LES NOUVEAUX VISIONNEMENTS CULTES

mise à jour le 3 décembre 2024

ABSOLUTION - Hans Petter Moland avec Liam Neeson, Ron Pearlman, Javier Molina, Daniel Diemer, Yolonda Ross, États-Unis, 2024, 112m

Il y a pas mal de films dans la sous-catégorie "criminel vieillissant qui a des problèmes cognitifs" ces temps-ci, et Neeson l'a peut-être oublié, mais il est lui-même apparu dans une de ces oeuvres, "Memory", en 2022. Mais passons.

L'erreur commune que semblent faire la plupart des spectateurs de ce film est de l'aborder comme un film d'action. Oublions aussi temporairement que Liam a déjà tourné avec le même réalisateur dans le percutant "Cold Pursuit". Mettons nos attentes bizarres de côté.

Absolution est un drame contemplatif sur les regrets. Et rien que ça, c'est déjà magique.

Neeson y interprète un criminel sur le retour qui vit dans le passé, qui a des problèmes de gestion de sa colère, et qui tente de reconnecter avec sa famille négligée suite à un diagnostic inquiétant.

À part quelques petites longueurs ici et là, j'ai apprécié ce film plein d'atmosphère, avec une impeccable photographie et de jolies trouvailles visuelles.

J'ai maintenant envie d'avoir un lit flottant et d'aller me promener sur une rivière en écoutant des sons ambiants de guitare discordante. Orloff Manera

AFRAID - Chris Weitz avec John Cho, Katherine Waterston, Keith Carradine, Havana Rose Liu, David Dastmalchian, États-Unis, 2024, 84m

Curtis (John Cho) travaille en technologie, et son boss (Keith Carradine) lui demande de tester à domicile un nouvel assistant AI qui est "largement supérieur à Alexa". Aia, l'assistante, est au départ très proactive et ingénieuse pour régler les petits problèmes de la famille (ils ont trois enfants), mais les limites de l'éthique seront rapidement franchies, puis pulvérisées, et la famille tentera de se sortir des griffes d'une intelligence artificielle de plus en plus audacieuse.

Le concept de base de ce thriller est plutôt intéressant, même si on a l'impression d'avoir déjà vu quelques variations de ce récit dans le passé, probablement mieux faites. Les membres de la famille ont tous des enjeux avec lesquels Aia les aide, avant de dépasser les bornes sans leur consentement. John Cho semble avoir un faible pour les thrillers qui expérimentent avec la technologie. David Dastmalchian est de la partie dans le rôle d'un des gourous du AI, mais il a l'air de profondément s'ennuyer.

C'est quand la finale survient qu'on se sent un peu insultés. Tout ça pour ça? Aussi, il y a toujours un personnage de vieux papy réac' dans les films de Blumhouse, qui trouve tout le monde tellement "woke" et qui ne se gêne pas pour le dire. C'est lourd. Orloff Manera

ALIEN - Ridley Scott avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright, Harry Dean Stanton, John Hurt, Ian Holm, Yaphet Kotto, États-Unis & Angleterre, 1979, 116m

J'en suis au stade de mon marathon d'octobre où je commence à avoir hâte que le mois finisse afin de pouvoir visionner autre chose que des films d'horreur. J'ai toujours eu une diète cinématographique variée et balancée, et avec mon emploi du temps c'est déjà difficile de parvenir à visionner un film par jour, imaginez avec des restrictions...

Ai-je vraiment besoin de vous relater le synopsis de ce classique? Alien fait partie des films dont on a tellement entendu parler qu'on juge parfois superflu de les regarder. Péché dont j'étais coupable jusqu'à mon premier visionnement cette semaine.

Eh bien malgré la surabondance d'images et de divulgâcheurs qui existent dans l'espace public à propos de ce film-phare de Ridley Scott, j'ai quand même été (agréablement) surpris par l'oeuvre.

Malgré la taille titanesque du vaisseau sur lequel se trouvent les personnages du film, un climat de claustrophobie malsaine s'installe doucement, et le dégoût règne. Il y a des personnages détestables, reflet probablement fort réaliste de l'isolement dans l'espace. Le film respecte les préceptes établis de la science-fiction et parvient à installer un suspense à couper au couteau. Me voilà séduit, et j'ai bien hâte de visionner les six suites. Orloff Manera

ALIEN SWAMP BEAST - Robert Elkins avec Kenny Andrews, Sara Bella, Kyle Billeter, Tony Jones, 2018, États Unis, 69m

Une météorite contenant une créature extraterrestre tombe près d'un marais. Un garçon simple d'esprit part avec une pelle et un seau pour trouver la météorite et faire fortune. En chemin il rencontre une jeune femme qui a raté son autobus et qui se joint à lui. Pendant ce temps quatre individus ont commis un vol de banque et prit un otage. Un agent du FBI en vacance est appelé à la rescousse et tout ce beau monde va se croiser dans les bois.

Enfin, après avoir regardé une sacrée brochette de micro budgets tous plus ringards les uns que les autres, je découvre un réalisateur qui sait tenir une caméra, s'entoure d'acteurs intéressants, et qui sait s'amuser. Ça débute avec un bonhomme un peu crade qui se révèle être, surprise, l'agent du FBI. On ira ainsi de suite de surprise en surprise, les méchants étant très méchants et le simplet se transformant en monstre des marais, mais avec des qualités insoupçonnées. Sans temps mort, avec autant de scènes d'action que de pitreries fort drôles. Évidemment que tout cela est en grande partie inspiré par The Swamp Thing, adapté jadis par Wes Craven. D'ailleurs les noms de certains personnages sont carrément empruntés à la célèbre bande dessinée comme Arcane et Holland. On n'est pas loin d'un film de Troma, mais certains effets de caméra et de vidéo à l'image travaillée donnent une très belle ambiance. Le monstre est pas mal non plus, ce qui fait changement. Du coup, je vais rechercher les autres films du réalisateur, il a une douzaine de courts et long métrages à son actif. Mario Giguère 

ARMY OF THE DEAD - Zack Snyder avec Dave Bautista, Ella Purnell, Ana de la Reguera, Omari Hardwick, Nora Arnezeder, Garret Dillahunt et Theo Rossi, 2021, États Unis, 148 min

Une invasion de zombies fait rage à Las Vegas qui rapidement, se retrouve complètement en quarantaine. Un riche homme d'affaires japonais engage une équipe de voleurs et de gens aux talents spécifiques pour retourner sur les lieux et ramener l'argent caché dans le coffre fort de son casino.

Quand Zack Snyder a fait le remake de DAWN OF THE DEAD, j'étais aux anges et j'en suis même à le considérer dans mes films de zombies préférés avec évidemment l'original. Sauf que voilà, en 2004, James Gunn, devenu un nom puissant d'Hollywood avait un puissant scénario comptant sur des personnages attachants. Si oui, ARMY OF THE DEAD a plusieurs personnages, on ne peut que s'attrister de voir un film avec un scénario aussi faible pour autant de budget et une durée de plus de deux heures, durée qui est ma foi, on ne peut plus superflu considérant l'histoire du film. L'idée de base est assez originale en utilisant Vegas comme base de l'action, mais on se retrouve avec quelque chose qui non-seulement n'exploite pas bien le potentiel, mais aussi qui s'avère étrangement cheap au niveau technique. Les shots sont filmés de près avec un focus très brouillé, qui donne au film un air brouillon et low budget. Ensuite, j'ai vu à plusieurs reprises des Pixels dans l'image, ce que je considère vraiment étrange, puisque c'est carrément une erreur qui se corrige en quelques minutes quand on s'y connait. Ensuite, je n'ai jamais été pris par cette histoire, qui d'ailleurs, prend un temps fou avant de démarrer. Et c'est le fait que je m'en suis foutu durant toute la durée qui m'a fait remarquer tous les problèmes techniques gênants du film. Ça se veut aussi beaucoup moins intelligent que ça voudrait l'être en en faisant un mix de DAWN OF THE DEAD et OCEAN 11, la différence c'est que le dernier film avait plein de personnages avec de vraies utilités dans le scénario, ici outre 1 ou 2, les 10 autres ne servent vraiment pas à grands choses dans l'histoire. ARMY OF THE DEAD tente des choses au moins, j'aime bien les zombies dans le film et certaines scènes d'action sont ultra stylées, mais ça ne sauve pas le film. Mention honorable à Dave Bautista qui se débrouille admirablement bien dans ce tout ce chaos. Abba

BIGFOOT EXORCIST - Donald Farmer & Newt Walten avec  Josephus Brody, Joseph Casterline, Kimberly Lynn Colt, Jessa Flux, 2024, États Unis, 70m

Dans une forêt, une secte de satanistes invoque donc Satan pour faire apparaître un bigfoot. Ils vont se trouver devant la créature légendaire qui aura toutefois une apparence curieuse. Pendant que le pas trop poilu massacre à gauche et à droite, il attaque Claude qui va se transformer en bigfoot. Une religieuse dans le coin, qui a déjà pratiquée un exorcisme, est appelée pour exorciser Claude.

Donald Farmer enchaîne les tournages depuis plusieurs décennies et on lui doit entre autres Cannibal Hookers, The Bizarre World of Jess Franco et Shark Exorcist. Avec un budget encore plus mince que ce qu'il avait prévu, il semble avoir recyclé un costume d'extraterrestre et lui avoir collé quelques poils pour faire illusion. Le masque dont ni les yeux ni la mâchoire ne bougent a une apparence loin des classiques du genre. Quelques actrices n'hésitent pas à jouer en partie dénudée. L'exorcisme qui est dans le titre est une affaire très rapide et peu convaincante, mais le réalisme n'est pas possible dans de telles conditions de tournage. L'effort est certes louable, mais il faut savoir à quoi s'attendre et ne rien espérer de mirobolant. De quoi s'amuser pour adepte de bigfoot invétéré. Mario Giguère

BIGFOOT VS D.B. COOPER - David DeCoteau avec Jordan Rodriguez, Liam Watkins, D.J. Aiken, 2014, États Unis, 77m

Le scénario va raconter l'histoire de six jeunes chasseurs  qui passent quelques jours dans un vaste domaine en pleine forêt. Ils devront affronter un bigfoot qui rode dans les parages. Parallèlement, le pirate de l'air connu sous le pseudonyme D.B. Cooper détourne un avion et réclame $200,000 en petites coupures. Tout ce beau monde va se croiser et la créature poilue va s'en donner à coeur joie.

Misère et damnation, je n'avais pas d'idée précise de ce dans quoi je m'embarquais. Je savais bien que David DeCoteau, qui a longtemps travaillé avec Charles Band, avait avoué sa préférence pour les hommes, pas trop vieux de préférence, dans ses films. Hé bien avec un scénario qui tient sur un timbre, les mecs sont tous en culottes courtes ou en boxers, se promenant avec leurs petits fusils qui ressemblent à des jouets. Quand un d'eux va se changer, la caméra l'admire en bobettes en train de se regarder dans le miroir, prenant des poses un peu ridicules, On enchaine avec un autre, un troisième et un quatrième qui vont tous s'admirer devant leur miroirs. C'est long, très long. Le costume de Bigfoot est tout ce qu'il y a de pas cher et quand il se met à caresser la poitrine d'un des gars, c'est le premier bigfoot gai que je vois. Le voleur en avion débarque donc en parachute et on emballe la conclusion, rapido presto, enfin. Il en faut pour tous les goûts, j'imagine.

Linnea Quigley et Eric Roberts sont crédités pour avoir seulement prêté leur voix quelques secondes. David DeCoteau semble travailler uniquement pour la télévision depuis des années. Il réalise dans tous les genres, pour tous les goûts.  J'ai toujours un bon souvenir de ses Puppet Master. Mario Giguère

BLINK TWICE - Zoë Kravitz avec Channing Tatum, Naomi Ackie, Alia Shawkat, Christian Slater, Simon Rex, Adria Arjona, Haley Joel Osment, Kyle MacLachlan, Geena Davis, États-Unis, 2024, 102m

Frida (Naomi Ackie), une jeune femme qui travaille pour un traiteur de luxe, est fascinée par Slater King, le pdg déchu d'une compagnie de technologie qui s'est retiré de l'oeil public et qui vit isolé sur une île privée. Un soir où elle le croise dans un événement, il l'invite sur son île pour quelques jours de festivités et de relaxation.

J'ai envie de décrire ce thriller comme une variation de The Menu sur l'île de Jeffrey Epstein. Kravitz a des idées louables mais n'invente rien, empruntant à une multitude d'oeuvres (supérieures). On se laisse quand même emporter par un récit qui propose quelques puzzles au spectateur, certains dont on devine la résolution mais d'autres qui nous surprennent. Malheureusement les personnages, outre les deux leads, manquent plutôt de profondeur et de personnalité.

Il y a pourtant un nombre assez conséquent d'interprètes de qualité - notamment Christian Slater, Geena Davis, Simon Rex (Red Rocket), Haley Joel Osment et Alia Shawkat (The Old Man) - mais ils héritent de rôles pour la plupart superficiels. On peut quand même apprécier le premier effort à la réalisation de Kravitz, mais le petit goût persistant de "ça aurait facilement pu être meilleur" passe un peu de travers. Orloff Manera

BLOODY MUSCLE BODY BUILDER IN HELL aka Jigoku No Chimidoro Muscle Builde - Shinichi Fukazawa avec Shinichi Fukazawa, Masaaki Kai, Masahiro Kat, 1995, Japon, 62m

Dans un prologue, on assiste au meurtre d'une femme dans une petite maison au Japon. Trente ans plus tars, Naoto hérite de la maison de son père et accepte d'y retourner avec son ex-copine qui fait des recherches sur les maisons hantées. Ils sont accompagnés d'un spécialiste en surnaturel qui sera rapidement possédé par la morte qui va s'en donner à coeur joie pour tenter de les massacrer.

Film amateur apprécié des inconditionnels du film Evil Dead de Sam Raimi, sorti des années après avoir été tourné, il faut être très indulgent pour apprécier. Débutant plus comme The Grudge, on est dans une petite maison dans un cartier tranquille, pas dans une cabane dans les bois, on va rapidement arriver au copier collé de Evil Dead. C'est tourné sans véritable budget avec des effets gore nombreux certes, mais plus rigolos qu'effrayants. La palme revient aux photos de visages sur lesquelles on jette du faux sang. Les reprises de séquences animées image par image sont tout aussi misérables. On dirait que le prologue est tourné en super 8 granuleux, le reste en vidéo avec peu d'éclairage.  Dans un petit 62 minutes au compteur, il faut s'attendre à peu, mais certains sites le recommandent. Mario Giguère

BRONCO BILLY - Clint Eastwood avec Clint Eastwood, Sondra Locke, Geoffrey Lewis, Scatman Crothers, William Prince, Bill McKinney, États-Unis, 1980, 116m

J'ai pu renouer avec mes démarches cinématographiques habituelles, depuis le début du mois, et je me suis tapé la septième réalisation de Clint Eastwood, BRONCO BILLY (1980).

C'est un film assez personnel, qui met en scène les tribulations des membres d'un "Wild West Show", un groupuscule de cowgirls et cowboys circassiens qui sillonnaient à l'époque les États-Unis pour souffler sur les braises de la nostalgie. Leur leader, Bronco Billy (Clint), est un traditionnaliste qui dissimule assez bien ses valeurs de partage et de communauté derrière une façade d'homme brusque et macho. Il s'ouvre à l'amour à la rencontre d'Antoinette Lily (Sondra Locke), une riche héritière qu'il prend sous son aile comme assistante.

Locke était à l'époque la compagne et la muse d'Eastwood, et a tourné dans trois de ses films. Bronco Billy est le dernier. Après leur séparation, les rumeurs courent qu'Eastwood aurait tout fait pour nuire à sa carrière et la faire exclure des productions hollywoodiennes.

Le Wild West Show est une métaphore bien choisi pour un réalisateur qui a du mal à se départir de sa réputation et de sa dégaine de cowboy, alors que Clint a longtemps été associé à la série télé Rawhide et à ses rôles dans les westerns majeurs de Sergio Leone. En ce sens, c'est une oeuvre fascinante. Sans contexte, le spectateur lambda pourrait cependant n'y voir qu'un traditionnel drame romantique.

Il y a quand même de bien belles scènes, mais surtout un message fort: la communauté et la famille choisie, pour le vieux Billy, est plus importante que l'argent.

Évidemment, chaque fois que le réalisateur pensait en avoir terminé avec le genre qui l'a rendu populaire, il avait tort, comme en témoigne la suite de sa filmographie. Orloff Manera

CADDO LAKE - Celine Held & Logan George avec Dylan O'Brien, Eliza Scanlen, Caroline Falk, Lauren Ambrose, Eric Lange, Sam Hennings, États-Unis, 2024, 99m

Deux personnes que rien ne semble lier disparaissent dans le même secteur de Caddo Lake, une énorme étendue d'eau aux frontières de la Louisiane et du Texas. Un étrange portail invisible, situé dans un secteur marécageux de l'étendue d'eau, recèle de profonds secrets.

Je triche un peu avec ce film, qui est davantage un thriller, mais qui propose quelques éléments surnaturels et horrifiques pour la bonne mesure. C'est produit par M. Night Shyamalan, alors on s'attend évidemment à un concept surprenant et bien des révélations, mais personnellement, mes attentes ont été largement excédées.

La "twist" est simple mais efficace, le récit est extrêmement bien construit, et les personnages sont esquissés rapidement mais habilement, avec des rouages psychologiques crédibles qui nous font les apprécier presque immédiatement. Les interprètes offrent tous d'excellentes performances. L'environnement marécageux et l'esprit de communauté opèrent un excellent mariage.

Ce duo, à la réalisation, a aussi signé Topside en 2020, une oeuvre que j'ai prestement ajoutée à ma liste de films à visionner d'urgence. Orloff Manera

CATHNAFOLA: A PARANORMAL INVESTIGATION - Jason Figgis avec Chris Halton,, 2014, États Unis, 71m

Documentaire sur les ruines de la maison Cathafola, en Irlande, présumée hantée par les morts nombreux, décédés de mort naturelle ou de crimes passionnels. On débute avec l'historique du bâtiment, ensuite on a droit à une courte vidéo tournée par trois jeunes qui ont tenté de passer une nuit dans l'endroit. La suite est une enquête de jour puis de nuit par le spécialiste de la compagnie Haunted Earth, Chris Halton.   

A trois reprises, j'ai arrêté le dvd pour aller vérifier sur internet s'il s'agissait d'une blague, d'une fiction amateur et puis si Haunted Earth existait vraiment. Malheureusement c'est supposément sérieux, malgré la vidéo amateur au début qui, ils l'admettent, a l'air d'un coup monté par des amateurs. La longue enquête paranormale est identique à ce que l'on voit régulièrement, ici, le spécialiste qui ressent des choses, un cameraman et un assistant qui panique plus d'une fois. On ne verra rien, pas l'ombre d'un quelconque incident paranormal. Halton ne fait que répéter  le texte de l'introduction du documentaire.

La demeure gothique, dont il ne reste que des ruines, a été construite en 1855 et le destin tragique de ses habitants est réel. Mais je ne vous conseille pas de visionner cet interminable pseudo documentaire qui prend les spectateurs pour des cons. Mario Giguère

COEUR DE PIERRE aka Das kalte Herz - Paul Verhoeven avec Lutz Moik, Hanna Rucker, Paul Bildt, Paul Esser, 1950, Allemagne, 104m

Peter Munch est un jeune charbonnier qui travaille dans la Forêt-Noire. Pauvre, sale de par son métier et négligé, il rêve cependant à la belle Lisbeth qui lui est refusée. Il va alors demander de l'aide au bon esprit de la forêt. Ce dernier lui accorde la richesse, qui va hélas considérablement changer son comportement  et l'éloigner de sa bien aimée. 

Adapté du conte de Wilhelm Hauff (1828), Cœur de pierre est le premier conte de fées produit par la DEFA.

Profitant d'un budget confortable, c'est avec tout le village en fête que débute ce film enchanteur. Il est chanceux ce Peter, peu instruit mais beau gosse, pendant que la belle Lisbeth, déjà promise à plus riche, n'a d'yeux que pour lui. Mais alors qu'il perd tout il rencontre l'autre esprit de la forêt, qui lui redonne fortune en échange de son coeur. Comme d'autres contes, on nous démontre par l'exemple, que l'argent ne fait pas le bonheur et peut très bien vous transformer en horrible sans coeur, ou dans ce cas ci, un coeur de pierre. On le savait, mais le film est d'une beauté, décors, costumes et effets spéciaux, avec esprit petit et géant. C'est donc  un conte cruel ou on imagine une fin possiblement atroce. La distribution est excellente, Hanna Rucker est ravissante mais terriblement naïve dans le rôle de Lisbeth, les décors naturels et magiques sont magnifiques et la réalisation hors pair. On oublie trop souvent comment les histoires supposément naïves d'une autre époque savaient si bien nous montrer la cruauté des hommes sous un jour aussi sombre.

Le coffret digipack Blu Ray + DVD d'Artus Films offre une version restaurée de toute beauté. En suppléments, présentation du film par Christian Lucas, toujours fascinant, surtout ici pour se remettre dans une époque qui semble aussi lointaine, pour une fable encore pertinente aujourd'hui. Évidemment il ne s'agit pas du Paul Verhoeven de Robocop, qui n'avait que 12 ans à l'époque du tournage. Cet autre Verhoeven, réalisateur, comédien et scénariste, a connu une belle carrière et nous a quitté en 1975. Copie en version  française et allemande avec sous-titres français en option. Mario Giguère

DANS LA POUSSIÈRE DES ÉTOILES aka In the Dust of the Stars - Gottfried Kolditz avec Jana Brejchová, Alfred Struwe, Ekkehard Schall, Milan Beli, 1976, Allemagne, 95m

Le film débute comme bien des scénarios avec un vaisseau qui répond à un appel de détresse. Le voyage de l'équipage mettra six ans à se rendre sur TEM4 avec le vaisseau spatial Cyrno. La capitaine et ses collègues sont reçus avec une politesse remarquable mais on les assure qu'il s'agit d'une erreur, tout va bien, merci. On les invite à une soirée bien arrosée avec danse et nourriture abondante. Au lendemain, ils sont prêts à repartir, mais le seul homme resté à bord, trouve leur comportement louche et va enquêter jusqu'à découvrir une vérité choquante.

J'ai beaucoup pensé aux épisodes classiques de la série Doctor Who avec ses femmes dans des rôles avant-gardistes pour l'époque et une grande partie du film dans des grottes. On a mis le paquet dans les décors, maquettes et costumes pour créer un monde futuriste. On est étonné des serpents omniprésents qui se promènent dans le buffet et sont au cou de bien des personnages. Le contraste entre scènes idylliques dans des extérieurs naturels et l'immense décor souterrain sont impressionnants. le combat entre les classes et les puissants riches décadents qui exploitent le peuple natif de la planète avec cruauté était à la mode à l'époque et résonne encore de nos jours. Jana Brejchová est la commandante de l'expédition, une très bonne actrice tchèque, loin des assistantes qui préparaient le café dans les vaisseaux américains des décennies précédentes. Les vilains sont certes à la limite du caricatural et on aura plaisir à les voir se dégonfler. Un film des plus intéressants.

En suppléments sur le coffret digipack Blu Ray + DVD + Livre d'Artus Films: présentation du film par Christian Lucas, un diaporama d'affiches et de photos, la bande annonce originale et un livret 64 pages de Christian Lucas " Rouges sont les galaxies ". Offert en Allemand avec sous-titres français. Mario Giguère

DANSE MACABRE aka CASTLE OF BLOOD aka La Danza Macabra - Antonio Margheriti avec Barbara Steele, Arthur Dominici, George Rivière, Margrete Robsahm, 1964, Italie/France, 91m

Londres, 1939, le soir de la fête des morts, un certain Edgar Allan Poe raconte une histoire d'horreur fantastique comme lui seul en a le tour. Parmi la tablée, le journaliste Alan Foster qui ne croit pas un mot de ce que Poe a raconté, pendant que l'écrivain affirme que tout est vrai. C'est alors que Lord Blackwood lui lance un défi: rester toute une nuit dans un château lui appartenant, réputé hanté, dans lequel aucune autre personne invitée n'est sorti vivante à l'aube. Paris relevé, nuit d'enfer.

Je n'avait vu de ce film qu'une version américaine en vhs à rabais il y a une éternité, sous le titre Castle of Blood. J'ai donc participé à la levée de fond pour sa restauration avec plaisir anticipé. Je n'ai jamais osé rêver à ce coffret d'une telle richesse avec autant d'analyses et de points de vue sur l'oeuvre d'un réalisateur que j'ai apprit à apprécier de plus en plus au fil des décennies suivantes.

Barbara Steele a été révélée aux cinéphiles grâce au cinéma gothique avec Le Masque du Démon de Mario Bava (1960), The Pit and the Pendulum de Roger Corman (1961), The Horrible Dr Hichcock de Riccardo Freda (1962), et Danse Macabre (1964). Lorsque le journaliste arrive au château, il va déambuler pendant une dizaine de minutes, répétant que tout ce qu'il voit d'incompréhensible n'est qu'illusion d'optique. Lorsque se présente subitement Elisabeth (Barbara Steele), on ne parle pas de coup de foudre, on doit trouver un mot plus fort pour décrire l'intensité de leur connexion. Certes ils n'ont qu'une nuit pour vivre leur amour, mais le paroxysme de leurs sentiments va nous aider à comprendre les drames multiples que nous verrons plus tard. Autant le rythme d'une autre époque peut parfois paraître lent, autant l'enchaînement de l'action fantastique qui suit est d'autant plus intense. Un fantastique ésotérique, poétique, mis sur pause lorsque le fantôme du Docteur Carmus arrive lui aussi à l'improviste pout nous expliquer ses théories sur la vie et la mort, apparente, des corps et la survie des émotions intenses. Un magnifique délire interprété par des acteurs tous plus intéressants les uns que les autres dans une des meilleurs mises en scène de Margheriti.

La photographie de Riccardo Pallottini est remarquable, entre autre pour la finesse des éclairages. En effet, rarement, la lumière des lampes ou des cierges allumés n'a été aussi naturelle comparé à nombre de films ou les projecteurs détruisent l'illusion. La musique de Riz Ortiolani (Cannibal Holocaust, Don't Torture a Duckling) est très bonne, accompagnant l'horreur et les scènes de romances entre hommes et femmes et entre femmes. Un film à redécouvrir de toute urgence.

Offert en coffret 1 UHD + 2 BluRays + Livre 100p. Restauration sublime en 4k. Au rayon des suppléments, l'offre est extravagante. On débute avec L'éclat d'un rêve d'opium, par Nicolas Stanzick, spécialiste qui va parler pendant plus d'une heure, explorant tous les aspects du film, citant régulièrement  ses nombreuses sources, le tout avec une profonde admiration pour Antonio Margheriti et Barbara Steele mais aussi tous les artisans du film. On continue pendant plus de 90 minutes avec L'aventure Danse Macabre, avec Olivier Père, Jean-François Rauger et Paola Palma. Une triple vision qui s'enchaine de manière fascinante. On poursuit avec Le réalisateur qui n'aimait pas le sang, entretien avec le sympathique fils du réalisateur, Edoardo Margheriti. Dans Retour au château, sur les lieux du tournage à Bolsena (Italie) on saura tout sur le château. C'est pas fini, il y a Danza Macabra, la véritable histoire, par Adrian Smith, une prise alternative fort coquine, le diaporama d'affiches et photos, la bande annonce originale et six superbes reproductions de photos du film. On conclut avec un livret, 96 pages de Jean-Pierre Bouyxou et Vincent Roussel " Barbara conduit le bal ", que  j'ai littéralement dévoré. Offert en audio Français, Italien et en audio description. Mario Giguère

The DELIVERANCE - Lee Daniels avec Andra Day, Glenn Close, Omar Epps, Caleb McLaughlin, Demi Singleton, Anthony B. Jenkins, États-Unis, 2024, 112m

Ebony (Andra Day) déménage avec sa mère cancéreuse (Glenn Close) et ses trois enfants dans une maison d'un quartier populaire. Peu après leur arrivée, il arrive des choses étranges à ses enfants, et la madame de la DPJ qui fait des suivis pour une crise du passé soupçonne qu'elle maltraite sa progéniture. Le spectateur, lui, sait qu'un esprit maléfique hante la maison, et qu'il menace l'équilibre familial.

Cette production Netflix (première mauvaise nouvelle) commence comme un drame social qui trempe ses orteils dans la "poverty porn", et bifurque à mi-chemin vers le thriller de possession. Lee Daniels (deuxième mauvaise nouvelle) a du mal à garder le cap et le ton sérieux du film dégringole à mesure qu'on s'approche de la fin, alors que les dialogues douteux et les messages pro-religion un peu trop appuyés se multiplient.

Restez pour la performance déjantée de Glenn Close si vous le souhaitez, mais tout le reste est plutôt faible. Omar Epps est complètement inutile. À ce film j'aurais dû dire: non merci! Orloff Manera

EOLOMEA - Herrmann Zschoche avec Rolf Hoppe, Cox Habbema, Ivan Andonov, Vsevolod Sanaev, 1972, Allemagne, 82m

La station Margot est le centre de relais le plus important des colonies de la Terre. Lorsque huit astronefs partis en exploration disparaissent subitement, les responsables du centre de supervision terrestre sonnent l'alerte. Maria Scholl, dirige le Conseil Suprême, qui se réunit en catastrophe. Après avoir reçu un message codé déclarant un énigmatique mot " Eolomea ", Maria ordonne un couvre-feu pour tous les vaisseaux, et se rend elle-même sur Margot pour découvrir ce qui se passe.

Découverte pour moi de films de science fiction d'Allemagne de l'Est, en collaboration avec L'union Soviétique et la Bulgarie. Un peu dans le sillon de 2001 Odyssée de l'espace (1968). Le scénario s'éloigne des films d'action futuristes habituels. Au travers d'un montage avec beaucoup d'ellipses, la majorité des personnages gardent un calme et un respect d'autrui proche du zen ou du peace and love pas si lointain. Maria continue calmement de discuter, parfois lors d'une rencontre à la montagne avec un thé, avec la personne qui est contre toutes ses décisions. Le respect des vieux aussi est à l'honneur. Il y a une belle histoire d'amour au destin atypique qui est très rafraichissante. On rencontre aussi un robot qui essaie en vain de mentir et qui a peur d'être transformé en poubelle électronique. Le dénouement sera on ne peut plus inattendu et d'une sérénité étonnante. Une belle découverte.

En suppléments sur le coffret digipack Blu Ray + DVD + Livre d'Artus Films: présentation du film par Christian Lucas, un diaporama d'affiches et de photos, et pour aller plus loin un livret de 64 pages de Christian Lucas " Étoiles rouges et rideau de fer ", abondamment illustré. Offert en audio allemand avec sous-titres français. Mario Giguère

FIREFOX - Clint Eastwood avec Clint Eastwood, Freddie Jones, David Huffman, Warren Clarke, Nigel Hawthorne, États-Unis, 1982, 136m

Malgré la petite odeur d'apocalypse humanitaire qui flotte dans l'air, je continue mes petits projets au rythme où je peux, et je suis parvenu hier à insérer dans ma planification effrénée un petit techno-thriller du bon vieux Clint.

Sa huitième réalisation, et apparemment la dernière avant qu'il soit officiellement considéré comme un auteur avec "Honkytonk Man" la même année. J'ai lu que "Firefox" avait eu un immense succès en salles, mais c'est le premier film d'Eastwood que je regarde très distraitement, en ayant un peu hâte que ça se termine.

Dans ce thriller d'espionnage, Eastwood interprète un pilote vétéran de la guerre du Vietnam qui souffre fréquemment de crises de panique, et qui est mandaté pour aller voler un avion furtif en Russie.

Le prologue est confus, Clint a un look de Wolverine, le montage est presque expérimental. Ça s'améliore quand on passe au traditionnel film d'espionnage de la guerre froide, mais on a tellement vu d'oeuvres du genre avant et après que l'intérêt vacille.

La deuxième moitié du film est une fuite aérienne, avec des effets spéciaux qui devaient être impressionnants à l'époque, et qui laissaient présager la majesté de Top Gun quelques années plus tard, mais avec le recul c'est plutôt bancal.

On est loin de la catastrophe cinématographique, mais disons que si j'avais une vingtaine de films de Clint à conseiller, ce titre n'en ferait pas partie. Orloff Manera

FROZEN SASQUATCH - Mark Polonia avec Titus Himmelberger, Natalie Himmelberger, Noyes J. Lawton, 2018, États Unis, 73m

Une équipe est envoyée dans l'Himalaya ou une base de recherche ne donne plus signe de vie. Pour cause, il semble y avoir un Sasquatch, ou plutôt un Yeti, enragé par des expériences dangereuses.

Parfois, Mark Polonia nous donne l'impression de s'améliorer constamment et tout à cout il nous fabrique un nanar semble-t-il, peut-être, assumé, dont le scénario est beaucoup trop ambitieux. On y retrouve donc un laboratoire qui ressemble à une école parce que c'est tourné dans une école, souvent utilisée par le réalisateur. Un tournage en été aux États Unis qui veut ressembler à l'Himalaya avec des plans sur lesquels on superpose de la neige digitale qui tombe, on ne sait ou, en tout cas pas au sol. Un costume de Sasquach est en réalité emprunté aux tournages précédents  de Polonia inspirés par le remake de La Planète des Singe. Pas moins de quatre films au moment ou j'écrit ces lignes. Une transformation d'une femme en semi Sasquach est d'un ridicule rarement vu. Natalie Himmelberger est probablement la seule actrice qui tire un peu son épingle du jeu. L'affiche est évidemment trompeuse, comme souvent dans le sous genre du Bigfoot/Sasquatch/Yeti.  Polonia n'a tourné que cinq films en 2018, il a accéléré la cadence depuis, vendant facilement ses films aux petits distributeurs et aux trop nombreux sites de streaming en ligne. On vit une drôle d'époque. Mario Giguère

The GRUDGE - Nicolas Pesce avec Tara Westwood, Andrea Riseborough, John Cho, Demian Bichir, Betty Gilpin, Frankie Faison, William Sadler, États-Unis, 2019, 94m

Je pense que j'ai un peu dormi sur la switch à propos de cette franchise, parce que je viens de me rendre compte avec stupéfaction qu'il y a treize volets, films japonais et américains confondus. J'avais vu une ou deux des éditions japonaises à l'époque, et un ami m'a récemment conseillé de m'intéresser à Nicolas Pesce, alors c'est ce film qui a gagné mon attention.

Il paraît qu'il y a un lien entre les trois remakes américains (deux sont réalisés par Takashi Shimizu, le 3e par Toby Wilkins) et celui-ci, ce qui expliquerait que je n'aie pas compris grand-chose.

Ça raconte les conséquences d'une malédiction qui semble liée à une maison de banlieue, dont tous les habitants périssent de manière plutôt horrible. Muldoon (Andrea Riseborough) enquête sur une mort suspecte et elle est peu à peu entraînée dans une spirale de folie et d'hallucinations violentes.

On est loin de la clarté et de la simplicité fort efficace des oeuvres originelles, et on dirait que Pesce a ici sacrifié la logique du récit pour insérer le plus de "jump scares" possible en 1h30. C'est majoritairement très "creepy", mais les effets spéciaux ne sont pas toujours convaincants.

On peut notamment y voir Demiàn Bichir, John Cho, Betty Gilpin et Frankie Faison. Le climat malsain est fort réussi, mais la superposition des différentes histoires, qui ne se déroulent pas en même temps, nous laisse parfois un peu perplexes. Orloff Manera

HELLBOY - Neil Marshall avec David Harbour, Milla Jovovicj, Ian McShane, Sasha Lane, 2019, États Unis, Royaume Uni, Bulgarie, Canada, Portugal et France, 120m

On débute carrément à l'époque du roi Arthur et on raconte l'histoire d'Excalibur, de la méchante sorcière Nimue (Milla Jojovich) qui la voulait, qui se retrouve coupée en morceaux éparpillés un peu partout sur le globe. De nos jours, Nimue va évidemment retrouver tous ses morceaux et va se mettre en route pour obtenir l'épée tant convoitée et va rencontrer Hellboy sur son chemin

Pourquoi réinventer la roue constamment, ou dans ce cas-ci Hellboy, qui avait deux films à son actif, allez savoir. Ce n'est pas le talent ni l'argent qui semblent manquer, mais on s'ennuie de Ron Perlman et de Guillermo Del Toro. David Harbour est toujours aussi efficace, mais son nouveau visage, qui se veut encore plus menaçant, cadre mal avec les blagues qu'il lance ici et là. J'adore Milla Jojovich et ses scènes de dialogues avec son familier sont superbes, mais on sait dès le départ qu'elle est vouée à un triste sort et elle en fait un peu trop. La réapparition des cornes sur la tête d'Hellboy est peut-être intéressante, mais enlève une parie de la sympathie qu'on peut avoir pour le bonhomme. Sinon la production est superbe et l'action est constante. Ian Shane en Père adoptif est un des plaisirs constants de chacune de ses apparitions. Alors j'ai apprécié, mais j'aurais mieux aimé de la continuité. Dire que Mignola allait cautionner une autre version cinq ans plus tard a quelque chose de désolant. Les chansons rock qui semblent devenues obligatoire de nos jours ne sont pas toujours les bienvenues. Mario Giguère

HERETIC - Scott Beck & Bryan Woods avec Hugh Grant, Sophie Thatcher, Cloe East, 2024, États Unis, 111m

Deux jeunes missionnaire mormons, Soeur Paxton et Soeur Barnes terminent leur journée en frappant à la porte de Mr Reed, qui s'est montré intéressée à les recevoir. L'épouse de Mr Reed est censée préparer une tarte aux bleuets mais tarde à rencontrer les deux filles, qui n'ont pas le droit d'être seules avec un homme. Reed commence à poser beaucoup de questions sur leur foi et sur différentes religions, qui sont toutes sans fondement et presque identiques, selon lui. Lorsqu'il s'avère qu'elles ne peuvent sortir de la petite maison, et que personne ne prépare de tarte, elles commence à réaliser qu'elles sont en danger grave.

Ma première impression était très bonne mais en y repensant le lendemain j'ai commencé à douter du scénario alambiqué. Certes la prestation de Hugh Grant est excellente, à des lieux de la perception du bon gars dans ses rôles habituels. Sophie Thatcher et Cloe East sont aussi excellentes en jeunes représentantes des mormons. La réalisation est aussi remarquable. C'est le scénario qui semble clocher après le visionnement. Reed a un but surprenant en les invitant, il est très intéressant dans ses discours anti religion. Curieusement, il semble déconstruire ses théories, qui passent de la religion aux jeux de table et à la musique,  mais il triche sérieusement. Évidemment tout cela est pour donner de l'angoisse et des frissons aux spectateurs, et ça marche, mais ça s'effondre comme un château de cartes. Je ne veux pas vendre la mèche, donc je ne peux en dire plus.

L'utilisation d'un modèle réduit de la maison rappelle celles du film Héréditaires et j'espère que le studio A24 ne va pas commencer à s'auto référencier constamment. Il faut avouer que la simple vue de la maquette est une prémonition. Mario Giguère

HONEST THIEF - Mark Williams avec Liam Neeson, Kate Walsh, Jai Coutrney, Jeffrey Donovan et Anthony Ramos, 2020, États Unis, 99m

Tom Carter a cambriolé neuf banques dans les huit dernières années. Sauf que voilà, il a rencontré l'amour de sa vie et veut se recommencer à neuf. Il se rend à deux agents du FBI, prêt à tout donner l'argent. Malheureusement pour lui, les deux agents sont verreux et n'en ont que pour son argent et sont prêts à accuser Tom de meurtre pour plus facilement se rendre à l'argent. Tom utilise toutes ses capacités pour tenter de blanchir son nom, mais également pour protéger celle qu'il aime.

Très peu de thrill dans ce thriller. HONEST THIEF ne vous surprendra pas une seconde et vous verrez venir de loin les twists. Ajoutez à cela qu'on a encore Liam Neeson dans un rôle semblable à ce qu'il joue depuis 15 ans, on a presque l'impression que ça tient plus du mélange à gâteau que du cinéma. Il y a cependant un petit quelque chose de rassurant et de confortable avec ce genre de film, qui peuvent bien se regarder quand ils sont bien faits. Parce que le seul département où HONEST THIEF se débrouille bien, c'est dans les scènes d'action, longues et intenses, qui mènent vers un dernier 15 minutes qui déménage. J'ai cependant trouvé la chose bien peu intéressante. Un peu de personnalité aurait fait du bien à ce film. Abba

HOUSE II : THE SECOND STORY - Ethan Wiley avec Arye Gross, Bill Maher, Jonathan Stark, Royal Dano, Lar Park Lincoln, John Ratzenberger, États-Unis, 1987, 88m

Je conservais de bons souvenirs de cette franchise, le genre de films que je louais en VHS au début de mon adolescence et que je regardais avec mon frère dans notre sous-sol de bungalow shawiniganais. Je crois que le deuxième volet était mon favori.

Cette suite, donc, propose un peu le même genre de situation de départ que le premier film: Jesse (Arye Gross) aménage avec sa copine Kate (Lar Park Lincoln) dans un manoir qui appartient à sa famille, mais qui est resté inoccupé depuis plus de vingt ans. Il faut croire que la crise du logement, dans la Californie des années '80, n'existait pas encore. Personne n'a fait le ménage. Leur ami Charlie (Jonathan Stark) vient les rejoindre avec une chanteuse pop, tard un soir, en conduisant son Alfa Romeo complètement saoul. Les deux hommes remarquent un support vacant au-dessus du foyer, et découvrent qu'un crâne en cristal devrait y prendre place. Ils décident de déterrer le cercueil d'un ancêtre de Jesse, reposant dans un cimetière situé à deux pas de la maison, comme par hasard. Surprise: le crâne est bien là, mais l'ancêtre aussi, et il n'est pas mort. Il revient avec eux se cacher dans le sous-sol pour écouter la télé et boire de la bière, mais la tenue d'un party d'Halloween où il se passe de drôles de choses va tout faire dérailler.

L'humour, déjà présent dans le premier volet, est ici décuplé, et le synopsis ressemble à un gros délire écrit sous influence narcotique. Des portails vers d'autres époques s'ouvrent sans explication un peu partout dans la maison, et le crâne de cristal est convoité par toutes sortes de gens louches. On a droit à un homme des cavernes, à des dinosaures en stop motion, à un chien-mille-pattes, à une marionnette de ptérodactyle, à Bill Maher avec une coupe Longueuil, à un cowboy zombie, à un électricien aventurier, à un passage vers un temple secret accessible par un trou dans le mur, et j'en passe.

On ne s'ennuie pas du tout pendant les 90 minutes que dure ce grand n'importe quoi cinématographique, mais chose certaine, l'épouvante n'est pas au rendez-vous. Orloff Manera

The HUNT - Craig Zobel avec Betty Gilpin, Ike Barinholtz, Wayne Duvall, Ethan Suplee et Emma Roberts, 2020, États Unis, 90 min.

12 étrangers se réveillent dans les bois. Tous ont un point commun, ils ont une part à jouer dans la divulgation d'une théorie du complot. Sauf que voilà, ils sont les proies dans un terrain de jeux de chasseurs, des élites sociales pour qui tuer est un sport. Une des proies par contre, se révèle étonnament résistante et débrouillarde et compte bien tout mettre ce jeu à terre.

Ce film tient sa réputation d'une déclaration de Donald Trump qui a affirmé que le film était de la propagande hollywoodienne pour discréditer le milieu politique des USA. On aurait aimé qu'il voit un peu le film cependant, parce que ce THE HUNT, un film bien bien gentil au final, se moque effectivement du climat social actuel, mais ne prend pas position du côté de la droite ni de la gauche. THE HUNT se moque de tout le monde. En tant que satire social, on peut dire que le film se débrouille, mais c'est surtout en tant que film d'action de type survival que le film montre ses dents et s'avère une expérience bien divertissante.  Beaucoup de personnages hauts en couleur pour accompagner notre héroïne qui ne dit pas grands choses, avant de mieux comprendre son rôle à jouer dans l'histoire à la toute fin du film. Oui le message politique donne au film son identité, mais c'est la rigueur de la confection et le rythme soutenu qui en sort la qualité. Pas un grand film pour autant, mais très plaisant. Abba

INFINITY POOL - Brandon Cronenberg avec Alexander Skarsgard, Mia Goth, Cleopatra Coleman, Jalil Lespert, Amanda Brugel, Canada-Hongrie-Croatie, 2023, 118m

James (Alexander Skarsgård) et Em (Cleopatra Coleman), qui forment un couple très à l'aise financièrement, prennent des vacances dans un complexe hôtelier de la côte croate. Ils se lient d'amitié avec un autre couple (Mia Goth et Jalil Lespert) qui les convainc de passer une journée sur une plage à l'extérieur des fortifications du complexe. En revenant, tard le soir, James conduit complètement saoul et frappe un fermier, qui meurt sur le coup. Le quatuor fuit la scène mais le lendemain matin, la police vient frapper à leur porte, et tout bascule.

Le scénario a été écrit par Cronenberg fils en combinant des éléments d'une nouvelle de sa création, et de quelques expériences désagréables pendant des vacances passées. Il combine des éléments de science-fiction et de "body horror" (la pomme ne tombe jamais vraiment très loin de l'arbre), avec un traitement réaliste qui glace le sang, et quelques scènes hallucinatoires très réussies. Dès la scène d'ouverture, la réalisation nous captive et nous interpelle, et les multiples développements réjouissants du récit nous gardent en alerte jusqu'à la toute fin, très douce-amère.

Le personnage interprété par Mia Goth est absolument hallucinant. Malgré l'aspect macabre du propos, il y a beaucoup d'humour, et de nombreuses scènes nous font rire de malaise ou de bon coeur, dépendamment de notre niveau de tolérance pour les transgressions mises en scène. C'est une excellente allégorie du népotisme et du privilège obscène. Je crois avoir trouvé ma prochaine destination de vacances. Orloff Manera

JAWS 2 - Jeannot Szwarc avec Rod Scheider, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Joseph Mascolo, Jeffrey Kramer, Ann Dusenberry, Donna Wilkes, États-Unis, 1978, 111m

Bien que j'aie vu une bonne douzaine de rip-offs italiens au fil des années, je n'avais jamais vu une seule itération de la franchise Jaws jusqu'à tout récemment. J'ai découvert le premier volet à la Maison symphonique il y a quelques semaines, avec l'OSM qui jouait la trame sonore de John Williams sur scène pendant que le film était projeté sur un écran géant, une expérience collective assez inoubliable. Je me suis donc donné comme mandat (comme si j'en manquais) de visionner les trois suites.

Le tournage de Jaws 2 a apparemment été assez houleux, et le film a changé de réalisateur au moins une fois. Roy Scheider était de la partie uniquement pour remplir une obligation contractuelle, et en conflit ouvert avec Szwarc.

Rien de tout cela n'est apparent sur l'écran, mais on sent une nette baisse de qualité après la quasi-perfection du film de Spielberg. La formule est copiée plus ou moins intégralement, avec les autorités locales qui refusent de reconnaître la menace jusqu'à ce qu'il soit trop tard et que l'ami requin ait déjà croqué quelques ados. Le chef de police (Scheider) se fâche et décide de régler lui-même le problème, en grande partie parce que ses deux fils ont fait fi de ses consignes et sont partis se promener en bateau malgré le danger.

Les effets spéciaux sont encore plutôt bons pour l'époque, mais il n'y a pas de moment gore et choquant comme celui de la mort du marin dans le 1er. Il y a des ados hystériques, un homme d'affaires cupide qui ne pense qu'à faire du profit, un gros poisson qui attaque un hélicoptère, et une électrocution extrême. J'ai été amplement diverti et amusé. Orloff Manera

The LAST VOYAGE OF THE DEMETER - André Øvredal avec Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, David Dastmalchian, Javier Botet, États-Unis, 2023, 119m

L'équipage du Demeter doit transporter des grosses caisses d'une petite ville roumaine à Londres, et c'est le dernier voyage du capitaine Eliot (Liam Cunningham, aka Ser Davos dans Game of Thrones). Un matin, un des matelots constate que tout le bétail du navire a été massacré. La nuit, une figure étrange est parfois aperçue sur le pont. Le bateau va-t-il arriver à destination?

Adaptation d'un chapitre du roman "Dracula" de Bram Stoker, ce thriller maritime horrifique est réalisé par André Øvredal, un norvégien qui nous a aussi offert "Trollhunter" en 2010, et "Scary Stories to Tell in the Dark" en 2019. Filmé en partie à Berlin et Malte, l'essentiel de l'action se déroule en haute mer, de nuit, ce qui installe à la fois un climat inquiétant et, si on visionne ce film le jour, une nette incapacité à bien voir ce qui se passe.

On connaît tous l'histoire et sa résolution, alors le plaisir est dans le traitement et l'angle choisi. Les personnages sont suffisamment développés pour qu'on grince un peu des dents quand ils sont sauvagement éliminés, mais pas assez pour éviter un certain ennui devant la répétition un peu lassante: il y a un orage, il fait noir, Dracula arrive de nulle part, RIP.

Reste la musique de Bear McCreary, l'accent improbable de David Dastmalchian, celui d'Aisling Franciosi qui hésite sans cesse entre le romani et l'irlandais, et de fort belles images. Orloff Manera

Le MANS aka Le Mans, Shortcut to Hell aka Monza, scorciatoia per l'inferno aka Le Mans, Circuit pour l'Enfer aka Summer Love - Osvaldo Civirani avec Lang Jeffries, Erna Schurer, Maurizio Bonuglia, Edwige Fenech, 1970, Italie/Espagne, 92m, version française

Un ancien champion de course automobile, John Lee Scott, engage un jeune pilote prometteur, Dustin Rich. Avec l'aide d'un vétéran constructeur de voitures, ils veulent lui faire gagner le grand prix de Mans. Scott est pratiquement en instance  de divorce depuis qu'il a eu un accident pendant une course qui l'empêche de revenir en piste.

Vu il y a des années, j'en gardais peu de souvenirs et pour cause, il faut vraiment avoir envie de voir différentes courses, dont un derby de démolition, pour apprécier un brin. Edwige Fenech a un tout petit rôle, une copine d'un des pilotes, volage, toujours enjouée, belle mais vide. Les courses sont généralement tournées caméra à la main, plans instables donc, sauf quand il faut montrer les acteurs au volant. Les gros plans abondent, probablement pour ne pas se rendre compte qu'on est pas vraiment toujours en piste.  On a droit à deux voitures en feu, toujours spectaculaire.

Le regretté réalisateur est connu pour des films de genre populaire notamment des comédies et de péplums.  Le film précède Le Mans, réalisè par Lee H. Katzon & John Sturges en 1971, mais on l'imagine inspiré par le tournage américain. Civirani a aussi tourné en 1971, Faut qu'ça gaze!, comédie avec le duo populaire Franco & Ciccio sur les pistes de courses avec une voiture téléguidée. Mario Giguère

M3GAN - Gerard Johnstone avec Allison Williams, Violet McGraw, Ronny Chieng, Amie Donald, Brian Jordan Alvarez, États-Unis, 2022, 102m

Cady (Violet McGraw) a perdu ses parents dans un accident de voiture. Elle est recueillie par sa tante Gemma (Allison Williams), une ingénieure en robotique habituée à sa solitude, qui n'a aucun concept de ce qu'être un parent implique. Pour se décharger de ses nouvelles responsabilités et pouvoir continuer à télétravailler en paix, elle ressort un concept de poupée intelligente qu'elle avait remisé. M3GAN est attentive et loyale envers Cady, mais elle a un petit côté protecteur qui pourrait facilement déraper...

Je me gardais ce film en cave comme un bon vin, et le défi de regarder trente films d'horreur en trente jours semblait un moment propice pour déguster la version "unrated". Le film se la joue "cautionary tale" contre les dangers de l'intelligence artificielle, mais son aspect "prêchi prêcha" ne l'empêche pas d'être diablement divertissant. Johnstone joue avec l'allégeance des spectateurs, parvenant à nous faire détester un enfant en quelques minutes et bruyamment manifester notre approbation quand une poupée mécanique provoque sa mort.

Évidemment, M3GAN n'existerait pas sans Chucky, et on glisse un peu vers l'hommage en finale. Ce film a du rythme, de bons "punchlines", un petit rôle pour Brian Jordan Alvarez (qu'on a pu récemment apprécier dans sa superbe série "The English Teacher"), un rôle un peu plus étoffé pour l'hilarant Ronny Chieng, une poupée qui danse, une poupée qui tue, une poupée à la langue bien pendue et à la loyauté plutôt féroce. Orlofff Manera

MIA NIPOTE LA VERGINE aka Madame and her Niece aka Madame und ihre Nichte aka Yvette, Minha Casta Sobrinha aka L'ingénue perverse - Eberhard Schröder avec Ruth-Maria Kubitschek, Edwige Fenech, Fred Williams, 1969, Allemagne, 87m, version originale avec sous-titres anglais

Michelle De Winter mène la belle vie, séduisant des hommes riches qui comblent tous ses besoins financier ses caprices en échange de ses charmes. Elle fait passer sa fille Yvette (Edwige Fenech) pour sa nièce. Yvette attend elle aussi de trouver l'homme parfait, qu'elle épousera, conservant son innocence. La mort de l'amant de Madame Winter  après des ébats chamboule la vie de Madame et inquiète sa fille.

Si la nouvelle originale de Guy de Maupassant, publiée en 1884, raconte l'éveil d'une jeune fille aux réalités de la vie, son adaptation en 1969 est pas mal plus ludique et enjouée. Yvette est modèle pour des photos de charme pendant que sa mère croit qu'elle est à l'école et cohabite avec des jeunes de son âge, qui prêchent l'amour libre et agrémentent leurs soirées d'alcool et de drogue tout en flirtant presque nus. L'ingénue est plus timide, mais profite de conseils d'amis de sa maman pour pousser le beau Peter à la remarquer, avec chemisiers transparents et accolade séduisantes, mais elle ne veut pas, en principe, aller plus tant que la bague de mariage est trop loin. La pirouette finale ne nous surprendra pas trop. Edwige Fenech a alors 21 ans, est absolument ravissante et excitante. C'est son huitième film, dans sa période allemande, et elle se promène encore entre comédies et drames. Elle mélange les deux lorsqu'elle simule une tentative de suicide, se maquillant en attendant la visite de son bien aimé. Mais on lui pardonnera tout. Une bonne comédie coquine, donc, fort agréable, comme il s'en faisait tant à l'époque. Mario Giguère

The NIGHT WALKER aka Celui qui n'existait Pas - William Castle avec Barbara Stanwick, Robert Taylor, Judi Meredith, 1964, États Unis, 86m

Irene Trent rêve chaque nuit à un amant imaginaire. Malheureusement elle parle pendant son sommeil, pire, son mari Howard, très riche mais aveugle et surtout jaloux, a placé des micros partout et il l'enregistre constamment. Il en devient jaloux et croit que cet amant est en réalité son comptable, le charmant Barry. Howard meurt dans une explosion dans une des chambres de la maison. Barry tente de consoler Irene, qui commence à voir son amant de rêve en vrai. 

Film moins connu de William Castle, avec une affiche trompeuse, il n'y aura aucun démon ou créature paranormale ici. C'était encore l'époque ou les adultes allaient en masse au cinéma et se retrouvaient à l'écran. Des adultes matures, mais qui fantasment des histoires horribles et des actes irréparables. On a plein de doutes, surtout que le nombre de personnages est restreint. Un scénario bien ficelé par Robert Bloch et une réalisation impeccable de William Castle. A noter particulièrement le montage surréaliste en début de film, un cauchemar visuel qui fascine. Barbara Stanwick et Robert Taylor sont solides. Un bon moment de cinéma d'une autre époque.

.Le célèbre et regretté scénariste Robert Bloch écrivait Psychose quatre ans plus tôt. On retrouve le compositeur Vic Mizzy, fameux pour avoir écrit la musique de la télésérie The Addams Family, aussi en 1964. Quand à William Castle. il a été le roi des promotions spéciales et est aussi  le producteur de Rosemary's Baby quatre ans plus tard. Mario Giguère

ODDITY - Damian McCarthy avec Gwilym Lee, Carolyn Bracken, Tadhg Murphy, Caroline Menton, Steve Wall, Irlande, 2024, 98m

Ted (Gwilym Lee) et Dani (Carolyn Bracken) ont acheté une immense maison isolée dans la campagne de Cork, en Irlande. Dani y passe ses nuits seule, puisque Ted travaille de nuit comme docteur dans un hôpital psychiatrique. Quand Dani est brutalement assassinée, une nuit, sa soeur jumelle Darcy, la tenancière aveugle d'un cabinet de curiosités, décide de trouver les coupables et de la venger.

Avec un rythme lent et hypnotique, ce captivant thriller d'épouvante (le deuxième de McCarthy, après "Caveat" en 2020) impressionne par son originalité et son traitement plutôt sobre. La tension monte graduellement, entretenue par les lieux inhabituels et quelques accessoires très inquiétants. Il y a des éléments de "folk horror" bien dosés et utilisés, et une économie de moyens qui force l'admiration.

Peut-être que certains points sont un peu trop appuyés, tant par des indices visuels que par les dialogues parfois répétitifs, mais c'est un tout petit défaut qu'on a envie de pardonner au réalisateur-scénariste vu le plaisir immense que nous procure le reste de son oeuvre. Orloff Manera

OLD - M. Night Shyamalan avec Gael Garcìa Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell, Abbey Lee, Alex Wolff, Thomasin McKenzie, Ken Leung, Aaron Pierre, États-Unis, 2021, 109m

Une famille en vacances dans un complexe hôtelier de luxe se fait proposer une journée à la plage par le gérant de l'endroit. Ce n'est pas n'importe quelle plage: elle est entourée de rochers, accessible uniquement par un petit canyon, très privée et, disons-le, spectaculaire. D'autres familles sont de la partie, et tout se passe bien jusqu'à ce qu'une femme âgée rende son dernier souffle, et que des parents se rendent compte que leurs enfants ont vieilli de plusieurs années en quelques heures.

Adaptation du roman graphique "Château de sable" du cinéaste français Pierre Oscar Lévy, ce thriller à clé de Shyamalan regorge évidemment de révélations inattendues et de moments bizarres. Les mouvements de caméra, plutôt habilement coordonnés, créent dès le départ une ambiance surréelle, mais le charme est rapidement rompu par les piètres dialogues, les performances erratiques et les comportements inexplicables des personnages.

Il y a certes une explication (pas tout à fait rationnelle) à tout ça dans les quinze dernières minutes du film, mais c'est assez long avant qu'on y arrive. La distribution est étourdissante (Gael Garcià Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell, Ken Leung), et on a même droit à un caméo du réalisateur. Aaron Pierre y interprète une star du hip-hop nommée "Mid-Sized Sedan" qui n'apporte pas grand-chose au récit et qui dit "Damn" environ vingt fois. On a un peu l'impression que tout ce talent est mal utilisé. La révélation finale est un peu tirée par les cheveux, confirmant qu'il n'y a absolument rien de réaliste dans l'ensemble de ce projet. Orloff Manera

PREY FOR THE DEVIL aka La Proie du Diable - Daniel Stamm avec Jacqueline Byers, Debora Zhecheva, Christian Navarro, 2022, États Unis, 93m

Soeur Ann essaie d'entrer dans un club très misogyne, celui d'une école pour devenir exorciste. Elle est tellement certaine de sa vocation qu'elle transgresse les règles et va participer à son premier exorciste, celui d'une jeune fille, en catimini. Le cas deviens troublant lorsqu'elle se rend compte que son passé reviens à la surface. Elle risque aussi de perdre ses alliés, le professeur qui a reconnu ses pouvoirs et un autre étudiant qui veut qu'elle sorte un démon de sa soeur.

Outre l'idée de mettre en scène une jeune femme  dans le rôle de l'exorciste, il y aura tout le long du film bien des références au modèle du genre, le film L'Exorciste de William Friedkin. Je ne vais pas les énumérer, mais ajoutez un manque de rigueur dans le scénario (des endroits supposément difficiles à visiter dont la soeur ouvre toutes les portes sans problèmes, pour nommer le plus irritant, tout comme les caméras de surveillance que personne ne regarde, cliché non assumé) et une actrice principale qui n'arrive pas toujours à nous embarquer dans l'intrigue trop facile. Au final, malgré un certain intérêt, c'est rapidement vu et rapidement oubliable. Mario Giguère

The PRIESTS - Jang Jae-hyun avec Kim Yoon-seok, Gang Dong-won, Park So-dam, Kim Eui-sung, Son Jong-hak, Lee Ho-jae, Nam Il-woo, Kim Byeong-ok, Corée du Sud, 2015, 108m

Après un exorcisme en Corée du Sud, deux prêtres américains qui transportent un démon ont un accident de voiture, et le démon possède une écolière inconsciente qu'ils venaient de renverser. Un prêtre coréen prend la relève, mais ses démarches se révèlent beaucoup plus difficiles que prévues et il requiert l'aide d'un assistant.

Le premier thriller surnaturel religieux de Jang Jae-hyun (auquel j'ai donné une chance après avoir fortement apprécié "Exhuma" la semaine dernière) propose un peu la même structure: on nous introduit dans la première heure à un univers méconnu sans trop nous nourrir à la cuiller, mais cette fois-ci le film est plus court et l'action rédemptrice à laquelle on nous a préparé dure moins longtemps qu'on le voudrait.

J'ai quand même apprécié mon visionnement, la préparation au rituel, les différents ordres religieux en compétition les uns avec les autres, la longue éducation requise pour effectuer ce genre de cérémonie. Kim Yoon-seok, dans le rôle d'un prêtre désabusé, est excellent. La séquence de l'exorcisme est assez originale pour maintenir notre intérêt, et je dois admettre qu'il est plutôt rare qu'on croise un porcelet maléfique quelque part, peu importe le genre cinématographique. Orloff Manera

PSYCHO GOTHIC LOLITA aka Gosurori shokeinin - Gô Ohara avec Rina Akiyama, Ruito Aoyagi, Asami, 2010, Japon, 88m

Après le meurtre sauvage et complètement gratuit de sa mère, Yuki (Rina Akiyama) et son père préparent leur vengeance. Elle se crée un costume de lolita gothique et se déambule avec un parapluie truffé d'armes offensive créé par son père. Un à un, elle retrouve les assassins, quatre hommes et une femme, au péril de sa vie.

Dans la lignée de Machine Girl et de Mutant Girls Squad, revoici un film gore qui ne s'empêtre pas dans les fleurs du tapis pour nous donner un spectacle ou le sang gicle à haute pression et les cascades débiles l'emportent sur toute logique. Il sera étonnant de voir la timide Yuki trancher les corps avec fureur et tout à coup se retrouver poitrine nue pour leur courir après dans un festival d'hémoglobine spectaculaire. On aura droit à quelques surprises étonnantes, il va sans dire. Si vous pouvez apprécier le genre, c'est un très bon cru. Mario Giguère

SISTER DEATH aka Les Ordres du Mal aka Hermana Muerte - Paco Plaza avec Aria Bedmar, Maru Valdivielso, Luisa Merelas, 2022, Espagne, 91m, version française

Dans l'Espagne après guerre, la jeune Narcia a vu une apparition de la Vierge Marie alors qu'elle n'est âgée que de dix ans. Au début de la vingtaine, elle se prépare à devenir un soeur, arrivant dans un collège religieux ou elle commence par enseigner à de jeunes filles. Des évènements étranges se multiplient, phénomènes de poltergeist, chaise qui tombe constamment suivi de coups à sa porte, de cauchemars, mais aussi de visions. Malgré elle et les remontrances des soeurs qui la prennent en grippe, elle cherche à comprendre ce qui se passe, surtout lorsqu'une de ses élèves disparait.

Le film serait une préquelle de Veronica, ce qui m'a complètement échappé. J'ai adoré Veronica, basé sur une histoire vraie, tout comme la saga Rec, réalisée en solo et en collaboration avec Jaume Balagueró. C'est donc avec plaisir anticipé que j'ai débuté le film. Je n'ai pas été déçu, On ne comprend pas trop rapidement ce qui se passe, mais l'angoisse de Narcia est palpable et elle débute avant le couvent, remettant en cause sa foi. En commençant par sa vision de la vierge Marie, qu'elle n'a jamais revue. Non, ici c'est une toute autre horreur qu'elle doit découvrir, après de nombreuses visions et des phénomènes troublants. La violence des autres soeurs contre les enfants est aussi dérangeante, pour elle et le spectateur. Le scénario va nous emmener vers un dénouement spectaculaire lors d'une éclipse du soleil. Je ne vous en dirai pas plus. Les jeunes actrices sont toutes très bonnes, tout comme les soeurs et Aria Bedmar. Si j'ai préféré Rec et Veronica, Les Ordres du Mal est un autre bel exemple de ce que Paco Plaza et le cinéma fantastique espagnol nous offre de mieux. Mario Giguère

SLEEP - Jason Yu avec Jung Yu-mi, Lee Sun-kyun, Kim Gook-hee, Yoon Kyung-ho, Corée du Sud, 2023, 95m

Une femme enceinte et son mari vivent dans un petit appartement, quelque part en Corée du sud. Une nuit, l'homme se gratte le visage jusqu'au sang en dormant. Le lendemain, il mange du steak cru devant le réfrigérateur pendant un épisode particulièrement étrange de somnambulisme. Il consulte un médecin, mais les choses empirent.

Ce thriller horrifique introspectif de Yu progresse très lentement, mais c'est son aspect intimiste qui fait sa force. Les révélations sont bien pensées et bien amenées. Il y a une ambiance inquiétante vraiment bien réussi mais jamais de "jump scares" cheaps. On y respecte l'intelligence du spectateur plus que de coutume.

L'intervention d'une intrigue surnaturelle se fait tout en douceur, sans que ça ne prenne toute la place. J'ai beaucoup ri quand le médecin conseille au couple de dormir au frais et qu'on voit la femme baisser le thermostat à 23 celsius. J'ai moins ri quand j'ai appris que Lee Sun-kyun, qui est aussi apparu dans Parasite de Bong Joon-ho en 2019, s'était suicidé dans sa voiture à l'âge de 48 ans peu après la sortie du film. Heureusement, il y a des touches d'humour sincère qui traversent le récit plutôt sombre, et qui nous laissent un bon souvenir de sa performance. Orloff Manera

SMILE - Parker Finn avec Sosie Bacon, Kyle Gallner, Jessie T. Usher, Robin Weigert, Caitlin Stasey, Kal Penn, États-Unis, 2022, 115m

Une psychiatre (Sosie Bacon) qui travaille dans un centre d'urgences est témoin d'un suicide plutôt horrible. Dans les jours qui suivent, elle n'est pas dans son assiette, et commence à avoir de drôles de visions. En s'intéressant au rapport de police de l'incident avec l'aide d'un ex qui s'avère être policier, elle se rend compte qu'elle est la toute dernière maille d'une longue chaîne de suicidés...

On a déjà vu un concept du genre dans "It Follows" en 2014, mais ça n'empêche pas ce premier long métrage de Parker Finn d'être redoutablement efficace. On y montre très habilement l'anxiété causée par le trauma, et l'imagerie cauchemardesque qui hante notre psychiatre, si elle n'invente rien, coche toutes les cases pour nous faire sursauter.

Il est cependant difficile de s'investir dans ce récit ou tout a un petit goût de réchauffé. Le rythme est bon, les performances sont excellentes, mais il manque toujours un petit quelque chose pour convaincre le spectateur. Une suite, couramment encensée par les critiques, vient de paraître, et j'ai bien hâte de la découvrir. Orloff Manera

SPEAK NO EVIL - James Watkins avec James McAvoy, Mackenzie Davis, Scoot McNairy, Aisling Franciosi, États-Unis, 2024, 110m

Le film danois de 2022 sert de base à ce remake. Si on cherche un exemple récent de "l'américanisation" d'une oeuvre, c'est un candidat parfait.

On connaît la prémisse: un couple en vacances rencontre un autre couple, crée des liens, et se fait inviter pour un week-end en campagne quelques semaines plus tard. À mesure que les heures passent, le couple visiteur - et leur fille - sont confrontés par des comportements à la limite du désagréable, qui bousculent leurs certitudes et qui les rend profondément inconfortables.

Alors que dans le film danois notre médecin fort hospitalier urinait bruyamment dans la salle de bain pendant que son invitée prenait sa douche, ou dormait complètement nu avec l'enfant d'un autre couple, on a ici droit à des transgressions plus relax. La fin est aussi complètement différente, sorte de "happy ending" qui évacue à 100% le sentiment de malaise existentiel et de pessimisme profond. Comme dans tout bon film de Blumhouse, il y a aussi un fastidieux discours anti-progrès que prononce James McAvoy vers la fin.

On est en droit de se demander à quoi servait de refaire une oeuvre si c'était pour la dénaturer et en faire un "survival" comme on en a vu une centaine de fois. Ça reste toutefois plutôt efficace, assez violent, et le bureau de tourisme du Devonshire ne risque pas d'utiliser ce film pour vanter les mérites de la région. Orloff Manera

The SUBSTANCE - Coralie Fargeat avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Gore Abrams, Edward Hamilton, États-Unis, France et Angleterre, 2024, 141m

Tout le monde parle de ce film, ces jours-ci, et pour les bonnes raisons. Je me méfie toujours un peu de la "hype" quand on parle d'un film d'horreur (voir la flatulence mouillée de "Longlegs"), mais je dois avouer que cette fois-ci, la réputation qui précède l'oeuvre est méritée.

Demi Moore incarne Elisabeth Sparkle, une actrice hollywoodienne oubliée qui anime une émission d'aérobie. Quelques jours après avoir été remerciée, elle a un accident de voiture et un des médecins qui la traite lui suggère un traitement: The Substance. Est-ce que cette injection miracle pourrait donner un nouveau souffle à sa carrière?

Il y a beaucoup à dire à propos de ce film coup-de-poing qui ne donne pas dans la dentelle, et qui critique violemment les standards de beauté et de jeunesse hollywoodiens. Allégorie des dérives de la chirurgie esthétique, métaphore sur les troubles alimentaires, gros délire de "body horror" à la Cronenberg, provocation gore, thriller à l'esthétique extrêmement léchée? Il y a de tout ça. Et plus encore.

La direction photo de Benjamin Kracun est tout simplement hallucinante. La musique de Raffertie va un peu jouer dans les plates-bandes d'Atticus Ross & Trent Reznor avec leur trame sonore pour Challengers, mais ça fonctionne. La réalisation de Fargeat est un fantasme brutal, jouant avec les points de vue, déformant la perspective avec des lentilles de caméra, multipliant les gros plans déroutants.

On peut voir le film entier comme un hommage à Dorian Gray, avec des clins d'oeil à The Shining, Carrie, au Brain Dead de Peter Jackson, et à From Beyond de Stuart Gordon. La vanité est une béquille très précaire sur laquelle faire reposer sa personnalité, car la jeunesse ne dure pas.

Il y a des moments plutôt insoutenables, mais l'esthétisme des prises de vue et le grotesque absolu de la situation en désamorce l'impact chez le spectateur. Dennis Quaid est répugnant, Margaret Qualley est excellente, mais c'est la performance impudique et très courageuse de Demi Moore qu'on retiendra. Longtemps. Orloff Manera

SUSPIRIA - Luca Guadagnino avec Tilda Swinton, Dakota Johnson, Mia Goth, Chloë Grace Moretz, 2018, Italie, États Unis, 152m

Inspiré du film éponyme de Dario Argento, nous sommes aussi en 1977, mais cette fois dans Berlin Est, alors en proie au terrorisme. Susie Bannon arrive dans une académie de danse et est accueillie à bras ouverts. Elle se lie d'amitié avec Sara. L'ambiance lourde se complique par des évènements étranges. Un psychologue qui s'occupait d'une danseuse, Patricia, tente de comprendre pourquoi et comment elle a disparue.

C'est un film qui se regarde dans le miroir et qui se trouve beau et intelligent. Remplit de clichés freudiens et qui tue toute émotion régulièrement avec des musiques calmes et douces à l'oreille. Un film qui a laissé une petite place à Jessica Harper comme pour cautionner le scénario vaguement proche mais tellement loin de l'original. On ajoutera à l'occasion des petits extraits de la musique de Goblin, revue et corrigée au goût fade du jour. Le cliché des sorcières qui sont toutes des lesbiennes n'a pas grand chose d'innovateur non plus. On fait plus dans le sérieux, plus films d'art et d'essai, avec tout de même une fin sanglante, trahie par un plan final avant générique pas mal cucul, à la naïveté étonnante.

J'avoue l'avoir finalement regardé pour revoir Mia Goth. Elle est excellente dans son rôle de faire valoir pour Dakota Johnson, qui est pour sa part beaucoup moins proactive que pouvait l'être le personnage original. Tilda Swinton est la chorégraphe de danse, ça lui va comme un gant, mais en profite pour jouer deux autres personnages. J'en ai reconnu un seul, par sa voix pas vraiment assez transformée et la manière dont elle bouge sa tête, reconnaissable. La ribambelle de sorcières est plus grotesque qu'effrayante, comme si le simple fait d'être une femme vielle fait de vous une vieille sorcière en puissance. On nage encore dans les clichés.

Je croyais ne pas connaître le réalisateur Luca Guadagnino. En réalité, j'avais vu son Bones and All (2022) avec Timothée Chalamet, dont le sujet ne m'avait pas vraiment intéressé. Son Challengers, sorti en 2024, à propos d'un trio amoureux entre de beaux jeunes n'a pas attiré mon attention non plus. Mario Giguère

SVAHA: THE SIXTH FINGER aka Sabaha - Jang Jae-hyun avec Lee Jung-jae, Park Jeong-min, Yoo Ji-tae, 2019, Corée du Sud, 122m

Le pasteur Park enquête depuis des années pour dénicher des groupes religieux illicites, corrompus, qui n'ont au final rien à voir avec une authentique religion, ou pas. Il s'intéresse à un groupe suspect, nommé The Deer Mount. Pendant ce temps le capitaine de police Hwang enquête sur un meurtre dont le suspect principal va s'avérer justement dans cette secte.

Jang Jae-hyun avait attiré mon attention avec The Priest et plus récemment avec Exhuma, deux films aux scénarios complexes et des mystères touchant au surnaturel bien ficelés. C'est aussi de cas pour ce film au titre si intriguant avec ces six doigts. Il faut être attentif, on navigue dans des concepts religieux qui ne me sont pas familiers, comme les différentes écoles du bouddhisme dans leurs ramifications nombreuses. Jusqu'à la fin, on recherche  une jeune fille au coeur de l'enquête, on accumule les indices dans une enquête fascinante. On ne devinera pas grand chose à l'avance, évidemment, mais la tension augment sans cesse jusqu'à un final spectaculaire. J'adore. Et ces six doigts, hé bien, je vous laisse la surprise. Mario Giguère

TALK TO ME - Danny & Michael Philippou avec Sophie Wilde, Alexandra Jensen, Joe Bird, Otis Dhanji, Miranda Otto, Australie, 2022, 95m

On ne pense pas forcément à l'Australie quand on cherche un film qui nous terrorisera, et pourtant ce pays nous a donné au fil des ans de très solides thriller horrifiques.

Dans "Talk to me", un groupe d'adolescents organise des soirées où on peut communiquer avec les morts en serrant une main embaumée. Ça devient rapidement un "party trick" fort populaire, et évidemment, un soir, quelqu'un va trop loin...

L'idée est novatrice et originale, et l'univers est maîtrisé. Ça commence comme un drame pour adolescents mais ça devient lugubre assez rapidement. Comme toute bonne oeuvre horrifique, les revirements les plus réussis sont basés sur des mauvaises décisions des personnages. La distribution très talentueuse nous est majoritairement inconnue, ce qui accélère l'immersion. Si vous n'aimez pas quand les enfants se font brutalement maganer, passez votre tour.

Le film a connu un certain succès, et il y a un "prequel" en cours de production, ainsi qu'une suite, évidemment appelée "Talk 2 me". J'ai hâte. Orloff Manera

TANGO & CASH - Andrei Konchalovsky avec Sylvester Stallone, Kurt Russell, Teri Hatcher, Robert Z'Dar, Jack Palance, Michael J. Pollard, Brion James, James Hong, États-Unis, 1989, 104m

L'esprit frivole des années '80 commençait déjà à diminuer à la fin de la décennie, mais ce film d'action survitaminé est la preuve ultime qu'il restait de l'enthousiasme dans la réserve.

Deux policiers de Los Angeles aux méthodes fort différentes nuisent au même syndicat criminel, mené par un certain Perret (un Jack Palance particulièrement cabotin). Tango (Sylvester Stallone), "Armani with a badge", est propret mais expéditif, et exerce son métier par idéalisme, faisant fortune à la bourse. Cash (Kurt Russell) est plutôt du genre brouillon, s'habille comme un sans-abri chic, et est au sommet de l'échelle de coolitude. Les deux policiers seront accusés d'un crime qu'ils n'ont pas commis, et prestement envoyés en prison.

On apprécie presque immédiatement le ton, alors que dans la première scène, Stallone déclare à un shérif enragé: "Rambo is a pussy". Les scènes d'action sont poussées à l'extrême, avec des protagonistes qui font feu partout sans viser, des véhicules qui se désagrègent au ralenti, et moult explosions. Tout est à intensité maximale, et ces choix se reflètent dans le casting des acteurs interprétant des criminels (parmi lesquels on croise l'incroyable Robert Z'Dar et sa fameuse mâchoire).

Il y a des combats en prison, Kurt Russel qui se déguise en femme, Teri Hatcher qui joue la soeur de Tango et qui danse sur du Yazoo dans un bar surpeuplé en jouant du drum électronique hors tempo, des flics corrompus, et une scène finale dans une carrière où notre duo d'hurluberlus détruit absolument tout.

C'était pour moi un premier visionnement, qui s'est bien déroulé et qui m'a laissé quand même plutôt ébahi. Orloff Manera

TAROT - Spenser Cohen avec Harriet Slater, Jacob Batalon, Avantika, Larsen Thompson, États-Unis, 2024, 92m

Pendant une fin de semaine dans un chalet loué sur Air BNB, une jeune femme faisant partie d'un groupe d'adolescents tire ses amis au tarot avec un paquet de cartes trouvé dans le sous-sol, dans lequel ils se sont introduits par effraction. Sans s'en douter, elle vient d'imposer une malédiction à la petite bande, dont les membres meurent un après l'autre dès le lendemain, dans des circonstances plus que mystérieuses...

Ils sont de plus en plus rares, les films d'horreur pour ados où la violence est aussi graphique et brutale. Puisque cette oeuvre est destinée à un public plus jeune, chaque revirement est souligné à gros traits, mais ça demeure inventif et rythmé.

Les jeunes interprètes ne sont pas tous excellents, mais certains se démarquent, comme Jacob Batalon (qu'on a aussi vu dans Spider-Man: Homecoming) et Avantika. Les paroles des chansons (fromageuses) sélectionnées pour la bande-son font souvent un clin d'oeil à ce qui se passe dans le film, et ça, c'est non. Bref, je ne crois pas que ce soit un drame si vous décidez de passer votre tour. Orloff Manera

TROIS NOISETTES POUR CENDRILLON aka Drei Haselnüsse für Aschenbrödel aka T?i o?íšky pro Popelku - Vacláv Vorlícek avec Libuse Safránková, Pavel Trávnícek, Carola Braunbock, Rolf Hoppe, 1973, Tchécoslovaquie/Allemagne, 87m

Attention, il s'agit d'une adaptation libre, parmi d'autres, du célèbre conte plus connu dans le dessin animé de Walt Disney. Ici, c'est la version de Božena N?mcová, une des plus grandes collectrices de folklore européen du XIXe siècle. Si on débute sensiblement avec une prémisse semblable, il faut oublier le reste. On est d'abord en hiver et Cendrillon se promène avec son cheval blanc. Elle rencontre un Prince certes charmant, mais cabotin. Elle obtient trois noisettes magiques qui vont lui procurer trois habits, un lui permettant de se faire passer pour un homme, meilleur à l'arbalète que le Prince, ensuite une robe pour le séduire en tant que femme et une autre dont vous pourrez deviner l'utilité. La jeune et petite Libuse Safránková est ravissante, drôle et coquine en Cendrillon, parlant à tous les animaux et étant fortement appréciée par tout le monde ou presque. Le Prince s'amuse avec ses deux amis, ignorant les femmes, mais son père veut absolument le marier pour le rendre plus sérieux. Autant Cendrillon est indépendante et très moderne autant la mère du Prince est compréhensive et un brin manipulatrice avec son mari grognon et un peu bête. L'histoire est donc très moderne et plaira aux jeunes et aux plus grands séduits par la beauté des paysages, de la belle future princesse, des jeux et taquineries nombreuses.

Donc pas de fée, pas de citrouille qui se change en carrosse et autres cadeaux magiques. Le tournage en hiver est le bienvenu et en fera un classique du temps des fêtes dans son pays où il est toujours populaire pour petits et grands. Charmant et drôle.

Le combo bluray/dvd d'Artus Films offre une copie superbement restaurée rendant les décors naturels et les costumes splendides. En suppléments, l'indispensable présentation de Christian Lucas qui remonte le temps pour nous parler de la fable, les acteurs et le tournage. On ajoute un diaporama d'affiches et de photos et la bande annonce. Offert en version  française et tchèque avec sous-titres français en option. Mario Giguère

TWICE DEAD - Bert L. Dragin avec Tom Bresnahan, Jill Whitlow, Jonathan Chapin et Christopher Burgard, 1988, États Unis, 87m

La famille Cates emménage dans une nouvelle maison dont ils viennent d'hériter, celle de l'ancien acteur Tyler Walker qui a terminé sa vie et celle de la femme qu'il aimait dans une tragique histoire. Sauf que voilà, la maison est un refuge pour des punks qui ne veulent pas quitter la maison. Alors que les Cates vivent déjà des moments difficiles, la présence de Tyler Walker se fait sentir dans la maison.

En voilà un bien sympathique, parce que si TWICE DEAD n'a rien pour être un film mémorable, il a un scénario juste assez original pour se démarquer de la chaudrée de films d'horreur de l'époque. Le mix entre les punks et le fantôme permet au film de toujours avoir quelque chose pour faire avancer l'histoire. Entre le Ghost Flick et le film de légitime défense urbaine, TWICE DEAD n'excelle pas, mais ne perd pas de temps. Les morts s'accumulent bien vers la fin et on prend un plaisir certain à voir le lot de zinzins se faire lentement éliminer dans des morts absurdes, dont une mémorable scène de sexe. Clairement, on a bien travaillé ici pour cacher la faiblesse du budget en prenant juste assez de temps pour développer les personnages. TWICE DEAD est un film amusant, qui joue bien ses cartes. Abba

Vous pouvez participer en écrivant sur notre forum - clubdesmonstres.actifforum.com/

Google
 
Web www.clubdesmonstres.com

100 FILMS | INTRODUCTION | ART | ARCHIVES | BESTIAIRENOS CHOIX | COURRIER | DICTIONNAIRE VISUEL | EDWIGE FENECH | FIGURINES | FORUM | GAZETTE | LECTURES | LIENS | LUTTE | MP3 - WAV | MUSIQUE | REPORTAGES | RESSOURCES | PHOTOS