LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES

NUMÉRO 2

ERASERHEAD
vu par Simon Laperrière

L'homme s'est toujours intéressé aux rêves et aux images étranges et surnaturelles qui peuvent en sortir. Avec l'arrivée de la psychanalyse de Sigmund Freud, plusieurs cinéastes se sont intéressés de plus sur ses théories de l'inconscient. Un exemple évident s'avère être le célèbre court métrage surréaliste Un Chien Andalou, un film dans lequel Luis Bunuel et Salvador Dali ont mis les images deleurs rêves sur pellicules. Plusieurs artistes ont suivi leur exemple par la suite. Ils ont analysé la philosophie des rêves pour montrer des images symboliques sans continuité au lieu de présenter un récit linéaire classique. Cette catégorie de films d'auteur ne vient pas d'un pays en particulier, c'est plutôt un mouvement mondial qui comprend des réalisateurs comme le Français Jean Rollin (Fascination), l'Italien Dario Argento (Inferno) et l'Espagnol Alejandro Jodorowsky (El Topo).


L'un de ces " artisans du rêve " les plus célèbres au monde est David Lynch, cet Américain qui a réalisé l'étonnant Blue Velvet et la saga de science-fiction Dune. Il fût même récemment en nomination aux Oscars en tant que meilleur réalisateur pour le film Mulholland Dr. Ce réalisateur pourrait être vu comme une sorte de mouton noir de Hollywood, il tourne avec des techniciens et des vedettes du milieu, mais ses films, ainsi que sa série télévisée Twin Peaks, vont à l'encontre des règles établies par le cinéma de genre. Ces œuvres sont un mélange de films policiers, de comédies noires et de drames d'épouvante et il a tendance a commencer ses films en nous montrant du déjà-vu, jusqu'à ce que le récit prenne une direction soudaine et inattendue dans le seul but de rendre le spectateur confus et laisser ce dernier tenter de trouver réponses aux énigmes que le film lui pose. C'est là que les choses se compliquent, car avec Lynch, il n'y a pas de solution claire aux questions demandées, chaque personne se forme une vision différente de ce qu'elle est en train de voir et ses théories sont aussi bonnes que n'importe qui.


Le seul film qui défie cette règle s'avère être son premier long métrage, Eraserhead. Un film qui a pris quatre ans pour finir le tournage. On raconte que Lynch tournait les fins de semaines avec l'argent de ses amis et de sa famille et qu'il allait même dans les studios lors des heures de fermetures pour filmer clandestinement. Ce film est un ovni dans sa filmographie, on y retrouve bien sûr certain  thèmes qui reviendront plus tard, comme celui du double, de la femme mystérieuse et de la créature difforme. Certaines techniques chères au réalisateur sont utilisées, des plans d'insert sur des objets
qui n'ont, en apparence, aucune signification ainsi que l'utilisation des ombres et de l'obscurité pour
créer un suspense. Mais il est également complètement à part, Lynch plonge son spectateur dans un
cauchemar angoissant avec une logique inexistante où chaque image a sa signification et sa raison d'être.

Il est très difficile de pouvoir résumer l'histoire presque absente du film car il s'avère être plutôt une
succession d'images. Henry habite un monde post-apocalyptique dans une ville aux édifices gigantesques. C'est un homme dans la trentaine qui s'habille chic avec un complet veston et cravate et qui porte une coupe de cheveux étonnante. Henry est quelqu'un de très calme qui apprécie la solitude et qui s'avère être très timide, préférant tout garder à l'intérieur de lui-même. Il est en relation avec Mary X, une jeune femme qu'il n'aime pas. L'univers de Henry est bousculé le jour ou la mère de sa conjointe lui annonce que Mary a accouché d'un horrible bébé prématuré dont il est le père.


Après deux visionnements, j'en suis arrivé à la conclusion que Eraserhead est une métaphore du suicide, le film suit les derniers moments d'Henry avant qu'il ne mette fin à ses jours. Tout le long du film, nous suivons toujours le point de vue d'Henry, nous avons un montage psychologique qui permet de montrer l'intérieur de l'esprit du héros. Tout le film tourne autour de Henry, il est présent dans toutes les scènes et l'utilisation des champs/ contrechamps reviennent toujours sur lui, chaque fois qu'une action se produit, le plan qui suit nous montre la réaction de Henry. Grâce à cette technique, plus le film avance, plus on ressent les angoisses du protagoniste ainsi que son malheur. Eraserhead est donc une quête intérieure, un homme cherche le bonheur, le moyen de se délivrer des lourdes responsabilités qui l'accablent et d'atteindre la paix intérieure. La seule solutionpour lui est de mourir. 

Mais quel est le problème d'Henry ? Qu'est-ce qui hante son esprit ? Sa relation avec Mary X, bien 
sûr, une femme avec qui il ne veut pas être. Dès la première scène où on la voit, on peut déjà sentir
le mur qui sépare le couple. Il est invité à aller dîner dans la maison familiale des X, mais il hésite
avant de rentrer dans le bâtiment. Ensuite, il s'assoie dans le salon avec Mary et sa mère. On peut noter immédiatement que Henry est mal à l'aise : chaque personne est assise à une bonne distance l'une de l'autre et la conversation est lente et polie. De plus, cette scène est un plan-séquence fixe long qui sert à bien créer l'ambiance lourde et désagréable. Quand vient le temps de passer à table, le père de Mary demande à  Henry de couper le poulet. Cette scène est un défi lancé à Henry par la famille, il est normal aux États-Unis que le nouveau venu dans la famille tranche la volaille pour la partager avec ses hôtes. Ainsi, les X tentent de savoir si oui ou non Henry est à la hauteur pour s'occuper de Mary, car, on le saura plus tard, cette dernière vient d'accoucher d'un bébé difforme dont Henry est le père. Mais les choses se compliquent, le poulet se met à bouger, il bat des cuisses, comme s'il essayait de s'envoler et du sang noir sort de son derrière. Henry, horrifié, voit en quelque sorte ce qui lui arrivera s'il fait partie de cette famille, qu'en être un membre sera horrible pour lui et il ne réussit pas à couper le poulet. Voilà ce qui explique pourquoi Maman X se met à hurler face à cela, Henry est donc indigne, mais, à cause du bébé à occuper, il fait partie de leur clan quand même.


Le film compte trois personnages importants qui aideront le protagoniste à pouvoir sortir de sa peine.
Comme il est important que chacun d'eux soit analysé, j'ai pris le loisir de les séparer en trois sections différentes. Mais comme Eraserhead est un tout, il est important de pointer que les idées vont se rejoindre au bout du compte.

LA JOLIE VOISINE
La femme et son mystère est un sujet qui passionne David Lynch, il n'y a aucun film sans personnages féminins. Ces femmes fatales sont dangereuses et elles n'hésitent pas à manipuler les hommes dans le but d'obtenir ce qu'elles désirent. Ici, c'est la superbe voisine de Henry, véritable déesse aux cheveux noirs qui le séduira en échange de faveurs sexuelles. Mais pour Henry, elle représente beaucoup plus, il voit en elle comment serait sa vie s'il n'était pas avec Mary X. Faire l'amour avec cette femme lui permet d'accéder à  un aperçu du bonheur que seul le suicide peut lui offrir. 

LE BÉBÉ

Le poupon monstrueux qui ressemble au poulet que Henry ne réussit pas à couper lors de la scène du souper est le deuxième personnage le plus important du film, bien qu'il soit en fait le double du
personnage principal. Le thème du double revient souvent dans la filmographie de David Lynch, on peut penser aux deux rôles interprétés par Patricia Arquette dans Lost Highway ou aux deux héroïnes
de Mulholland Dr. qui ont tous les deux les cheveux blonds lors de la fin du deuxième acte.


Ici, l'idée du double est poussée un peu plus loin, Victor, son nom n'est nommé qu'une seule fois par 
Mary X, est la représentation physique de l'inconscient de Henry. Il y a même une scène très importante où mon affirmation est prouvée : Mary X quitte la maison, ne pouvant endurer les pleurs du bébé, comme quoi personne ne comprend les problèmes d'Henry, et quelques minutes plus tard, le petit monstre cesse de pleurer, Henry préfère la solitude. Quand l'enfant est calme, son père vérifie sa température avec un thermomètre qui indique que le bébé va bien, mais quand il le regarde une nouvelle fois, il se rend compte que sa progéniture est couverte de boutons et qu'il crie de douleur. Cette scène représente exactement ce que Henry vit, il semble être bien en apparence, mais intérieurement, il souffre énormément. Mais Henry ne crie pas à l'aide, il cache ce qui le ronge au plus profond de lui, ainsi, il pose la main sur la bouche du bébé pour le taire quand sa jolie voisine vient dans son appartement et il empêchera cette dernière de regarder le poupon quand ils font l'amour en détournant son visage vers lui. 

Ensuite, Henry s'apprête à sortir de son appartement pour aller jeter un coup d'œil à sa boîte auxlettres. Il a pris soin de mettre son enfant au chaud et ce dernier s'est calmé. Au moment ou Henry va quitter son logement, Victor se met à crier à tue-tête, obligeant donc son père à rester près de lui. Les problèmes d'Henry sont un poids dont il ne peut pas se débarrasser et qu'il garde continuellement en lui, comme Victor qui a besoin continuellement de soins et d'attention. Quand l'enfant rit de son père après que ce dernier ai vu la jolie voisine avec un autre homme, c'est pour rappeler à Henry que sa maladie mentale sera toujours avec lui, qu'il ne peut pas s'en débarrasser, mais aussi parce que son père ne peut avoir de relations avec la belle femme à cause de lui.

Il faut également noter que  seul Henry peut s'occuper de l'enfant, Mary X  quitte l'appartement parce que le bébé l'empêche de dormir, mais les pleurs ne semblent pas déranger Henry.À la finale, Henry tue Victor, il se délivre de ses problèmes et entame la première phase de son suicide.

LA FEMME DANS LE RADIATEUR


David Lynch a tourné son film de manière à ce que l'on devine la température froide de son univers
apocalyptique. D'abord, son éclairage très sombre ne donne pas l'impression de chaleur, dans les
scènes extérieures de jour, on a l'impression que le ciel est nuageux et non ensoleillé. Le choix de
présenter le film en noir et blanc plutôt qu'en couleur permet également d'amplifier ce sentiment de gel constant. C'est là que le radiateur de l'appartement 26 rentre en jeu, c'est le contraire de toute la 
dimension du  film, c'est un objet de chaleur dans un univers glacé. Pour Henry, c'est bien plus qu'un 
simple meuble, c'est la solution à ses problèmes, chaque fois que le sujet se sent en difficulté, quand il est couché dans son lit et qu'il entend Victor pleurer par exemple, il se retourne vers le radiateur et le contemple.


À l'intérieur de cet imposant objet de métal se trouve une fille difforme aux traits enfantins qui se tient
sur une scène de spectacle où elle chante et danse. De tout le film, c'est le seul personnage qui affiche un sourire simple, un sourire qui ne donne pas l'impression qu'elle exige une faveur en retour. Cette créature, qui fait étrangement penser à Shirley Temples, est là pour aider Henry, elle veut lui montrer les chemins à prendre pour qu'il puisse accéder au bonheur. Par exemple, quand elle danse sur une petite musique amusante en écrasant des fœtus, elle veut dire à Henry que s'il veut se débarrasser de ses problèmes, il doit assassiner son bébé. Ensuite, la fameuse chanson " In Heaven, everything is fine " invite le protagoniste à mettre fin à ses jours pour pouvoir atteindre un monde meilleur.


Quand Henry entre dans le radiateur et se trouve face à la fille du radiateur, c'est à ce moment précisoù le sujet envisage la possibilité de mettre fin à ses jours, il a une sorte de prémonition où il se voit se faire trancher la tête ( à noter que le bébé sort de son cou, une autre preuve que Victor fait partie de l'inconscient de Henry) qui se retrouve transformée en gomme à effacer, d'où le titre,  et les poussières de l'objet sont saupoudrées dans les airs pour monter vers le haut de l'écran, le Ciel.

La dernière scène du film montre Henry dans un lieu éclairé par une lumière aveuglante où il sert la dame du radiateur dans ses bras. C'est seulement là où l'on voit que le visage de Henry est serein, il est enfin délivré de ses angoisses et son âme est libéré, on peut donc comprendre qu'il est mort et que le chemin à parcourir comprenait deux étapes, d'abord, tuer le bébé, comme mentionner plus haut,mais aussi revenir à un état de pureté totale, le film nous ramenant à la toute première image du film quelques secondes après l'assassinat de Victor.


Mais qui est cette petite fille au sourire enfantin ?  Plusieurs théories sont envisageables, elle pourrait
être la conscience du sujet ayant pris une forme physique ou encore un ange qui veut apporter le
bonheur aux habitants d'un monde en détérioration. On pourrait même aller plus loin en disant qu'elle est le Diable qui tente Henry pour qu'il mette fin à ses jours dans le but de pouvoir voler son âme. Quoiqu'il en soit, l'identité de la femme dans le radiateur n'est pas importante, tout comme celle des autres   personnages que je n'ai pas mentionné ici, comme les fabricants de crayons ou encore le petit garçon qui apporte la tête décapitée de Henry à ces derniers. Ces personnages ainsi que les scènes dans lesquelles ils nous sont présentés ont comme raison d'être de rendre le film encore plus étrange qu'il ne l'est déjà, ce sont des personnages accessoires bizarres que Lynch a rajouté dans son film pour mettre une certaine touche d'humour noir et non pas pour une touche symbolique supplémentaire. Par contre, le personnage de la grand-mère habitant chez les X pourrait être un hommage à un des courts métrages du réalisateur produits avant Eraserhead. Il s'agît d'un petit film d'une durée de trente minutes dans lequel un petit garçon plante des graines pour donner naissance à une grand-mère. Si tel est le cas, c'est le seul film où Lynch ramène un personnage pour une deuxième apparition. 


Eraserhead est donc un film d'auteur qui va au-delà des règles établies par le cinéma narratif, d'abord, le film ne veut pas que le spectateur s'identifie au personnage principal, Henry n'est pas quelqu'un de sympathique, son comportement est étrange et les personnages secondaires, qui  serviraient 
normalement à rendre l'identification plus facile, font exactement le contraire ! Ils nous font détester
Henry qui reste continuellement bête ou indifférent face à eux. En fait, il n'y a aucun personnage
auquel on pourrait s'identifier, ils sont tous étranges et dénués de sens et on a de la misère à les 
comprendre. Le spectateur ne devient donc pas un participant au film, il garde sa place de témoin et
passe le reste du film à essayer de comprendre ce qu'on lui montre. Le personnage fait une quête intérieure, mais par contre, il ne vit pas un changement de la personne, mais un changement d'état.
Quand Henry retrouve la fille dans le radiateur à la fin du film, il ne s'est pas transformé pour devenir quelqu'un de meilleur, il est simplement devenu heureux et a donc trouvé ce qu'il cherchait.C'est plutôt le monde autour de lui qui change, Henry quitte le lieu où il se trouve originalement, mais cela ne l'amène pas à obtenir un changement de comportement envers les autres. La preuve, quand la fille dans le radiateur le sert dans les bras, le sujet semble être en paix avec lui-même, mais il ne tente pas de remercier cette personne qui lui a montré le chemin à suivre. Henry doit tout à lui-même selon lui.


Un film d'auteur, certes, mais pas éloigné du cinéma, il est évident que David Lynch s'est inspiré de
plusieurs films lors de l'écriture du scénario, l'ambiance du film et même la technique de la réalisation
rappelle Répulsion de Roman Polanski, les deux films sont tournés en noir et blanc en plus de suivre
l'histoire d'un personnage tentant de surmonter ses douleurs intérieures et les deux se terminent par
un suicide. Les deux œuvres ont donc une similarité, mais le film de Polanski garde un aspect réel, 
les malheurs de Catherine Deneuve restent dans la mesure du possible alors que Eraserhead tombe 
dans le fantastique à l'état pur. La scène de la tête tranchée rappelle évidemment la femme déguisée
en homme s'amusant avec une main dans Un Chien Andalou. On peut également penser à El Topo de Alejandro Jodorowsky, les deux films sont une quête personnelle déguisée en gros puzzle qu'il faut
décortiquer pour en comprendre le sens. Les décors font penser à la philosophie des films d'expressionnisme allemand et servent à représenter la psychologie du personnage principal. Finalement, il est difficile de pas penser aux monstres des films de science-fiction des années 50 quand on s'attarde sur le cas de Victor, il rappelle plusieurs spécimens que l'on a pu voir dans The Crawling Eye et autres œuvres du cinéma B. 


Je vais terminer mon analyse en jetant un coup d'œil sur l'époque où le film fût tourné, les années 70
sont considérées par plusieurs comme étant, pour le cinéma, l'une des plus grandes décennies avec les années 40. C'était l'époque où le cinéma d'auteur allait main dans la main avec celui de genre, des
films comme The Exorcist, Apocalypse Now ainsi que Barry Lyndon prenaient l'affiche et connaissaient un grand succès chez le public et chez les critiques. Le public était prêt à voir de la nouveauté, ce qui a permit au premier film de Lynch de connaître une certaine popularité et l'a empêché de sombrer dans l'oubli s'il avait été présenté dans les années 80. Au contraire, il est resté marqué dans la mémoire du public et est maintenant considéré comme un film-culte.


Ce film a donné la possibilité à David Lynch de pouvoir montrer au monde entier des films personnels puisque tout de suite après la sortie du film, Mel Brooks lui demanda de réaliser The Elephant Man,
un film également tourné en noir et blanc qui lança la carrière du réalisateur. 


Le style de Lynch est à la fois détesté et admiré, certains le considèrent comme un génie, d'autres 
comme un artiste manqué. Il est clair que ses films ont inspiré plusieurs autres réalisateurs et que son cinéma est important car il nous permet de se rappeler qu'il est possible de faire des films d'auteur à gros budget aux États-Unis.

Simon Laperrière

www.artsy.net/artist/david-lynch

davidlynch.com | ifrance.com/davidlynch | lynchnet.com | dugpa.com

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