui verse également dans le glauque le plus extrême. Brillamment mis en scène, Chiens de paille, en plus d'être un monument de violence, balançant des images dont le spectateur se souviendra longtemps, est également un monument de suspense, on pense à ce final de 25 minutes ou Dustin Hoffman tente tant bien que mal de retenir ses agresseurs ou la tension est à son maximum, Sam Peckinpah prouve une fois de plus qu'il avait tout compris au cinéma et signe, à partir d'un postulat de base vu 550 000 fois, un véritable chef d'oeuvre, il signe un film à l'image de sa filmographie : surprenant, atypique, violent, crade, provocateur et surtout irrévérencieux, provocation qui semble avoir abouti puisque tout le scandale autour du film est basé sur une seule et même scène, très ambigüe mais aussi difficilement soutenable, celle du viol d'Amy Sumner, jouée avec génie par la méconnue et charmante Susan George (les critères de beauté ont bien changé depuis les 70's mais je vous préviens les gars c'est pas possible de pas tomber amoureux.)... Des viols au cinéma on en a déjà vu quelques uns mais il devient beaucoup plus dérangeant lorsque la victime alterne entre supplice et plaisir sexuel, évidemment, il n'en fallait pas plus pour tous les abrutis qui tapent aujourd'hui sur Gaspar Noé pour crier au scandale, ceux-ci n'ont rien compris, ou alors ils n'ont pas vu le film... Car en effet Chiens de paille, s'il brille par sa réalisation, brille davantage par un propos cynique et sombre à souhait et le développement de ses personnages, le film de Peckinpah, entièrement basé sur la relation bancale entre Mr Sumner, joué par le génialissime Dustin Hoffman, et sa petite femme... De la même manière que celle-ci alterne entre la souffrance d'être violée et le plaisir de l'acte sexuel, le jeune couple se voue un amour incroyable pour se taper sur la gueule la scène d'après, la faute au peu d'attention que porte David Sumner à sa femme, faisant de lui le véritable mother fucker de l'histoire, se souciant peu de sa femme et ne changeant d'attitude qu'une fois que c'est trop tard... Par ailleurs, si les paysans sont tous droits sortis de Massacre à la tronçonneuse, jamais on ne les voit s'attaquer directement au couple, certes, ils tuent le sheriff, et encore, plus ou moins accidentellement, certes, ils retournent la maison des Sumner et tout dans le film indique que ce sont eux les gros enculés, mais si l'on porte un minimum de réflexion, on se rend vite compte que le véritable méchant de l'histoire est le personnage joué par Hoffman, il suffit de le voir tuer froidement ses agresseurs pour s'en convaincre... Par ailleurs, une grande partie de l'histoire est basée sur une réflexion qui n'est pas sans rappeler le Que la bête meure de Claude Chabrol, réflexion qui porte sur le rapport homme-bête, réflexion dont la question principale vis-à-vis de Chiens de paille est qui est l'homme et qui est la véritable bête : David Sumner est-il l'homme acculé par le groupe de paysans (les bêtes)? Ou alors le David Sumner aimant sa femme lors de certaines scènes est l'homme et le David Sumner qui tue froidement tout le monde la véritable bête? Une question à laquelle je vous laisse la réponse même si pour ma part il est clair que Sumner oscille entre un côté humain et un côté animal et bestial qui prend le contrôle de lui à la fin du film, bestialité symbolisée par ce plan sur les lunettes brisées de Sumner, c'est en réalité l'humanité et le pacifisme qu'on attribue au personnage au début du film qui est ici représenté.

En plus de proposer une réflexion plus qu'intéressante, Chiens de paille est un film extrêmement intéressant de par la construction de son scénario et aussi par ses dialogues et les types qui les interprètent, alors évidemment, une bonne partie des acteurs fait pale figure à côté du génie de Dustin Hoffman (un des plus grands acteurs de sa génération, génialissime même quand il fait des films de merde.), force est de constater que Susan George livre une bonne prestation également, pour ce qui est des paysans : ils font flipper!! Et puis, les dialogues sont génialement écrits, même chose pour le film qui est génialement construit : lent, mais sans aucune longueur et surtout viscéral à mort, Peckinpah fait ici encore moins dans la dentelle que d'habitude, montrant la violence autant qu'il le peut (sauf pour sa scène de viol ou c'est la suggestion qui est dérangeante ici, je pense notamment à tous les flashbacks que subit le personnage d'Amy après cette scène qui sont particulièrement affreux.), donnant à ses personnages des morts toutes plus atroces les unes que les autres (je pense qu'on se rappellera tous du passage ou Sumner jette de l'huile bouillante sur ses agresseurs, pas particulièrement éprouvant visuellement mais inventif il faut l'avouer.), bref, Chiens de paille est scénaristiquement une réussite, un film éprouvant et beaucoup seront ceux à lâcher un soupir lorsque le générique de fin du film commencera, porté par les notes de l'ici très discret mais génial Jerry Fielding.

Que dire d'autre de ce Chiens de paille? Et bien rien de plus si ce n'est que le fait que Peckinpah ait ici décidé d'abandonner en partie les ralentis à outrance qui le définissent (et qui définiront plus tard John Woo, qui je le rappelle, prend Sam Peckinpah et Jean-Pierre Melville comme influences principales, décidément, c'est un homme de gout le John!!) est très loin de nuire au chef d'oeuvre qu'est Chiens de paille, un film d'une telle qualité que j'ai beaucoup de mal à comprendre comment il ait pu tomber dans les oubliettes cinématographiques... Percutant, intelligent, génialement mis en scène et scénarisé, Les chiens de paille est un chef d'oeuvre, un grand moment de cinéma et si tout le monde ne supportera pas le côté violent de l'oeuvre de Sam Peckinpah, force est de constater que le film est une date, un film culte... Et la je vais dire quelque chose qui ne plaira pas à tout le monde, mais c'est certainement un des meilleurs films de sa catégorie, bien meilleur à mes yeux que le déjà génial Orange mécanique de Stanley Kubrick. Un film à voir et à revoir. Zering

The WILD BUNCH aka La HORDE SAUVAGE - Sam Peckinpah avec William Holden, Ernest Borgnine, Robert Ryan, Warren Oates, Ben Johnson, Edmond O'Brien, Jaime Sanchez et Emilio Fernandez, 1969, États-Unis, 138m

Le problème récurrent avec Peckinpah, c'est que quand on parle de ses oeuvres il faut toujours employer les mots "meilleurs" puisque pour être clair, les bas de Peckinpah c'est les hauts de tout le monde. Maintenant prenez le cas de La horde sauvage, qui représente les hauts de Peckinpah : vous tenez un des meilleurs westerns jamais faits, tout simplement. Bin oui hein un western intense ultra-violent, épique et sans concessions de 2h18, c'est déjà pas mal, mais quand derrière on a le cinéaste américain le plus doué de sa génération, c'est encore mieux, alors voila si personnellement La horde sauvage est loin d'être mon préféré de Peckinpah (d'ailleurs dans le genre western je préfère la version remontée en 2005 de son Pat Garrett & Billy The Kid.), force est de constater que c'est un de ses meilleurs films. Malheureusement le film, comme ce fut souvent le cas avec Peckinpah, son film fut scandale à la sortie et fut carrément massacré au montage... Aujourd'hui, y a du mieux, la version intégrale de 2h18 est disponible mais la trouver est une misère : alors voila écoutez si vous voulez voir le chef d'oeuvre La horde sauvage dans son intégralité, allez sur amazon.co.uk et chopez le coffret Sam Peckinpah Collection contenant Ride The High Country, Ballad of Cable Hogue, Pat Garrett & Billy The Kid dans sa version studio toute caca et dans sa version remontée à partir des notes de Peckinpah (qui elle est un chef d'oeuvre absolu.) et surtout La horde sauvage dans sa version intégrale.

D'entrée de jeu, on sent que La horde sauvage n'est pas un film comme les autres. Dès ce générique de dix minutes, bercé par la musique épique de Jerry Fielding, brillamment mis en scène et qui présente les gueules cassées de William Holden, Ernest Borgnine, Warren Oates et Ben Johnson (quatre acteurs de légende si je puis me permettre.), générique qui s'enchaine directement sur une fusillade qui à rebuté pas mal de gens, qui en rebute encore pas mal et qui en rebutera toujours, la raison est simple, Peckinpah était un artiste subversif et cela se ressent même jusque dans la mise en scène. Peckinpah fait en effet les choses jusqu'au bout et non seulement il signe l'équivalent d'un coup de pied dans les bourses de notre chère intelligentsia (celle qui censure les films avant de les encenser 30 ans après.) mais il le fait jusque dans la mise en scène de son film : montage ultra-découpé et serré, ralentis et images en accéléré à outrances, gerbes de sang de tous les côtés, cela donne un résultat tout à fait inattendu à l'écran, une espèce de chaos organisé (qui n'est pas sans rappeler Tsui Hark, qui signe des scènes d'action à la limite de l'illisible pour quiconque n'est pas concentré sur ce qu'il regarde mais qui sont organisées avec soin.) vraiment soufflant, impressionnant : alors évidemment on accroche ou on accroche pas et dans le deuxième cas, La horde sauvage risque d'être horrible pour vos yeux puisque tout le film est tourné de cette manière : la mise en scène est purement frénétique, et la fusillade d'ouverture est loin d'être la pire, en témoigne cette fusillade finale à la gatling ou les protagonistes font face à une horde de mexicains pas contents, pur monument de mise en scène et pur fantasme de cinéphile (dont Stallone semble s'être inspirée d'ailleurs pour la fusillade finale de son John Rambo), cette fusillade finale est vraiment énorme. Grosso modo, La horde sauvage est une pure expérience en termes de mise en scène, une expérience à vivre mais évidemment, le film ne trouve pas ses limites dans sa mise en scène.

Ce qui force également le respect dans cette Horde sauvage, c'est comment Peckinpah change de registre en une seconde : s'ouvrant sur une scène spectaculaire, le film passe ensuite par le suspense pour retourner dans le spectaculaire une dernière fois pour se finir sur une scène particulièrement émouvante. C'est avec une aise déconcertante que Peckinpah passe d'un choix de mise en scène à un autre, faisant de La horde sauvage un film capital pour quiconque s'intéresse de plus près à la mise en scène d'un film : posez-vous sur le canapé, matez le film et prenez des notes car La horde sauvage, c'est purement et simplement tout le savoir cinématographique posé sur pellicule d'un type qui avait tout compris au cinéma, non seulement dans sa forme mais aussi dans son fond, on connait en effet Peckinpah pour être certainement le cinéaste américain le plus irrévérencieux (il ne faut pas oublier que les personnages principal de son film de guerre, Cross of Iron, que je n'ai toujours pas vu malheureusement, sont des soldats nazis.) et il justifie sa réputation une fois de plus : il expose encore une fois sa vision particulière des femmes (même si de ce point de vue, les plus intéressants (et les plus subversifs que j'ai vu de lui pour l'instant) sont Chiens de paille et Ballad of Cable Hogue.) mais surtout il livre une oeuvre d'une violence hallucinante pour un film américain, pire pour un western, La horde sauvage, grosso modo c'est un film populaire pas pour les enfants, ça donne un résultat détonant, Peckinpah n'épargnant jamais la violence à son spectateur, évidemment si cette violence trouve vite ses limites en raison du rythme effréné et infernal du film il est tout de même agréable de noter la tache que crée les gerbes de sang de La horde sauvage sur le cinéma américain dans sa globalité.

Mais faire un des films les mieux mis en scène au monde n'est pas assez pour Peckinpah. Du coup, au-delà de sa mise en scène vertigineuse, on trouve dans La horde sauvage des personnages d'une rare profondeur, animés par des acteurs affichant un charisme impressionnant... Que ce soit William Holden, leader de la Wild Bunch, Emilio Fernandez, bad mother fucker de l'histoire, Ben Johnson et Warren Oates, deux frangins avides de fric ou Robert Ryan, qui joue ici un personnage ambigu, à cheval entre la loi et la bande de Pike Bishop, tous affichent un charisme sans égal, animent des personnages plus que mémorables et récitent leurs dialogues comme si leur vie en dépendait, d'ailleurs tiens en parlant de dialogues ils sont particulièrement croustillants, les répliques cultes s'enchainent à un rythme affolant et les dialogues glissent super bien, prononcés par des acteurs absolument géniaux! Tout cela bien sur sans oublier la zik absolument épique de Jerry Fielding (qui, pour les ignares, à composé les bandes-sons de Chiens de paille et d'Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia, deux monuments de subversion et deux grands Peckinpah.). En somme, La horde sauvage : un casting parfait + une réalisation parfaite + un scénario parfait + une musique parfaite = un film parfait? Non, pour la bonne et simple raison que comme sur tout film au monde il y a dans La horde sauvage de légères imperfections ici et la (ce qui fait de la notion "film parfait" une notion absolument inutile puisque cela n'existe pas.) qui vaudraient peut-être la peine d'être notées si j'arriverais à les retrouver. Mais je n'y arrive pas et pour être honnête, je n'en ai pas envie. Car La horde sauvage est un pur chef d'oeuvre, un des meilleurs westerns au monde et un des meilleurs crus de Peckinpah. A voir et d'urgence.

SAM PECKINPAH IS GOD. (C'est pour ça qu'il va se dépêcher de balancer un éclair à l'enculé qui va refaire son Chiens de paille.) Zering

Google
 
Web www.clubdesmonstres.com

LE CINEMA WESTERN

100 FILMS | INTRODUCTION | ART | ARCHIVES | BESTIAIREBLOG | NOS CHOIX | COURRIER | DICTIONNAIRE VISUEL | EDWIGE FENECH | FIGURINES | FORUM | GAZETTE | LECTURES | LIENS | LUTTE | MP3 - WAV | REPORTAGES | RESSOURCES | PHOTOS | VISIONNEMENTS | VENTE